C'est donc avec le groupe au grand complet que nous avons pu faire le point sur son actu brûlante mais également évoquer le statut du groupe qu'on adore le plus détester (et inversement)...
Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?
Lucas d'Angelo : Le nom du groupe, son origine (Rires)…
Et on vous la posera pas... Très rapidement, dès le premier album en fait, Betraying the Martyrs est entré dans une autre galaxie en signant avec Summerian Records que l’on ne présente plus tant c’est une référence pour les amateurs de metal progressif ou alternatif, tout du moins sortant de l’ordinaire. Quel bilan tirez-vous de cette expérience, qui continue d’ailleurs, se frotter au marché US est risqué mais doit faire grandir de manière gigantesque ?
Baptiste Vigier : Ça a vraiment été quelque chose d’énorme. Étant un jeune groupe français à l’époque, ça nous a ouvert des portes incroyables. Après, il faut savoir qu’on avSait fait 160 dates par nous-mêmes en étant non signés : cela nous a permis de débloquer Listenable puis Sumerian pour le reste du monde. Cette signature nous a effectivement bien aidé puisqu’on a pu tourner avec le
roadster du label, on est devenu très proches de certains groupes qui étaient sur ce label et on a tourné partout sur tous les continents avec des groupes de Sumerian : donc, bien sûr, ça nous a apporté énormément de ce point de vue ! D’un point de vue visibilité également, c’est un label qui est comme tu l’as dit très établi dans ce style en particulier…
C’est difficile de faire mieux surtout pour un groupe débutant…
Victor Guillet : Exactement ! On avait démarché plusieurs labels mais c’est vraiment celui dont nous espérions le plus une réponse positive et c’est ce qui s’est passé.
Baptiste : Cela nous a projetés directement sur le devant la scène.
Lucas : On a signé chez Sumerian l’été 2011, on est partis sur notre première tournée américaine au mois de novembre 2011 et en un an, on a quasiment fait 250 dates avec notamment des dates avec Slayer…
Dès qu’on a commencé à tourner énormément, certains membres originels ne
se sont pas retrouvés dans ce rythme d’être loin de leur famille…
Cela n’a pas été compliqué d’un point de vue personnel, en gros étiez-vous préparés à faire de tels sacrifices ?
Victor : Nous n’avons pas de vie personnelle (Rires) !
Lucas : C’est ce dont on rêvait : nous ne nous sommes donc pas posé de questions !
Baptiste : C’est quelque chose que nous sommes venus à réaliser un peu après en fait ! On fait ce qu’on voulait faire depuis que nous avons 15 ans : nous voulions faire 300 dates par an mais c’est vrai que c’est uniquement quand tu fais réellement ces 250 dates par an, que tu te rends compte que tu ne peux pas avoir de petites amies, tu ne peux pas voir ta famille, si par exemple, ton grand-père a une maladie, tu ne peux pas rentrer à la maison… C’est effectivement un aspect dont on ne parle pas trop et que les gens, les fans ne voient absolument pas : pour eux, on apparaît sur la scène pour faire un concert et ça termine là mais il y a tout ce qu’il y a à côté…
Victor : Cela explique d’ailleurs les différents changements de line-up dans le groupe. Dès qu’on a commencé à tourner énormément, certains membres originels ne se sont pas retrouvés dans ce rythme d’être loin de leur famille…
Baptiste : … et physiquement, c’est usant !
Boris Le Gal : Il faut bien être conscient que cette vie qui est mortelle, on l’adopte mais elle demande beaucoup de sacrifices.
Donc votre vie de famille, de couples… c’est désormais au sein du groupe !
(Rires)
Victor : On rit mais je tiens quand même à préciser que la réponse officielle est non (Rires) !
On a essayé d’écrire un album pour répondre aux exigences du milieu mais
aujourd’hui, on se rend compte des erreurs qu’on a pu faire
Musicalement quel regard jetez-vous sur votre précédent album "Phantom", un peu plus technique et proche de la scène djent, en êtes-vous toujours satisfaits un peu plus de deux ans après sa sortie ?
Lucas : Quand je réécoute "Phantom", je trouve toujours que c’est un très bon CD : il y a plein de riffs qui me font bien bouger la tête.
