Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ? Je suppose qu’elle est liée au nom est-ce un hommage à Kubrick?
Flo: C’est effectivement cette question qui revient en permanence (Rires). Le groupe a été formé par Clem (ex- batteur, réalisateur de notre jaquette et cinéphile), qui a voulu rendre hommage à ce réalisateur en donnant le nom de sa dernière oeuvre à notre groupe.
Votre actu est ce premier album "Back From Hell" qui fait suite à un EP sorti en 2013, comment expliquer ce délai finalement assez long ?
Flo: Nous avons eu pas mal de changement de line-up, du coup la composition a pris un peu plus de temps. Il a aussi fallu organiser notre départ pour Los Angeles et financer la sortie de l’album (promo, pressage, etc…). Étant un groupe indépendant, on est obligés d’aller casser des cailloux aux bords des routes pour financer nos projets (Rires)
Venir à L.A., c’était un rêve de gosses qui se réalisait. La façon de travailler aux US est vraiment différente.
On peut lire ici ou là que l'album a été enregistré à Los Angeles? Qu'en est-il? Racontez-nous cette incroyable aventure?
Flo: On a déjà eu la chance de pouvoir travailler avec Charles Kallaghan Massabo qui est un prod super cool et très talentueux, et quand il nous a proposé de venir à LA, c’était un rêve de gosses qui se réalisait. On a vécu un mois complètement dingue, rencontrer des gens énormes, vu des concerts de malades, mais une chose est sûre quand la porte du studio était franchie c’était plus la même… la façon de travailler aux US est vraiment différente.
Qu'est-ce que ça vous a apporté d'enregistrer aux États-Unis?
Flo: L’enregistrement loin de chez toi c’est toujours un plus, il n’y a pas les problèmes habituels que tu rencontres à la maison du coup, tu es focus sur ton album et ça créée également des liens très forts entre les membres du groupe.
Comme je le disais la façon de travailler aux US est vraiment différente, il faut être très productif et il y a très peu de day off. Pour ma part je me prenais des journées de 12h de chant je n’en pouvais plus, c’était très éprouvant. Charles est le genre de producteur qui vas te pousser au bout du bout, si le morceau a besoin d’un hurlement de haine il saura te mettre dans un état de colère pour que tu lui donnes (Exemple : 'Waiting in Vain'). Il avait même instauré des pénalités, dès que je me plantais je devais faire dix pompes… j’avais mal aux bras à la fin (Rires) ! Mais c’était pour le bien de album, en dehors de ça c’est un très bon pote que j’apprécie énormément.
Et puis l’avantage c’est que en plus d’être dans le berceau du rock’n’roll, tu rencontres des gens qui te donnent des conseils basés sur leur expérience. Nous avons pu rencontrer Ronnie Radke (Falling In Reverse) ou même Devin Lebsack (ex-Hed-PE) : avoir une conversation avec ce genre de mecs ou même simplement les voir travailler, c’est très enrichissant.
Êtes-vous pleinement satisfaits de la production et du mixage, la chronique parle d'un son de guitare parfois un peu sourd? Qu'en pensez-vous?
Kev: Oui,on est plutôt satisfaits de la production de l’album, il ressemble vraiment à ce qu'on attendait au départ. Le son des différentes guitares peut paraître plus sourd sur certaines pistes pour laisser place à l'univers "électro" des morceaux studio, mais le set entier garde tout son impact en concert où là les instruments sont un peu plus en avant, pour retrouver l'atmosphère plus rock n' roll d'une scène et ainsi former un mélange authentique/moderne.
Est-ce qu'un peu de Lorraine s'exprime dans votre musique?
Kev: Disons qu'une fois à environ 10 000 km de chez nous, on a voulu oublier le froid lorrain au profit du soleil et de la chaleur de L.A avec des riffs dansants et entraînants . Mais bien sûr on a emporté avec nous quelques pâtés lorrains pour y ressortir le gras des "moshpart" et des riffs métal (Rires).

La chronique cite Bring Me The Horizon époque « Sempiternal » comme influence possible, qu'en pensez-vous?
