Pour sa seconde journée, le Gohelle Fest a mis les petits plats dans les grands, sa première journée était excellente, la suivante s’annonce explosive. Sept groupes sont au programme, deux locaux très appréciés et cinq formations de renom, toutes reconnues dans leur genre, le thrash ou le death métal.
La journée débute en milieu d’après-midi et déjà il est facile de remarquer qu’il y a plus de monde présent sur le site du festival. Ce sont les nordistes de Dunkelnacht qui ouvrent les hostilités - et le terme est en adéquation avec la tornade que le groupe va déclencher. Les nordistes œuvrent dans un black métal teinté de death à la fois glacial et brûlant et sans concession. Basant leur concert sur leurs derniers disques, "Revelatio" le dernier datant de 2014, ils vont réussir à fasciner l’assistance malgré un horaire peu propice au black métal. Il ne fait guère de doute qu’après ce concert envoûtant, pas mal de personnes auront eu envie de se laisser entrainer du côté obscur du métal.
Avec W.I.L.D. les festivaliers retrouvent une formation du cru, bien connue pour ses prestations explosives. Les nordistes ont écumé pas mal de scènes et sont de retour avec un EP disponible gratuitement, "Happiness Is Not Allowed", qui les voit accueillir une pléiade d’invités au chant dont Arno de Black Bomb A ou Julien de Benighted. Et ils vont tout dévaster sur leur passage : leur death est surpuissant, violent, intense, tout à fait jouissif et rencontre un gros succès auprès d’un large public. Le groupe propose un concert basé sur son EP et se fait très convaincant. ‘Erinyes’ se distingue par son côté à la fois brutal et technique et par un côté plus décalé très prenant. Ensuite on ressortira ‘Paranoid Schizophrenia’ et ‘Inside’ avec la participation d’Arno de Black Bomb A qui fait un effet bœuf. Entre death grind et death à la Gojira W.I.L.D. a proposé un excellent concert, nous donnant hâte de vite le revoir pour un set plus long.
Avec Rotting Christ le festival dégaine la première cartouche de son fabuleux quintet de ce samedi. Les Grecs sont une valeur sûre de la scène death black mondiale depuis des années et sont auteurs d’excellents albums, notamment le petit dernier, "Κata Τon Daimona Εaytoy", sorti en 2013. Ce qui est remarquable chez le groupe est sa capacité à mixer face occulte, face black et death avec des mélodies imparables et quelques aspects gothiques. Et servi par un son puissant et clair, le groupe va tout démolir sur son passage en se faisant brutal et envoûtant. Avec des chansons comme ‘The Sign Of Evil Existence’ ou ‘Societas Satanas’ il gagne son pari et fascine ses fans autant qu’il séduit de nouveaux auditeurs. Au chant Sakis Tolis dégage un charisme important et sa voix tantôt forte tantôt plus grave ajoute au côté occulte de ce concert. En une heure Rotting Christ nous assène une grosse claque et lance définitivement une journée placée sous les meilleurs auspices.
Tankard déboule et de l’occulte on passe au thrash alcoolisé à l’allemande. Certes le contraste est brutal mais le plaisir de retrouver cette légende du genre avec plus de 14 albums au compteur depuis 1986 est réel. Le groupe allemand reste un expert pour mettre l’ambiance et remuer un public. Ici il y arrive assez bien mais cela reste assez sage en comparaison de la folie qui s’empare des fans allemands durant les concerts. Servi encore par un excellent son, une constance durant tout le week-end, Tankard va faire honneur à sa réputation durant une excellente heure qui le voit revisiter sa riche carrière. Et ce sera une belle boucherie, au chant Gerre confirme sa réputation de fou furieux intenable, les photographes auront eu bien de la peine à le shooter, et derrière le groupe assure une prestation très solide. Avec ses camarades de Destruction ou encore Sodom, il est garant d’une certaine idée du thrash dans toute sa noblesse et confirme avec ce superbe concert qu’il reste un pilier du genre.
A l’image d’un Queensrÿche ou d’un Rhapsody, Entombed a connu des remous et s’est coupé en deux en Septembre 2013 avec le départ d’Alex Hellid. Désormais le groupe continue ses activités en quatuor sous le nom d’Entombed A.D. avec un nouvel album, "Back To The Front" et Nico Elgstrand à la guitare en lieu et place d’Alex. Cela ne change pas la donne pour le groupe, il continue sur les traces d’Entombed avec un death métal suédois et reste malgré le départ de sa tête pensante une référence du genre. Le quatuor va nous délivrer une très belle prestation, digne de ce que l’on attend d’eux, leur death est brutal mais aussi groovy et assez accessible. Logiquement il se concentre sur la carrière d’Entombed avec 11 titres joués plus deux morceaux du nouvel album. Et avec ‘Revel In Flesh’, ‘Left Hand Path’ ou encore ‘Out Of Hand’, il nous fait nous souvenir à quel point ce death suédois était imparable, même si aujourd’hui il est moins en vue. A n’en pas douter le groupe se sera fait de nouveaux adeptes avec cette superbe prestation.
Avec Panzer on revient vers le thrash teinté de heavy, la formation allemande est toute jeune mais composée de vieux routiers du genre. On retrouve au chant Schmier de Destruction avec à ses côtés deux ex-Accept, Stefan Schwarzmann et Herman Frank plus pour le concert V.O. Pulver de Gurd. Musicalement et logiquement, Panzer évolue entre Accept et Destruction et nous propose 8 morceaux de son premier album, "Send Them All To Hell". Cela donne un bon concert, le charisme de Schmier y contribuant beaucoup. Le groupe, malgré peu de concerts donnés, assure bien et nous délivre une bonne décharge d’énergie brute. Certes cela n’a rien de révolutionnaire dans le genre et s’avère un peu linéaire ,mais le public savoure le côté brut de décoffrage des morceaux, que cela soit avec ‘Hail & Kill’ ou ‘Panzer’. Panzer est un groupe sympathique qui aura délivré une bonne prestation qui aura permis au public de se lâcher.
C’est une autre légende du death métal qui a l’honneur de clôturer cette journée et le festival. Carcass vient récemment de mettre le feu au festival Alcatraz en Belgique, et on ne peut que remercier les organisateurs de lui offrir l’honneur d’être la tête d’affiche du Gohelle Fest. En un peu plus d’une heure les maîtres d’un death à la fois brutal et technique vont faire honneur à leur réputation et finir le festival en beauté. Au chant Jeff Walker est impérial, et musicalement le groupe nous délivre une nouvelle leçon de death métal dans sa forme la plus noble. Le groupe propose un excellent patchwork de sa carrière, son dernier bébé, "Surgical Steel", est bien sûr à l’honneur, avec notamment un excellent ‘Unfit For Human Consumption’. Et il revient aussi logiquement sur sa riche carrière. Et de ‘Necroticism’ à ‘Black Star’ en passant par des medleys le groupe rappelle qu’il était et qu’il demeure un maître absolu du death métal, sachant se faire à la fois très violent et technique mais aussi accessible aux travers de certains passages. Encore une fois Carcass est venu et a vaincu. Avec ce concert chirurgical il ne fait pas de doute qu’il aura su capter de nouveaux nombreux adeptes à la cause du death métal.
Cela achève en beauté une très belle journée, le public a largement répondu présent et rendu honneur aux organisateurs et à tous ces excellents groupes. Le Gohelle Fest est devenu un évènement déjà incontournable qui semble décider à grandir encore, souhaitons-lui une longue vie en espérant qu’il continuera à nous proposer de belles affiches dans de si bonnes conditions.