Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?
Thomas : Les habituels « salut, ça va ? » Je comprends la politesse, mais puisqu’on est dans une discussion à sens unique, autant à aller à l’essentiel.
Malgré une carrière entamée il y a dix ans, désormais deux albums et un split dans votre besace, Stangala reste encore peu connu. Comment souhaiteriez-vous être présentés ?
Thomas : Tu veux dire, dans quelle catégorie de professionnalisation on souhaiterait être représentés ?
Stangala fonctionne principalement sur la base du travail du Steven, puis du mien. On a tous les deux des boulots, et on ne peut pas développer le groupe davantage sans aide extérieure. Alors bon, à choisir entre amateur et semi-professionnel… Disons qu’on est consciencieux et qu’on veut avant tout s’appliquer à bien faire ce qu’on fait ! Et crois-moi, ça prend déjà pas mal de temps.
"Boued tousek hag traoù mat all", votre première offrande, a été publiée en 2011 par le label russe Solitude Productions. Bien que spécialisé dans le doom, celui-ci vous a-t- il vraiment soutenu ?
Thomas : Ce n’était pas un gros label, mais il a respecté ses engagements. On a eu une quarantaine de chroniques un peu partout dans le monde, pour la plupart sur des webzines peu connus. C’était sympa d’avoir des retours (majoritairement très positifs !) du Chili, de Russie, du Canada… On ne peut par contre pas dire que ça nous ait fait connaître en France.
Du coup, on peut penser que Finisterian Dead End vous correspond davantage. Comment vous êtes-vous retrouvés sur ce label breton ?
Thomas : J’avais déjà travaillé avec Laurent par le passé et c’est naturellement que je lui ai proposé de travailler avec nous sur la promotion de ce nouvel album. Il a adoré l’album et on s’y est vite mis !
Justement le côté breton a-t- il joué dans votre signature ?
Thomas : Oui et non ! Je pense que Laurent est content d’avoir dans son catalogue un groupe qui résonne directement avec l’origine de son label, mais je pense que c’est avant tout notre musique qui l’a séduit.
Votre actualité est la sortie de votre deuxième album baptisé "Klañv". De sa pochette à votre étiquette "Bigoudoom", Stangala ne semble pas être un projet très sérieux. Pourtant, je trouve qu'il existe un net décalage entre cet apparat et votre musique beaucoup plus dure et sombre. Qu'en dites-vous ?
Thomas : Nous voulions surprendre. C’est réussi, on dirait ! Le public metal s’est un peu perdu dans certains clichés, il est bon de les retourner de temps en temps. Et quoi de mieux que l’ironie pour le faire ?
Rattachées au doom, vos racines ne sont-elles à chercher dans un socle plus extrême, dans le black metal notamment ? Vos implications respectives dans Netra ou Taliandörögd semblent le laisser croire...
Steven : Effectivement, le métal extrême fait partie de ces musiques qui nous inspirent beaucoup ! C’est de là qu’on vient après tout. Tom est tombé dans le death metal étant petit, tandis que j’ai moi-même commencé par le black metal. Aujourd’hui, nos goûts ont largement mûri et sont très variés. On reste néanmoins particulièrement attachés à ces styles !
Vos textes sont en breton, vous utilisez des instruments traditionnels. Que pensez-vous de ce revival celtique particulièrement à la mode ?
Thomas : Je n’aurais pas dit qu’un tel mouvement existait… La musique bretonne évolue en permanence avec de nouveaux représentants chaque année, comme tout genre musical, je suppose. Mais si c’est de Nolwenn Leroy dont tu parlais, je ne vois pas trop quoi te répondre ! Ça n’a pas grand-chose à voir avec la musique… Une histoire de tendances, de modes, sans doute, mais rien de bien celtique là-dedans. Et de breton, encore moins. Mais si tu parlais encore d’une autre scène, je curieux de savoir de quels groupes il s’agit !
Que représente pour vous cette culture bretonne ?
Steven : Vaste question. C’est un peu comme si tu nous demandais ce que représentent pour nous nos familles. La Bretagne, c’est nos racines, l’endroit qui nous a vus grandir. Lui rendre hommage, c’est rendre hommage à notre enfance, à celle de nos parents, grands-parents…
Stangala est un moyen pour nous d’exprimer une certaine forme de fierté, on ne va pas le cacher !
Qu'est-ce qui vous a donné envie de mêler tous ces ingrédients ?
Steven : C’est marrant, cette question revient beaucoup. Pour autant, je ne sais pas bien quoi te répondre… On fait ce qui nous plaît, sans contraintes.
Comment parvenez-vous à reproduire vos titres sur scène ? Faites-vous appel à des musiciens additionnels ?
Thomas : Malheureusement, nous sommes encore un peu limités en matière de personnel ; nous sommes obligés de jouer avec des samples. Et Odran Plantec a fait un si bon boulot à la bombarde, qu’on pourra difficilement le remplacer ! Les concerts ne sont pas une priorité pour nous à ce jour, mais si ça le devient, nous nous appliquerons à reproduire nos albums le plus fidèlement possible. Et ce ne sera pas de la tarte !
Vous avez confié le mastering de "Klañv" à Dan Swanö. Pourquoi avoir fait appel à lui ? L'avez-vous rencontreé ? Etait-ce un rêve de bosser avec lui ?
Steven : Contrairement à notre précédent album, nous voulions cette fois-ci un son un peu plus « metal ». Dan a collaboré avec de nombreux groupes que nous adorons, et ce, dans des genres assez variés, donc l’idée de travailler avec lui nous est venue assez naturellement. Nous ne l’avons pas rencontré malheureusement, difficile donc de dire si c’est un « rêve » de travailler avec lui, en tout cas c’était un plaisir, et nous sommes très contents du résultat !
L'album est faussement festif car il s'enfonce très vite dans des abîmes déjantés où le King Crimson des débuts n'est parfois pas loin. Ce groupe est-il une influence ?
Steven : Pas du tout. Mais ça fait plusieurs fois que ce nom revient en parlant de "Klañv", il va falloir que j’y colle une oreille.
Notre chronique s'achève sur cette phrase : "Plus noir et surtout plus maîtrisé encore que son aîné, "Klañv" nous entraîne dans un voyage halluciné, accouplant avec habileté et folie doom, black metal et folklore breton en une potion aussi délicieuse que venimeuse". Cela résume-t- il bien cet album ?
Thomas : Oui, plutôt !
Quel est votre meilleur souvenir d’artiste ?
Steven : La tournée avec
Stonebirds en 2013. En plus de l’excellente ambiance dans le tour bus (enfin, le camping-car), c’était une expérience très enrichissante à de nombreux points de vue.
Au contraire le pire ?
Steven : La tournée avec
Stonebirds en 2013. Parce qu’on quand même a dû faire face à de sérieux déboires ! Pour les intéressés, un compte-rendu habilement rédigé par Tom est encore disponible à cette adresse :
http://kbsessions.blogspot.fr/.
Quelle est la question que vous aimeriez que l’on vous pose ?
Thomas : Hé-ho, on ne va pas non plus mâcher le travail des webzines. Au boulot !
Un dernier mot aux lecteurs de Music Waves ?
Steven : Merci !