Depuis 2008 le Mass
Deathtruction festival met à l'honneur au cœur de la Belgique francophone le
métal extrême sous toutes ses formes. Pour cette huitième édition, Pedro et son équipe
frappent fort en invitant 12 groupes en ce 5 Décembre et pour corser le tout
ils ont organisé une sorte de confrontation, amicale bien sûr, entre le folk et
le black métal. En haut de l'affiche on retrouve deux formations majeures dans
chaque style, Finntroll et Nargaroth,. Logiquement Music Waves ne pouvait pas
manquer cet événement et c'est en fin de matinée que notre équipe débarque dans
la superbe ferme du Biereau nichée au cœur de Louvain-la-Neuve. Le cadre - cette
ferme toujours en activité- s'est modernisé et offre une salle chaleureuse, un
grand hall idéal pour papoter entre metalleux, ainsi qu'une belle cour
extérieure.
Le principe de la journée
est assez simple, les groupes vont alterner selon le style, et tout démarre dès
11h45 avec Lemuria. Le festival est devenu incontournable, il affiche presque
sold-out et le public est déjà très nombreux à se presser dans la salle pour
accueillir la formation folk belge. Lemuria nous avait déjà faite forte
impression au Kraken de Soignies début Novembre. De fait les retrouver fait
plaisir et, servi par un son de grande qualité, une constante de la journée, le
groupe va proposer une très bonne prestation. Musicalement ils évoluent dans un
folk teinté de black jouant sur les ambiances avec les claviers. Et le groupe
se taille un joli succès, notamment avec un excellent 'The Folk And The
Crusade' folk à souhait qui remporte un franc succès ainsi qu'avec 'Crusher Of
Souls', autre excellent titre endiablé.

Après ce très bon concert
inaugural ce sont les Français de Dunkelnacht qui prennent le relais. Music
Waves avait apprécié leur prestation lors du Gohelle Fest début Septembre et
retrouver leur black toujours aussi glacial et haineux à souhait est un plaisir
immense. Le groupe est parfait pour lancer les hostilités black métal. En 6
titres, dont 4 de "Revelatio" il instaure dans la salle une ambiance glaciale
mais très envoûtante, le charisme de son chanteur Abagor y étant pour beaucoup.
De plus, au-delà de la violence pure et dure le groupe joue sur les ambiances et
propose un parfait mix entre violence et facette épique. Clairement
Dunkelnacht est venu et a vaincu, il place d’emblée la barre très haut pour le
black métal et même pour le festival.

Après cette tempête de glace
le folk revient avec les Espagnols de Drakum ; originaires de Barcelone ils
débarquent avec un folk très festif devant beaucoup à Korpiklaani. Le groupe
compte un violoniste dans ses rangs et est très motivé pour en découdre : il
va nous proposer un concert très dansant et d’une belle fraîcheur. Certes, les
influences des grands du genre sont encore fortes mais l’aspect entraînant des
chansons fait vite oublier ce détail. Le public va largement adhérer à ce
concert où les aspects folk prennent le dessus, le violon tout comme la
cornemuse étant bien mis en avant face aux guitares. En proposant ‘Drunk Troll’,
‘Whisky’ ou encore ‘Spirit’ il remporte un large succès. Avec Drakum nombreux
sont ceux à avoir fait une belle découverte que l’on retrouvera avec plaisir
sur d’autres dates.

La Belgique est à l’honneur
pour la scène black : originaire de Gand, Saille déboule sur scène. Il a déjà 3
disques à son actif et évolue dans un black intense teinté d’atmosphérique et
de symphonique. Le groupe va instaurer une ambiance de fin du monde et à la
fois fasciner et glacer un public très attentif. La musique du groupe possède une
puissance rare liée à une pureté fascinante, les claviers n’ôtent rien à ce
sentiment de force et amènent un côté décadent au travers d’ambiances très
prenantes. Des titres comme ‘Walpurgis’, ‘Maere’ ou encore ‘Haunter Of The
Dark’ mettant bien en lumière cette capacité à sonner à la fois aérien et
puissant. Les amateurs du genre auront fortement apprécié ce concert tandis que
les novices auront fait une belle découverte, une de plus dans une journée très
riche.

