Quelle
est la question que l’on vous a trop souvent posée ?
Roch :
Souvent on commence par nous demander comment nous nous sommes
rencontrés ou d'où vient le nom « Holispark » et ce
qu'il signifie. Mais nous sommes bien contents quand quelqu'un
s'intéresse à ce que nous faisons, alors on y répond avec
plaisir !
Manon
: En fait, quand bien même certaines questions se répètent, avec
le temps nos réponses s'étoffent et évoluent. On nous a souvent
demandé de quoi parlent les chansons par exemple. Avant de devoir
parler des textes, je pensais que j’avais juste griffonné ça sur
un papier. Alors qu'en fait, en y réfléchissant lors d'interviews, je me suis rendu compte qu'ils parlent d'un tas de choses qui m'ont
fait grandir : ils racontent une part de ma vie.
On
vous salue comme un groupe espoir de la scène rock française, en
soulignant que vous avez joué pour Mathieu Chedid ou Louis
Bertignac. Malgré cette reconnaissance, est-ce que vous n'en avez
pas déjà marre d'être considérés comme de bons élèves?
Kévin :
Je ne vois pas en quoi nous serions de bons ou de mauvais élèves.
Le fait est que nous composons notre musique avec nos influences et
nos sensibilités propres, sans vouloir rentrer dans une case ou
coller aux tendances actuelles.
Est-ce
la proximité géographique de l'Angleterre qui vous a poussé dans
cette voie?
Roch :
Je pense qu'il y a une grosse part de culture dans cette histoire. La
langue natale du Rock c'est l'anglais. Nous écoutons presque
uniquement des groupes anglophones. Je suppose que naturellement les
sonorités de la langue anglaise nous ont parlé. En fait nous nous
sommes posés la question à l'envers récemment lorsqu'on nous
a demandé si nous projetions d'écrire des chansons en français.
D'ailleurs, aujourd'hui la réponse est non.
Quel
est le rôle joué par Nicolas Delpierre et Maxime Mouquet en concert
et en studio?
Manon :
Nous avons enregistré THE HARVEST en trio Kévin, Roch et moi. Nous
étions déjà très complices et on savait qu’on était un noyau
solide. Pour le défendre sur scène nous avons proposé à des amis
avec qui aujourd’hui on évolue et on avance de nous rejoindre :
Nico et Max. Il est question de peut-être les intégrer au groupe à
l’avenir pour un futur album.
Parlez-nous
un peu de la pochette. Vous avez dit en interview qu' Holi était une
fête indienne annonçant l'arrivée du printemps, est-ce pour cela
que le printemps que vous proposez est explosif? Ou est-ce que ce
printemps symbolise votre jeunesse?
Kévin :
C'est un petit peu tout ça en même temps ! En effet, la
jeunesse du groupe est indéniable. Nous voulons accomplir de belles
choses ensemble. Nous commençons à écrire notre histoire avec
toute l'énergie disponible et en nous investissant à 100% dans ce
que nous faisons. Le dynamisme, la joie de vivre, la positivité et
l'intensité de chaque instant : c'est cela que nous nous
efforçons de transmettre au travers de notre musique :
Holispark c'est un peu comme une explosion de couleurs vives et
chaleureuses !
Manon
: Question surprenante à laquelle je n’ai encore jamais réfléchi !
En ce qui me concerne, j’ai été ravie de découvrir que Holi
c'était la « fête du printemps » en Inde. Je trouve l’image
pleine de joie, de gaieté : le printemps c’est la sortie de
l’hiver, le moment où les premières fleurs apparaissent ( je suis
une grande fan de fleurs ) et où la nature retrouve ses couleurs.
C’est à ce moment qu’on sort de son cocon !
Au
sujet du nom du groupe, est-ce que la découverte de cette Holi est
le fruit du hasard ou êtes-vous vraiment intéressés par le
folklore indien? (Si la fête indienne s'était appelée Ravioli,
vous seriez-vous appelé Raviolipark?)
Kévin :
« Raviolispark » ! En voilà une idée qu'elle est
bonne !! Ahah... ! Sans déconner : A la base ce
qui nous a donné cette idée c'est aussi et surtout l'imagerie qui
se rapporte à cet événement. Vous avez probablement déjà vu ces
courses appelées « Color Me Rad » ou « Holi
Run » : on y projette de la poudre de couleurs sur les
participants. C'est ce que font les indiens pour fêter l’avènement
du printemps. Ce côté festif et coloré nous plaît beaucoup c'est
pourquoi nous le rattachons à l'image d'Holispark.
Manon :
Tous les trois nous avons vécu de vraies montagnes russes
émotionnelles un peu difficiles à gérer au commencement.
Aujourd’hui, je ne voudrais rien changer de notre histoire puisque
malgré tout nous avons toujours gardé cette petite « étincelle »
(« Spark » en anglais) qui nous fait avancer.
Roch :
Comme nous avons trouvé que ces idées se mariaient plutôt bien
nous avons collé les deux mots et voilà : Holispark.
