Par une soirée fraîche d'octobre,
Kera nous avait donné rendez-vous pour un concert parisien baigné dans ambiance gothique, puisqu'il se déroulait dans une petite cave sombre, humide et moite des bas-fonds de Belleville.
Depuis leur premier EP l'année dernière et leur concert mémorable au
Studio Campus - qui leur avait permis à l'époque de nous présenter leur nouveau bassiste David -, le groupe a subi quelques changements de personnel. En effet, peu de temps après cette performance, leur chanteur Flo avait brutalement quitté le navire, puis David récente recrue à la quatre cordes, devait aussi abandonner la nef Kera...
Le groupe a alors dû se remettre au travail, composer, recruter, bref aller de l'avant. Ils ont alors trouvé un nouveau bassiste, ainsi qu'un nouveau géant hurleur en la personne de Ryan. Pour cette date l'occasion était double : à la fois découvrir les prouesses scéniques et vocales de leur beugleur, ainsi que les qualités techniques de leur bassiste...
Le lieu choisi par le groupe n'était pas idéal pour qu'ils puissent exprimer leur puissance et leur énergie scénique, quant au public il était littéralement immergé dans ses bas-fonds inondés de moiteur et de sueur. Néanmoins ceci est révélateur, car si il y a de moiteur ou de la sueur, il y a de l'énergie générée par un public tout conquis à la cause
Kera, un public débordant d'énergie, image miroir d'un groupe dont l'envie d'en découdre explose dès les premières mesures. Or cette énergie était indispensable, car le groupe n'a jamais joué la sécurité.
Le show à débuté par un 'Sirens' que les fans connaissent déjà, même si Ryan se les accapare à sa manière, car là ou Flo était ancré dans des vocaux caverneux et purement death, Ryan multiplie les couleurs et les habillages vocaux. Ainsi, il passe par des intonations
hardcore, par des profondeurs infernales qui s'harmonisent avec cette cave où la déesse Décibel rugit.
Néanmoins, l'énergie ne se perd jamais, car avec 'Before You Die' c'est la guerre, il nous balance de l'épaisseur à ne plus savoir qu'en faire, si bien qu'un pogo improvisé s'organise dans la salle.
Dans les passages instrumentaux ou Ryan s'efface, la guitare d'Arthur virevolte, nous balance des phrases ultra rapides et percutantes toujours très fluides, du
sweeping impeccable et des harmonies prenantes ... bref, démontre si c'est encore nécessaire, que ce mec en a sous le pied, et qu'il peut facilement rivaliser avec un
Petrucci...
Quant à la basse, elle tabasse comme une dingue, nous expulse quelques phrases rapides, techniques et habiles. Le reste de la troupe n'est pas en reste : Thibault assure comme une bête sur toutes les rythmiques alors de Clémence nous tabasse de ses roulements de double grosse caisse ravageurs.
Puis les musiciens présentent des nouvelles compositions, dont le désormais connu 'Delusion', c'est aussi l'occasion pour leur hurleur de montrer ses talents de musicien, se libérer des oripeaux vocaux et entonner une mélodie douce et suave à la flûte (!). La formation délivre, malgré les conditions quelque peu spartiates, une prestation digne des plus grands, elle assure comme jamais et nous montre encore une fois tout le potentiel qu'elle peut déployer sur scène (aussi petite soit-elle).
Après avoir entendu leur nouvelle composition qui flirte avec le progressif, on sent que
Kera veut laisser le champ libre à son nouveau
frontman, mais veut aussi ne pas limiter son expression et ainsi expérimenter d'autres formes musicales.
Cette prestation de
Kera fut donc de très grande qualité, et nous met l'eau à la bouche pour la suite des événements dont pourquoi pas leur nouvel album.
Kera est ainsi, à n'en pas douter, un futur grand de la scène extrême française !