Retour au folk et toujours
en Belgique avec les wallons d’Aktarum. Des surnoms des musiciens en passant
par les titres d’albums et de chansons, il ne fait aucun doute que nous allons
voyager en pays troll. Le groupe propose un folk très festif et entraînant ;
certes encore une fois il n’y a rien de bien neuf, on voyage entre l’esprit
pirate d’un Alestorm et l’esprit folk black d’un Finntroll. Mais le groupe
dégage une sympathie et une fraicheur communicatives et on ne peut qu’adhérer à
ses hymnes immédiats. Aktarum va réjouir un public qui se déchaîne de plus en
plus au fur et à mesure de l’avancement de la journée et se laisse convaincre que son
folk bien speed - on pense parfois à une version moderne de Running Wild - est
taillé pour la scène. Avec ce concert le folk frappe de nouveau fort et permet
de prolonger le sans-faute de cette journée.

Avec Mor Dagor le Mass
Deathtruction accueille sa première légende. Les Allemands œuvrent dans le
black métal depuis près de 20 ans, avec à leur actif 5 albums tous taillés dans
le meilleur du genre. Fort d’un "Redeemer" de très grande qualité, le groupe va
nous balancer son black glacial et intense directement dans la figure comme un
méchant uppercut. Ils ne font pas de quartier et prennent tout le monde à la
gorge dans un concert d’une rare brutalité avec un côté martial impressionnant.
En fait Mor Dagor arrive à être à la fois brûlant comme l’enfer et glacial à
souhait. Il y a dans cette prestation un côté primitif assez jouissif qui met
la violence à l’honneur. Avec de telles formations il ne fait guère de doute
que le black métal a de beaux jours devant lui, ce concert fut une belle
démonstration de toute l’âme féroce de l’art noir.

Avec Finsterforst
l’Allemagne reste à l’honneur, cette formation folk à une dizaine d’années
d’existence et 4 disques dont le petit dernier, "Mach Dich Frei", sorti début
2015. Le groupe chante en allemand et évolue dans un folk teinté de pagan et de
black métal par le chant. Par son travail aux claviers et des ambiances plus
sombres Finterforst rappelle un peu Finntroll avec une facette épique apportée
par une superbe voix claire. L’ensemble sonnant parfois proche d’un viking
métal à la Bathory. Et cela va donner un concert bien intense nous faisant
voyager dans les terres du grand Nord au milieu d’un hiver rigoureux. Avec un
titre comme ‘Lauf Der Welt’, extrait de son premier album, le groupe fait
preuve de sa capacité à bien mixer les ambiances, entre facette épique rapide
et passages plus lents et sombres. Avec ce concert, la deuxième partie de
la journée se lance idéalement et confirme un sans-faute remarquable pour
chaque scène.

On reste en Allemagne avec la suite
de la programmation black métal, Negator vient de Hambourg et a une histoire
chaotique depuis ses débuts en 2003. Le line-up change régulièrement et seul
Nachtgarm reste en poste au chant depuis le premier album. A l’image de
Marduk le groupe joue un black guerrier, épique et très intense. Se basant lui
aussi sur le chaos et la mort il va nous balancer 9 missiles à la gloire du mal
le plus brutal sans faire de quartier. En 45 minutes Negator va atomiser un
public sous le charme de cette brutalité. Car avec ‘The Last Sermon’, ‘Revelation
9.11’ ou encore ‘Bringer Of War’ et ‘Science Of Nihill’, il dispose de titres
très forts, taillés dans le black métal le plus pur et le plus dur. Au chant,
Nachtgarm impressionne par son charisme et sa voix haineuse à souhait.
Clairement ce concert restera un grand moment de la journée et place la barre
très haut pour les têtes d’affiche !

Tyr qui arrive peu de temps après en
est une. Les Danois ont plus de 15 ans de carrière, une riche discographie et sont
très attendus des amateurs de folk métal. Le groupe œuvre dans un folk plus
métallique avec des passages épiques heavy que ne renierait pas Manowar ou
Running Wild. Et logiquement on s’attend à passer un moment bien remuant à
l’écoute de ce concert. Et tout cela démarre bien, ‘Blood Of Heroes’ est un
tube énorme avec un excellent refrain et le public répond très favorablement.
Mais au fur et à mesure de l'avancement du concert, l’ambiance retombe un peu, le groupe semble
manquer un peu de puissance brute et peine à retrouver cette face épique qui
fait dresser les poils sur les bras. Certes ‘Bye The Light Of The Nothern
Starn’ et ‘Lady Of The Slain’ rencontrent un succès certain auprès des amateurs
massés dans les premiers rangs mais derrière nombreux sont ceux à rester sur
leur faim. Tyr a donné un concert en demi-teinte, le premier de cette
journée, il nous a habitués à plus fort et plus épique et on espère que le groupe
saura vite revenir en pleine forme.

