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TITRE:
SYBERNETYKS (04 JANVIER 2017)
TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:
METAL ALTERNATIF
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Sybernetyks explique à Music Waves comment la musique, tout comme la science-fiction, permet de questionner l'humain : tout un programme !
STRUCK
- 19.01.2017 -
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Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?
Paul Darbot : Sybernetyks est un groupe trop jeune, à mon sens, pour que l'on soit déjà blasé par certaines questions (Rires). Éventuellement, les questions sur le style de musique du groupe ne m'intéressent plus tellement aujourd'hui.
Sur la pochette de votre album, est-ce l’œil unique de HAL le robot de 2001 ?
La pochette a été dessinée par mes soins faute d'avoir pu trouver un vrai graphiste à temps. N'ayant aucune connaissance en représentation graphique, j'ai surtout voulu dépeindre une machine à la fois menaçante et toute puissante. Forcément, les parallèles avec HAL sont arrivés assez naturellement. Le robot de Kubrick est devenu tellement important dans l'imaginaire collectif qu'on peut difficilement penser à autre chose quand on veut représenter ce genre de personnage.
Les ambiances de ”Dream Machine” font penser à Philip K Dick, Isaac Asimov... est-ce que ce froid mécanique est votre identité ?
Sybernetyks est né de mon amour pour la science-fiction et principalement la science-fiction littéraire. Les écrits de K. Dick sont, selon moi, indispensables pour comprendre la capacité de la science-fiction à nous faire nous poser des questions sur notre environnement, notre réalité et, surtout, notre propre humanité. Il y a énormément de K. Dick dans notre univers musical et ce depuis la création du groupe en 2013. C'est la même chose pour Asimov. Sa saga des robots n'est qu'un prétexte à parler de l'humain et de ce qui le constitue. "Dream Machine" n'est qu'un prolongement de ce genre de réflexions.
Est-ce un reflet de la société moderne impersonnelle et technologique ?
Je pense que les choses qui constituent notre société sont ce qu'elles sont à un moment "t" de notre histoire. Revenez aux années 60 et le rock avait un aspect inquiétant pour une large tranche de la population. Alors oui, Dream Machine pose des questions sur la technologie et sur tout le mal que l’accès à l’information et aux réseaux sociaux a fait à l'individu. Ce n'est en rien une critique, c'est plutôt le regard de quatre musiciens sur notre société à ce moment précis.
Est-ce un concept album, quel en est le thème ?
L'idée en faisant cet album était d'avoir une cohérence entre les morceaux sans nous limiter aux contraintes posées par le concept-album. Les douze morceaux de l'album racontent douze histoires créées par la machine à rêves, mais vous pouvez les écouter de manière indépendante. J'aime beaucoup la liberté musicale que cette solution nous procure. C'est plus un concept-album sur la forme que sur le fond car nous faisons avant tout de la musique et non un roman de science-fiction.
L’aspect électro semble être un habillage, car la musique est très metal, était-ce votre intention de garder des racines metal ? pour ne pas déstabiliser les amateurs de métal ?
Il faut savoir que, malheureusement, "Dream Machine" n'est pas toujours bien reçu par la communauté metal. C'est sans doute parce que je ne compose pas en fonction d'un style, mais en fonction du concept du morceau. Pour ce qui est de ne pas déstabiliser les amateurs de metal, apparemment ce n'est pas mission accomplie (Rires).
J'ai la chance d'être compositeur pour des courts-métrages de fiction. Je pense que l'influence musicale principale du groupe vient de là. Je pense surtout les morceaux en termes d'humeur plutôt qu'en termes de style.
On ressent aussi un combat incessant entre homme et machine, est-ce ce combat que vous avez voulu mettre en musique ?
Oui tout à fait. C'est un défi très intéressant que de mettre en scène par la musique.
L'idée c'était d'aller plus loin que simplement : "l'électro représente les machines, et les guitares représentent l'humain". De la même manière que, dans le concept de "Dream Machine", les machines ne sont pas toujours l'ennemi et les humains ne sont pas toujours les victimes.
À certains moments les samples électro vont plutôt signifier l'état d'esprit d'une personne alors que les guitares et l'aspect « metal » de la musique représenteront la violence des machines.
Toutefois votre album est très "humain", est-ce à dire que finalement vous êtes humains, que les métalleux sont humains ?
Ah ça c'est une très bonne question ! Selon moi, toute œuvre de science-fiction parle de l'humain. Ça n'intéresse que les techniciens de savoir comment fonctionne un robot. Par contre, comment un robot fait pour ressembler à un humain et interagir avec lui, ça ça intéresse tout le monde. Les métalleux sont presque les pires à ce niveau-là. Combien de textes de métal parlent de la mort, du désespoir, de la religion, etc.. ? Les métalleux sont obsédés par l'humain et ce qui le compose.
Malgré tout on sent une vraie violence insidieuse, parfois dérangeante, dans votre album, est-ce que c’était votre intention ?
C'est tout à fait notre intention. Encore une fois, nous essayons de faire ressentir les choses à l'auditeur, pas de les lui imposer. Quand j'observe le monde, je me rends compte que la violence est partout. Elle est parfois évidente, mais peut se montrer aussi plus insidieuse. Fuir la réalité comme le font les personnages de "Dream Machine" c'est tenter, souvent sans succès, de s'éloigner de cette violence.
