Bien qu'un peu fatigués au lendemain de cette date, nous avons pu faire un large tour d'horizon de la carrière avec les membres de Black Stone Cherry...
Quelle est la question que l'on vous a trop souvent posée ?
Ben Wells : Certainement comment le groupe est-il né et comment a-t-il évolué ces dernières années...
Après un "Between The Devil And The Deep Blue Sea" plutôt radio
friendly, "Magic Mountain" voyait le groupe revenir à une musique plus
puissante et personnelle (on y retrouvait des influences à la Hendrix ou
Thin Lizzy). Ces dernières influences résument-elles plus votre style
de prédilection et les fans ont-ils bien accueilli ce retour aux
sources ?
Ben : Nous sommes toujours très influencés par Led Zeppelin, par Hendrix
et Thin Lizzy également bien entendu mais nous n'attachons que très peu
d'importance aux termes d'influences en général, surtout concernant
des groupes plus récents. Concernant notre dernier show les fans nous
ont une fois de plus très bien accueillis et nos derniers singles ont eu
un très bon effet sur scène.
Ces influences sont en quelques sortes inconscientes…
Chris Robertson : Tout à fait, on ne cherche jamais à sonner comme tel ou tel groupe.
Vous avez joué hier à Paris, quel a été le retour du public français ?
Chris : Ils ont tout donné, ce fut un sacré show !
Je ne vais pourtant pas vous apprendre que la scène rock n'est
pas très bien représentée en France, pourtant Black Stone Cherry remporte
ici un certain succès. Comment l'expliquez-vous ?
Ben : Peut-être justement parce que la France ne possède pas de groupe
jouant notre type de musique. Toujours est-il que même si nous avions
quelques appréhensions, nous n'avons jamais été faiblement accueillis
ici. Nous avons toujours été agréablement surpris par l'accueil des
fans.
Notre fan base en France s’accroît à chaque tournée.
Et dans les autres pays visités également j'imagine.
Ben : Tout à fait, une croissance assez régulière mais notable.
Après un break bienvenu en 2014, vous revenez plus fort en 2015
avec un nouveau label (Mascot Records) et votre premier DVD Live.
Qu'attendez-vous de la signature avec ce nouveau label ?
Chris : Des artistes comme Joe Bonamassa, Black Label Society ou encore
Warren Haynes ont beaucoup gagné à être signés chez Mascot. Ils ont
connu une meilleure exposition, notamment sur les radios, et leur fan
base a bien augmenté, les tournées étant bien produites et annoncées.
L’équipe est très à l'écoute et plutôt cool donc jusqu'à présent, nous
sommes ravis de cette coopération.
Et cette proposition de DVD vient de vous ou du label ?
Chris : Le DVD a été produit par Eagles Rock donc cela n'a rien à voir
avec Mascot. Nous attendions cela depuis longtemps et sommes heureux
d'avoir pu l'offrir à nos fans.
Ce DVD a-t-il été l'occasion de clore un chapitre de la carrière du groupe ? De ce fait "Kentucky" viendrait en ouvrir un nouveau.
Ben : Il est vrai que la proposition de DVD est venue d'Eagle Rock mais
elle est tombée à point nommé, au bon moment et au bon endroit. Nous
devions ce DVD dans notre précédent contrat mais je crois
personnellement que c'était le meilleur moment dans l'histoire du groupe
pour offrir aux fans un bon souvenir cette tournée qui nous a vus
parcourir le monde comme jamais auparavant.
Nous sommes uniquement quatre à être responsables de notre musique et
c'est de cette unité que vient la force de notre nouvel album
"Kentucky" ouvre un nouveau chapitre dans la vie de Black Stone Cherry
en proposant une musique puissante et directe. Est-ce un choix
démocratique dans le groupe et comment les directions musicales
sont-elles prises dans le groupe ?
Chris : Je crois nous sommes tous d'accord entre nous tout le temps.
