MW / Accueil / Articles / INTERVIEWS - HANGMAN'S CHAIR (02 DECEMBRE 2015)
TITRE:

HANGMAN'S CHAIR (02 DECEMBRE 2015)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

DOOM



En dépassant l'étiquette doom, sludge ou autres qui pouvait lui coller à la peau, Hangman's Chair sort un des meilleurs opus de l'année qui dépasse et transcende les frontières. Music Waves vous en dit plus...
STRUCK - 07.12.2015 -
3 photo(s) - (0) commentaire(s)

Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?

Julien Rour Chanut : Décrire notre style musical. Si le mec nous pose cette question c’est qu’il n’a pas écouté l’album.


Votre actu est cet album, "This is not supposed to be positive" : si "Leaving Paris" et encore plus "Hope/Dope/ Rope" nous avaient préparés, cet album vous fait passer encore une marche : êtes-vous conscients de cela ?

On est conscient que depuis "Hope/Dope/Rope", on est beaucoup plus à l’aise, on tâtonne moins et on est confiant de la direction que l’on prend.
On a toujours essayé de sortir des albums de qualité, où tout notre univers, de la musique à la pochette, est en adéquation. J’ai l’impression que les gens sont désormais réceptifs à ça.





Malgré tout, vous le faites en vous détachant des étiquettes qu’on vous collait par le passé de groupe stoner doom en flirtant avec le grunge voire la pop. Pourquoi une telle évolution surprenante finalement ? La volonté de surprendre et de toujours évoluer ?

Avant, quand on composait, je pouvais parfois me dire que tel ou tel riff ne correspondrait pas à Hangman’s Chair. Maintenant, on s’en fout. A vrai dire, comme je le disais, on est vraiment beaucoup plus à l’aise, on arrive à jouer la musique qu’on a toujours voulu jouer.
S’il y a une volonté de surprendre, c’est plutôt de nous surprendre nous-même à la base. Notre évolution a toujours été naturelle et logique, si tu prends chacun de nos albums, on peut dire qu’ils sont tous assez différents mais il y a un fil directeur. Et puis notre technique s’est affûtée et notre matos s’agrandit, ça offre plus de possibilités.


En clair, arrimés à la scène doom/stoner depuis vos débuts, pensez-vous y avoir encore votre place ?


Franchement, je ne sais pas si on a déjà eu notre place là-dedans. On vient de la scène punk hardcore mais on a toujours eu des penchants pour tout ce qui lourd et lent, ça ne concerne pas que le doom.
Déjà à l’époque de notre ancien groupe Es La Guerilla, on jouait avec High On Fire, Allabama Thunder Pussy ou Hermano et les puristes stoner/doom/sludge se demandaient qu’est-ce qu’on pouvait bien foutre là-dedans avec notre dégaine. Ça a perduré avec Hangman’s Chair où on a toujours eu le cul entre deux chaises aussi, donc ce n’est pas un problème pour nous de se détacher de cette case. 


Avez-vous conscience d’avoir sorti un des albums majeurs de l’année qui dépasse et transcende les frontières musicales ?

On constate qu’on a beaucoup de retours positifs, ça fait plaisir mais tout ça, on n’a aucun contrôle dessus. Une fois qu’on sort de studio et que la pochette est réalisée, mon travail est terminé et je passe à autre chose. Je suis juste content que plus de gens aient accès à notre musique et qu’ils la comprennent plus ou moins.





Si votre art a le potentiel pour toucher un public plus large, il est pourtant rongé par une sorte de négativité qui finalement ne le rend pas si abordable que cela, ce que semble suggérer le titre "This is not supposed To Be positive".  Qu'en pensez-vous ?


Justement, notre art n’est pas destiné à un public large. J’aime le concept d’élitisme.
Alors c’est sûr que de mettre un type qui se pique ou qui se tranche la gorge sur nos pochettes, ce n’est pas très abordable et c’est voulu. J’estime que ce n’est pas "arty farty" ou prétentieux de penser qu’il faut parfois être pointu et "armé" pour apprécier certains groupes ou films, c’est juste avoir un peu de goût. Et ce n’est pas donné à tout le monde.
Mais attention, je ne suis pas en train de dénigrer tout ce qui est grand public, j’adore Katy Perry par exemple mais il faut savoir remettre les choses dans leur contexte.


Votre nouvel album peut être perçu comme une oeuvre d'art totale. Est-ce volontaire ?

Tout à fait, je vois le groupe comme une seule et même unité, la musique, les paroles, les visuels et les vidéos doivent tous être en adéquation et à l’unisson. Je le vois comme un tout. Comme Cruyff et sa philosophie du football total.


