K'S CHOICE (26 MARS 2015)

C'est dans les salles privatisées d'un bar parisien que les Belges responsables de l'inoubliable tube 'Not an Addict' nous ont reçu pour se livrer en toute décontraction pour les lecteurs de Music Waves...


​Quelle est la question qu'on vous a trop souvent posée ?

Sarah : D'où vient le K de notre groupe. C'est une question assez fréquente, on nous l´a encore demandé la semaine dernière...
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Je ne vous poserai pas la question, car on peut trouver la réponse sur le net (Ndlr:  le nom a un rapport avec le personnage principal des romans de Franz Kafka). Mais en contrepartie, est-ce que vous n´en avez pas assez que l´on résume vos vingt années de carrière au tube 'Not An Addict' ?

Sarah : Pas vraiment. Au contraire, cela nous amuse de répondre à des questions portant sur cette chanson même vingt ans plus tard. Cette chanson ne permet pas nécessairement de définir tout ce que nous avons fait en vingt ans. Mais à part ça, nous n'éprouvons pas une relation amour/haine envers cette chanson.

Gert : Jouer cette chanson des milliers de fois ne représente rien en comparaison avec ce que nous recevons en retour.





''The Phantom Cowboy'' est le troisième album enregistré depuis le retour du groupe en 2010 avec le double album ''Echo Mountain''. Comment parvenez-vous à atteindre ce fort degré de créativité à une époque de crise pour l'industrie musicale, alors que certains groupes prennent plus de temps pour sortir leurs albums et parfois se contentent de tourner ?

Gert : Je pense que si tes objectifs sont réalistes, après avoir enregistré les albums ''Little Echoes'' et la bande originale "Bettens", que l'on peut considérer comme des spin-offs, alors tu peux tenir une cadence d'un album tous les deux ans. Ce n'est pas une science exacte, mais si tu fais une bande originale, tu dois être prêt à renoncer à la jouer sur scène, ou alors dans des petites salles. A ce moment là, tu dois te dire OK, je dois revenir aux bases et faire un album studio. Je pense qu'en fait cette approche est celle privilégiée par tous les groupes de musique qui choisissent de sortir une bande originale sans tourner.

Sarah :  Oui, nous aimons jouer en live. L'enregistrement de notre dernier album peut être expliqué entre autres pour cette raison. 

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Concernant ''Waving At The Sun'', pouvons nous considérer cet album comme une oeuvre de K's Choice ou de Bettens ?

Gert : Plutot de Bettens, car le groupe n´était pas au grand complet. Nous avons essayé de construire des atmosphères, faire naître des images particulières ce qui différait de notre travail en groupe.


Rétrospectivement, êtes-vous satisfait du résultat final de ce projet ambitieux inspiré par un voyage en Antarctique ?

Gert : Oui, je suis très heureux du résultat. Je sais bien que d´un point de vue commercial, ce n´était pas l´album à faire mais je ne regrette pas du tout de l´avoir fait. Ce type de projet m´a toujours tenu à cœur et pour être franc, j´aimerais bien en faire un nouveau.

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C´était très courageux d´avoir enregistré cet album, car vous avez radicalement changé d´audience potentielle, en passant du rock à une musique qui pourrait intéresser des projets scientifiques. Dans le futur, est-ce que vous pensez réussir à pouvoir jouer sur les deux tableaux?

Sarah : Je ne sais pas, ce serait bien en tout cas. Nous avons été très touchés par cette expédition, qui même si on n'était pas intéressé par le monde scientifique, développait des thèmes captivants comme la survie dans un milieu particulier. Cela pourrait être un beau cadeau si nous parvenions à intéresser d´autres personnes.

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Votre actualité c'est “The Panthom Cowboy”. D'où vient le titre de cet album ? Est-ce que comme on a pu le lire sur Internet ce titre provient de Scooby Doo ?

Sarah : C'est vrai (Rires).





​Alors, est-ce que l'on peut dire que c'est un album concept autour du dessin animé ? 

Sarah : Non, non, il n'y a pas d'autres références à Scooby Doo.

Gert : Pour être honnêtes, nous ne sommes pas très fans du chien.

Sarah : Mon fils aime beaucoup le chien (Rires). En fait, lorsque nous avons débuté les sessions d'enregistrement, nous avons voulu écrire le nom du projet sur le tableau et comme ce dessin animé passait en même temps, c'était une aubaine.


Est-ce qu'il y a une ligne directrice ou est-ce que vous avez décidé de reprendre un processus traditionnel d'écriture : des chansons sans lien logique entre elles ?

Gert : Nous avons décidé d'écrire les chansons ensemble, ce qui est assez innovant en comparaison de nos albums précédents où nous écrivions chacun de notre côté. Ensuite, nous avons tenu un registre avec tous les thèmes ou les idées que nous souhaitions traiter sur notre album. Et enfin, essayer de trouver un son qui convienne pour nos fans et suffisamment puissant pour créer un véritable impact. Nous avons fait de l'instant rock.

