Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?
Klaus : Que signifie Order Of 315 ?
Edgar : Je confirme ! D'autant que nos deux albums regorgent suffisamment d'indices et de pistes quant à la signification de la chose.
Votre actu est la sortie de ce nouvel album "Antipi". Quels sont vos impressions quelques jours après sa sortie ?
Klaus : Un sentiment d’achèvement collaboratif et de satisfaction personnelle ; l’aboutissement d’une année de gestation via une collaboration entre Edgar et moi-même, toujours édifiante et surprenante, eu égard au résultat obtenu.
Edgar : Oui, le sentiment qui prédomine est bien la libération : on avait plus que hâte de partager le travail accompli et de délivrer la bête !
Le précédent album avait été produit par Fleming Rasmussen, pouvez-vous nous raconter cette collaboration ? N’est-ce pas intimidant ?
Klaus : Flemming Rasmussen est un professionnel, par conséquent, ouvert à tout type de collaboration, à l’écoute tout du moins. La prise de contact s’est établie par courriel ; puis, notre collaboration s’est poursuivie durant quelques semaines avec, pour seul objectif, un consensus quant à l’enveloppe sonique souhaitée. Étant à l’origine de trois albums majeurs de Metallica, avec notamment, le monument qu’est "And Justice For All" et ce son clinique si particulier et décrié, le contacter était une évidence pour nous ; qu’il accepte de travailler sur notre musique ... un honneur !
Alors que "Near-Birth Experience" avait reçu un bel accueil de la critique en 2012 aviez-vous une pression au moment de composer ce nouvel opus ?
Edgar : Absolument aucune, si ce n'est de rester fidèle au propos de notre projet qui est notamment d'être exigeant dans l'aspect créatif et cohérent dans les ambiances que nous développons. Cela reste un véritable privilège, une chance précieuse que de pouvoir s'adonner à l'exercice de la composition musicale, textuelle et de la production générale d'un album.
Klaus : Order Of 315 est underground, cibler un public précis et le satisfaire est une notion plutôt vague voire inexistante nous concernant, malheureusement ; le seul défi ou pression est celui d’une source d’inspiration sans cesse à entretenir, la modeler en fonction des sessions et d’en découvrir l’essence dans le diamant brut du magma créatif.
Outre la pression de faire aussi bien, au moment de composer "Antipi" , n’aviez-vous pas l’impression que tout allait trop vite et qu’il serait dur de faire aussi bien ?
Klaus : Trois années se sont écoulées entre les sorties respectives de nos deux premiers albums, "vite" ne semble pas être le maître mot ici. A l’origine, Antipi devait paraître courant 2014, des contraintes personnelles fortes ont modifié nos priorités. Quant à notre vision créative, là il résidait une certaine pression car nous voulions évoluer, recentrer le modèle vers un format plus concis.
On a évoqué Fleming Rasmussen, pourquoi ne pas avoir collaboré à nouveau avec lui sur ce nouvel album ?
Edgar : Etant un grand admirateur de Faith No More, même si "AntiPi" n'a pas grand-chose à voir avec leur œuvre, la possibilité de travailler avec une personne telle que Maor s'est imposée autant comme une chance qu'une évidence , puisqu'il pouvait nous apporter à la fois des qualités techniques indéniables et un nouveau point de vue sur notre musique, en toute logique donc avec notre volonté d'explorer "autre chose".
Klaus : Maor Appelbaum (Faith No More, Yes, Adrenaline Mob, Halford, Fates warning...) s'est occupé du mastering d' "AntiPi" Notre agenda ne correspondait pas à celui de Flemming Rasmussen, il est un producteur toujours très demandé. Ayant apprécié son travail sur le dernier Faith No More, tout naturellement notre intérêt s'est orienté vers les compétences de Maor.
"Antipi" reprend les hostilités là où elles avaient été arrêtées sur 'Near-Brith Experience". que pensez-vous avoir apporté de plus à la recette polymorphe de ce metal moderne à la croisée des chemins du thrash, metalcore ou djent ?
Klaus : Le cahier des charges pour "AntiPi" est diamétralement opposé à celui de "Near-Birth Experience". "AntiPi" repose sur des morceaux concis, par moment cinématiques - à transposer ici dans le domaine musical – nous proposons avec "AntiPi" l'identité de Order Of 315. "AntiPi" est lourd, exclusivement enregistré avec des 8 cordes, un coté tellurique en ressort, rythmique avec peu d'envolées éthérées comme "NBE" en recelait.
Edgar : Il y a là une forme de continuité ... tout comme une "remise en cause".
La lourdeur des riffs rappellent Pantera, le chant crié rappellera Sepultura, la puissance émotionnelle évoque Korn et enfin les apports électro-indus Rammstein : sont-ces des influences dont vous vous réclamez ?
Edgar : Ces grands groupes font effectivement partie de mes influences et leurs "esprits" transparaissent sûrement dans ma voix. J'ai usé leurs disques, comme beaucoup d'entre nous je pense, mais loin de moi l'idée de les copier ou de les singer ; je n'en ai ni l'appétence ni la compétence !
Klaus : Inconsciemment, possiblement me concernant ; musicalement, ma formation n'est pas issue de ces mouvements, je les apprécie cependant, dont acte !
Comment arrive-t-on à fusionner ces influences diverses et réussir à faire sonner un tout cohérent avec en plus, les influences djent dans les riffs syncopés qui rappelleront Animal as Leaders, Periphery ou les maîtres Meshuggah (‘A Slap on the whist’) ?