Vos pochettes sont toujours très travaillées. Quelle est la symbolique de celle de "This is not supposed To Be positive" ? Existe-t-il un lien entre vos différents visuels ? La France et Paris, notamment...

Franchement, il n’y a pas de symbolique, parfois il ne faut pas chercher de message là où il n’y en a pas. On avait juste l’idée de la guillotine et Dave Decat nous a proposé cette illustration avec Anatole Deibler. L’esthétique et les couleurs nous ont tout de suite parlé.
Tout d’abord, le lien qui existe entre nos pochettes c’est Dave Decat tout simplement, c’est lui qui a réalisé les 2 dernières couvertures et les autres étaient très inspirées par lui. On aime ses illustrations d’apaches de début de siècle ou ses reproductions d’anciens journaux de faits divers, c’est un univers qui nous plaît. Et de plus, ça a toujours été très original, parce que très franco-français finalement.


J'ai trouvé dans l'album des touches à la David Lynch. Etes-vous d'accord ?

C’est la première fois qu’on nous le dit et pourquoi pas, j’apprécie les ambiances David Lynch. Mais, ça n’est pas volontaire en tout cas. Alors peut être que certains passages "ambient" peuvent faire penser à du Twin Peaks ou les changements de tonalités dans un même morceau peuvent rappeler le concept Mulholland Drive, je ne sais pas.


Pensez-vous que vos morceaux pourraient coller à une bande-originale ? Quels genres de films cela pourrait-il être ?

Totalement, des morceaux comme "Les Enfants des monstres pleurent leur désespoir" ou "Le Bleu pour la grâce, le rouge pour le sang" ont été écrits un peu à la manière d’une musique de film, on est fortement inspiré par François de Roubaix par exemple. Et si on devait participer à une BO, ça serait forcément un Gaspar Noé ou un Harmony Korine bien-sûr.





Sur cet album, les instrumentaux portent des titres en français alors que les autres morceaux sont en anglais. Cela ne devrait pas être l'inverse ?


Non, nous chantons en anglais donc ça me paraît logique que le titre de la chanson soit de même. A part, si tu veux exprimer quelque chose d’autre qui ne serait pas dans les paroles mais pour l’instant ce n’est pas le cas. Quant au choix des titres en français, "Les enfants…" vient d’un documentaire sur Depardieu et la mort de son fils et "Le rouge…" est le code couleur d’Anatole Deibler durant ses exécutions, tout ça nous paraissait plutôt judicieux.


Vos albums peuvent-ils être appréhendés comme des concepts en ce sens qu'ils sont guidés par un thème qui semble commun à toutes les compos ?

Oui, c’est le fil directeur dont je parle, toutes les chansons ont un rapport entre elles. Lorsqu’on compose, ça reste quand même dans un laps de temps limité où on est  dans le même état esprit. Et même au moment de choisir le track listing, on le réfléchît en tant que concept album, comme si c’était un film, avec un début, un milieu, une fin. C’est là où nos interludes ont de l’importance, ils permettent d’apporter toute la nuance nécessaire. A vrai dire, l’interlude "Les enfants…" est aussi important qu’un de nos morceaux "classiques", il fait partie d’un ensemble qui trouve sa cohérence dans ces nuances.


Vos textes évoquant souvent les drogues et les excès, croyez-vous que l'art est nécessairement lié à une forme d'addiction, drogue, alcool, sexe ?


Je pense surtout que l’art est lié à toute forme d’excès quel qu’il soit. Il faut être excessif, dans un sens, pour créer, parce que ça demande un dépassement de soi. Par contre, le cliché de l’artiste alcoolo qui a besoin de sa dose pour composer, je n’y crois pas.
Les abus de drogue/alcool peuvent t’aider à te construire, à mieux te connaître, à expérimenter ou bien te détruire (au choix) mais par exemple moi ça ne m’aide pas à écrire un morceau. J’ai besoin d’avoir toute ma tête pour ça.


La chronique de Music Waves se conclut par "D'une belle richesse instrumentale qui ne se dévoile que par petites touches pointillistes, distillant des atmosphères lynchienne ('Your Stone'), "This Is Not Supposed To Be Positive" est de ces albums aux multiples couches, car derrière le vernis foisonnent des trésors d'ambiances et d'écriture. Oubliez l'étiquette doom, sludge et autres et plongez corps et âme dans cet opus -un des meilleurs de l'année - qui dépasse et transcende les frontières" : bref, devant une telle éloge, qu’attendez-vous de cet album ?

