Fort d’une très belle première
édition, la venue de Kreator, Napalm Death ou encore Loudblast avait attiré pas
mal de public, le Gohelle Fest est de retour en ce début Septembre mais cette
fois sur deux jours, preuve de la volonté des organisateurs de
pérenniser leur festival en dépit d’une concurrence assez rude. On pense bien sûr
au Fall Of Summer dans un créneau musical identique et qui se tient non loin de
là, en région parisienne.
C’est donc le week end des 4 et 5
Septembre que la communauté métallique nordiste et même d’ailleurs en France et
en Europe s’est donné rendez-vous dans la ville de Loos-en-Gohelle pour prendre
une bonne décharge de décibels avec une affiche très forte, comprenant nombre
de formations établies en métal extrême sous toutes ses formes.
Le cadre du festival est toujours
aussi agréable avec une salle spacieuse, des gradins pour profiter des
concerts avec confort, des stands en grand nombre et une équipe gentille,
motivée et toujours à la disposition des festivaliers avec le sourire. Il faut
aussi signaler la belle initiative prise par les organisateurs qui permettent
aux festivaliers de découvrir la région chaque matinée avec une visite du
Louvre Lens ou encore des terrils miniers tout proches. L’idée d’associer
culture locale et musicale est excellente et a ravi nombre de personnes qui ont
profité de cette opportunité.
La journée du vendredi débute en
milieu d’après-midi avec Yrzen. Originaires d’Amiens les musiciens proposent un
death métal teinté de folk et de symphonique. Fort d’un album, "Fimmrot", de
très bonne tenue sortie en 2013, le groupe va mettre du cœur à l’ouvrage pour
convaincre un public encore assez restreint mais curieux et avide de
découvertes. Servi par un son s’améliorant au fur et mesure du concert Yrzen
nous propose un set percutant et convaincant, notamment grâce à la pêche de
son chanteur. De plus quelques passages plus mélodiques dans certaines chansons
permettent d’aérer le concert et de transcender la musique du groupe.
Un petit changement de dernière
minute a lieu ensuite, suite à l’annulation de Benighted pour cause d’accident
du batteur, les lillois de Nirnaeth les remplacent au pied levé. Œuvrant dans
un black death glacial ils sont de retour après une pause dans leur carrière et
un nouveau batteur en leur sein. Servi par un son puissant et clair, qui permet
de savourer la puissance du groupe sans être assommé, ils vont sauter sur
l’opportunité de ce concert pour se rappeler au bon souvenir de leurs fans et
se connaitre des autres personnes présentes. L’ensemble est classique en
matière de black death mais il est redoutable d’efficacité. Le groupe, malgré
l’heure peu propice à ce genre, réussit à instaurer une ambiance glaciale très
prenante et parvient à largement convaincre le public de ses fortes qualités.
Après un concert aussi bon il faut espérer revoir rapidement le groupe sur
scène et dans les bacs pour un troisième album.
Avec M:Pire Of Evil le Gohelle Fest
frappe un premier grand coup. Le groupe est formé de deux ex-membres de Venom,
Mantas, le fondateur de la légende anglaise, et Demoliton Man, chanteur
lors du départ de Cronos en 1989. On signalera que les deux musiciens ont en
parallèle un autre groupe, Venom Inc, qui se concentre uniquement sur le
répertoire de Venom. On peut donc être surpris de voir M:Pire Of Evil encore en
activité alors qu’il œuvre sur la même idée de base que Venom Inc. Cela étant
personne ne va bouder son plaisir et trop se poser questions pendant ce bon
concert. Les musiciens nous proposent 13 titres avec pas moins de 8 reprises de
Venom. Les 5 autres venant de leurs deux albums studio, sortis en 2012 et
2013. Et il est très plaisant de retrouver cet esprit du début des années 80 à
l’écoute de ce concert. Mantas brille particulièrement à la guitare, il prend
la pose avec un plaisir réel et distille riffs et soli avec un talent certain
sans que le poids des années ne l’ait atteint. Son compère au chant assure
également de belle manière, il n’a certes pas le charisme de Cronos mais il se
montre au niveau avec un ton vocal proche du hurleur de Venom. La set-list va
s’avérer aussi très intéressante avec les classiques de Venom bien sûr,
‘Welcome To Hell’ ou ‘Black Metal’, mais aussi avec 3 extraits de "Prime Evil"
de 1987, ‘Carnivorus’, ‘Parasite’ et ‘Blackened Are The Priests’, que tout le
monde est ravi de retrouver en live. Enfin les extraits des albums de M:Pire Of
Evil, comme ‘Demone’ ou ‘Taking It All’ sont sympathiques - certes cela est très
proche de Venom, mais l’esprit noir est là, et ils sont appréciés avec plaisir
par le public. Tout cela nous a donné un bon concert, un peu nostalgique mais
d’excellente qualité, et qui a permis à tout le monde de faire un bond sympathique
dans le passé.