Le premier album "Breathe in Life", on l’a fait à la maison, entre nous, on n’était pas signés, nous étions encore des gamins, nous avions le temps… bref, on l’a fait comme ça tout en espérant beaucoup. Après, on s’est mis à écrire "Phantom" en regardant les groupes dans notre milieu qui sortent un album tous les deux ans…
Victor : Nous voulions également avoir ce rythme : nous voulions boucler un cycle de tournée, signer un nouvel album pour ensuite, repartir en tournée… On s’est donc mis à beaucoup composer énormément en tournée -on envoyait du riff, du riff et encore du riff- on composait comme on pouvait au milieu de ces 250 dates par an et avec le recul, on venait de débarquer dans ce milieu et on a essayé d’écrire un album pour répondre aux exigences du milieu, mais aujourd’hui on se rend compte des erreurs qu’on a pu faire : nous ne devons pas nous faire imposer un rythme, c’est à nous de le donner.
Pour ce nouvel album, "The Resilient", on a pesé le pour et le contre au niveau méthodes d’écriture… et on est venu à la conclusion que nous avions besoin de prendre du temps, de nous poser pour écrire…
Il y a plein de bonnes idées sur "Phantom" mais c’est comme si nous
avions plein de super ingrédients mais que nous n’avions pas la bonne
recette !
Malgré le jeune âge du groupe vous semblez déjà très matures et sûrs de ce que vous avez à faire avec une certaine assurance, et même déjà avec un mode automatique très efficace. Ce faisant vous n’avez pas eu la crainte de trop dérouler un mode de fonctionnement trop prévisible et déjà dans un moule très codifié sur cet album ?
Lucas : Nous n’étions pas en mode "automatique" : il y a plein de bonnes idées sur "Phantom" mais c’est comme si nous avions plein de super ingrédients mais que nous n’avions pas la bonne recette ! Sur le moment, ça sonne super bien mais au final, ça ne sonne pas aussi bien que ça parce qu’on n’a pris le temps de se poser, d’étudier la recette… Il y a plein de bons riffs sur cet album que nous avons composé entre la tournée, on a empilé les choses qui au final peuvent paraître un peu indigestes : je pense que c’est la critique qu’on peut faire à "Phantom" - ce qu’on accepte totalement ! D’ailleurs, on en a tiré les leçons : dorénavant, nous savons qu’écrire des riffs en tournée, ça marche en revanche, faire un album en tournée, ça ne fonctionne pas !
Sur "The Resilient", on avait des riffs écrits pendant la tournée mais on a pris entre six mois et un an quasiment "off" où nous nous sommes posés à la maison, on a repris ces riffs, toutes les idées… et on a commencé à travailler vraiment dans la profondeur en n’hésitant à les remanier. On a eu des morceaux qui étaient quasiment terminés et au moment de poser la voix, on a constaté que ça ne marchait pas du tout et on a réécrit toute la musique du refrain… Bref, on n’a pas hésité à revenir sur nos pas jusqu’à ce que les choses soient parfaites !
Pour finir avec "Phantom" vous avez repris le thème de la Reine des Neiges, 'Let it Go' fait à la demande des filles d’Aaron…
Aaron Matts : … De mes filles ? Mais je n’ai pas de fille (Rires) ! Mais c’est amusant puisque tu n’es pas le premier à me poser cette question…
Et je pense que ça continuera d’être le cas tant que le Wikipedia anglais du groupe ne modifiera pas cette fausse annonce…
Aaron : Peut-être que cela vient d’une photo faite par une amie photographe Ann Buster - qui fait un travail extraordinaire -, qui était venue avec sa fille habillée comme l’héroïne de "La Reine des Neiges" et qui m’a pris en photo avec elle… parce que non, je n’ai aucune fille (Sourire) !
[Avec 'Let it Go'] nous avons voulu faire un pied de nez à tous ceux qui se croient "true"
N’avez-vous jamais craint de vous attirer les foudres de certains voire les moqueries sans même que les gens l’aient entendu ?
Lucas : Bien sûr ! Mais nous avons voulu faire un pied de nez à tous ceux qui se croient "true" et puis aussi et surtout parce que ça nous plaisait et on trouvait intéressant à faire et le label a adoré. Ce qu’il faut savoir c’est que cette reprise devait être une face B mais le label est intervenu en poussant le morceau en avant.