Sarah : Nous avons enregistré en nous demandant toujours si nous pouvions reproduire ensuite ces sons sur scène.


Cet album marque surtout une collaboration directe entre vous deux. Qu'est-ce qui vous a fait changer de méthode et comment avez-vous fait pour que chacun trouve sa place dans le processus de création ? Et cela n’a jamais créé de tensions entre vous par rapports aux titres retenus et non retenus ? 

Sarah : Dans le passé, c'était plus simple pour nous d'écrire séparément. Ensuite, nous avions à notre disposition une collection de chansons et nous jugions ensemble celles que nous pouvions retenir sur l'album. Cela peut être difficile pour d'autres groupes en raison de l'absence de direction primaire. Je pense qu'aujourd'hui, nous avons trouvé notre façon définitive de composer.

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Cet album a été écrit très rapidement, en un mois. Est-ce que le fait d'avoir pu travailler ensemble a accéléré le processus d'enregistrement et a créé une sorte de synergie inédite entre vous ? Cela a-t-il été déterminant pour l’existence même de ce disque d’avoir travaillé ensemble de cette manière ? 

Gert : Oui, évidemment. Quand nous avons décidé de faire une pause en 2003, nous avons fait chacun à part quelques albums. Cela nous a permis d'explorer de nouvelles façons de créer qui étaient parfois à l'opposé de ce que nous avions l'habitude de faire. Et effectivement, après cela, nous avons pu atteindre un nouveau degré de création lorsque l'on a commencé à travailler ensemble dans la même pièce. C'est pour cela que l'album a pu être enregistré plus vite que si nous avions fait création à part.


Comme ce break vous a permis de créer vos propres projets personnels et de changer vos habitudes de création, peut-on penser que c'est ce qui a apporté cette fraîcheur à ce nouvel album ? Est-ce que ce break était nécessaire pour vous faire revenir plus fort ?

Sarah : Je pense que oui. Quelqu´un nous avait demandé il y a cinq ans pourquoi nous avions fait "Echo Mountain". Mais les choses évoluent si rapidement qu´il est difficile de spéculer. Nous voulions retrouver ensemble les chemins du studio, retrouver notre son...


​Vous avez déjà enregistré un single, 'Private Revolution'. Quel a été le premier retour sur ce morceau ? Est-ce que les fans l'ont bien accueilli ?

Gert : Plutôt bien, ce qui nous rassure, c'est que même après avoir passé quelques années à enregistrer des projets totalement différents, les fans répondent toujours présents.





Pouvons-nous dire que ce nouvel album ouvre un nouveau chapitre dans la discographie du groupe ?

Sarah :  Nous l'espérons. C'est encore frais pour nous et cela ouvre des perspectives assez excitantes. C'est très important d'offrir de la nouveauté pour un groupe qui a plus de vingt ans de carrière.

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Après 20 ans de carrière, est-ce que votre motivation pour écrire et composer des chansons est intacte ou est-ce que quelque chose vous tracasse ? Etait-ce important pour vous de travailler côte à côte pour l'enregistrement de cet album et est-ce que cet album existe grâce à cette nouvelle façon de travailler ?

Sarah : Absolument. Dans le domaine de la création, la routine peut être dangereuse sur une longue période. Mais nous nous sommes beaucoup amusés à écrire ensemble, plus que jamais auparavant.


Le disque marque aussi un retour au rock après l’expérience de la bande son et un disque acoustique ainsi que votre collaboration avec Alain Johannes. Comment êtes-vous arrivés à travailler avec lui et qu’avez-vous ressentis en travaillant avec quelqu’un qui a produit Mark Lanegan, PJ Harvey et qui a joué dans Queens of the Stone Age ?
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Sarah : (Rires) Quand nous avons appris qu´il était très intéressé pour produire notre disque, nous avons cru à une blague. Même quand il était en studio, nous n´en croyions toujours pas nos yeux. C´était la personne idéale pour cet album.  


​Est-ce que l´on peut le considérer comme le troisième membre de K´S Choice pour cet album ?

Gert : Il a joué un rôle important dans la façon dont cet album sonne, dans la façon dont les démos ont évolué, donc on pourrait le considérer comme un troisième membre.

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Est-ce que l´on peut considérer que cet album est comme un rêve qui se réalise ? Visiblement votre collaboration a dû être parfaite vu que le disque a été mis en boite en une semaine dans des conditions live. Ça doit être très enrichissant de travailler dans d’aussi bonnes conditions et aussi facilement ?

Sarah : Je pense qu´à la place de "The Echo Mountain", nous aurions dû faire cet album pour notre retour. Je pense qu´à ce moment là, nous aurions dû bouleverser nos habitudes de création et nous retrouver ensemble pour composer.


Est-ce que l'on peut dire qu'il a influencé votre façon de composer ?

Sarah : Sans nul doute. Nous avons déjà pensé à lui pour produire notre album suivant. Nous savons que nous pouvons travailler dans ces conditions.