Votre musique est directe (pas de longues envolées de guitare), avez-vous cherché la simplicité ?
J'aime l'idée que l'auditeur puisse écouter notre musique en toute simplicité. C'est le genre de musique que j'aime écouter moi-même. Des morceaux courts et qui n'étirent pas leurs propos plus que nécessaire. Je compose toujours en gardant à l'esprit que tout le monde doit pouvoir écouter notre musique. Moi-même j'écoute peu de longs morceaux de 10 minutes.
Votre musique fusionne les genres, avez-vous réussi à briser les frontières ?
En tout cas nous avons essayé. Nous avons voulu créer un genre musical à part entière et ne pas nous limiter à une question du style. L'idée c'est que les gens entendent notre musique et se disent "ça c'est du Sybernetyks". C'est, selon nous, l'aspect le plus important du travail de composition.
C'est aux auditeurs de dire si nous avons réussi à briser les frontières.
L’aspect mécanique (synthés froids) semble parfois plus violent que la guitare metal (qui semble au final plus classique), est-ce votre impression ?
Oui, c'est en effet ce que je ressens. Je pense que c'est, encore une fois, parce que Sybernetyks n'est pas un projet de metal. Nous essayons de définir notre propre style. Cela passe par l'intégration de la violence là où on ne l'attend pas forcément dans un projet comme celui-ci.
Le titre est paradoxal, est-ce qu’une machine peut rêver et acquérir une conscience d’exister... et me fait penser irrémédiablement à : ”Le robot qui rêvait”, est-ce encore une référence ?
Encore une fois, les machines ne sont qu'une manière de poser des questions sur l'humanité. Si une machine peut acquérir une conscience, qu'est-ce que ça nous dit sur notre propre conscience ? Finalement, si une simple machine peut accéder à la conscience, nous ne sommes peut-être pas si complexes que cela. Nous ne sommes peut-être qu'une version différente des compilations de 0 et de 1 sur lesquelles se basent nos ordinateurs ?
La science-fiction permet de se poser ce genre de question, c'est ce qui rend le genre aussi passionnant.
Rêvez-vous d’une musique qui soulève les consciences, qui fasse réfléchir ou qui simplement divertisse, nous mène loin comme une machine à rêves ?
Plus que ça, je rêve des deux ! Je ne crois pas aux œuvres qui vont : "changer ma vie !".
C'est un concept trop facile pour être totalement réel. Sybernetyks est avant tout un projet musical. Nous n'avons pas la prétention d'apporter une grande réponse à la vie, ni même une interprétation plus juste de la société. Nous souhaitons juste faire passer un bon moment à l'auditeur. Si notre musique l’amène à se poser des questions sur ce qui l'entoure et sur lui-même, c'est jackpot.
Avez-vous trouvé aussi l’âme de la musique, le fantôme dans cette machine ?
Si il est un fantôme, c'est dans les musiciens de Sybernetyks qu'il faut le chercher.
Comment se répartit le travail de composition car votre musique est très construite et la production de grande qualité ? Avez-vous dû vous restreindre de quelque manière ?
Généralement, j'apporte 70% des compositions. Émilien (batterie) s'occupe de les rendre plus musicales. Il a une meilleur culture musicale que la mienne et son apport permet aux morceaux de sonner plus "musique de groupe" et moins "musique de film".
Jyhell (guitare) a composé l'intégralité des solos de l'album. Nous ne lui avons donné que des pistes de composition, c'est donc uniquement son talent et sa sensibilité artistique que nous entendons dans l'album.
Pour "Dream Machine", nous avons enregistré les pistes de batterie avec Fabien Devaux (qui a notamment travaillé avec Hacride et Klone). Le mix et le mastering de l'album ont été réalisés par notre collaborateur de toujours, Quentin Regnault (Dysmorphic, AO).
Nos restrictions ont été financières pour la plupart. La musique n'est pas notre activité professionnelle principale et nous avons dû composer avec un budget très serré. Pour nous, l'objectif avec un enregistrement studio est que l'auditeur ne doit pas se rendre compte s'il a affaire à une petite ou une grosse production. Bien sûr, la campagne de financement participative sur Ulule nous a bien aidé.
Quel est l’adjectif qui qualifierait le mieux votre musique ?
Différente.
Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’artiste ?
Entre de nombreux très bon moments, je dirais que c'est le jour où nous avons reçu les versions physiques de notre premier EP, The Corporation, qui m'a le plus marqué. Nous venions enfin de réaliser un travail concret, qui pouvait se tenir dans la main. C'était un moment inoubliable.
Au contraire le pire ?
Encore une fois, il commence à y en avoir un sacré paquet. Je pense en particulier à un concert qui à eu lieu à Tours (et ça n'était pas avec Sybernetyks). Juste avant de monter sur scène, j'ai perdu la semelle de ma chaussure. J'ai dû faire toute la soirée avec les clous de la chaussure qui me rentrait dans le pied. Un bonheur.
Quelle est la question que vous aimeriez que l’on vous pose ?
Est-ce que nous pouvons mettre un morceau de Sybernetyks dans notre prochain "Star Wars" ?
Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?
Merci d'avoir lu cette interview. Continuez à écouter de la musique. Celle que vous aimez, mais aussi autre chose. La curiosité culturelle, parfois c'est douloureux, mais au final c'est toujours récompensé.
Merci à Thibautk pour sa contribution...
Plus d'informations sur http://www.sybernetyks.com/
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