A contrario, avez-vous constaté une nouvelle étape dans votre popularité grâce à cette reprise ?
Baptiste : Bien sûr, nous avons notre vidéo qui a dépassé les 6 millions de vues ! C’est clair que ça nous a aidé dans le sens où certaines personnes ont découvert notre musique grâce à cette vidéo et ensuite se sont intéressés à nos autres chansons.
Dans ces conditions, avez-vous songé à faire la reprise du titre de Justin Timberlake 'Can’t Stop the Feeling' tiré du dessin animé "les Trolls en Vogue" ?
Victor : J’aurais fait une bête de
cover de ce titre (Rires) ! Non, mais pour répondre à ta question, on s’est dit qu’on allait un peu se calmer sur les reprises.
Oui mais finalement, c’est une recette qui vous a plutôt réussi jusqu’à maintenant…
Victor : Ce n’est pas la première fois qu’on fait une
cover (on avait fait celle de 'Survivor' des Destiny’s Child dont on est très fiers), c’est quelque chose qu’on a toujours aimé faire, qui nous fait marrer, qui marche très bien sur scène…
Est-ce qu’à l’instar d’un Guillaume Bideau au sein de One Way Mirror, vous ne seriez pas tentés de reproduire l’exercice à chaque album en intégrant une reprise de ce type ?
Lucas : Non et très franchement, sur "The Resilient", cela n’aurait pas eu sa place parce que c’est un album qui s’écoute vraiment d’un bloc et c’est un album encore plus sombre et faire une
cover n’aurait eu aucun sens.
"The Resilient", c’est celui qui tombe, se blesse, se prend des coups
plein la gueule, il les encaisse, il apprend et se relève plus fort : ça
a toujours été un peu notre histoire, notre credo depuis le début
Justement, quel est le thème de ce nouvel album ?
Aaron : Il n’y a pas vraiment de thème général, chaque chanson a un thème différent mais je pense qu’il devait en ressortir un, ce serait celui du titre de l’album, les luttes que nous avons dû mener…
Baptiste : En effet, "The Resilient", c’est celui qui tombe, se blesse, se prend des coups plein la gueule, il les encaisse, il apprend et se relève plus fort : ça a toujours été un peu notre histoire, notre credo depuis le début. Et c’est plus que jamais le cas, dans le sens où ces dernières années n’ont pas été faciles -comme on l’a évoqué tout à l’heure- cette vie nous a amené à faire des sacrifices, chacun de notre côté. Et aujourd’hui, on a le sentiment d’avoir appris de tous nos malheurs et nos petites erreurs et on revient en ayant digéré tout cela.
Dans la chronique de "Phantom" nous évoquions un syndrome bien français qui veut que l’on déteste ceux qui marche dans notre beau pays et notamment en matière de musique et de heavy metal dans le sens large en particulier. Avez-vous ressenti cela à vos débuts notamment avec la sortie de l’album "Breathe In Life" qui avait pas mal divisé sur le net, avec des commentaires peu tendres ?
Valentin Hauser : Mais tout cela était programmé, nous étions en partenariat avec tous ceux qui sont tombés dessus (Rires) !
Victor : Honnêtement, quand nous parlons de "mauvaises expériences", nous ne pensons pas du tout à ça, qui a toujours suivi le groupe depuis ses débuts. En effet, si nous avions dû le prendre mal, nous aurions arrêté à un moment…
Lucas : Ça nous fait marrer plutôt qu’autre chose !
Boris : Ça fait partie de la vie d’un groupe et c’est comme ça que tu grandis et le meilleur exemple, c’est Bring Me The Horizon !
Malgré tout, êtes-vous tentés de lire les commentaires des "haters" ?
Betraying the Martyrs : Oui !
Lucas : Et comme je le disais, ça nous fait toujours marrer !
Victor : Malgré tout, il y a des commentaires négatifs que nous ne prenons pas personnellement mais nous constatons que peut-être qu’effectivement, le commentaire est un peu dans le vrai même si il est très souvent exagéré et tourné de façon blessante… Même si des commentaires blessants ne nous touchent pas du tout en revanche, il peut y avoir une critique constructive à prendre.