Antho: Ah oui ? C'est bien la première fois qu'on nous dit ça, et je trouve ça assez flatteur pour ma part (Rires). Mais je pense que c'est un peu trop simple de ne citer qu'un seul groupe pour parler de l'inspiration de Back From Hell. À la base nous sommes tous potes mais il faut savoir que nous avons des goûts musicaux assez éloignés, et je pense que ça se ressent sur l'album. On a des guitaristes fans de metal, un batteur bercé au punk rock et un chanteur qui écoute plutôt Booba et The Doors. Le mélange nous donne des titres festifs comme 'Watch Me', plus pêchu comme 'Lisp of my Lips' ou avec une touche de mélancolie comme dans 'Lost for You'.
On pourrait y retrouver une inspiration BMTH sûrement dans le fait qu'on aime ajouter une touche électronique.
Et d'où est venue l'idée de cette pochette originale?
Flo: On voulait une pochette qui collait parfaitement avec notre style musical et au thème de l’album. Donc on a réfléchi et j’ai pensé à mettre en scène un mec qui vomissait, le problème c’est que ça faisait un peu trop Cannibal Corpse donc on a creusé et on a eu l’idée de la peinture. Ça rend le truc moins gore et ça reflète bien les moshparts puissantes et les mélodies ensoleillées.
Ensuite on a cherché un modèle, on aurait voulu prendre notre ancien bassiste (Alexis Bancel qui joue sur l’album), mais il n’était pas dispo, du coup je m'y suis collé.
"Back From Hell" peut être vu comme la biographie d’une personne ayant comme but d’entrer dans le show-business.
Y-a-t-il un lien avec le thème de l'album ? De façon générale, quel est ce thème ?
Flo: "Back From Hell" (traduction "Revenu de l’Enfer") peut être vu comme la biographie d’une personne ayant comme but d’entrer dans le show-business. Il a dû faire face à des déboires tel que des histoires de cœur, des moqueries, des manipulations, des addictions etc. Chaque morceau à son propre univers qui colle parfaitement au thème global de l’album. Les 10 morceaux racontent donc l’histoire de ce jeune ambitieux, une histoire qui se conclut par cette jaquette colorée.
En atteignant son but, le personnage se rend compte que les strass et les paillettes d’un monde qu’il imaginait comme étant le sien ne sont que des leurres pour cacher l'hypocrisie et la cruauté de ce milieu où tout peut s'effondrer en un jour.
Nous retrouvons donc sur cette cover ce dernier en train de vomir des couleurs vives qui représentent la fausse sympathie, les strass et les paillettes qui désormais le dégoûtent au plus haut point.
Il semble que vous tourniez pas mal? Quelle est la réaction du public?
Nico: Nous tournons autant que possible, c’est pour un groupe de rock/metal la meilleure façon de faire voyager notre musique avec le public! Pour ce qui est de leurs réactions… je dirais plutôt bonne. Nos concerts sont assez énergiques, on aime faire participer le public à notre show, ça crée un lien fort, et les retours sont plutôt positifs.
Est-ce que l'énergie qui se dégage de l'album passe comme vous le voulez?
Flo: Le live et le studio sont deux écoles différentes, on peut constater que certains morceaux de album se démarquent et prennent une ampleur différente en concert. 'See What I’ve Seen' en est la preuve. On a également retravaillé certains titres de manière à les faire évoluer, 'Lost For You' prendre une tournure plus dramatique et 'Watch Me' devient dix fois plus débile… le couplet de 'Boots' (Ze Gran Zeft) s’est transformé en passage rap français avec des paroles infâmes genre Booba, Kaaris etc.. (Rires)
Les publics italiens ou espagnols sont-ils comparables au public français?
Nico: Que ce soit en France en Italie ou en Espagne, nous sommes toujours bien accueillis et les gens sont enthousiastes, c’est la preuve que la bonne humeur et l'envie de faire la fête n'a pas de frontière.
C'est déjà une grande fierté en soi que de voir aboutir [cet album]. Mais c'était surtout pour nous une manière de nous affirmer.
Qu’attendez-vous de cet album ?