Avec Nader Sadek on retrouve un
groupe culte. Plus qu’un groupe c’est surtout le projet du musicien égyptien Nader
Sadek que l’on retrouve sur scène ce soir. Projet car le line-up est très
variable, et nombre de musiciens se sont associés à ce concept assez mystique
teinté d’atmosphérique, de death métal et d’une pointe de post black. On
retrouve ce soir deux chanteurs dont un déguisé assez étrangement sous une peau
de bête masquant son visage. Il va régner sur ce concert une ambiance glauque
et un peu malsaine tout à fait volontaire. L’ensemble est virulent, possède des
côtés épiques mais peine à convaincre pleinement au-delà des initiés. Les deux
chants sont aussi haineux l’un que l’autre mais au final manquent un peu de
variations. Le projet est très ambitieux, assez intellectuel même, mais sur
scène il n’est qu’en partie intéressant et convaincant quand on n’y a pas été
initié.

Nargaroth déboule ensuite, en 20
ans de carrière les Allemands sont devenus une légende du style. Ils sont
d’être la tête d’affiche de la scène black et ils vont faire honneur à ce
statut. Précédés par une longue intro idéale pour plonger dans l’ambiance ils
vont nous proposer une splendide heure de black brutal avec des moments épiques
et atmosphériques et aussi mélodiques, le tout dans une ambiance pagan
prenante. Et cette ambiance à la fois guerrière et épique est assez
irrésistible. Au chant Kanwulf fait le boulot avec un charisme certain, son
chant est haineux à souhait mais aussi ensorceleur. Et en laissant les
atmosphères se développer, le groupe marque fortement un public attentif. Le
groupe nous propose 7 titres tout taillés dans le meilleur de son art, on
pensera à ‘Sommer’ tiré de "Jahreszeiten" ou encore ‘Possessed By Black Fucking
Metal’ de leur premier album. Ce concert épique à souhait clôt en beauté
une très belle programmation black métal et prépare de la meilleure des
manières le grand final de la journée.

Le bouquet final est assuré par un
grand du genre, les finlandais de Finntroll sont dans la place et sont très
attendus par un public guère fatigué de cette longue journée. Il faut dire
qu’en matière de folk teinté de black Finntroll est un des meilleurs du genre
avec une solide discographie dont le plus récent, "Blodsept", irrésistible. Le
groupe va nous balancer ainsi une excellente heure de concert revenant sur 5 de
ses 6 albums et mettant logiquement à l’honneur le petit dernier. Musicalement
Finntroll a évolué ces dernières années, sa face sombre, plus black et même un
peu death métal a pris le pas sur le folk pur et dur et joyeux. Le début du
concert confirme cela avec ‘Blodsvept’ et ‘Mordminnen’, sombres à souhait, qui
nous plongent dans une noirceur semblant sans limites. Au cours du
concert le groupe accélère le rythme et met le feu à salle avec une facette
folk plus présente et irrésistible ‘Nattfödd’, ‘Slaget Vid Blodsälv’ et l’énorme ‘Trollhammaren’ font un malheur et montrent la belle capacité de
Finntroll à équilibrer sa face sombre et mystérieuse avec sa facette festive.
Le public ne s’y trompe pas et se lâche complétement dans les premiers rangs.
Au chant Vreth impressionne à la fois par son charisme et son chant envoûtant
et puissant. En fin de concert l’excellent ‘Jaktens Tid’ et les plus récents
‘Under Bergets Rot’ et ‘Häxbrygd’ achèvent tout le monde en beauté. Avec ce
concert Finntroll a frappé fort, il prouve qu’il reste l’un des meilleurs
représentants du genre, il évite l’écueil du trop festif et en mettant sa face
sombre à l’honneur il se donne un fort supplément d’âme.

Ceci achève une très belle édition
du Mass Deathtruction, le public repart fourbu et heureux et chacun attendra
sans doute avec impatience la prochaine édition. Il nous reste à
remercier Pedro et son équipe pour leur accueil, leur sympathie et leur travail
formidable au service du métal extrême. Tout ceci fait clairement du Mass
Deathtruction un des meilleurs festivals consacrés à l’art noir.