Fidèle au poste pour la 17ème fois déjà le Raismes Fest est de retour en ce second week-end de Septembre pour nous permettre de savourer un nouveau bon moment de hard rock sous toutes ses formes. Malgré la concurrence, de plus en plus forte dans le Nord et en Belgique, notre doyen se porte bien et présente encore une fois une affiche assez riche. La force de ce festival est bien de faire la part belle aux groupes en devenir. Si au premier abord l’affiche est moins clinquante que d’autres festivals, au final Raismes garde une certaine fraîcheur et nous propose outre des groupes reconnus des groupes en devenir qui raviront le public.
Toujours niché au cœur de Raismes dans le cadre verdoyant et très sympathique du château de la Princesse, le festival commence comme l’année dernière le Vendredi 11 Septembre par une journée d’échauffement avec quatre formations sur la scène découverte. Et malgré un retard dû à des problèmes électriques indépendants de la volonté du festival, venant visiblement de la ville de Raismes, le public va vivre une excellente soirée métallique avec en point d’orgue le grand retour d’un groupe cher au cœur des fans et des organisateurs.
Ce sont les nordistes d’X-Rated qui ouvrent le feu devant un public déjà assez présent. Œuvrant dans un hard rock assez lourd teinté de Black Sabbath et de Black Label Society, ils vont convaincre facilement de leurs qualités malgré un son parfois juste correct. Le groupe est motivé et fait plaisir à découvrir notamment par des longs et excellents passages techniques, notamment dans de très bons soli.

Avec Max Pie on retrouve un habitué du festival, les belges sont déjà venus en 2009 et 2012 et reviennent avec un excellent album, "Odd Memories". Et cela va donner un excellent concert de métal progressif. Max Pie va en effet mettre le feu au public, au chant Tony excelle et se montre charismatique en diable, à la guitare Damien Di Fresco brille particulièrement en distillant riffs et soli digne des grands noms du métal progressif. Et avec ‘Promised Land’, ‘Unchain Me’ ou encore ‘Don’t Call My Name’ il nous montre la haute qualité de son nouveau répertoire dans l’esprit d’un Symphony X. Enfin avec ‘The Side Of A Dime' Max Pie revient aussi sur son deuxième album qui était déjà très prometteur. Ce très bon concert confirme que le groupe belge monte en puissance, tant le public était lui clairement acquis.

Depuis 2010 les espagnols d’Eldorado épatent les amateurs de classic rock teinté de Deep Purple ou de Led Zeppelin. Le groupe avait déjà brillé à Raismes en 2013, il semble promis à un destin glorieux et le public veut encore les savourer dans un festival à taille humaine. Venu présenter "Babylonia Haze" ils nous proposent un concert remarquable, rempli de feeling. En fermant les yeux on retrouve ce qui faisait la force des anciens ainsi que la classe d’un Black Crowes. Au chant, Jesus Trujillo est remarquable d’aisance, sa voix chaleureuse et légèrement éraillée colle le frisson en un instant, et derrière lui ses camarades distillent une musique d’une grande classe avec pas mal d’aspects planants et psychédéliques. Eldorado aura donné un des très bons concerts de ce week-end et clairement il faut espérer les retrouver rapidement sur la scène principale.

Freak Kitchen est donc de retour à Raismes, 9 ans après sa dernière apparition et pour la quatrième fois. A chaque prestation leur folie avec ce côté si barré qui nous rapproche de Zappa avait ravi un public amateur à la fois de heavy metal burné et de guitar hero - Eklundh en est bien dans le sens le plus noble du terme. Et cela va nous donner un concert brillant de virtuosité qui va ravir un public bien nombreux. Certes il faut savoir pénétrer cet univers, qui rappelle aussi Primus en plus sobre, mais une fois dedans il est impossible d’en ressortir sans avoir le sourire aux lèvres. Avec un excellent "Cooking With Pagans" sous le bras il se fait intense et prenant. Et avec ‘Blind’, ‘Raw’, ou encore ‘Razors Flowers’ et ‘God Save The Spleen’ il fait un tour complet en un peu plus d’une heure de son brillant répertoire. Ce concert conclut en beauté une journée très réussie qui lance le festival sous les meilleurs auspices.