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Ce serait dommage de briser cette émulation, mais d´un autre côté ce serait dommage de refaire le même album...

Sarah : (Rires) Oui, c´est vrai. Mais ce qui est important c´est que nous ayons découvert que nous pouvons travailler ensemble et nous puissions également nous amuser ensemble. Même si le prochain album prend d´autres directions, nous continuerons à nous conformer à cette nouvelle discipline.





Je suppose que vous devez être très excités à l´idée de la tournée que vient à peine de commencer ?

Sarah : Nous attendons cette tournée avec impatience car c´était l´une des raisons principales de la conception de cet album. Nous nous sommes beaucoup amusés lors de l´enregistrement et le concert d´il y a deux jours nous a procuré une grande joie.

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Cet album est un parfait compromis entre le rock et la pop, ton chant Sarah apporte une touche de douceur mais une douceur trompeuse empreinte de mélancolie et de désenchantement. On peut ressentir cet équilibre avec une musique rock et des titres accrocheurs comme ´Perfect Star´ ou ´We Are the Universe´. Etait-ce important de trouver cette magie entre douceur et puissance, en cela que c´est elle qui fait tout le charme et la force de K´S Choice ?

Gert : Oui, mais nous n´avons jamais cherché à analyser notre travail de manière profonde. Pour nous, c´est naturel. Même s´il y a de la mélancolie dans sa voix, nous ne cherchons pas à faire un morceau purement triste. 

Sarah : C´était excitant de reprendre la route et d´essayer des choses différentes, trouver des lignes mélodiques originales, une bonne orientation sonore et d´autres risques que nous avons pris, comme l´utilisation de la guitare acoustique. En entrant en studio, je me suis demandé comment tous ces paramètres allaient fonctionner entre eux. J´ai beaucoup apprécié l´ambiance amusante autour de cet enregistrement et les nouvelles directions artistiques que j´ai prises en tant que chanteuse.


Le groupe est basé autour de vous deux avec beaucoup de changements de line-up. Est-ce que c’est si difficile de travailler avec vous ou est-ce que vous aimez bien changer de personnes pour varier les plaisirs et les horizons musicaux ?
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Sarah : Absolument. C´est nécessaire pour explorer de nouvelles couleurs musicales. Mais aussi pour passer de nouveaux caps et trouver de nouvelles énergies, pour rajeunir... En écoutant cet album, j'ai l'impression d'entendre un tout nouveau groupe. 

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Est-ce que cette volonté de changer peut être vue comme un credo du groupe pour éviter de refaire le même album ?

Sarah : On pourrait voir ça comme ça, cette façon de vouloir radicalement changer à 180 degrés. Ce qui était important, c'était de trouver de nouveaux collaborateurs, un nouveau producteur, de nouveaux musiciens avec qui s'amuser.


Peut-on dire que le break de 2003 était une réponse faite aux labels qui auraient souhaité que le groupe garde toujours la même formule ?

Gert : Nous ne nous sommes pas concertés au préalable. Nous l'avons décidé pour nous-mêmes, pour nous recentrer sur notre musique, qui en avait grand besoin. Nous sommes toujours le même groupe, mais nous voulons toujours offrir quelque chose de nouveau et d´intéressant.

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Justement, est-ce que vous pensez être plus mature qu´à l´heure de vos premiers succès en 1995 ?

Sarah : Nous l´espérons, autrement ce serait triste (Rires). Mon corps n´est plus si jeune, je commence à être ridée, alors laissez-moi au moins cette maturité. Ce qu´il nous faut, c´est la maturité combinée à l´énergie d´un groupe jeune.


​Qu´attendez-vous de ce nouvel album ?

Sarah : C´est une question dangereuse. Nous pensons que cet album est ce que nous avons fait de mieux depuis "Cocoon Crash".

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Quel est votre meilleur souvenir en tant que musiciens ?

Gert : Cette interview fait partie de mes meilleurs souvenirs (Rires).

Sarah : Nous avons fait une tournée dans toute l´Amérique avec un groupe féminin folk dont Sheryl Crow. C´était amusant de tourner avec ces filles pendant des semaines.


​A contrario, quel est votre pire souvenir ?

Sarah : Je me souviens d´un concert en 1995. Nous avions conduit toute la journée. Lorsque nous étions arrivés très tard, vers 3 heures du matin, tout le monde était parti. Nous devions jouer devant une audience de trois personnes et fatigués, nous avons sûrement fait le pire concert de notre existence.





Nous avons commencé l´interview par la question que l´on vous a souvent posée. ​Quelle était la question que vous auriez souhaité que je vous pose ?

Gert : N´importe quelle question contenant des compliments nous convient (Rires) !

Sarah : Tu aurais pu nous dire : "Que pourrais-je faire pour vous aider à booster le succès de cet album?"


​Que me répondriez-vous ?

​Sarah : Tu dois écrire une chronique magnifique (Rires) !


Merci beaucoup !

Sarah et Gert : Merci à toi.