Nous faisons tout ensemble et d'un commun accord, et je crois que c'est
parce qu'on nous laisse tranquille dans la composition. Il n'y a pas de
producteur ou des gens de la maison de disques pour nous guider ou nous
orienter de quelque façon que ce soit. Nous sommes uniquement quatre à
être responsables de notre musique et c'est de cette unité que vient la
force de notre nouvel album.
Nommer votre album "Kentucky" est-il un simple hommage à
l'endroit dans lequel vous avez grandi, ou plus encore votre album
contient-il l’atmosphère même et les influences musicales de cet
endroit ?
Ben : Nous sommes en effet natifs du Kentucky et avons tous grandi dans
cet endroit. Il faut savoir que ce nouvel album a été enregistré au même
endroit et avec le même producteur que notre premier album. C'est pour
nous une façon de boucler la boucle.
Et puis chaque chœur féminin, chaque intervenant extérieur comme les
joueurs de saxophones ou les orchestres de cordes sont d'ici. Cela
tombait donc finalement sous le sens de nommer notre album ainsi, et le
défendre sur scène revient à défendre notre ville et notre état d'esprit
également, nous en sommes fiers.
Un hommage à l'endroit à vous vivez et avez grandi en quelque sorte ?
Ben : Oui même si ça n'est en aucun cas un concept album, soyons clairs.

Après deux titres assez hard et directs, 'Shakin My Cage' propose un
registre plus heavy, 'Soul Machine' une atmosphère groovy. Plus loin on
peut entendre des influences Rock mainstream voire même des touches
heavy metal dans les guitares en twin de 'Born To Die'. Vous aimez
proposer une large palette de styles dans vos derniers albums, est-ce là
une marque d'accomplissement, de réussite à vos yeux ?
Chris : Comme je le disais plus tôt, il n'y a personne pour nous
empêcher de mettre des chœurs féminins ou toute autre chose dans nos
albums. Et nous ne nous posons pas de limite dans nos compositions. Nous
jouons ce que nous aimons avant tout, nous nous amusons.
Ben : Et le riff en twin dont tu parles (il chante les notes) et qui
sonne très Maiden était une de mes idées et j'avais vraiment envie de
proposer de genre de mélodie dans nos albums.
Chris : Et oui, maintenant que tu me le dis cela fait très Maiden. Même
si nous le jouons à notre façon et donc de façon moins metal.
Ben : Nous n'écrivons pas pour la radio ou pour le succès musical. Cette
diversité est le fruit de notre unité et de notre liberté musicale.
Nous écrivons pour nous et nos fans et nous avons la chance de pouvoir
le faire.
Et n'avez-vous pas peur d'un autre côté d'effrayer certains
auditeurs en brassant des idées si différentes au sein d'un seul et même
album ?
De concert : Oui c'est possible en effet, mais nous ne pouvons plaire à tout le monde, c'est ainsi.
Chris : Moi je suis très friand de cette diversité.
Ben : Et en concert, nous passons souvent d'un genre à l'autre et quand
par exemple nous jouons un titre plus calme, une ballade, une grande
majorité y adhère car cela reste toujours dans l'esprit du groupe. Et
ceux qui n'aiment pas n'ont qu'à patienter un peu (Rires).
Nous aimons le côté funky d'un James Brown ou des Soul Sisters
D’où vous vient justement cette idée de chœurs féminins dans 'Soul Machine' ?
Chris : Nous l'avons toujours voulu. Comme bien des genres abordés ici.
Nous aimons le côté funky d'un James Brown ou des Soul Sisters. Ce côté
Motown avec les cuivres nous a toujours attiré sauf que maintenant nous
nous sentons assez forts et libres pour le proposer sur un album. Et
surtout nous n'avons personne qui s'immisce dans notre travail pour nous
le déconseiller désormais. Nous jouons ce que nous voulons entendre.
Et selon vous pourquoi Mascot, qui est pourtant un gros label, vous laisse cette liberté que ne vous laissaient pas les autres ?