Tu évoquais Bring Me The Horizon, est-ce que cela sous-entend que le fait de critiquer ceux qui réussissent n’est pas un mal uniquement français ?
Baptiste : Non je ne pense pas…
Lucas : … même si en France, on est très forts pour râler et ce n’est pas que dans la musique (Sourire) !
Baptiste : Quand on voit les réactions sur le dernier Suicide Silence qui est sorti il y a quelques jours, on constate qu’aux États-Unis c’est exactement pareil ! Mais bon, ça fait parler et au final, énormément de promo pour le groupe !
L’idée est qu’avec ce troisième album -qui sort le 27 janvier- les gens vont changer de regard sur Betraying the Martyrs !
En gros, est-ce que l’adage "nul n’est prophète en son pays" s’applique à Betraying the Martyrs ?
Lucas : Je pense que l’idée est qu’avec ce troisième album -qui sort le 27 janvier- les gens vont changer de regard sur Betraying the Martyrs !
On a fait un disque dont nous sommes très fiers.
Qu’est-ce qui fait que cet album va rallier tous les suffrages ?
Lucas : Tout simplement parce qu’il est bon (Rires)… ou tout du moins, meilleur que les autres.
Tu prêches un convaincu mais qu’est-ce qui fait que tous les « haters » du groupe vont changer d’avis sur cet album ?
Lucas : Je dirais que nous avons fait un album plus vrai, plus mature, plus abordable…
Au fur et à mesure de la carrière d’un groupe, tu trouves ta voie et je
pense que sur "The Resilient", nous sommes arrivés à un point où nous
avons trouvé notre voie
Cela veut dire que les autres n’étaient pas vrais ?
Lucas : Bien sûr que non ! Mais forcément, au fur et à mesure de la carrière d’un groupe, tu trouves ta voie et je pense que sur "The Resilient", nous sommes arrivés à un point où nous avons trouvé notre voie. Les gens qui n’aiment pas cet album n’aimeront jamais Betraying the Martyrs…
Baptiste : La personne qui reste dans l’état d’esprit critique en disant par exemple que « nous cumulons les clichés du deathcore » mais oui mec, on fait du deathcore (Rires) !
Lucas : En clair, cet album va convaincre toutes les personnes qui étaient hésitantes !
Pensez-vous que le fait de délivrer un message positif a pu être un élément qui explique ce ressentiment envers votre groupe ? On dirait que pour être crédible dans notre bon vieux metal il faut forcément être dur, sataniste ou sombre et pessimiste et que porter un message humain est mal vu ? D’ailleurs récemment Gojira avec Magma a porté un message plus humain et positif et certains ont mal perçu ce message et ce changement musical…
Baptiste : C’est vrai que dans cette scène, c’est assez nouveau et c’est normal que ça choque aux premiers abords parce que les gens ne sont pas encore habitués à ça. Mais il y a de plus en plus de groupes qui proposent un message différent, Cannibal Corpse date d’il y a 30 ans et on commence à proposer autre chose.
On n’est pas obligé de brûler des églises pour faire du metal !
Bref, on peut être humaniste et faire du metal ?
Baptiste : Bien sûr !
Boris : Aux États-Unis, c’est monnaie courante avec des groupes comme Architects.
Baptiste : C’est quelque chose qui est plus développé là-bas et c’est aussi pour ça qu’on y a beaucoup tourné aux débuts du groupe alors qu’en France, nous avons tout de suite été très mal perçus en nous considérant au mieux comme des ovnis…
Lucas : Cela ne nous empêche pas d’aborder des sujets sombres notamment sur ce nouvel album, mais le faire en chansons est un exutoire et la finalité reste toujours quelque chose de positif… On n’est pas obligé de brûler des églises pour faire du metal (Rires) !
"The Resilient" est à la fois frais et varié mais aussi typique de ce que vous savez faire de mieux dans le genre death metalcore comme une sorte de synthèse de ce qu’est le groupe avec le chant clair, le growl, les passages symphoniques, ceux plus brutaux et ceux plus accrocheurs. Faire de cet album une sorte de best of si j’ose dire était un objectif en l’écrivant ?
