|
TITRE:
RISE OF THE NORTHSTAR (24 OCTOBRE 2014)
TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:
HARDCORE
|
|
Dans une boutique entièrement redécorée à l'image de l'univers du groupe, bourrée de clins d’œil à leurs références et influences, Vithia et ses comparses lèvent le rideau sur leur premier album qui s'inscrit déjà comme l'événement Hardcore de l'année...
PHILX
- 14.11.2014 -
|
|
|
|
Musi Waves a rendez-vous avec Vithia, Hokuo No Kev et Fabulous Fab au sous-sol de la boutique de streetwear Landscape Rock Shop, à Paris. Sur le chemin, nous sommes attirés par l'étrange vitrine d'une boutique de la même rue où la culture japonaise semble avoir envahi les lieux, jusqu'au moindre détail. Les figurines des Manga représentées nous rappellent étrangement les membres de Rise Of The Northstar et c'est en regardant attentivement qu'on retrouve un grand nombre de clins d'œil et de références et influences faites dans la musique et l'univers du groupe... OK, en fait, on était arrivé...
Mais que s'est-il passé dans cette boutique? En passant le seuil, on foule le sol du pays du soleil levant. La déco a été entièrement revue et affiche des vitrines de figurines à masque, à œil de verre..., un costume traditionnel de guerrier japonais, une nes, une borne d'arcade, un scooter version 80's qui trône en plein milieu, bercé par les clips et sessions live du groupe qui passent sur une télé, et autres portant de merch du groupe et vitrines des personnages de Manga dont ils se sont inspiré (baseball-wear, bate, balle sur laquelle est inscrit "Welcame" avec le "A" corrigé...). Bienvenue au Japon, c'est Rise Of The Northstar qui nous fait visiter...
C'est dans une petite pièce du sous-sol, entièrement redécorée aux couleurs du groupe, backdrop, musique Fusion, hip-hop, Thrash, Core, et bougies. Vithia a le visage baissé toute l'interview, bandana devant les yeux. Le mélange de cultures Core/Nippon/Hip-Hop ne fait qu'un.
Quelle est la question qu'on vous a trop souvent posée ?
Vithia : Je dirais : "Pourquoi le Japon ?"
En effet, on y reviendra. Vous allez sortir à la fin du mois de novembre votre prochain album "Welcame", une espèce de bombe atomique, parfait mélange de genres entre The Exploited, Merauder, Downset et un Suicidal Tendencies bien plus lourd. On alterne intelligemment entre gros blasts Heavy bien bangers, avec des trips Metalcore speed, un chant Hardcore parfaitement écorché. Les interventions ponctuelles des back vocals sur des refrains ou phrasés rappées... (à ce moment-là résonne le refrain de 'Empower' de Downset qui provoque un fou rire général)... En font un mélange vraiment explosif. Quelles sont vos influences ?
Vithia : C'est tous ces groupes qu'on écoutait dans les années 90, en plus de ceux que tu as cité, il y a aussi du Biohazard, Slayer, Rage Against The Machine... Tous ces groupes avec lesquels on a grandi. On ne se limite pas au spectre du Hardcore, on s'inspire de tout ce que tu vois là aussi (il montre la déco de la pièce, ndlr). Le groupe ne sonnerait pas pareil si on n'avait pas cet amour de mangas comme Rookies, Rakan ou Saint Seiya.
Quelle part d'influence peuvent avoir ces mangas sur votre musique ?
Vithia : Le fond, la forme, tout ! Ca fait partie de notre ADN, c'est indissociable de ce qu'est le groupe, jusqu'à son nom : Rise Of The Northstar c'est un clin d'œil à la traduction américaine de Hokuto No Ken (Ken le Survivant en Français, ndlr) : Fist Of The Northstar pour associer les deux univers de culture japonaise et musique américaine. Ca se retrouve dans les lyrics, dans le thème, dans le son. On essaye pas seulement de mettre une patate, mais aussi de faire voyager l'auditeur dans notre univers.
Musicalement, on ne reste pas cantonnés à du Hardcore "bêtement simple mais efficace", il y a un travail énorme sur des changements de tempo, des soli de guitare (ex. sur 'The New Path', 'Dressed All In Black', les intro de 'Bosozoku') hyper léchés, une vraie recherche dans la construction des titres. Sur 'Tyson', le chant est ultra grave sur un tempo très lent. Comment avez-vous composé cet album ?