Chris : Car c'était dans notre contrat de base tout simplement.
Auparavant le producteur ou les membres de la maison de disques se
réservaient un droit d'intervention, alors que chez Mascot nous sommes
responsables à 100 % de notre direction musicale.
Et pourtant ce sont vos anciens albums qui vous ont portés à ce stade de
reconnaissance. N'avez-vous pas peur que cette liberté puisse s'avérer
un mauvais choix d'un point de vue commercial ?
Chris : Nous mesurons notre succès durant nos concerts. Et la majorité
de nos fans nous préfèrent live que sur album. Le succès commercial est
donc pour nous plus relatif.
Ben : Nous avons déjà exploré différents genres dans nos précédents
albums mais du fait de notre producteur cela se ressentait un peu moins.
Nous avons pu ici nous libérer plus encore et assumer pleinement nos
choix. Et puis nos fans aiment ce genre de surprise et notre diversité
musicale.
Cet album semblerait alors le plus représentatif de ce qu'est le groupe. C'est peut-être pour cela aussi qu'il se nomme ainsi ?
Chris : Définitivement ! C'est l'album qui nous représente à 100 %, le
premier qui sonne aussi proche de ce que nous sommes et voulons. Notre
album le plus honnête à ce jour.
Cela ne vous met pas une certaine pression en sortant un tel album, qui de surcroît est très bon, pour les autres à venir ?
Ben : Pas pour l'instant en tout cas. Là nous savourons ! Et puis nous
composons continuellement et donc les derniers titres composés pour
"Kentucky" et les premiers qui ont suivi restent dans la même veine donc
nous sommes plutôt confiants pour l'avenir.
'War' est un titre viril et bourré de testostérone et de chœurs, est-ce
un titre que vous comptez mettre en avant dans vos futurs shows ?
Chris : C'est le genre de titre écrit sur l'impulsion du moment. Il est
arrivé durant un moment de détente entre deux prises studio. Le riff et
arrivé puis des paroles et nous avons fini par l'enregistrer dans le
cadre d'une face B. Et puis nous l'aimions tellement qu'il fallait qu'il
termine sur l'album. Nous aimons ce genre de titres puissants et oui,
l'effet devrait être très bon en concert.
Beaucoup de chœurs parsèment cet album, est-ce un nouvel ingrédient mis en avant dans la recette Black Stone Cherry ?
Crhis : Cela doit être plutôt un hasard car il ne me semble pas que nous
cherchons tant à mettre les chœurs en avant. Ca n'est pas volontaire
en tout cas.
'Cheaper To Drink Alone', un autre très bon morceau possède un titre plutôt drôle, de quoi traite cette chanson ?
Ben : C'est un titre que nous avons composé concernant un type de
Nashville que nous avions croisé alors qu'il enregistrait un album de
Country. L'idée nous est venue d'écrire une chanson avec ce drôle de
titre et comme les gens ont semblé l'apprécier, nous l'avons carrément
enregistré.
Chris : Il est parfois plus simple, financièrement parlant, de payer tes
propres boissons que de te lancer dans des tournées entre potes
(Rires).
Votre album contient 13 titres, n'avez-vous pas peur du remplissage à outrance ?
Chris : Chacun de nos albums possède 13 titres en dehors de "Between The
Devil And The Deep Blue Sea". Tu sais les gens n'achètent plus d'albums
comme ils le faisaient avant. Ils aiment télécharger un titre par ici,
un autre par là. Donc quand nous faisons un album, nous voulons en
donner aux gens pour leur argent.
Oui mais pourquoi proposer un long album tous les deux ou trois
ans plutôt qu'un album de 7 à 8 titres chaque année comme dans les 70's
ou 80's ?
Chris : Car cela viendrait casser le rythme tournée-album. Si nous
voulons tourner aux Etats-Unis, puis en Australie puis en Europe, il
nous faut du temps. C'est une lourde logistique. Et puis nous sommes
mariés, nous avons des enfants et si nous voulons prendre le temps de
nous poser et de profiter de nos maisons...