La seconde journée s’annonce toute aussi intéressante que la première, certes la météo nous annonce de la pluie (et elle ne se trompera pas), mais il en faut plus pour effrayer un public avide de découvertes et déterminé à faire le plein de bons décibels. Comme chaque année le festival fait la part belle aux formations en devenir sur sa scène secondaire, située une nouvelle fois pile en face de la principale.
Et cela nous permet de faire de belles découvertes avec les 7 groupes programmés pour cette journée. Cela commence en début d’après-midi avec Black Juju Inc. Malgré un temps exécrable le groupe va surprendre avec son métal groovy et alternatif, puis s'impose par son envie de jouer et sa force mélodique proche d’un Alice In Chains. Avec Mr-X le public découvre une formation proche de l’esprit des 70’s. Le groupe séduit largement par un bel esprit blues et un gros feeling bien rock au chant et à la guitare : il aura été une belle découverte pour nombre de personnes. Avec One Eye Dollar, le stoner rock est à l’honneur, on retrouve dans ce groupe l’esprit d’un Pantera au travers d’excellents riffs. Le groupe, qui compte en son sein des membres de W.I.L.D. et de Monsters, fait le taf avec un talent certain et confirme l’excellente qualité de cette scène découverte.

58 Shots enchaine avec un hard rock classique qui emprunte autant à AC/DC qu’au rock sudiste teinté de blues. Et une nouvelle fois c’est une bonne petite surprise qui enchante le public : le groupe a du feeling et nous entraine dans son univers avec classe. Les lillois de Toys In The Forrest sont déjà bien connus dans la région par les amateurs de rock. De fait ils sont assez attendus et ne déçoivent pas, leur hard teinté à la fois de glam et de punk possède une efficacité énorme et il met l’ambiance pour toute la durée de ce très bon concert. Avec Wizzö le public prend une autre bonne rasade de hard rock, mais cette fois ci dans l’esprit d’un Mötley Crüe, et cela prend à merveille auprès d’un public amateur du genre et qui prend plaisir à découvrir cette très sympathique formation. Backtrack Lane a l’honneur de clôturer cette belle journée découverte ; leur hard teinté de blues fait son effet, le groupe est tout en feeling et nous délivre un concert de grande qualité. A n’en pas douter eux aussi se seront fait nombre de nouveaux adeptes.

Cette année encore la scène principale fait la part belle au hard rock sous toutes ses coutures, confirmant le choix d’une programmation qui met de côté l’extrême pour mettre à l’honneur toute la richesse du hard rock. Et ils vont réussir dans cette entreprise vintage avec brio, tant chaque formation va apporter une belle pierre à l’édifice de cette journée.
C’est sous une petite pluie en fin de matinée que débarquent les parisiens de Deadline. Le public est déjà bien présent et il va savourer une bonne tranche de hard heavy typiquement US droit dans l’esprit de Guns And Roses. Le groupe, que ça soit par la voix d’Arnaud, proche de celle d’Axl Rose, que dans les guitares, est pile dans cette époque et nous replonge avec brio dans l’esprit du son des années 80. Tour à tour on pense à Slash - le son des guitares y fait clairement penser -, à Aerosmith ou encore au Whitesnake de l’époque "1987". Tout cela nous donne un concert chaleureux, faisant vite oublier la pluie et idéal pour lancer les hostilités.

