Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?
Fred : Salut à tous, on m’a trop souvent demandé de présenter mon groupe ce qui est bien sûr normal. J'espère qu'un jour on ne me posera plus cette question, cela voudra dire qu’on aura enfin laissé notre empreinte dans l’univers metal.
Votre actu est ce troisième album, "II the Maelstrom" et comme son nom l’indique, on a l’impression que votre musique est un Maelstrom bouillonnant (remuant, déstabilisant, et c’est plein d’influences). Est-ce votre identité, ou ce que vous avez ressenti sur cet album ?
Merci beaucoup pour le compliment ! Effectivement notre musique nous colle à la peau, on aime ce style puissant sans concession qui met la pêche, mais qui sait en même temps être mélodique … Faisons une comparaison un peu graveleuse: c'est un peu comme quand tu couches avec une fille : il faut savoir baiser et lui faire l’amour en même temps, si c’est bien foutu elle te rappelle… et dans le cas d’ACOD, tu appuies sur "repeat" (Rires).
A cet égard, vous qualifiez votre musique de "blended metal" : peux-tu m'en dire plus ?
Au départ du groupe, on aimait appeler notre style du "blended metal" vu qu’on faisait une espèce de medley de pas mal de styles. Aujourd’hui nous sommes catalogués comme groupe de death metal mélodique, c’est la ligne directrice de notre musique mais il est vrai qu’à l’écoute de l’album on retrouve des influences d’autres styles que nous aimons beaucoup, comme le thrash ou même le black metal.
On a l’impression qu’il y a une déferlante death en France, n’avez-vous pas l’impression d’être noyés dans la masse ?
On sait très bien nager (Rires).
Non plus sérieusement, on n’est pas en compétition avec qui que ce soit. Ca ne me gêne pas du tout qu’il y ait un paquet de groupes qui fasse du death mélo : la France regorge de méchants groupes tous styles confondus. Nous sommes des fans de metal avant tout, donc c’est plutôt cool d’écouter des formations de compatriotes qui déchirent ! Bien sûr il ne faut pas confondre quantité et qualité mais c’est quand même mathématique : plus il y a de groupes, plus on tombera sur de la bonne zic.
Malgré tout, vous avez réussi à sortir du lot avec cet album : êtes-vous conscient de ça ? Quels sont les ingrédients selon vous qui vous différencient votre musique ?
On ne va pas faire de fausse modestie. Nous sommes conscients que l’album a plu, vu le retour des chroniques qu’on a eu, mais malgré tout ça on ne s’endort pas et on est déjà en train de plancher sur son successeur et sur des concerts.
Au sujet des ingrédients qui différencient notre musique, je laisse chacun en décider : on essaye de retranscrire ce qui nous plait dans ce groupe : des riffs accrocheurs, des refrains qui te restent dans la tête et surtout avoir une putain d’envie d’
headbanger !
Ce disque semble influencé par Arch Enemy ou Carcass (notamment au niveau du jeu de guitare et du chant). Est-ce que ce sont des influences avouées sur cet opus ?
Effectivement ces deux monstres en font partie, tout comme un paquet d’autres !
Votre musique semble hyper balisée (du Scar Symmetry sur 'Ghost Memories', du Carcass sur 'Black Wings' ; un morceau qu’on croirait tout droit sorti de Heartwork). Dès lors comment souhaitez-vous vous démarquer et vous éloigner de ces influences ?
A titre perso j’aime beaucoup Scar Symmetry mais je trouve qu’on ne retrouve pas forcément leur influence sur le
feat avec Bjorn de Soilwork, on a voulu le titre sans chant clair et très "in your face". Chez Scar Symmetry, le clair a une importance capitale. Pour Carcass, mes gratteux vont être très content (Rires) !
Pour se démarquer il n’y a qu’une chose je pense : continuer à faire des titres qui nous plaisent et justement ne pas s’éloigner de nos influences.
Toutefois vous avez réussi à intégrer ces influences, pour ajouter votre touche personnelle ? Comment avez-vous réussi à intégrer ces influences et en faire votre personnalité ?
Je pense que c’est juste une histoire de mélange et de dosage, un peu comme en cuisine.
Qui sait? On deviendra peut-être un de ces quatre des chefs étoilés en musique (Rires) !
Vous semblez aussi vouloir trancher avec cette violence sur certains titres et mettre la mélodie en avant ou alourdir le tempo façon death oldschool (et donc moins influencé par le thrash), est-ce la seconde facette de votre personnalité ?
Oui tout à fait, on alterne les mises en avant autant musicales que sur les genres. Un album (surtout de 13 titres) peut être vite chiant ou trop long, il faut savoir surprendre et ne pas être redondant, si le mec qui l’écoute le refait tourner dans sa platine c’est que t’as rempli le contrat.
Vous semblez très matures pour un groupe relativement jeune (7 ans), et ça se ressent sur cet opus, il est rare que les groupes mettent la barre aussi haut dès le troisième album. Vous ressentez aussi cette maturité ?
