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TITRE:

DEREALIZED (24 JANVIER 2017)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

BLACK METAL



Derealized nous parle de sa musique à l'occasion de la sortie de son premier album, "Isolation Poetry", considéré par la rédaction de Music Waves comme "l'acte de naissance d'un groupe promis à un très bel avenir."
STRUCK - 06.02.2017 -
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Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?

Man : Nous sommes encore un jeune groupe, nous restons ravis de pouvoir répondre à quelque question que ce soit. Je te promets de répondre à cette question après le troisième album !


Comment un groupe si jeune peut-il enfanter un premier album d'une telle maturité ? A son écoute, on peut penser que vous travaillez dessus depuis longtemps...

Man : Merci beaucoup. Derealized est en effet une "jeune" formation mais composée de membres ayant chacun au moins 10 ans de pratique instrumentale, chacun avec une expérience de groupe et de scène, cela a aidé énormément. Notre processus de composition explique peut-être aussi en partie ce que tu décris : j'écris toute la musique pour le groupe et chacun vient ensuite interpréter ses parties avec sa personnalité. Je compose de la musique depuis tellement longtemps, j'écoute énormément de choses différentes, j'ai probablement fini par digérer une partie de la musique avec laquelle j'évolue.





L'album a-t-il été difficile à réaliser ?


Man : Par certains aspects oui : je pense que je n'avais pas pris la mesure du travail à accomplir pour avoir un album fini. Je me suis impliqué sur tous les fronts, du visuel de la pochette aux photos du livret, la mise en page, l'enregistrement, la promotion, etc. J'ai heureusement pu compter sur l'aide et le soutien de Sylvain Lucchina de Razorimages pour le visuel, Mickaël Briot de Mythrid Art pour la mise en page et les photographies et bien entendu HK du Vamacara Studio. Au final la création de cet album aura été une vraie leçon, nous avons appris énormément de choses ! Avec le temps je découvre une ou deux erreurs de jeunesse. Je suis toujours très critique et je cherche en permanence des voies d'amélioration.


Certes premier jet, vous n'en êtes pourtant pas à vos débuts en tant que musiciens. Grâce à Ignis Fatuus notamment, vous possédez déjà une expérience certaine même si Derealized est un projet d'une autre ampleur...

Man : En effet. Comme je te le disais précédemment, nous avons tous une bonne dizaine d'années de pratique instrumentale. Myriam chante depuis son adolescence, elle est passée dans quelques groupes locaux. Mat et moi jouons ensemble depuis des années, avant de nous retrouver ensemble dans Ignis Fatuus. Quant à Victorien, nous avons joué ensemble dans Diluvian. Enfin, nous avons récemment recruté Eloi Nicod, un jeune guitariste, afin de produire "Isolation Poetry" sur scène et commencer le travail sur un second album.


Très technique, "Isolation Poetry" ne sera-t-il pas ardu à retranscrire sur scène ?


Man : Nous ne nous sommes pas produits sur scène plus tôt notamment pour cette raison. L'album est dense et chaque morceau a connu d'innombrables relectures avant d'être enregistré. L'album nous a servi de validation de ces morceaux. Depuis qu'ils existent sous une forme précise, nous nous attelons à les reproduire de la façon la plus fidèle possible, et il était hors de question d'aller sur scène alors que nous n'étions pas prêts. Nous avons travaillé dur et, grâce à la finalisation d'un line up stable, nous serons en mesure de jouer "Isolation Poetry" sur plusieurs dates en 2017, à commencer par le 28 janvier à Montbéliard en compagnie de Dew Scented et Atlantis Chronicles, ou encore le 27 mai à Audincourt avec Fractal Universe et Blazing War Machine.


Le fait que le chant soit assuré par une femme constitue un élément important de votre son. Comment vous est venue l'idée de recourir à ce type de lignes vocales, lesquelles demeurent encore assez rares dans le genre ?

Man : Il ne s'agit pas du choix d'un chant féminin uniquement. La voix de Myriam me fascine depuis des années et nous parlions depuis très longtemps de créer ensemble, Derealized nous a permis de matérialiser ce souhait. Lorsque j'écris les parties, je ne fais d'ailleurs pas de concessions particulières, je sais que le chant de Myriam viendra s'insérer à sa place et apportera la dernière touche à l'ensemble.


