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PETOSAURE (03 OCTOBRE 2016)


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INTERVIEWS
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AUTRES



Music Waves a rencontré Petosaure à quelques jours de son concert au Batofar
STRUCK - 10.10.2016 -
3 photo(s) - (0) commentaire(s)

Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?

Petoaure : "Pourquoi tu changes pas de nom ? Ca marcherait mieux!" Ce à quoi je ne réponds jamais vraiment.
Je pars du principe que quelqu'un qui voit une barrière à son ouverture vis-à-vis de mon projet pour une histoire de nom, ne fait pas partie du public que je veux toucher.
Je viens du metal, du punk. Si j'avais eu envie de revêtir une apparence séduisante et putassière, j'aurais choisi la prostitution. Mais je fais de la musique.
La musique ce n'est pas toujours beau, c'est pas toujours moche et c'est surtout pas toujours comme on a envie que ce soit.





Comment est né ce projet ?


Il est né d'un amour infini pour la chanson française, la variété, et la tristesse de voir ce qu'on en a fait ces dernières années.
Avant même le metal, j'écoutais Henri Salvador, Charles Trenet Louis Chedid. Pendant le metal, j'ai découvert Bashung et Biolay.
Des énergies très libres et sauvages, brutales et fortes. On pourrait dire que Bashung c'est du black metal, et Biloay du modern hardcore (Rires).

J'ai simplement voulu apporter quelque chose de différent. L'avenir de la musique française, c'est les forces libres sans concessions.
Incontrôlables. Comme je l'ai toujours fait dans mes projets précédents. Et cette fois ci je me suis entouré de deux excellents acolytes, Krispy Krust aka Don Coco dans mon groupe de sludge Raptor King, que vous aviez interviewé en début d'année! Toujours aux percussions, et la vidéo. Et Meunier, qui suit mes projets musicaux et les encadre depuis plus de dix ans. Cette fois-ci il gère complètement la production dans son studio, avec son ami et associé de toujours (Strange Kid Armageddon, aussi membre de Raptor King) au mastering. Avec une équipe pareille, on peut tout atteindre et produire en autocratie. Ca va très vite, c'est exactement le rythme et l'efficacité que je cherchais.


As-tu démarché des maisons de disques pour Petosaure ?


Nous venons de signer avec un manager de folie, Alexandre Dumont, qui se donne à fond pour nous et qui croit en la force de ce projet.

Les labels vont venir, on ne se fait pas trop de souci pour ça. Leurs chercheurs de talents n'auront pas d'autre alternative que de nous prendre, sous peine de se  faire virer par leur patron pour avoir laissé passer le prochain gros nom de ce milieu.


Quelles ont été leurs réactions ? T’ont-elles demandé de modifier certaines paroles et de changer de nom ?


Avant de rencontrer notre manager nous avons démarché seuls, et oui, nous sommes tombés sur quelques sceptiques (tel une fosse) face au nom en particulier. Nous rirons bien quand ils se verront obligés de faire passer notre musique. Rien ne changera.


La production française semble aseptisée aujourd'hui, il ne faut plus choquer ou provoquer ne serait-ce qu'un peu de curiosité ?


Exactement, on y est. La curiosité. Est ce qu'on fait de la musique pour accompagner une masse, ou est-ce qu'on écrit des textes ou produit du son pour perturber le public ? Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il faille parler de "politique" ou faire passer un message. Je pense en revanche que ma musique a le pouvoir sur certaines personnes de pousser à l'introspection et au questionnement. Je veux cette musique dérangeante, fascinante, hostile, méprisable, mais en aucun cas docile ou juste confortable.





Tu utilises les réseaux sociaux pour nourrir ton image, comment sont les retours sur ce que tu proposes ?

Très variés. Au final peu d'incompréhension. De l'amour, du second degré, de l'intérêt. Je veux habituer notre public à la surprise. Nous ne serons pas constants dans nos démarches, ne délivrerons pas une seule et même couleur, une seule et même émotion. Notre musique et notre communication restera très humaine. Parfois nous nous sentons l'âme mystique et mystérieuse, parfois juste bizarres, d'autres fois, rien à foutre on envoie tout chier tout balader comme des sales gosses. On fait ce qu'on veut. Notre musique est sérieuse, nous n'avons pas besoin de l'être.


Internet joue un rôle important pour offrir une vitrine aux artistes qui souhaitent se faire connaitre, toutefois, il n'est pas facile de pouvoir réussir. Le bouche-à-oreille est-il aujourd'hui le seul moyen pour sortir du lot ?