Malheureusement non…. On est déjà des vieux cons, on est nés en 2006 (même si la première année on buvait plus qu’on ne répétait, mais bon…) ça fait donc déjà 9 ans et je pense qu’on suit un « cursus » normal pour l’instant, en fait.
La production est aussi impressionnante, le son énorme et très carré, comment s’est déroulé ce travail ?
Nous avons enregistré au Eagle Black Studio de Shawter (Dagoba). Nous avions déjà enregistré chez lui un EP en 2014, le mastering a été réalisé par Damien Rainaud au Darth Mader Studio, le studio de Logan Mader à Los Angeles (ex-Machine Head). Le résultat est comme tu le dis énorme !
Cette triangulaire ACOD / Shawter / Damien, c’est un peu la Triforce dans notre monde d’Hyrules à nous (Rires) ! Je pense que pas mal de groupe vont nous emboiter le pas et choisir ces studios pour leur prochaines productions.
Avez-vous dû faire des compromis, ou avez-vous dû vous restreindre pour que les chansons soient plus percutantes ou plus courtes ?
Tous les compromis sont effectués lors de la composition, lorsque les titres sont finis, ils sont finis.
Mais nous restons bien sûr ouverts à la critique, et si lorsque j’enregistre, Shawter qui est un des meilleurs chanteurs de France me dit qu’un truc accroche, je vais mettre de côté mon ego et l’écouter. C’est pour le bien de la chanson en question. Il faut savoir écouter et aussi rester fidèle à ce qu’on est.
On sent une thématique commune sur cet album ? Même si ce n’est pas un album concept au sens pur, quelle est la thématique abordée tout au long des chansons ?
Au niveau des paroles je traite en général de choses qui touchent la plupart d’entre nous, des trucs tout simplement humains. Evidemment chacun fait sa propre interprétation de mes textes, ils sont souvent à double sens, d’autres premier degré, je reste évidemment le seul à savoir vraiment ce qu’ils veulent dire.
En clair, cet album est une réussite et fait suite à un "First Earth Poison", à l’accueil plus que mitigé. Est-ce que l’EP "Another Path" sorti entre temps a été - comme son nom l’indique - l’élément déclencheur de la nouvelle orientation musicale, oubliant les aspects heavy des débuts pour ce "blended metal" plus orienté thrash/ death?
Il est vrai que notre deuxième album n’a pas atteint les objectifs escomptés, il reste malgré tout un pas en avant sur notre route artistique, et nous ne le renions pas.
L’EP a été comme tu le dis l’élément déclencheur de notre virage musical, plus structuré, plus moderne, plus mature quoi ! Après cette réalisation, nous nous sommes séparés de Berserk - notre deuxième chanteur - et nous nous sommes tournés vers un avenir à chanteur unique. Du moins pour l’instant.
A cet égard, quel a été l’impact de Dooweet dans ce cheminement vers ce succès d’estime musical ?
C’est la deuxième fois que nous bossons avec Dooweet et nous en sommes plus que satisfaits, ils sont pro, font leur boulot et ont le mérite d’être sympa en plus. C’est une boite que je conseille pour tout groupe dans notre situation en autoproduction.
Quelle est la prochaine étape ?
Le monde bien sûr !
Question traditionnelle de Music Waves, quel est votre meilleur souvenir d’artiste ?
A titre personnel la mini tournée qu’on a faite au Japon pour l’EP "Another Path", c’était clairement un moment magique ! Des super concerts, des rencontres ultra-enrichissantes et des fêtes de malades : on a hâte d'y retourner!
Au contraire le pire ?
J’en ai pas des masses (heureusement d’ailleurs) disons qu’on est tombé quelques fois sur des bonnes orga' de concert qui n’y connaissaient rien. Un soir on s’est retrouvé dans le nord de la France à jouer devant une salle quasiment vide car zéro promo, malgré la présence de groupes locaux … On a fait deux morceaux avant de s’arrêter. Personne n’était capable de faire marcher les micros (je te passe la quantité astronomique d’autres galères de la journée) on a tous fini au bar de la salle à dépenser du pognon pour boire et oublier, vu qu’évidemment le catering n’étais pas dispo pour x raisons …
Bref, quand j’y repense, je me dis que ce genre d’organisateurs-là sont dangereux pour les groupes de metal, Je regrette de pas lui avoir foutu mon poing dans la gueule. Heureusement que la date du lendemain a été excellente, ça nous a remis en selle !
On a commencé cette interview par la question qu’on vous a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ?
(Rires) Bien joué ! Disons que la question que j’aime bien qu’on me pose c’est "qu’est-ce que tu bois?" au comptoir d’un bar… sur interview c’est un peu compliqué (Rires) !
Le mot de la fin aux lecteurs de Music Waves ?
Toujours le même : merci à tous d’avoir lu l’interview, j’espère qu’il vous aura donné envie d’écouter notre dernier album. Continuez de supporter l’underground, de lire les zines et d’aller aux concerts ! Cheers !
Merci à Thibautk pour sa contribution...