Valentin : J’aime bien comment tu parles (Rires) !
Victor : Non parce que j’ai l’impression que dans tout ce que nous avons écrit, il y a toujours eu ces choses… c’est juste que sur "The Resilient", on est juste arrivé à mieux les exposer, mieux les mélanger, à mieux apprendre comment composer une chanson !
On a toujours eu des influences très larges, on a toujours voulu mettre toutes ces choses qui nous plaisent dans notre musique, c’est juste qu’avec le temps, on arrive à mieux mixer tous ces éléments !
Chaque groupe -qui avance et apprend des erreurs de ses albums précédents- sort évidemment l’album de la maturité à chaque fois.
Tu me forces donc à poser LA question cliché : "The Resilient", album de la maturité ?
Betraying the Martyrs : Ouais (Rires) !
Victor : On l’entend souvent mais chaque groupe -qui avance et apprend des erreurs de ses albums précédents- sort évidemment l’album de la maturité à chaque fois. Chaque album est un album un peu plus mature.
Donc rendez-vous dans deux ans pour l’album de la maturité encore plus mature…
(Rires)
Lucas : Tu parlais de
best-of mais je pense qu’au contraire, ce n’est pas juste un
best-of comme on a pu essayer de le faire sur les albums précédents. Nous n’avons pas voulu mettre toutes les choses que l’on aime, on a fait des choix qui allaient dans le sens de la chanson, c’est à dire qu’il y a des parties qu’on aime qui n’allaient pas dans la chanson et du coup, on a coupé des choses qu’on aimait dans l’intérêt de la chanson parce que ce qui compte, c’est la chanson en tant qu’unité !
On a évoqué des passages symphoniques, ce n’est pas nouveau pour vous mais on a l’impression qu’il y en a encore plus que par le passé tant ils sont parfaitement mis en avant et bien utilisés sans trop en faire. ‘Take Me Back’, ‘Resilient’ ou ‘Won’t Back Down’ y gagnent en profondeur et en grandiloquence, vous aimez ce côté aérien qui se marie bien à la brutalité du propos ?
Lucas : Ce n’est pas la première fois qu’on nous dit qu’on comprend mieux ce qui se passe au niveau symphonique… C’est peut-être parce qu’on a fait ce travail d’épuration sur chaque riff et de mettre des trucs vraiment en avant et laisser respirer : c’est pour ça que l’auditeur le ressent parce que c’est plus clair ! On en a discuté en studio mais il y a trois fois moins d’orchestration…
Victor : Il y en a trois fois moins mais quand on met une grosse partie orchestrale, on calme tout le reste. De la même façon, j’arrête de mettre des grosses orchestrations sur des riffs de guitare un peu compliqués. C’est également le cas sur les voix, si il y a un gros passage voix, on ne va pas en mettre partout… On laisse ce qui doit être mis en avant, en avant…
Vous avez arrêté de faire du Devin Townsend…
(Rires)
Valentin : Je serais heureux si on pouvait faire du Devin Townsend… Devin, si tu nous écoutes (Sourire) !
Cette technique d’enchevêtrement du sens du texte et le sens de la musique nous a permis d’éviter l’écueil du mielleux
Sinon en général vous arrivez à ce subtil équilibre, peu évident à faire d’ailleurs, entre puissance et mélodie, entre face accrocheuse et face brutale, je pense à ‘Lost For Words’ et ‘Take Me Back’ qui ouvrent intelligemment le disque est qui montrent le meilleur de ce que vous savez faire avec cette puissance qui reste accessible. Écrire de tels titres est un exercice délicat, non, puisqu'il est facile de sombrer dans le mielleux ?
Lucas : Bien sûr ! On a beaucoup travaillé sur les thèmes des chansons où les textes ont influencé la musique et vice-versa en influençant les lignes de voix…
Baptiste : Ce que nous avions jamais fait auparavant.
Lucas : Donc les thèmes qui sont plus sombres dans cet album vont forcément avoir une mélodie plus sombre, cette technique d’enchevêtrement du sens du texte et le sens de la musique nous a permis d’éviter l’écueil du mielleux.