Je pense être assez sensible pour comprendre ce qui touchera les gens. Ce n'est qu'une histoire de sensibilité. Les réseaux sociaux restent un bon moyen de faire parler de son projet, mais nous sommes tellement attachés à la pureté de ce projet qu'il est difficile d'en faire la promotion sans le salir. Alors nous poursuivons notre démarche artistique, en espérant que les gens soient curieux sur internet et comptons évidemment sur la bouche-à-oreille. A savoir que sur scène, ce projet ne peut que faire parler de lui. Un concert de chanson française avec autant d'intensité et de headbang ne peut qu'intéresser. On ne peut pas rester insensible à la passion brulante d'une représentation endiablée.


Le nom, les paroles, l'artwork, les videos, Petosaure possède une image très affirmée permettant d'émerger de la production actuelle française, qu'attends-tu de cet album ?

Cet album est un premier album et sonne comme tel. Il est spontané et bourré de défauts. Je les apprécie tous.
Je n'aurai peut-être plus l'occasion d'avoir cette naïveté dans mes compositions. D'autant plus que pour la plupart de ces musiques, les mélodies me trottaient en tête depuis mes 12 / 13 ans. Je pense qu'il touchera les audacieux et les curieux, et je pense aussi qu'il pourrait bien en pousser quelques-uns à devenir curieux. Ca serait ma plus belle récompense. Il présente des fêlures de l'être que beaucoup retrouvent en eux. J'aimerais qu'il révèle au gens l'amour et la tendresse qu'ils peuvent avoir vis-à-vis de leurs propres tares. Ou bien l'inverse.





Le style de Petosaure oscille entre de l'électro de très bonne facture par définition froide, mais là tu réussis à créer des mélodies touchantes et certains titres s'en éloignent comme "La Traversée" ou "La Plage" en étant plus organiques, variant ainsi le style de l'album, quelle était l'orientation musicale à l'origine ?


L'orientation n'existait pas à l'origine. Il devait n'y avoir que la liberté. Et c'est toujours le cas. Si demain nous devons faire de la trap sur un morceau, il se fera sans aucune gêne. C'est pour ça que j'aurai du mal à définir le style de Petosaure si ce n'est chanson française, puisque je n'écris qu'en français. Je ne cache pas mon amour de la poésie de Bashung, l'insolence de Booba, la richesse de Supertramp, l'émotion de Biolay, les surprises de Mr Oizo. Disons que si je peux continuer d'écrire de la musique sous ces influences, quelle que soit son enveloppe, je continuerai d'aimer ma musique. Et c'est la seule chose qui m'importe.


Quels sont les thèmes abordés dans "Le Fantôme De L'Enfant" ?


Je crois que j'évoque mon passage à l'âge adulte. Ou plutôt de son inexistence. Je pense ne jamais le devenir et je ne sais même pas si ça veut dire quelque chose. Mais il n'y a pas de thème pour ainsi dire. Il y a une série de questionnements. Le macabre et la colère sont très présents. Je dirais qu'il s'agirait plus d'un journal d'états d'âme. Whisky et pétards aidant. Des retours sur des évènements marquant de mon enfance. Un mélange de retour au mysticisme et une croyance en la destinée. Pour tout dire je ne me comprends pas encore bien. Je dois admettre que quand j'écris, je ne sais jamais ce que je vais écrire. C'est comme si la musique était déjà là, comme un fantôme, et qu'il suffisait de se perdre dans l'ivresse par exemple, pour réussir à entendre les notes qui suivent après la première trouvée. C'est comme les paroles, la plupart du temps, je dis les premiers mots qui me viennent naturellement sans trop y réfléchir. Très souvent, ce seront les paroles définitives. Je fais confiance à mon attention, je pense être capable d'écouter de la providence.


Les paroles empruntent un peu à l'imagerie de Ange, est-ce une inspiration ? Sinon quels groupe ou chanteur te touchent et inspirent ?