Klaus : Ici, nous touchons le mystère de la création artistique. J'évoquais un magma créatif, ça l'est exactement ! Le définir, le cerner, serait mettre en péril le processus créatif ; moins il est explicable de prime abord, plus le résultat est compréhensible et "appréhendable" par ses créateurs, puis par l'auditeur. Ne pas l'expliquer s'est avouer qu'un vide existe, et ce néant... est le début de quelque-chose.
On a beaucoup évoqué l’aspect brutal notamment vocal mais les mélodies sont malgré tout présentes comme en témoignent ‘The Feather Factor’ ou encore ‘Rumble Fish’. Malgré tout, avez-vous conscience que si il y a un aspect à travailler/ approfondir ce serait-là dans le sens où la marque de fabrique de Order of 315 n’est pas la mélodie directe ?
Edgar : J'ai une méfiance toute particulière pour ce qui peut être la mélodie directe, je me positionnerai plus sur le type de canevas musical qui verrait poindre cette fameuse mélodie par des chemins tortueux ou détournés dans l'absolu.
Klaus : Certaines musiques demandent/ imposent à 'l'auditeur une attention particulière. L'écoute, la réécoute, sans entrer dans la torture, sont nécessaires afin d'appréhender leur contenu et en révéler toute leur teneur. La mélodie directe, qu'est-ce ? Je n'en ai aucune idée, sachant que le parcours de tout individu est unique, une mélodie peut se révéler tardivement, quoique absconse en premier lieu. Tout n'est que perception à un instant précis! Tout n'est que vérité pour un individu donné, de là à en faire notion commune...
La prise de risque est énorme mais finalement, "Antipi" ne surprendra pas autant que son prédécesseur : comment l’expliquez-vous ? Ce que nous indiquions comme une force à savoir cette recette polymorphe n’est finalement pas également une faiblesse à savoir que vous êtes prisonniers d’une recette qui a fait ses preuves ?
Edgar : Personnellement, j'ai le sentiment de m'être plus "surpris" sur cet effort que sur n'importe quel autre enregistrement auquel j'ai pu auparavant participer. Et nous insistons beaucoup sur le fait que nous concernant il n'y a aucune recette mais plutôt une tendance nette pour les expérimentations ( à ne pas confondre avec l'expérimental!), bref, nous n'avons pas comme volonté première d'évoluer dans une certaine zone de confort.
Klaus : Comme je le disais précédemment, le recul me manque assurément... "Antipi" et "NBE" sont antinomiques.
De la même façon, si le chant d’Edgar Jabberwocky était la grande révélation du précédent album, il est assez peu changeant sorti de ‘Densen’ et ‘Greyscale’ : en avez-vous conscience et sont-ce des pistes de réflexions pour une évolution future ?
Edgar : Sans prétention aucune, je me définis comme un chanteur viscéral et instinctif, qui plus est, notre envie commune était d'amener un style de chant globalement plus incisif, voir plus agressif, en relation avec l'atmosphère générale d' "AntiPi"... La "couleur" du troisième album définira l'évolution à venir.
Klaus : Dans ces contradictions que sont "AntiPi" et "NBE", Edgar représente la jonction entre les deux univers. La rage qu'il dégage ne masque en aucun cas, à mon sens, les nuances qu'il applique dans ses intentions. L’identité du groupe se situe dans sa voix principalement, nous l'apprécions ainsi, égoïstement !
Qu’attendez-vous de cet album ?
Klaus : Une visibilité accrue, des premières parties de formations établies.
Edgar : Qu'il vive sur scène et qu'il nous amène en temps voulu à l'écriture d'un troisième opus.
En clair, quelles sont vos ambitions en tant que groupe ? L’aide de Dooweet dans la promo, la distribution de Season vont dans ce sens, à savoir aller plus haut ?
Edgar : Bien qu'évoluant dans une sphère plutôt confidentielle, l'idée reste bien d'élargir l'horizon du 315 et de se nourrir toujours et encore d'expériences musicales et humaines.
Klaus : Le moteur d'un projet est d'atteindre l'objectif fixé. Cependant, dans cet univers musical, l'objectif à atteindre est nébuleux. Nous en sommes à notre second album, Dooweet et Season of Mist représentent une opportunité certaine en nous aidant à diffuser "AntiPi" au niveau international. La prochaine étape est d'ouvrir pour des groupes reconnus, internationaux et français et de favoriser le secteur des otorhinolaryngologistes.
Quelle est la prochaine étape ?
Klaus : La Synthèse.
Edgar : Réussir à relier ce qui fait la force et l'intérêt de nos deux premiers albums.
Question traditionnelle de Music Waves, quel est votre meilleur souvenir d’artiste ?
Edgar : Ce jour, ce moment où nous avons réalisé que notre projet était viable ; cette fameuse session "live", partagée avec les premières personnes conviées, les premiers musiciens rencontrés, qui nous faisait réaliser que notre musique tenait debout !
Au contraire le pire ?
Edgar : il n'y en a sincèrement pas, ou en tout cas ça n'a pas été vécu comme tel.
On a commencé cette interview par la question qu’on vous a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ?
Klaus : Comment se prononce Order Of 315 ?
Le mot de la fin aux lecteurs de Music Waves
Edgar : Merci de votre intérêt ! Et merci de d'explorer TOUT les univers musicaux affiliés à ce genre Metal qui nous rassemble.
Klaus : Curiosité, Écoute, Patience, Fidélité, Transmettre