Une question pour Myriam : est-ce plus difficile pour une femme de s'imposer dans ce registre bestial ? Quel a été ton parcours ? Qu'est-ce qui t'a donné envie de devenir chanteuse de black / death ?

Myriam : Je ne pense pas qu'il soit plus difficile de s'imposer en tant que femme dans ce style de musique, surtout que le "phénomène" est cette fois bien installé (j'ai en tête Cadaveria d'Opera IX, ou encore les Canadiennes de November Grief, au début des années 90), et que bien des chanteuses ont démontré qu'il était possible d'apporter une valeur ajoutée à un groupe avec ce type de voix. Concernant mon parcours, j'ai commencé à m'entraîner au chant à l'adolescence, et j'ai par la suite intégré une formation de black metal de ma région, dans laquelle j'ai pu développer les bases de ce qui constitue aujourd'hui mon empreinte vocale. Cadaveria, citée plus haut, m'a énormément influencée à l'époque, je trouvais ça fascinant qu'une femme puisse officier dans un groupe de black avec un grain de voix aussi malsain... Cette artiste m'a beaucoup touchée et ce fut le déclic pour moi. J'ai néanmoins voulu développer ma propre voix, et l'univers particulier dans lequel évolue Derealized est un terrain fertile.


Complexe, votre musique possède une dimension progressive. Que représente ce genre pour vous ?


Man : Le progressif est mon école de prédilection depuis toujours. Je suis un fan de Rush, Steven Wilson, Opeth, Dream Theater, Riverside, Genesis, Tool, King Crimson, etc. Je tiens toujours à m'assurer que la musique possède une narration : chaque note doit être justifiée par celle qui la précède et préparer à celle qui suit. C'est une mécanique que l'on retrouve beaucoup dans la musique progressive (le retour de la musique classique dans le rock). C'est une influence majeure de la musique de Derealized, même si nous évoluons dans un registre bien plus extrême.





L'album impressionne par la richesse de son écriture, alambiquée sans pour autant perdre ni en brutalité ni en négativité. Êtes-vous d'accord ?


Man : Merci beaucoup. C'est le postulat de départ : créer une musique complexe mais toujours intelligible, que l'auditeur puisse se l'approprier et apprécier l'univers développé sans avoir à se poser de questions. Ensuite, aux écoutes suivantes, redécouvrir des détails et que l'album ait suffisamment de profondeur pour être entendu plusieurs fois sans être lassant.


Son visuel est très beau : quel est sa signification ?


Man : La cover est le travail de Sylvain Lucchina de Razorimages (Ola Englund, Feared, Randall...), basée sur un concept que j'avais en tête depuis des années. Il a réussi à matérialiser cette image et à la porter à un stade supérieur. Je suis immensément fier d'avoir eu la chance de travailler avec un tel artiste. La cover a plusieurs sens de lecture : le personnage central pourrait être une « idée ». Celle-ci tend la main, on ignore si elle nous invite à entrer dans quelque chose de plus grand (la transcendance, l'arbre) ou si elle demande à en sortir pour commencer à vivre de façon autonome. Le masque de cerf, qui lui couvre le visage et empêche de deviner son intention, est le reflet du caractère immortel de l'idée. Une fois née, elle peut survivre à son créateur, muer au contact des hôtes qui la portent, etc. C'est en ce sens je pense que la pochette est très réussie : elle fédère sur le « beau » et pour autant, chacun peut y trouver son interprétation et se l'approprier.


Avez-vous conscience que "Isolation Poetry" place d'emblée la barre très haut ? Faire mieux ne sera pas chose aisée...

Man : Merci, mais nous nous gardons d'émettre un jugement quant à la valeur de ce que nous faisons. Nous créons avec honnêteté, sans concession. A partir du moment où la musique devient publique, elle ne nous appartient plus. Si elle trouve écho, c'est parfait, mission accomplie. Quant à la suite, nous avons encore beaucoup de choses à raconter et ce qui est certain, c'est que la musique de Derealized continuera d'évoluer. Cet album est une première brique, il vient poser les fondations du groupe et présenter son identité. Nous avons déjà des bribes de compositions dans les cartons qui viennent reprendre là où "Isolation Poetry" s'arrête. Nous continuons à travailler !


