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TITRE:

HARMORAGE (19 JUIN 2015)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

HEAVY METAL



De retour aux affaires avec la bombe "Psychico Corrosif", Music Waves tenait à vous faire découvrir Harmorage !
STRUCK - 26.06.2015 -
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Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?

Daniel Chalon : La question qui revient le plus souvent est : "Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour faire un second album?". Bien qu’elle ne nous ait pas trop été posée, c’est une des questions récurrentes. C’est vrai qu’entre "Berserker" et "Psychico Corrosif" il y a eu 8 ans, mais vu le résultat obtenu et le chemin parcouru pendant ces huit années je suis content qu’on ait pris ce temps là.


La chronique de Music Waves dit "Imaginez un groupe à mi-chemin entre Iron Maiden et Mass Hysteria. Le second pour le contexte politico-social, les textes engagés et les rythmes actuels qui flirtent avec le metal core ; le premier pour les cavalcades échevelées, les interventions solistes d'anthologie et la basse qui frappe comme une dingue" : vous retrouvez-vous dans ces influences ?

C’est effectivement deux groupes qu’on écoute. On a beaucoup été influencé par Ritchie Blackmore pour la culture du riff et l’efficacité des solos, influence présente aussi chez Iron Maiden. Et tout comme ces derniers, on cherche à laisser une vraie place à la basse et ne nous privons pas d’exploiter des tempos élevés. Ça ne m’étonne donc pas trop que l’influence ressorte. Mass Hysteria nous a plus influencés pour le côté gros son et l’énergie que leur musique dégage en live. Leurs gros riffs très modernes et actuels nous ont clairement inspirés par moment. Nous traitons tout comme eux de sujets très terre à terre, de la société et de l’Homme.





A la façon de Mass Hysteria,  était-ce important justement d’avoir des textes engagés ?


A mon sens, c’est important pour un groupe d’avoir des textes qui ont du fond. Après, le côté engagé est plutôt qu’on ne se prive pas de dire ce qu’on pense sans aucune étiquette politique ou autre. Dans Harmorage on a fait le choix d’exprimer notre point de vue en abordant des thèmes qui mettent l’humain au centre, même si les sujets ne sont pas forcement politiques ou sociaux.


Justement quels sont les thèmes développés dans cet album ?

De manière générale nous écrivons des textes très terre à terre où s'exprime notre vision des choses et notre ressenti. Sur "Psychico Corrosif", nous avons choisi d’explorer les impacts que la société peut avoir sur l’individu, ainsi que les sentiments et les réactions que cela peut engendrer. Ces thèmes nous permettent d’explorer des ressentis qui rongent l’être de l’intérieur. Cela va des peines et angoisses les plus profondes aux doutes et introspections les plus sombres.


De la même façon, ces textes expriment-ils une révolte intérieure ?

Il y a effectivement une part de révolte dans les textes, notamment d’un point de vue social. Nous sommes dans une analyse et une réflexion sur le fonctionnement du monde actuel et la place que l’humain occupe dans la société. Nous utilisons les textes pour donner notre point de vue sur le sujet.


Dans ces conditions, considérez-vous votre musique comme cathartique ?

Quand on compose on essaye de chercher réellement au fond de nous, ce que l’on éprouve et ce qui nous ronge. C’est la base de notre réflexion. On s’en sert après pour construire le discours du morceau. Bien que la base soit introspective je n’irais pas jusqu’à dire que notre musique est cathartique.


Cet album est difficile car il dénonce les travers de chacun, comme s'il nous rouait de coups et nous mettait la tête dans notre.. Était-ce une volonté de votre part que l’auditeur arrive à une prise de conscience des travers de la société ?

Sans vouloir être donneur de leçon, il est important pour nous de faire part de notre point de vue, et notamment sur la société actuelle. Si le message amène à une prise de conscience tant mieux. Cependant l’album se veut très positif : on ne fait pas l’apologie du chaos ou autre théorie destructive. La marginalité c’est dur et précaire et nous ne sommes pas dans ce registre là. L’objectif est plutôt de donner envie d’avancer, de donner du courage pour faire face et de profiter de la vie sans être dans la haine permanente.