On saute en Australie avec King Of The North. Le groupe est attendu avec curiosité vu qu’il évolue en duo, sans bassiste avec juste un batteur et un guitariste chanteur. Et la pluie qui devient plus forte ne va pas empêcher les gens présents de savourer un excellent concert en forme de véritable coup de cœur. Le groupe prouve avec brio qu’on peut faire du rock juste à deux avec une énergie phénoménale. Les deux compères évoluent dans un stoner rock, à la fois planant, psychédélique et groovy, le tout proche d’un Monster Magnet et de l’esprit de la scène Desert Rock. A la guitare et au chant Andrew Higgs est brillant, son toucher à la guitare est remarquable et il ne fait guère de doute qu’il grimpera très vite les échelons. Vocalement il possède un timbre légèrement éraillé très accrocheur qui fait merveille. Ce concert restera comme l’un des meilleurs du week-end, il confirme la santé de la scène australienne et prouve également que le Raismes Fest a mille fois raison d’aller chercher de la nouveauté, King Of The North est une découverte brillante que l’on espère revoir rapidement.

Les fidèles lecteurs de Music Waves connaissent bien la formation qui arrive. Originaire d’Allemagne, Nitrogods est un power trio composé de deux ex-membres de Primal Fear et du chanteur Oimel Larcher. Dans la grande tradition hard rock’n’roll il perpétue l’esprit de Motörhead et il va mettre le feu au festival et au public, dont de nombreuses personnes ravies de cette découverte qui a déjà illuminée le Summer Breeze en 2014. Le groupe décharge une énergie pure et directe, sans prise de tête, dans un esprit purement rock’n’roll où l’alcool, la fête et les amis sont à l’honneur. Et avec des chansons comme ‘Whiskey Supernova’, ‘Back Home’ ou encore ‘Lipsynch Stars’ il fait plaisir et se fait plaisir. Ô on notera aussi un petit air musical proche de Thin Lizzy dans les passages plus mélodiques. Nitrogods aura joliment réchauffé une atmosphère moins pluvieuse et ravi le public. Motörhead est sur sa fin de carrière mais les héritiers sont là, et en pleine forme.

L’Islande est ensuite à l’honneur avec The Vintage Caravan. Le groupe a déjà trois albums à son actif mais reste peu connu encore au-delà des amateurs. Les organisateurs tombés sous le charme de ce trio ont décidé de leur donner leur chance et on ne peut que les en remercier chaleureusement. Ces Islandais portent leur nom à merveille tant ils évoluent dans un rock teinté de blues et de hard 70’s dans l’esprit des Black Crowes. Et le voyage va être total : servis par un son excellent, ces trois jeunes gens nous délivrent un concert superbe de bout en bout, rempli de feeling et de groove grâce à une basse bien mise en avant, droit dans l’esprit du Deep Purple époque Glenn Hugues. Très sympathique, ce trio islandais restera comme une nouvelle grande découverte pour beaucoup.

Avec Pat O’May les amateurs de guitare teintée de mélodies celtiques et progressives sont aux anges. Retrouver ce Breton qui a collaboré avec tant de grands noms (Alan Stivell, Ron Thal ou Pat Mc Manus) dans un cadre aussi intimiste est une vraie chance. Il faut dire que l’homme est un technicien de grand talent mais qui ne tombe jamais dans la surenchère et qui dispose d’une large panoplie en se faisant hard, celtique, progressif ou encore blues. Et cette heure de concert va s’avérer être un bonheur complet pour tout le monde, O’May est d’un feeling impressionnant, tant vocalement qu’à la guitare et il impressionne tout le monde. On notera une excellente reprise du classique ‘Whiskey In The Jar’ et de ‘Over The Hills And Far Away’ dans un esprit rock celtique délectable. Ce concert laisse le sourire à tout le monde et restera dans les grands moments du festival.