Si on devine sans doute des influences scandinaves (Opeth, Emperor etc...), on ne vous connait pas vraiment d'équivalent en France. Comment vous situez-vous au sein de la scène black metal française ? Quand on vous écoute, on a d'ailleurs l'impression que votre art n'est inféodé à aucune chapelle...

Man : Très franchement, je mets un point d'honneur à éviter au maximum les contraintes stylistiques. Les influences sont diverses et émanent de courants très différents, et tout doit venir s'insérer dans Derealized sans jamais briser l'identité et la direction artistique générale. C'est un défi très stimulant ! Le metal extrême possède des « codes » forts qu'il nous faut prendre en considération, mais il est intéressant de jouer avec afin de se dégager un espace dans lequel la personnalité du groupe peut exister pleinement. Quant à la scène black metal française actuelle, j'avoue mal la connaître. Je suis néanmoins extrêmement admiratif de Aosoth, par exemple, qui a su redonner de la « fraîcheur » à ce style tout en restant respectueux des codes inhérents au genre. Les ambiances qu'ils développent sont délicieusement glauques et prenantes...


Quelles sont vos ambitions pour ce nouvel album et quel est l’apport de Finisterian Dead End dans cette ambition ?


Man : C'est avant tout, comme je te disais, une première tuile. Finisterian Dead End vient donner une existence publique à Derealized et Laurent, le patron du label, nous apporte toute son expertise et sa volonté pour faire croître le projet. Si cet album permet d'inviter une frange des auditeurs à découvrir notre univers et qu'il nous permet de développer la suite et de continuer à avancer, il aura rempli ses objectifs. Reste à le porter sur scène !


Quels sont tes projets futurs ?

Man : Ils sont nombreux ! Je vais continuer de travailler autour des projets mis en mouvement jusqu'ici (Derealized, Whenua, Ignis Fatuus...etc) et en développer de nouveaux, dont un projet rock progressif à venir qui devrait être très sympa. A côté, l'école de musiques modernes que j'ai créées il y a quelques années continue à grandir. Mon studio, le RockBox(red), accueillera des artistes confirmés cette année encore. Si l'on ajoute quelques responsabilités et projets annexes ça et là, tu constateras que je ne vais pas m'ennuyer tout de suite !


Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’artiste ?

Man : C'est difficile à dire. La musique offre tellement de moments incroyables pour qui se donne la peine de les provoquer ! Ce serait probablement une rencontre, plus qu'un concert ou la sortie de l'album. Bien sûr, tenir entre ses mains l'objet pour lequel on s'est dévoué corps et âme pendant des mois procure une sensation particulière, de même que jouer devant un public très réactif. Mais il y a des connexions tellement profondes qui se créent entre les gens à travers l'Art, je pense que mon meilleur souvenir est l'un de ces moments. La rencontre de Myriam, celle de Mat (bassiste de Derealized), Antoine (bassiste de Whenua), Hugo (Mermet, le luthier qui confectionne nos instruments) et d'autres, chacun de ses moments me nourrit encore aujourd'hui en tant qu'artiste.





Au contraire le pire ?

Man : Il n'y en a pas vraiment : chaque expérience apporte son lot d'enseignements. Cela reste enrichissant.


Quelle est la question que vous souhaiteriez que je te pose ?

Man : Je ne souhaiterais pas ajouter de question, ton interview est déjà bien complète en l'état ! Je tiens cependant, au nom de tous les membres de Derealized, à te remercier vivement pour la tribune que tu nous accordes.


Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?


Man : Nous espérons que vous découvrirez notre album avec plaisir et que ceux qui l'ont écouté sauront vous le recommander. On se retrouve sur une scène près de chez vous, ne manquez pas nos dates à venir !


Et merci à Childeric Thor pour sa contribution...



Plus d'informations sur https://www.facebook.com/derealizedband
 
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