'Slippery
Slope' est un petit bijou. Ce dernier morceau était enregistré en
fin de session. Est-ce à vos yeux un morceau anecdotique ou au
contraire une nouvelle piste?
Manon :
L'ensemble de l'EP parle d’avancer, de regarder devant soi, de se
battre pour ses rêves. C’est beaucoup d’épreuves, de doutes,
d’erreurs. 'Slippery slope', c’est pour moi, un peu comme quand
pendant tout le film tout va de travers et qu’à la fin le
personnage principal en ressort, pas indemne mais différent. C’était
une façon de calmer le jeu et de ce dire « on a réussi » .
Kévin :
Ce morceau est là pour compléter un tout et pour conclure notre EP.
On avait envie de faire quelque chose qui touche sincèrement et
simplement et qui puisse parler à n'importe qui. Avec une ballade
c'est très difficile de ne pas tomber dans la pâle copie ou dans le
morceau bateau. Nous en sommes très contents de notre côté !
Nous avons réussi à l'interpréter et à y mettre des sentiments...
Pour la petite histoire, ce morceau a été figé réellement au
studio. Avant ça, on avait une vague idée de comment on voulait
qu'il sonne... la spontanéité et la fraîcheur de ces instants
là-bas, c'est ça que vous entendez lorsque vous écoutez 'Slippery
Slope' !

Manon
a dit en interview que ses textes s'inspiraient de son envie de ne
rien laisser tomber. Est-ce important de partager cette volonté avec
l'auditeur, et est-ce que pour elle la musique est capable de
redonner envie à quelqu'un qui a perdu ses espoirs?
Manon : Evidemment !
Pour faire de la musique, il faut y être sensible, je pense. Il faut
s’y retrouver. A l’adolescence, une période difficile pour pas
mal de monde où tu te découvres aussi toi- même, il y a des tas de
chansons qui m’ont marqué. 'Somewhere Only We know' de Keane, 'The
Reason' de Hoobastank sur laquelle j’ai même fait mon premier
baiser, ahah ! J’ai été tellement fan de Lady Gaga dès son
premier album mais le plus marquant à mes yeux a été 'Born This
Way', qui parle du fait de s’accepter puisqu’on est « Né comme
ça » . J’ai écouté les Rolling Stones, The Doors, The Runaways,
Pat Benatar... Tous ces artistes qui, de par leurs textes, leur façon
d’être, ce qu’ils disaient en interviews, m'ont aidé à
m’accepter. Alors qu’au collège et au lycée, je ne supportais pas de
me regarder dans un miroir, aujourd’hui, je n’ai plus aucun mal à
le faire. Je crois que la musique sert à faire passer un message.
Je veux aider les gens, autant que les groupes que j’ai adorés ont
pu m’aider et me faire grandir.
Justement,
n'avez-vous pas peur de vous fermer au public français en proposant
des chansons anglaises?
Manon
: Personnellement je n’ai jamais choisi d'aimer un groupe selon sa
langue. J’ai déjà aimé des chansons en italien, en russe, en
anglais, en allemand... Simplement parce que c’était l’ensemble
de la chanson qui me procurait une émotion particulière. A mon avis
la musique est une question de sentiments et d’émotions. Nous, on
a de l’énergie et de l’amour à revendre. Que les gens en
veuillent ou non, c'est à eux de décider.
La
formule en trio semble une réussite avec un batteur qui a son mot à
dire, une machine à riffs de guitare sur demande et une chanteuse qui
écrit également ses textes, est-ce que le groupe a déjà trouvé
un équilibre démocratique?
Kévin :
On se connaît depuis peu de temps mais on communique ensemble de
manière assez fluide, on essaye de tout se dire, de régler les
tensions et les petits problèmes de vie de groupe... L'entente et la
cohabitation, c'est sûrement ce qui est le plus difficile dans un
groupe quand on sait qu'on doit travailler ensemble mais on est aussi
et surtout de très bons amis. Du coup, chacun à son mot à dire. On
se débrouille pour que tout le monde soit satisfait du résultat.
C'est un pré-requis pour pouvoir assumer chaque décision et se
sentir à l'aise avec notre musique et notre image.
Roch :
Nous avons beaucoup d'estime, de respect et d'affection les uns pour
les autres. Nous nous faisons confiance et surtout nous avons envie
de mettre l'autre en valeur et non pas soi-même. Je crois que c'est
ça notre équilibre.
Le
clip est formé d'un melting-pot des meilleurs moments, est-ce
que le groupe est pour autant attiré vers des clips ''racontant une
histoire''? (pour citer Roch, le batteur).