Antho: Eh bien, comme toute personne qui travaille dur et longtemps sur un projet, que ce soit personnel, professionnel, familial, individuel ou collectif comme nous, avant d'avoir des attentes quant à celui-ci, c'est déjà une grande fierté en soi que de le voir aboutir.
Bien entendu, tu sors un album, c'est pour le partager un maximum et que celui-ci procure autant de plaisir à nos auditeurs que ce que l'on a eu comme plaisir à le faire. Mais c'était surtout pour nous une manière de nous affirmer. De se prouver que malgré les différentes épreuves que l'on a rencontré, on a su continuer, tenir bon, et persévérer afin d'atteindre nos objectifs.
Qu’est-ce que le soutien de Dooweet a changé pour Eyes Wide Shot ?
Antho: Ca change qu'aujourd'hui on se retrouve à répondre à tes questions (Rires).Plus sérieusement, ils nous aident beaucoup sur les points sur lesquels nous, jeunes musiciens, ne sommes pas très habiles. Dooweet est un organisme doté d'une bonne analyse du marché actuel. Ils sont conscients que tout se consomme à une vitesse folle, surtout la musique. On met les stratégies les plus adéquates en place de manière à cibler au mieux nos auditeurs.
Flo: Beaucoup de très bons conseils aussi.

Quelles sont les prochaines étapes pour le groupe ?
Antho: Dans l'immédiat, un maximum de concerts. On revient d'une tournée Italie/France/Espagne pour la sortie de l'album. On va essayer de continuer sur la lancée et continuer à défendre notre galette en live. On a plusieurs projets de clips qui sont en train de se mettre en place, dont un sur la chanson "Wainting In Vain" qui va sortir d'ici très peu de temps.
Pour la suite, on est déjà sur la composition de nouveaux morceaux. Le but serait parallèlement aux concerts de pouvoir faire une belle pré-production et enregistrer un nouvel album un peu plus travaillé.
Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’artiste ?
Kev: Pour ma part, le meilleur souvenir c’est Los Angeles ! Faut avouer que se retrouver dans cette énorme ville mythique, c’était quand même complètement dingue. Repartir avec un album enregistré dans le berceau du rock et une cruiser « Dogtown» de Venice Beach, c’est un rêve d’adolescent qui s’est réalisé !
Flo: Sans hésitation ma séance studio drivé par Ronnie Radke et Charles Massabo… c’était ouf !
Nico: Moi c’est un concert durant la tournée, on jouait «'A Glimpse Of Me' et sur le refrain le public s’est mis a chanter, ça m’a fait frissonner.
Antho: Quand tes potes viennent te faire boire du jager pur pendant le show et que tu te dis "wouhouuuuuu c'est la teuf" .
Au contraire le pire ?
Flo: Au sein de Eyes Wide Shot c’est un concert au Totem de Maxeville, j’étais malade comme un chien je ne pouvais pas tenir une note juste du coup j’ai fait tout le concert en hurlant comme un possédé. J’ai fini à l’hôpital parce que je crachais du sang… et ouah, mon pote, c’est ça le rock (Rires)
Kev: Je n’ai rien qui me vient… mais oui ce concert s’était badant, j’avais mal pour Flo.
Nico: Le jour de mon anniv' on faisait un concert à Thionville, il m’est arrivé que de la merde, corde qui casse, ampli qui crame, sangle qui lâche, etc. : c’était un bel anniversaire (Rires) !
Antho: Quand tes potes viennent te faire boire du jager pur pendant le show et que tu te dis "putaiiiiiiin j'ai perdu le clik"
Quelle est la question que vous souhaiteriez qu’on vous pose ?
Flo: Je ne sais pas… « Le matin êtes- vous plutôt thé ou café? » (Rires)
Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?
Antho: N'achetez pas notre album, on peut le pirater en 2 clics sur Google (Rires)
Flo: Quel connard ce mec (Rires) ! En tout cas que ce soit gratuit ou non allez écouter notre album et n’hésitez pas à nous envoyer vos impressions. On espère vous rencontrer sur la route.
Merci à Music Waves et ses lecteurs, à toutes les personnes qui nous aiment, nous suivent et toutes les personnes qui nous détestent. Bisou !