C'est avec plaisir que j'ai pu découvrir Ange suite à votre question. Je n'en avais jamais entendu parler. Encore une fois je viens du metal. Je pense écrire toujours de la même manière. Rien n'a changé depuis mes 15 ans. J'aime la légende, l'extraordinaire, le subliminal, le transcendantal.
Nous avons tous un problème avec ces thèmes dans le milieu (Rires). J'ai déjà pas mal parlé de mes influences en chanson française, mais je dois avouer que ces dernières années, je n'écoute quasiment que du metal et du rap. Malheureusement le metal souffre d'une crise créative depuis l'arrivée du djent, je trouve. Je n'écoute plus que Rings of Saturn, Anaal Nathrakh, Skeletonwitch (mais je n'aime pas leur nouveau chanteur) en metal. Et en rap, beaucoup de Booba, un peu de Tempa T et récemment beaucoup de Travis Scott.
Hormis Biolay, je ne me retrouve dans aucun artiste de chanson française et c'est une bonne chose, cela me laisse très libre de création.


On ressent une pointe de Louis Chedid, Charlélie Couture voire de Bashung dans cet album ? La comparaison te parait-elle justifiée ?

Je ne connais pas Charlélie Couture. Il faudrait que j'essaye d'en écouter puisque ce n'est pas la première fois qu'on m'en parle. Louis Chedid, me rappelle énormément l'enfance. J'ai beaucoup écouté l'album "Qui de nous deux" à sa sortie... il m'a bien fait un an (Rires). Je suis donc certain que son influence vit en moi (Rires). Pour Bashung, c'est très particulier. C'est bien la seule personne que je ne connaissais pas dont la mort m'a ému aux larmes. Et je pleure encore de sa mort parfois quand je l'écoute. Souvent en voiture. J'aurais aimé le rencontrer. Ses trois derniers albums sont mes favoris et il est parti trop vite. On ne peut pas parler de comparaison avec Bashung, je ne me permettrais pas. Je ne suis encore qu'un apprenti sorcier.


Le son est d'une qualité rare pour une autoproduction, tout y est bien équilibré entre programmation et instruments, comment s'est déroulé l'enregistrement ?

Tout s'est fait au TOTA studio, tenu par Meunier et Strange Kid Armageddon, où j'enregistre depuis mes premiers enregistrement studio dans des groupes de metal (ça remonte à longtemps). Je ne travaille et ne m'associe qu'avec des frères. J'aime faire les choses en famille. Nous avançons tous dans un but commun. Si en plus cette famille compte les pros les plus ouverts et talentueux que je connaisse dans ce milieu.... que demande le peuple !





Comment envisages-tu la suite pour Petosaure ?

(Rires) Si je vous le disais vous me prendriez pour un fou. Disons, beaucoup de musique. Toujours honnête. Plusieurs ères de couleurs très variées. Une domination, pour être honnête... j'ai du mal à cacher mes intentions conquérantes. Puis un changement radical dans le monde de la musique et le monde tout court... Je préfère rester vague (Rires).


Le style de Petosaure conservera-t-il cet aspect électro ou bien s'en éloignera-t-il ?


Disons que je ne suis pas instrumentiste. Et je ne m'en sens pas capable. Je dirais donc que par nécessité, cette musique conservera toujours un aspect electro même si il ne s'agit que de la manière de l'écrire. Son interprétation se verra en revanche varier très régulièrement. Il faut que j'apprenne la guitare.


Hormis le concert avec Nicolas Kerr, des concerts sont-ils prévus prochainement ?

Point encore. Mais nous avons eu vent de quelques belles occasions à venir. Nous en saurons plus très prochainement. Et il va falloir s'y mettre. Nous n'aspirons qu'à bouffer du kilomètre pour jouer notre musique partout. Les tournées me manquent.


Quel est ton meilleur souvenir d’artiste ?


Un concert à Vigo en Espagne avec mon groupe Decades Of Despair à l'époque, où j'ai embrassé tête d'un homme tétraplégique. Puis on ne sait par quel miracle, il s'est levé pour le dernier morceau. Il va très bien aujourd'hui, et a même participé aux derniers jeux olympiques dans la section saut de haie. Il m'envoie régulièrement des nouvelles.


Au contraire le pire ?


La mort d'Alain Bashung.





Quelle est la question que tu aimerais que je te pose ?


"Quelle est la question que tu aimerais que je te pose ? " ce à quoi je répondrai certainement : "Quelle est la question que tu aimerais que je te pose ? "


Un dernier mot aux lecteurs de Music Waves ?


Rentrez chez vous, mettez l'album, et roulez un gros pétard à ma santé. Bon voyage. Love.


Merci à Calgepo pour sa contribution... et Valentin Notuan pour les photos..



Plus d'informations sur https://www.facebook.com/petosaure/
 
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