Vithia : La compo a pris un an, et tout s'est fait très naturellement. C'est la suite logique de notre précédent maxi "Demonstrating My Saiya Style" (sorti en 2012, ndlr) où on a creusé davantage, en enrichissant notre son, chose qu'on n'avait jamais faite, avec l'aide de Zeuss en plus. Entre l'incisivité du Thrash et la lourdeur du Hip-Hop. On y raconte 15 ans de notre vie, de notre jeunesse. Aujourd'hui on est le groupe qu'on voulait voir quand on avait 15 ans. Cet album nous raconte à travers la métaphore du manga, c'est un pont entre la réalité de nos vies et de nos expériences et la fiction de nos références.
Il en résulte un album plutot court, mais tellement riche qu'il n'en souffre pas. Chaque chanson a une vraie identité et apporte sa contribution...
Vithia : On a retenu les idées sur lesquelles on était vraiment tous d'accord, il faut que chaque titre fédère le groupe. Le but était d'avoir un album cohérent mais pas redondant. Chaque morceau a une histoire, on a essayé de le rythmer avec une tracklist qui ne s'est pas faite en un jour non plus.
Hokuo No Kev : Ce qui nous tient à cœur quand on compose, c'est que chaque titre ait son point culminant qui permet de l'identifier et que d'un titre a l'autre il y ait des éléments qui soient reconnaissables, un solo, un refrain, etc. Il y en a certains bien Hardcore, d'autres où on va chercher plus loin dans le Thrash. 'Bosozoku' par exemple est beaucoup plus Rock n' Roll, 'Tyson' est très Beatdown... ils sont tous très différents.
'Simons Says' est une reprise de Pharoahe Monch. De ce qui pourrait a priori apparaitre comme un trip pas sérieux, en ressort en fait une réussite et un titre qui fonctionne très bien dans cette version. Ce n'est pas juste une énième pâle tentative de reprise.
Vithia : Merci ! On voulait reprendre un titre de Rap pour l'emmener vers autre chose. On voit trop souvent des reprises de titres qui sont joués moins bien, avec une moins bonne prod et sans âme, ce qui ne sert à rien ! On voulait se l'approprier. Du coup, on avait quelques morceaux sur lesquels on se retrouvait, et qui étaient adaptables musicalement. Par contre, il a été très dur à enregistrer. Vocalement, c'est chaud, plein de contre-temps, dans des phrasés long... On est très content de ce titre ; on pense en avoir fait une version enrichie et intelligente.
Hokuo No Kev : Il y a aussi un petit clin d'oeil dans le beat d'origine qui a été lui même repris d'un film japonais des 60's "Mothra Contre Godzilla". C'est donc un beat qui a été fait par un japonais. Tout est cohérent !
Vithia : L'album croule sous les références cachées, il faut juste les trouver !
Tu disais qu'il y avait une shortlist des titres Rap que vous vouliez adapter... Qu'y avait-il d'autres comme titres ?
Vithia : Je peux pas te le dire parce qu'on risque de le faire plus tard ! (rires) Mais y'avait même du français ! (rires)
Sur vos photos promos vous êtes en skatewear, très Suicidal "old school" bandanas, casquettes, et vous jouez sur scène en Gakurans, apportant une dimension niponne à votre identité, ce qui est rare dans ce milieu. Pourquoi cette passion, qui finalement s'entend peu dans votre musique qui sonne plus Américaine qu'autre chose (à part dans certaines intonations de fin de phrasés) ?
Vithia : Il y a des mots japonais que j'envoie par endroits : Dans 'Authentic', à la fin il y a une insulte en Japonais. Dans 'Bosozoku', il y a un sample en japonais, 'Protect Your Chest' aussi... On est pas des anglo-saxons, et on l'assume à mort. Le nom de l'album fait référence au Manga Rookies, où le Furyo en question est un joueur de baseball qui salue son prof en lui envoyant une balle avec marqué Welcome sauf que c'est un cancre et qu'il a écrit Welcame. On est des cancres aussi, on a pas un anglais parfait, mais on s'assume comme ça.
Hokuo No Kev : Pour ce qui est des intonations, oui, il a aussi des effets de style qui s'inspirent également de la culture. Par exemple sur 'Dressed All In Black' il y a un gimmick très marqué où il dit : "we walk" mais ça donne "we walk-ah".
Vous brouillez les pistes de vos origines francaises avec une identité hyper travaillée. Est-ce que vous visez une musique internationale pour ne pas "souffrir" de la perception du public français envers les groupes français ?