J’ai déjà eu ce que j’attendais. Un peu de reconnaissance de certains de nos pairs, ça fait pas de mal et surtout ça me conforte dans la direction qu’on prend.  Généralement, j’essaie de ne pas trop lire de chronique, bon là on y est un peu obligé pour monter notre presskit, mais j’avoue que c’est quelque chose qui peut te parasiter la tête.


Depuis le début, vous étiez fidèles à Bone Brigades. Pourquoi sortir ce nouvel album chez Music Fear Satan ? Une volonté de passer à la vitesse supérieure comme en atteste la promo assurée par Dooweet ?


Bones Brigade ne peut plus s’occuper de groupe à part entière, c’est trop de boulot. Déjà à l’époque de "Hope///Dope///Rope", Nico Bones nous avait prévenus qu’il n’allait pas avoir le temps de s’occuper de la promo, qu’il pouvait juste nous le sortir. Malgré ça, on a quand même voulu le sortir chez lui, ce qui nous importait à l’époque, c’était d’avoir notre vinyle, le reste on s’en foutait, et puis on a sans doute cru que ça allait se faire tout seul.
Alors peut-être qu’il fallait passer par là pour comprendre mais ça nous a mis un coup au moral car on était très fier de "Hope///Dope///Rope" et de le voir passer aux oubliettes c’était frustrant.
Du coup, pour le dernier album on a décidé de mieux s’entourer. Déjà, Elo de Dooweet fait un travail formidable, c’est quelque chose dont on avait besoin. Pour un membre du groupe, c’est difficile de s’occuper du taf qu’elle fait et en plus ça peut créer des embrouilles inutiles.
Maintenant, on n’a plus à gérer l’extra musical, c’est une grosse avancée pour nous. Elle nous a aidés à démarcher des labels aussi, c’était la première fois. On est vite tombé d’accord avec Nico de Music Fear Satan, c’était lui le plus motivé. Et le fait qu’il soit basé à Paris, ça a joué dans la balance, on peut aller le voir quand on veut, la communication est facile.
Tout ça nous a fait passer un palier professionnellement parlant, on s’est déchargé de quelque chose qui est un travail à part entière.


Quelle est la prochaine étape ?


Trouver un tourneur qui nous corresponde. Pour le reste, attendons le prochain album.


Question traditionnelle de Music Waves, quel est votre meilleur souvenir d’artiste ?

J’espère qu’il n’est pas encore arrivé.


Au contraire le pire ?


J’espère qu’il est loin derrière.





On a commencé cette interview par la question qu’on vous a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ?

J’aime bien parler de matos guitare, malheureusement c’est assez rare dans les interviews.


Le mot de la fin aux lecteurs de Music Waves ?

Merci pour le soutien que vous nous apportez. L’album est disponible dans les bacs et en digital. Suivez notre page Facebook pour connaître toutes nos dates 2016. On se voit sur la route !





Merci à Childeric Thor pour sa contribution..



Plus d'informations sur https://hangmanschair.bandcamp.com
 
(0) COMMENTAIRE(S)  
 
 
Haut de page
 
Main Image
Item 1 of 0
 
  • 6152
  • 6153
  • 6154
Haut de page
EN RELATION AVEC HANGMAN'S CHAIR
DERNIERE CHRONIQUE
HANGMAN'S CHAIR: Saddiction (2025)
4/5

La tristesse comme addiction, la lourdeur comme catharsis : avec "Saddiction", Hangman’s Chair ne s’enlise pas dans l’ombre, il la sculpte et l’amplifie.
DERNIERE ACTUALITE
HANGMAN'S CHAIR ADDICT A MUSIC WAVES!
 
AUTRES ARTICLES
ORDER OF 315 (18 NOVEMBRE 2015)
Avec "AntiPi", Order of 315 montre son ambition et sa capacité à assimiler plusieurs genres de metal extrême... Une recette enthousiasmante que Music Waves a voulu vous faire découvrir plus précisément...
SCORPIONS - ACCORHOTELS ARENA BERCY - 24 NOVEMBRE 2015
Scorpions en tête d'affiche et Europe en première partie, ce soir, c'est du lourd sur la scène de Bercy !
 

F.A.Q. / Vous avez trouvé un bug / Conditions d'utilisation
Music Waves (Media) - Media sur le Rock (progressif, alternatif,...), Hard Rock (AOR, mélodique,...) & le Metal (heavy, progressif, mélodique, extrême,...)
Chroniques, actualités, interviews, conseils, promotion, calendrier des sorties
© Music Waves | 2003 - 2025