On change ensuite radicalement de
style avec les français de Tagada Jones. Le groupe a son noyau dur de fans qui
les attend avec grande impatience dans une salle qui se remplit correctement
mais qui au vu de sa grande taille, parait un peu vide par endroits. Évoluant
dans un hardcore teinté de punk et de métal, le quatuor est une valeur sûre
depuis plus de 20 ans, et un monstre scénique qui sait mettre le feu en un rien
de temps. Et Tagada Jones va être fidèle à sa brûlante réputation. Basant son
concert sur ses albums récents, "Descente Aux Enfers" et "Dissident", il
propose une prestation haute en couleurs et nous confirme que le temps qui
passe n’enlève rien à sa hargne. Le ton est toujours aussi engagé et rebelle,
le chant clair et puissant permet de bien saisir la force des textes du groupe.
Au final Tagada Jones, dans un contexte métallique à priori peu favorable, a
parfaitement réussi son coup et a convaincu une très grande partie du public de
la haute qualité de sa musique et de sa force scénique qui n’a rien à envier
aux formations métalliques extrêmes.
Le ton change encore fortement avec
l’arrivée d’Eluveitie. Les Suisses surfent sur la vague du succès depuis
quelque temps et sont attendus par un grand nombre de personnes présentes. Il
faut dire que leur folk métal mêle parfaitement aspects extrêmes et aspects
mélodiques. Le groupe très présent sur les routes a su grimper les échelons
pour devenir une des formations les plus populaires du genre, un œil sur leur
imposant stand de merchandising suffit pour s’en convaincre. Le groupe va ainsi
nous délivrer un excellent concert d’une heure et demie avec un son parfait qui
permet de savourer chaque instrument, du violon à la guitare en passant par la
vielle à roue.
Basant son concert sur des deux
derniers albums, "Helvetios" avec 7 chansons et "Origins" avec 3 titres, le
groupe va remporter la mise auprès d’un public bien nombreux et sous le charme
des mélodies folk. La force du groupe est bien d’arriver à mixer puissance et
mélodie, le début du concert avec ‘King’ et ‘Nil’ ne fait guère de quartier puis au fur et à mesure le chant féminin d’Anna Murphy nous entraine dans au
cœur des forêts et des montagnes. A ce titre ‘The Call Of The Mountains’,
chanté en français, fait un triomphe avec son refrain imparable et sa mélodie
entêtante. Ensuite avec ‘Omnos’, ‘Neverland’ ou encore ‘A Rose For Epona’, Eluveitie emporte la mise avec classe et efficacité. La fin de concert est
royale avec ‘Havoc’ et ‘Alesia’ et conquiert tout le monde. Clairement Eluveitie
est un nom qui compte bien au-delà du folk métal, et il a proposé un concert
digne d’une tête d’affiche.
Cette tête d’affiche est une
légende du death métal mondial, Obituary est très attendu par la frange extrême
du public, la longue file d’attente lors de la dédicace du groupe le prouvant
amplement. Clairement avec un groupe de cette trempe et auteur récemment d’un "Inked In Blood" explosif, le Gohelle Fest frappe fort et s’apprête à conclure
sa première journée avec classe et férocité. Et pourtant Obituary va
proposer un concert en demi-teinte, déjà il ne jouera qu’à peine une heure, loin
de ce qui était annoncé sur le programme. Et surtout le groupe semble peu
concerné et motivé, John Tardy en particulier. Le chanteur met un temps fou à
arriver en début de concert puis prend de longues pauses entre chaque morceau
et ne communique guère avec un public pourtant prêt à lui manger dans la main. Mais
et heureusement quand le groupe joue il le fait avec un talent certain et une
pêche énorme. Le poids des ans ne semble pas atteindre les membres du combo qui se déchainent avec furie sur chaque titre. Obituary ne fait pas de
quartier et frappe fort et méchamment, laissant groggy la frange du public peu
habituée à un death métal aussi purement violent. Car des pépites comme ‘Back
To One’, ‘Intoxicated’ ou encore le référentiel ‘Slowly We Rot’ restent des
monstres de brutalité même des années après leur création. Du côté des nouveautés, ‘Violence’ et ‘Inked In Blood’ montrent que le groupe reste un mastodonte
dans la galaxie death brutal. Auteur d’un concert glacial Obituary a convaincu
ses fans tout en nous laissant un peu sur notre faim du fait d’une durée de
concert un peu courte.
Cela étant le bilan de la journée
reste très positif. Certes on aurait aimé croiser plus de monde dans la salle
mais les 6 groupes au programme ont ravi le public présent et ceci dans des styles
très variés. Tout le monde repart donc enchanté et prêt au combat pour une journée
de samedi qui s’annonce encore plus explosive.