Vithia : Ta question soulève plein de trucs et je suis content que tu la poses. Depuis le début que je monte sur scène, je dis qu'on vient de nulle part et qu'on représente tout le monde. Tu vois, c'est intéressant de dire d'où tu viens quand tu t'appelles James Hetfield ou Phil Anselmo. On n'a pas la prétention d'être intéressant pour l'instant, on est personne, on vient de l'underground. Je l'ai dit dans deux chansons qu'on venait de Paris. Le choix de l'Anglais est pour le côté artistique, ça coule plus. Sur 'Authentic', j'ai un couplet en Français aussi. Je trouve que le mystère fait voyager. Noël n'a jamais été aussi beau que quand tu croyais au Père Noël, là c'est pareil. Trop de groupes ouvrent la porte de leurs chiottes. Et puis ce n'est pas parce qu'on parle français qu'on n'a pas d'attache ailleurs... On veut inviter les gens à se focaliser sur notre univers plutôt que sur nous. (sourire). Slipknot, avec ses masques avait en quelque sorte effacé l'identité de chacun, tu voyais une entité plutôt que des individus. Sur scène aussi on est habillés pareil, pas de différence de casquette, de trucs, on est une équipe.
Hokuo No Kev : A l'international, la musique Française pourrait être mieux perçue. Ce n'est pas une volonté de cacher nos origines, mais ce n'est pas une volonté de les mettre en avant tout de suite. Ceci dit, on a des offres de promoteurs japonais qui veulent nous faire tourner là-bas mais qui n'ont pas encore compris qu'il fallait payer les billets d'avion (rires) !
'Dressed All In Black' est un titre énorme travaillé et taillé pour la scène comme la plupart des titres de cet album. L'avez-vous écrit dans cette optique ?
Vithia : On est un groupe de live. Maintenant qu'on a pas mal tourné, on pense scène, clairement. Il faut que les gens s'amusent pour qu'on s'amuse aussi. Pour l'anecdote, ce titre est le premier pour lequel j'ai écrit mes lyrics en pensant au clip. Je l'avais déjà en tête... (sourire) C'est le clip le plus riche et le plus lourd qu'on va faire. Pour l'instant, seul le titre est en téléchargement sur les plateformes digitales...
Pour la tournée de "Demonstrating My Saiya Style" en 2012, vous arrivez enfin en terre nippone. Racontez-nous cette expérience.
Vithia : Le Japon, c'est notre but.
Hokuo No Kev : C'était presque trop tôt ! (rires) Parce que c'était notre but ultime.
Vous auriez préféré y arriver avec ce nouvel album ?
Vithia : Nooooon ! C'était vraiment énorme cette tournée. On a eu un gros gros succès. Je le dis à la fin de 'Again and Again'. On veut devenir un gros groupe là-bas. On a grandi un peu ici, beaucoup là-bas, on se reconnait complètement dans cette culture. C'est quelque chose de tourner en Europe, mais au Japon, c'est autre chose. Demain, tu me proposes une date fantastique à NY ou à Tokyo, je n'hésiterai pas une seconde.
Il y a quoi là-bas ?
Vithia : T'as l'impression de remonter le temps. Faut y aller pour le ressentir. Aux USA, quand tu marches dans la rue t'as l'impression d'être dans un film. Au Japon, t'as l'impression d'être dans un manga (rires).
Hokuo No Kev : C'est dans notre ADN, ça ne s'explique pas. Le Japon c'est fabuleux. On se surprend à s'extasier devant plein de trucs, c'est vraiment ancré en nous.
Vous aviez fait une première approche vers Nuclear qui s'était vue refusée par un directeur artistique. Depuis, Vithia, tu as monté Repression Records, et quelques mois plus tard, Nuclear est revenu...
Vithia : On a terminé l'album, fiers de nos titres, et on avait des touches avec des maisons de disques. Sauf que nous, on lit les contrats, et en l'état, aucun ne nous plaisait, impossible de se mettre d'accord sur les termes. Comme on a toujours tout fait tout seul, j'ai monté ce label pour garder le contrôle artistique sur notre groupe. Ensuite on est parti en festivals d'été, faire notamment le With Full Force en Allemagne où on a eu de super retours. On a enchainé avec le Summer Breeze où Markus Staiger était là car il avait entendu parler de nous. En Backstage, on a parlé, on lui a envoyé l'album et c'était bouclé, avec un vrai contrat sur lequel on a pu discuter. On est très fiers parce qu'on vient de l'underground !
Underground, c'est clair, mais il faut nous expliquer un truc : Comment faites-vous, avec les moyens que vous avez, pour être autant suivi ? Dès la publication de nouveaux morceaux sur youtube, vous atteignez les dizaines de milliers de vues dans les 24h et dépassez sur plusieurs morceaux (en combinant les stats des divers uploaders) le million de vues...
Vithia : Personne ne nous a aidé, on a toujours tout fait tout seul. C'est le travail avant tout, 48h par jour, la Japanese touch ! C'est pour tout ce travail et toute cette énergie qu'il n'est pas possible qu'on se fasse enfler par un contrat moisi ! Quand c'est pourri on le dit. Là, on a un bon contrat et la possibilité de faire découvrir notre musique sans vendre notre âme.