Vous n’être tendres avec personne : religions, politique, société, votre musique est sans concession et sans compromis comme l'étaient les punk. Est-ce qu’il y a un message derrière cette attitude ?


On parle des choses qui nous tiennent à cœur. Il est important que chacun puisse trouver sa place dans le monde actuel et qu’il puisse s’épanouir. Aujourd’hui beaucoup de gens manquent de repères et se réfugient dans la haine et la peur. La société amène à une forme d’individualisme. Bien que ça ne soit pas un problème en soi, ça le devient à partir du moment où c’est au détriment des autres, que ça empêche des gens d’avancer. C’est ce qu’on cherche à dénoncer au travers de l’album : qu’il est plus facile d’avancer à plusieurs... Mais encore faut-il que les gens aient envie d’avancer.


Justement on sent également une influence punk, voire rock indépendant tels les Bérruriers Noirs ou les Garçons Boucher, est-ce que ce sont vos racines ?

Nous avons des influences du punk dans notre musique, par contre ce n’est pas notre influence principale. Les Béru ou les Garçons Boucher ont ouvert la voie à une forme de musique revendicatrice et contestataire. Ils ont posés les bases d’une partie de la scène française, qui a vu éclore des groupes tel que Lofofora, Tagada Jones ou Mass Hysteria. Nous nous sentons plus proche de ces derniers. Quelque part, au travers de ces groupes on peut y voir une forme d’héritage.


Votre leitmotiv semble être le groove, est-ce la base de vos compositions d’avoir un bon groove, ou est-ce que le texte est toujours à la base ?

Le groove est une des composantes principales de notre musique. C’est important pour nous qu’il y ait un bon rythme qui se dégage des riffs, des parties de batterie, des débits de chant… Le départ des compos est souvent une idée musicale : basse, batterie ou guitare. Nous définissions ensuite le thème à aborder sur la chanson. Cela permet d’avoir une direction pour la composition. Les idées sont développées pour construire petit à petit un morceau. Ce n’est qu’à ce moment là que le texte entre en jeu. Il sera écrit et le chant placé sur les parties musicales. Le morceau sera réarrangé en fonction du texte pour que tout colle ensemble et qu’il y ait une cohérence et une bonne unité.


On l’a évoqué, vous voulez exploser les carcans sociétaux, mais votre musique est très écrite et très carrée. N’est-ce pas paradoxal par rapport au punk qui était sale et déstructuré ?

Le punk est un cri du cœur, rageur et brut de décoffrage. Dans notre musique nous essayons d’amener un discours basé sur une réflexion. Le message ne sortira pas de manière aussi directe qu’il pourrait le faire dans le punk. Le message sera pensé et le texte construit, tout comme notre musique sera composée et réfléchie. Nous cherchons tout de même à garder un côté rageur pour servir des propos qui peuvent être violents. Ce côté rageur vient parfois du punk, et d’autre fois d’autres influences tel que le thrash, le hardcore ou le rock’n’roll.


Est-ce que c’était important pour vous d’inclure des solos de guitare assez techniques et bien écrits, quitte à nuire à l’immédiateté de votre musique ? A la faire passer pour du metal avec des enluminures progressives, ou un metal plus intellectuel ?

Les solos font partie de notre musique. On essaye de leur faire apporter quelque chose à la musique, qu’ils illustrent le propos et amènent les chansons ailleurs que ce soit en terme de ressenti ou d’ambiance. C’est en ce sens là qu’on trouverait un côté progressif dans notre musique mais nous ne nous revendiquons pas pour autant de ce bord là. On cherche malgré tout à amener de la profondeur dans les compositions au travers des parties musicales mais ce, sans prétention d’une musique plus intellectuelle et en gardant à l’esprit que si un morceau doit être fouillé, il ne doit pas perdre pour autant son efficacité.





Par ailleurs la production est énorme et intense, comment s’est déroulé le choix du producteur et la production elle-même ?

