Niché au cœur de la campagne flamande tout en haut du Nord-Pas-de-Calais, pas très loin de Dunkerque et de la Belgique, le festival Du Métal à la Campagne est de retour au centre de la ville de Rexpoede pour sa 8ème édition. A l’image du Metal Méan, son confrère belge, le festival est attaché à garder intact son côté familial et accessible. Emmené par une nouvelle association organisatrice il nous propose en ce 19 Septembre une nouvelle affiche très riche avec 8 groupes répartis dans deux salles de la ville. On signalera que le festival avait commencé la veille, le vendredi 18, avec une journée de chauffe que nous avons malheureusement manqué mais qui au dire de beaucoup a été très réussie.
La première partie de la journée se déroule dans la salle La Source ; plus petite, elle va accueillir les quatre premiers groupes dans une ambiance chaleureuse. Entre les sets, le public à la chance de patienter dans la cour de la salle, il faut saluer le travail des organisateurs qui ont tout prévu pour le confort du public, que ce soit pour la restauration ou le confort.
Le festival commence avec Miles To Go qui a échangé sa place d’ouvreur avec A Call From The Depths pour leur permettre de se préparer correctement à jouer suite à une arrivée un peu tardive. Miles To Go nous vient de Valenciennes et œuvre dans un hardcore teinté de punk assez virulent. Son concert démarre devant un public peu fourni mais qui au vu de la prestation explosive du quintet arrive doucement mais sûrement et remplit peu à peu la salle. Car en moins de 30 minutes le groupe va tout démolir sur son passage et lancer cette journée de belle manière. Faisant preuve d’une énergie phénoménale, il fait découvrir sa musique à pas mal de gens. La forte présence scénique des musiciens ajoute à cette bonne impression, il ne fait guère de doutes que beaucoup guetteront le premier album du groupe et de futures dates, histoire de se prendre une nouvelle décharge de hardcore dans la tronche.

Ensuite c’est donc A Call From The Depths qui débarque sur scène. Fort d’un premier EP "Bad Reality" sorti en début d’année, le groupe fait office de belle découverte pour le public. En mixant post hardcore, influences grunge et inspirations stoner il se situe bien dans l’air du temps d’un métal très ouvert à tous types d’expériences. Et ce sympathique quatuor va exceller dans ce genre pas forcément évident tant il est pratiqué, il a le feeling et le groove nécessaires et nous régale durant la demi-heure qui lui est impartie. Au chant, Jay a une voix éraillée très accrocheuse dans l’esprit d’un Layne Staley. Clairement cette formation dunkerquoise a du potentiel pour rapidement se faire connaitre, à suivre de très près.

Avec Undercry on plonge dans un death moderne teinté de thrash, un peu comme si Gojira s’était acoquiné avec Lamb Of God pour un résultat détonnant. Le groupe ne se contente pas d’une puissance pure et dure, il ajoute à son cocktail des passages hypnotiques très prenants. Et les Arrageois vont tout dévaster sur leur passage lors de ce très bon concert. Excellente découverte, ils vont fasciner un public sous le charme de cette prestation mixant parfaitement puissance brute et mélodies envoûtantes. D’ailleurs lors des passages plus puissants l’ambiance monte d’un cran et le public bien présent n’hésite pas à participer activement. Avec ce nouveau grand moment, le Metal à la Campagne confirme avec brio qu’il est un très bon dénicheur de talents.

C’est avec Promethee que la scène La Source achève sa belle programmation. Œuvrant dans un post-hardcore teinté de progressif et d’atmosphérique, le groupe suisse a déjà pas mal d’amateurs et est clairement une valeur montante d’un style riche et très vivace. Pas forcément évidente d’accès, la musique de Promethee demande un certain investissement intellectuel mais celui-ci le mérite largement. La force du groupe est de nous proposer un concert puissant mais ne tombant pas dans une inutile brutalité. A l’image d’un Neurosis il propose des titres hypnotiques servi par d’excellents riffs bien heavy et par une rythmique puissante bien en place. Et de fait le groupe rencontre un succès certain et personne n’avait envie en fin de concert de sortir de cet univers à la fois sombre et attirant. Avec Promethee chacun aura encore fait une excellente découverte et est prêt à en découdre avec la seconde partie de la journée.

Ce deuxième round a lieu juste à côté, pas loin de la mairie dans une salle plus grande et aussi confortable, l’organisation y a également installé tout les stands idéals pour un festival. Et les hostilités débutent à 20h pile devant une foule massive, d’ailleurs peu de temps après le festival affichera complet avec plus de 500 entrées au compteur. Ce sont les Français de Mo Alika qui lancent la soirée, œuvrant dans un métal fusion percutant teinté de rap avec ses deux chanteurs. Et ce mélange explosif va mettre le feu à la salle, le public n'ayant qu’une envie et surtout dans les premiers rangs : en découdre furieusement. Le groupe nous plonge dans les années 90 quand Limp Bizkit triomphait et y ajoute une touche de hardcore bien virulent très efficace. De plus le chant très rapide mais bien fluide permet de bien cerner l’esprit du groupe. Au final et même si le rap peut en déranger certains Mo Alika a gagné son pari avec un concert de qualité qui lance la soirée en beauté.