Belle réussite en tout cas...
Vithia : Merci, mais qu'est-ce que la réussite de toute façon ? Pour moi, on n'est personne pour l'instant. Slipknot c'est la réussite.
Hokuo No Kev : Dans nos familles, c'est limite "Ah mais je t'ai pas vu sur M6 !" (rires) D'où l'importance de définir la réussite. On a encore beaucoup à prouver, on est petit, mais très fier.
Qu'attendez vous de cet album ?
Vithia : Agrandir notre auditoire, tourner au Japon et dans le reste du monde. J'espère aussi que les gens vont s'imprégner de notre univers. Jusqu'ici certains ne l'ont pas compris, mélangent un peu tout avec des analyses un peu foireuses. Dans le clip de 'Protect Ya Chest', ils n'ont vu que les battes... Ils ont omis le fait qu'on était sur un terrain de baseball avec des gants et des balles tu vois ? J'espère que cet album permettra de mieux découvrir encore cet univers et que les gens vont réussir à le décoder parce qu'il y a de quoi creuser (sourire)...
On se doit de saluer votre investissement caritatif avec le projet Pheonix dont vous avez versé les revenus à la croix rouge pour aider le japon après les catastrophes de 2011. Combien avez-vous récolté ?
Vithia : Ca a marché à notre échelle, on a ramené une somme à 3 chiffres donc on était content d'avoir fait tout ca. On a été très touché par ce qu'il s'était passé, c'était un bout de notre rêve qui s'effondrait. Donc on a voulu montrer notre soutien moral. Et on remercie les gens qui ont bossé avec nous gracieusement ! Et surtout en 2012, on est allé jouer à Fukushima à un moment où plus aucun groupe ne s'y déplaçait. On y allé, et quand on a joué ce morceau je peux te dire qu'il y avait une émotion de dingue.
Hokuo No Kev : Certains pleuraient, d'autres nous ont offert des cadeaux... T'es comme un con quand tu lis des lettres de gens qui te racontent qu'ils ont perdu un proche... On a dû insister auprès du booker pour maintenir cette date parce qu'on ne pouvait pas faire autrement.
'Protect Ya Chest' a été vue plus d'un million de fois en comptant les scores des quelques uploaders... Tout ce que vous faites est salué par la critique. Ou vous situez-vous dans votre ascension vers la reconnaissance mondiale ?
Vithia : C'est bien que tu l'aies remarqué. Pour nous, on commence à gravir la montagne... Pour beaucoup de gens, signer c'est un aboutissement. Pour nous, ce n'est que le début. On est engagé dans la bonne voie en tout cas.
Hokuo No Kev : Les gens nous disent que tout s'enchaîne rapidement pour nous, mais j'ai hâte d'avancer encore. Certains processus sont trop lents.
Quel est votre meilleur souvenir de musicien ?
Vithia : Définitivement la première tournée au Japon et l'arrêt à Fukushima...
Fabulous Fab : Je n'étais pas encore dans le groupe à ce moment là mais pour moi c'est la 2ème tournée au Japon en janvier 2014 du coup.
Le pire ?
Hokuo No Kev : A la frontière Croate, lors de la tournée Européenne, refoulés à l'entrée pour une histoire de papiers. On a dû repartir en Slovénie, se perdre dans la forêt. On était tellement chargés dans le fourgon qu'on n'arrivait plus à avancer, on longeait un ravin, et le van s'est mis à reculer... On a été obligé de descendre pour le retenir ! L'horreur, j'avais qu'une envie c'était de ne plus être là !
Ca fera partie des meilleurs souvenirs dans quelques années ça !
Vithia : Heu, franchement ? Non (rires) ! !
Fabulous Fab : J'y étais pas non plus. Par contre quand j'ai rejoint le groupe on m'a dit "Tu vas voir, c'est un gros groupe, que des hôtels à 5 étoiles..." Je me souviens du jour ou l'hôtel n'en avait que 4. Ca c'est mon pire souvenir (rires) !
Un dernier mot pour vos fans et lecteurs de Music Waves ?
Vithia : Big up à vous, on est un groupe authentique, on continuera d'avancer avec nos propres codes. Soyez authentiques aussi, si vous nous aimez "chant-mé", sinon c'est pas grave, l'important c'est de s'écouter soi-même... "Welcame !"
Merci beaucoup les gars !
Merci à toi !
Plus d'informations sur http://www.riseofthenorthstar.com
|
|
(0) COMMENTAIRE(S)
|
|
|
|
Haut de page
|
|
|
|
EN RELATION AVEC RISE OF THE NORTHSTAR
|
|
|
|
AUTRES ARTICLES
|
|
|
|
|
|
|
|
|