Nous ne nous revendiquons pas comme un groupe de Southern Rock. Il fait en quelque sorte parie de notre ADN
Votre clin d'œil au rock sudiste n’apparaît cette fois ci qu'en
toute fin d'album avec 'The Ramble'. Ca n'est pas votre premier clin
d'œil à ce style musical voire carrément à Lynyrd Skynyrd, n'avez-vous
jamais penser publier un album complet dans ce style musical ?
Chris : On ne peut pas nier que ce style fait partie de nous, surtout en ayant grandi dans cette région des Etats-Unis…
Ben : Nous embrassons ce genre musical, nous avons tous écouté du
Southern Rock étant plus jeunes mais il ne vient pas intentionnellement
dans notre musique. Il fait en quelque sorte parie de notre ADN. Mais
nous ne nous revendiquons pas comme un groupe de Southern Rock.
Qu'attendez-vous avec la sortie de ce nouvel album ?
Ben : La musique est un business duquel il ne faut rien attendre. Nous
espérons juste que la réaction des gens sera positive et qu'ils
prendront du bon temps à l'écoute de l'album comme en concert. Nous
avons déjà eu des retours positifs de la presse, de certains fans de
notre ancien matériel également donc jusque-là, nous sommes satisfaits.
Un classique chez Music Waves, quel est votre meilleur souvenir en tant que musicien ?
Ben : Le fait d'avoir pu, grâce à ce métier, rencontrer des gens géniaux
et des stars que nous n'aurions jamais pu approcher sans cela comme
Jimmy Page, Def Leppard, Whitesnake ou Bad Company… Malgré notre jeune
âge c'est déjà énorme. Et nous cherchons toujours à embrasser ces
moments pleinement, même s'ils sont passés. Nous voulons éviter d'en
faire de simples souvenirs, ils sont bien trop importants.
Et quelle pourrait être la prochaine étape à franchir pour vous qui
semblez avoir déjà vécu tant de rêves dans le milieu musical ?
Chris : Continuer tout simplement. A jouer, à agrandir notre fan base, à
rencontrer d'autres groupes, célèbres ou non, à voir les gens prendre
plaisir à nous écouter.
Et quelle tournée, avec quel groupe serait pour vous une superbe autre expérience ?
Ben : J'aimerai vraiment tourner avec Aerosmith avant qu'ils raccrochent
les gants. Ces sont de vraies icônes à mes yeux, au même titre que
Skynyrd pour lesquels nous avons eu la chance d'ouvrir récemment.
Et parallèlement, qu'est-ce que cela vous fait de savoir que
maintenant vous êtes aussi un groupe pour lequel certaines formations
aimeraient ouvrir ?
Chris : C'est incroyable !
Ben : Difficile de s'en rendre compte. Nous sommes plutôt humbles et
restons toujours surpris de savoir que tel ou tel groupe aimerait ouvrir
pour nous ou tourner avec nous. Nous sommes nous-mêmes dans cette
position en tant que fans de certains groupes et c'est juste incroyable
de voir que d'autres espèrent la même chose de nous.
Nous avons parlé de votre meilleur souvenir, quel pourrait être au contraire le pire ?
Chris : Demande-lui ce qu'il a fait de sa guitare au Download (Rires).
Ben : Il y a quelque années nous étions au Download, tous super nerveux,
et ma sangle de guitare a lâchée en plein milieu d'un morceau, je ne
savais plus comment me mettre pour continuer à jouer.
Nous avons débuté notre interview avec la question que l'on vous
a trop souvent posée, quelle serait celle que vous aimeriez que l'on
vous pose ?
Ben : Je ne vois pas… Nous apprécions nos fans français et sommes très
heureux de voir qu’ils sont toujours là pour nous, toujours plus
nombreux. Merci à vous.
Merci à Mr Blue pour ses questions et cette retranscription...