Merci du compliment. Ça nous fait vraiment plaisir car cet album est 100% autoproduit. Tu parlais souvent de la scène punk. Elle avait 2 slogans : "No futur" et "Do It Yourself". Si nous avons une affiliation punk nous faisons clairement partie de la seconde catégorie. Nous avons fait le choix du "Do it Yourself" parce qu’une production de qualité demande du temps en studio et que en studio, bien plus qu’ailleurs, le temps c’est de l’argent. Afin de limiter ces coûts nous avons fait le choix de monter notre propre studio. Ça nous a aussi offert un confort qui a permis de peaufiner les compositions et les prises de sons, de tester des choses et d’en retirer un son qui nous est propre. Une fois que nous avons estimé avoir la matière suffisante, nous avons confié le mixage à un ami proche qui a fait un très bon travail. Pas de noms ronflant et pas de coûts faramineux mais c’est un résultat dont on est très fier et qui est en adéquation avec notre vision du monde de la musique… Ça c’est punk !


Comment s’est passée votre rencontre avec Dooweet ? Est-ce que vous êtes fiers de faire partie de cette écurie ? Et quel est son apport dans votre carrière actuelle et future ?


Les premiers contacts avec Chris de Dooweet ont eu lieu alors que nous étions encore en train d’enregistrer l’album. Si nous avions fait le choix de nous occuper de toute la production, nous avions besoin de quelqu’un qui s’occupe de toute la partie communication et distribution afin qu’il sorte dans les meilleures conditions. Après quelques échanges téléphoniques je suis allé rencontrer Chris. Nous avons passés l’après midi sur Paris et le courant est passé tout de suite. Il a adhéré au projet et très rapidement nous avons eu envie de travailler ensemble. Nous sommes très content de cette entente et on verra où cela nous mène.


Qu’attendez-vous de cet album ?


Notre but est que cet album arrive aux oreilles d’un maximum de monde. Nous avons vraiment aimé travailler dessus, le composer et l’enregistrer. Aujourd’hui l’heure est plus à le défendre en concert. Nous faisons une musique énergique qui prend tout son sens sur scène. Nous aimerions qu’il nous permette de décrocher une première partie intéressante, mais surtout qu’il pose des bases solides pour un futur album.


Quelle est la prochaine étape ?

Dans un premier temps notre objectif est de continuer à mener la phase de promotion au mieux. En parallèle nous commençons à booker des dates pour la tournée. A titre personnel, je rêverais d’ouvrir pour des groupes comme Lofofora, Mass Hysteria ou Tagada Jones, mais l’important est surtout de le partager avec un maximum de gens.


Question traditionnelle de Music Waves, quel est votre meilleur souvenir d’artiste ?


Si on se place du point de vu de l’artiste, je dirais que le meilleur souvenir est l’écriture de cet album. Il s’en dégageait un sentiment de travail, de recherche, mais surtout de liberté complète pour la création. Nous avons pondu un album qui nous correspond à 100% et aujourd’hui il n’y a a pas un son, un mot ou autre, que je ne me sens pas de défendre à 10 000% sur scène.

D’un point de vue humain, le partage de date avec des groupes qui aujourd’hui sont devenus des amis proches et les soirées que cela a donné font partie des meilleurs moments.


Au contraire le pire ?

Passé un temps on avait une personne qui s’occupait du management du groupe. Il y a en a eu d’autres avant lui avec qui ça s’est très bien passé et j’en profite pour remercier Vincent pour son implication sans faille, mais là c’était différent. Il y a eu de plus en plus de tensions dans le groupe et nous étions arrivés à un stade où nous ne prenions plus de plaisir du tout et étions au bord de l’implosion. Il nous a fallu du temps pour ressouder le groupe et aller de l’avant. Maintenant nous gérons le management nous même et ça ne s’est jamais aussi bien passé.


On a commencé cette interview par la question qu’on vous a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ?


"Que veut dire Harmorage ?". Le nom du groupe reflète bien notre conception de la musique. C’est un mélange entre l’harmonie et la rage. Dans nos morceaux nous essayons de trouver l’équilibre entre ces deux facettes. Travailler la forme, brosser des ambiances tout en conservant un côté rageur et sauvage.


Le mot de la fin aux lecteurs de Music Waves ?

Merci de nous avoir lu et au plaisir de vous voir.


Merci à Thibautk pour sa contribution...



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