On revient ensuite au hard rock classique avec Bonafide. Les Suédois ont de la bouteille et ont déjà ouvert pour Deep Purple et Status Quo et s’apprêtent à prendre la route avec Black Stars Riders. Ils évoluent dans un style proche de celui d’AC/DC et Krokus dans la grande lignée de ce renouveau hard rock emmené par Airbourne, The Answer ou encore 77. Il n’y a rien de bien neuf dans ce qu’ils proposent mais ils le font avec talent et envie et surtout avec une énergie communicative et se mettent facilement le public dans leur poche. Au chant Pontus Snibb possède ce grain rocailleux typique et dans l’esprit d’un Bon Scott qui fait la différence et illumine les morceaux joués. Tout cela nous a donné un concert chaleureux et intense qui lance parfaitement une soirée très prometteuse.

Avec The Quireboys le Raismes Fest signe un joli coup. Les Anglais sont devenus au fur et à mesure des albums une référence d’un hard rock classieux qui puise ses influences dans le meilleur du rock anglais des années 80. Depuis pas loin de 30 ans ils écument les scènes et sont l’assurance d’assister à une soirée mémorable. Et cela va encore être le cas en cette nuit tombante. Devant un public enthousiaste le groupe fait étalage de toute sa classe et de sa capacité à évoluer entre hard teinté de glam, rock à l’ancienne et hard rock mélodique dans l’esprit de Thin Lizzy et Deep Purple. Clairement les Quireboys sont un groupe de scène par excellence et chaque morceau est un bonheur tout en feeling avec cette voix si rocailleuse et chaleureuse, Spike étant un formidable chanteur nous emmenant dans son univers avec classe. Et avec ‘Rose & Rings’, ‘Whippin’ Boy’ et six autres extraits de leur premier album plus de nombreux classiques ils émerveillent tout le monde et remportent un franc succès.

Après ce grand moment ce sont les Suisses de Gotthard qui clôturent le festival et sont de retour huit années après leur dernier passage à Raismes. Depuis Nick Mader a pris le relais au chant et le groupe a balancé deux excellents albums, "Bang !" et "Firebirth" qui ont relancé la machine hard mélodique suisse avec talent. Bien rodé par une tournée à succès, le groupe arrive en pleine forme et va nous délivrer un formidable concert à la fois énergique et mélodique. Le début est très rock avec d’excellents extraits récents comme ‘Bang !’, ‘Get Up ‘n’ Move On’ ou encore ‘Right On’. De l’époque Steve Lee, le groupe nous fait plaisir en nous balançant ‘Master Of Illusion’ et ‘Sister Moon’. Ensuite l’émotion est au rendez-vous avec de superbes ballades, marque de fabrique du groupe, parfaitement chantées par un Mader au top. Ce dernier qui parle souvent en français avec le public fait des merveilles sur ‘Remember It’s Me’, ‘The Call’ et ‘One Life, One Soul’. La fin de concert est une succession de grands moments. Sur le très bon ‘Starlight’, le groupe fait monter des gens du public pour entonner le refrain fédérateur du morceau tandis que la reprise du standard ‘Hush’ fonctionne toujours aussi bien. Pour les rappels, le groupe nous propose un de ses grands titres avec ‘Anytime Anywhere’ en guise de parfaite conclusion à un excellent concert. Gotthard est venu et a prouvé que sa place en haut de l’affiche était mille fois méritée. Le groupe reste l’un des meilleurs en matière de hard rock mélodique et nous a donné envie de le revoir très vite.

Ceci conclut un excellent cru de plus pour le Raismes Fest : les organisateurs ont eu le nez creux à de nombreuses reprises en nous sortant d’excellentes découvertes. Couplées à des groupes reconnus au top de leur forme cela a donné une alchimie formidable et un grand week-end qui a prouvé la force du hard rock et sa vitalité. Avec Wacken nous remercions la grande équipe du festival, Philippe bien sûr mais aussi Bertrand, le Monsieur Loyal qui a présenté tous les groupes avec un talent énorme. On pensera aussi à tous les bénévoles qui font le Raismes, et à Roger bien sûr qui fait toujours un travail énorme pour le métal en France.