Le ton change ensuite radicalement avec l’arrivée de Kronos. Groupe référence en matière de death métal, il a sorti en 20 ans de carrière des disques de grande qualité en prenant le temps à chaque fois de peaufiner son œuvre. Il est d’ailleurs de retour après 8 ans d’absence avec un nouveau chanteur, Loïc, et un nouvel album de grande qualité, "Arisen New Era". Et ce concert en forme d’évènement va être un des points d’orgue du week-end. Le groupe ne fait pas dans la dentelle et attaque sévèrement un auditoire ravi de s’en prendre plein les oreilles. Ce tabassage en règle rencontre un franc succès et on sent le groupe très heureux d’un tel accueil. Et avec deux extraits de son dernier bébé, ‘Klymenos Underwrath’ et ‘Zeus Dethroned’ plus des titres de ses albums précédents, il réussit son coup à merveille et montre aussi des aspects techniques redoutables ainsi que des moments plus posés parfaits pour respirer entre deux coups. Ce concert restera clairement dans les mémoires et place la barre très haut pour les deux têtes d’affiche à venir.

La première est Bukowski, les Parisiens ont le vent en poupe, "Hazardous Creatures" les a fait changer de dimension et le récent "On The Rocks" a confirmé leur montée en puissance. Le groupe écume les scènes sans relâche et a impressionné partout où il est passé ; les retrouver dans le cadre assez intimiste du Meulen Hof est une vraie aubaine. Il faut dire que le rock métal qu’il pratique est taillé pour la scène et de fait il s’installe une ambiance assez énorme, très festive dans un état d’esprit positif et bien rock. Niveau set-list, Bukowski privilégie logiquement son dernier opus et nous prouve avec ‘Hearing Voices’, ‘Vampire’ ou encore ‘Condor’ et ‘Scarecrow’ qu’il n’a rien perdu de son aptitude à pondre des morceaux de hard rock irrésistibles et portés par la voix éraillée de l’excellent Matthieu Dottel. A ses côtés son compère Fred Duquesne fait un superbe boulot et confirme qu’il est bien un élément majeur du groupe. On retiendra aussi les très bons extraits du formidable "Hazardous Creatures" dont l’excellent ‘Keep Your Head On’ qui a ouvert le concert en force. Clairement Bukowski a donné un concert énorme dans une ambiance qui l’était tout autant, et nous a démonté à quel point il était une valeur sûre de la scène rock métal française.

Cette année ce sont les Marseillais de Dagoba qui ont l’honneur de clôturer le festival. Porteur d’un excellent nouvel album, "Tales Of A Black Down", il sillonne les scènes un peu partout et s’affirme comme l’un des leaders de la scène néo thrash française pas loin derrière Gojira. Et encore une fois voir le groupe dans un contexte à taille humaine fait plaisir, le groupe est de plus très accessible, le batteur Franky n’hésite pas à venir dans la salle pour discuter et prendre la pose avec les fans. Tout le monde a en tête avant le concert leur prestation explosive du hellfest avec un Wall of Death de folie et on sent clairement une impatience mêlée d’une envie d’en découdre chez nombre de fans. Et ils ne vont pas être déçus : Dagoba est en forme et va exploser tout le monde à la manière d’un rouleau compresseur. Il est servi par un son impeccable, puissant juste ce qu’il faut, et par des musiciens très au point - derrière sa batterie Franky est impressionnant de puissance tandis que Shawter se montre impérial au chant tant dans son growl que dans les passages en clair.

La set list est imparable et contient nombre de morceaux de bravoure taillés dans ce thrash moderne qu’il maitrise si bien. Les bombes du dernier album font leur effet, ainsi ‘Born Twice’ déclenche un circle pit bien furieux tandis que ‘The Sunset Curse’ rencontre un gros succès. A côté, les anciens morceaux font le taf avec efficacité. ‘The Great Wonder’ est un autre grand moment du concert de même que ‘I, Reptile’ et ‘Black Smokers’ qui demeurent des incontournables. Enfin avec ‘The White Guy’ Dagoba achève un set d’une heure d’une rare intensité et qui laisse tout le monde groggy. Ce très bon concert termine en beauté un week end très réussi, Dagoba a l’étoffe des grands et l’a prouvé avec éclat.

Du Métal à la Campagne a de nouveau réussi son pari, il reste un festival à taille humaine mais devenu incontournable et est clairement une référence en matière de festival métal dans le grand nord de la France et ceci malgré une concurrence accrue ces dernières années. Il nous reste à remercier la formidable organisation du festival, la saluer pour sa gentillesse et sa disponibilité et à saluer tout les bénévoles qui font de ce festival une réussite