Roch :
En ce qui me concerne, je suis un grand amateur de clips et
j'adorerais que nous puissions en réaliser qui racontent des
histoires à l'avenir. Le truc c'est que nous sommes des musiciens,
pas des acteurs. Alors ça demanderait plus de moyens : Il nous
faudrait de vrais acteurs, un scénario, un metteur en scène, un
réalisateur etc. Et puis, si éventuellement nous voulions jouer
dedans nous aussi, ce serait un exercice très différent que celui
de jouer de notre instrument en play back. Les deux clips que nous
avons pour le moment sont plutôt faits-maison : nous avons des
amis qui sont venus nous filmer et qui ont monté les images. Tout
simplement. Ces clips sont dynamiques et frais et nous en sommes très
contents !
Manon
: Oui, pour l’instant nos deux clips nous représentent à
merveille. Nous sommes en train de nous dévoiler au public, de le
rencontrer. On est heureux de se remémorer nos premiers concerts.

L'album
est hautement recommandé à tous les amoureux de riffs de guitare,
véritable squelette de l'album, où Kevin va-t-il chercher tout ça?
Kévin :
Je pense que ça se passe de la même manière pour toutes les
personnes qui composent : on ingère énormément de musique, de
morceaux, de riffs, d'accords, de mélodies... puis on digère tout
ça... Et au bout d'un moment, on en sort des choses vraiment
intéressantes! Il faut évidemment faire le tri parce que tout n'est
pas bon à prendre pendant le processus de composition. Mes
influences sont très hétérogènes... Pour ne citer que les plus
importantes : Paramore, Periphery, Tesseract, PVRIS, Arctic
Monkeys, Bloc Party, Monuments, Intervals... Le
plus difficile, c'est de réussir à repérer et à capter l' «Idée».
Celle qui va, à elle seule, définir le morceau et dont le reste va
découler naturellement. A partir du moment où on la tient, c'est
Jackpot ! On décline le riff de bout en bout, on trouve la
suite d'accords qui va bien... On arrange tout ça à trois et en
général, le morceau est plié en 2 en 3 mouvements !
Qu’attendez-vous
de la sortie de cet album ?
Kévin :
Nous faire connaître en tant qu'Holispark. Commencer à exister
comme groupe de rock, comme entité. Nous faire un nom dans les
environs, construire une fanbase, développer le projet avec tout ce
que cela implique. Cet EP, c'est notre bébé. On veut le défendre
et le faire valoir en France, en Europe et même plus loin !
Nous pensons avoir des choses intéressantes à dire et à proposer
avec ce premier opus alors on donne tout pour porter cette partie de nous le plus loin possible !
Quel
est votre meilleur souvenir d’artiste ?
Manon :
Quand j’ai chanté pour un spectacle au lycée. J’ai aimé être
sur scène ! J’avais un petit groupe sympa avec lequel on
reprenait les chansons bateau du moment. Quand je suis montée sur
scène, presque toute ma classe m’avait fait une pancarte avec que
des mots gentils. Et à la fin de la première chanson, le public a
hurlé et applaudi. J’en étais tellement émue : je me
souviens avoir pleuré, tremblé et mon cœur battait à 1000 à
l’heure !
Roch :
En 2011 j'ai eu la chance de jouer devant 20 000 personnes lors des
Francofolies de SPA en Belgique. C'était ENORME ! Merveilleux,
magnifique … Je ne pesais plus un gramme, j'étais
complètement transporté par toutes les émotions. Je vous assure,
tant de personnes heureuses d'être là et qui applaudissent, ça
fait quelque chose de vraiment spécial ! Et la bonne nouvelle,
c'est que je suis convaincu que très bientôt ce souvenir sera
détrôné par celui d'un concert d'Holispark =) !
Kévin :
Ma rencontre avec Manon et Roch et la naissance d'Holispark
Au
contraire le pire ?
Manon
: A priori pour l’instant je n’ai pas encore vécu de moment trop
horrible. Ah si, c'était agaçant et gênant : une fois un
gars que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam est venu choper mon
micro en plein concert pour dire des conneries.
Roch :
J'ai perdu un ami à la suite de la séparation de notre groupe. J'en
suis désolé. C'est difficile de comprendre les gens parfois, de se
mettre à leur place. Et ça l'est encore plus de les pardonner. Mais
il faut le faire, c'est crucial !
Kévin :
Faire de la Musique, c'est ce qu'il y a de mieux au monde selon moi !
Du coup, il n'y a pas vraiment de mauvais moment !
Quelle
est la question que vous aimeriez que l’on vous pose ?
Manon
: « Qu’est ce que tu veux faire quand tu seras plus grande
? » Je n'avais jamais de réponse précise avant. Au lycée, je
me forçais à trouver des idées. Il y a peu je voulais être
décoratrice d’intérieur, vétérinaire, ou serveuse. Aujourd’hui,
je veux être chanteuse !
Roch :
« Comment vas-tu ? » C'est vrai, ça fait plaisir
quand quelqu'un vous demande de vos nouvelles. D'autant que les
miennes sont souvent bonnes !
Un
dernier mot aux lecteurs de Music Waves ?
Manon :
Si on ne vous convainc pas avec cette interview, allez écouter notre
EP et venez nous voir en live. Par contre sachez qu’une fois dans
la famille, on n'en sort plus jamais !