Dans cette idée des chansons comme ‘Disconnected’ ou ‘Wide Awake’ sont aussi très efficaces et renvoient un peu vers le In Flames moderne : le groupe suédois par sa capacité à évoluer sans se renier est une référence pour vous ?
Lucas : Je me souviens qu’à l’époque - puisqu’on se connaît depuis qu’on est gamins : on a commencé à faire du metal ensemble- on a bien rôdé les albums d’In Flames.
Valentin : Le
live qu’ils ont sorti est grandiose !
Victor : Les
lives sont impressionnants et si un jour, j’arrive à proposer le même set production qu’In Flames je serais hyper heureux (Sourire) !
En même temps, tu as le temps, In Flames écume les routes depuis un bail…
Lucas : C’est vrai mais comme tu l’as dit, In Flames est un bon exemple de groupe qui a su allier puissance et mélodie de la plus belle des manières…
Et évoluer malgré ceux pour qui c’était mieux avant parce que ce n’est plus "true"…
Lucas : Exactement, on n’y avait jamais pensé auparavant mais c’est un bon exemple pour nous.
Valentin : Non mais moi, j’y pense souvent (Rires) !
Et finalement que peut-on attendre de l’album de la maturité ?
(Rires)
Victor : J’imagine qu’à chaque album, on attend le maximum mais on a toujours envie de repousser de nouvelle frontière, on est censés passer les frontières de l’Asie.
Baptiste : J’aimerais jouer dans des villes dans lesquelles nous n’avons jamais joué…
Et si vous deviez en citer une seule ?
Baptiste : Tokyo !
Victor : Le Japon est quand même un marché important…
Baptiste : … et je n’y suis jamais allé donc j’aimerais beaucoup pouvoir y jouer.
Victor : Après, j’aimerais également bien développer l’Amérique du Sud. Nous avons déjà joué au Mexique mais nous n’avons pas fait l’Argentine, Brésil…
Aaron : L’Australie.
Lucas : C’est vrai qu’on a déjà joué en Australie mais il faudrait qu’on y retourne.
Boris : Ce qui est cool avec cet album, c’est que nous allons pouvoir travailler sur une vraie tournée mondiale : normalement, on devrait pouvoir partir partout !
Vous êtes en train de dire que c’est la dernière fois qu’on vous voit ici ?
(Rires)
Victor : Non, non, on reste dans le coin encore un moment (Sourire)…
Baptiste : On a toujours fait le choix d’essayer de jouer un maximum en France, de faire des dates en tête d’affiche - ce que des groupes de notre style et de notre pays ne font pas forcément.
Lucas : On a changé plusieurs fois de
bookers français parce que c’est toujours très compliqué dans notre situation d’arriver à
booker des dates françaises avec toutes les propositions qu’on peut avoir à l’international… mais nous avons toujours mis un point d’honneur à revenir en France !
Baptiste : Il y a plein de groupes qui passent en tournée en Europe et qui ne passent pas par la France ou soit uniquement à Paris, nous voulons justement éviter cela en jouant un petit peu partout en France.
Question traditionnelle de Music Waves, quel est votre meilleur souvenir d’artiste ?
Lucas : Mayhem Festival 2012 la tournée qu’on a faite avec Slipknot, Slayer, Anthrax, Motörhead…
Que des débutants…
(Rires)
Baptiste : Et en tant que Français, avoir joué au Hellfest et avoir la chance d’y rejouer cette année : c’est génial !
Au contraire le pire ?
Victor : La même tournée à 9 heures du matin (Rires) !
Lucas : Il y a forcément des souvenirs où tu es malade en tournée…
Baptiste : Tournée pendant un mois en Europe en janvier dans un van sans chauffage avec uniquement des couvertures et la chaleur humaine.
Victor : Non mais le pire souvenir reste les 40 heures de van pour aller en Russie…
Aaron : Je suis d’accord !
On a commencé cette interview par la question qu’on vous a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ?
(Silence)…
Combien de filles a Aaron ?
(Rires)
Valentin : Pourquoi la pochette ?
Alors ?
Lucas : Pour revenir sur ce que je disais tout à l’heure, on a encaissé des coups, on saigné d’où la trace de sang mais on est toujours là, plus forts…
Merci
Merci à toi et ces très bonnes questions…
Merci à Noise pour sa contribution...