Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?
Dans la mesure où nous publions notre premier album, nous ne sommes heureusement pas encore lassés de répondre aux mêmes questions car il faut bien présenter Abduction. En revanche, il est vrai qu’il peut être perturbant de constater parfois que certaines personnes, même en ayant beaucoup apprécié notre musique, n’ont pas forcément saisi comme nous l’aurions pensé l’univers que nous essayons de mettre en place. Pas que cela nous gêne vraiment, mais c’est parfois un peu déstabilisant. C’est le jeu et tous les groupes passent par là, une fois ta musique publiée, elle ne t’appartient plus. Mais il est de toute manière globalement plaisant de voir certains auditeurs apporter des interprétations personnelles à notre travail, aussi éloignées soient-elles de la réalité.
Six années séparent l’EP de votre premier album. Que s'est-il passé durant toutes ces années ?
Nous avons rencontré de nombreux problèmes techniques qui ont considérablement ralenti l’enregistrement de l’album, que nous avons entièrement pris en charge, ce qui laisse beaucoup de liberté mais, revers de la médaille, pousse à perdre beaucoup plus de temps que lorsque tout est réalisé en studio professionnel par un technicien qui possède une véritable expérience et du matériel de meilleure qualité. Et puis, en 2011, Guillaume, notre premier chanteur, a quitté le groupe et été remplacé par François, et il a forcément fallu un peu de temps pour s’adapter, même si les choses se sont faites très naturellement. Enfin, nous avons entièrement repris le premier mixage de l’album, qui ne nous convenait pas, ce qui a encore allongé les choses.

Peut-on dire que le groupe a dû se reconstruire ?
En quelque sorte. Mais l’intégration de François s’est faite de manière très naturelle. Il a surtout fallu progresser sur le plan technique, nous avons ainsi énormément appris des expériences d’enregistrement avec notre démo et l’album. Nous le constatons d’ailleurs aujourd’hui, alors que nous travaillons sur notre second effort à venir : le travail d’enregistrement est beaucoup plus rapide et simple, nous savons quelles sont les erreurs à ne pas reproduire et nous maîtrisons bien mieux les logiciels. En revanche, si nous sommes ainsi en mesure de mettre en place nos démos le plus proprement possible, nous allons cette fois intégrer un studio pour toutes les étapes de l’enregistrement, et plus seulement pour le mixage comme ce fut le cas pour "Une Ombre Régit Les Ombres". Ce sera une expérience nouvelle et assurément enrichissante pour l’avenir. L’autoproduction totale est séduisante, afin de garder un maximum le contrôle, mais la vision d’un producteur extérieur est le plus souvent très bénéfique, car les musiciens ont tendance à manquer de recul sur leur propre travail. C’est ce genre de vision que nous a apporté Déhà, alors que nous avions le sentiment de ne pas avoir atteint nos objectifs seuls.
Le projet est avant tout celui de Guillaume Fleury. Peut-on toutefois parler d'un véritable groupe ?
Absolument. Si je garde le dernier mot sur tout le processus créatif en général, je serais bien incapable d’écrire ou assurer les plans de batterie de Morgan, les lignes les plus techniques de François ou encore de rédiger des textes aussi aboutis que ceux de Mathieu, qui écrit également la plupart de ses lignes de basse. Chacun trouve sa place au sein du groupe en y apportant un savoir-faire qu’il est le seul à posséder. Et s’il est entendu que je garde un certain contrôle, notamment sur les structures des morceaux et les thématiques abordées, rien n’est décidé sans l’accord de l’ensemble du groupe. Nous sommes un groupe d’amis très proches et je n’imagine pas voir notre line-up changer un jour.
Évoquons maintenant votre nouvel opus. Quel est a été le rôle de François Blanc dans sa conception ? Comment vous êtes-vous rencontré ?
J’ai rencontré François en 2010, par l’intermédiaie de Rosarius, guitariste d’Angellore (formation dans laquelle François officie en tant que claviériste-chanteur), que je connais depuis une petite dizaine d’années. Un an plus tard, alors que nous sentions que Guillaume n’était plus très motivé par l’évolution musicale du groupe, François a manifesté son envie de nous rejoindre, lui qui avait beaucoup apprécié notre démo et souhaitait de longue date s’essayer à l’exercice du chant black metal. La grande force de François, outre le fait qu’il soit capable d’assurer aussi bien un chant extrême puissant que des lignes claires expressives, est qu’il se livre sans compter lorsque vient le moment d’enregistrer, donnant toute son énergie et faisant les paroles siennes afin de les servir au mieux. S’il n’a pas écrit les lignes vocales ni les textes, il a ainsi apporté une très forte personnalité à l’ensemble. Je sais qu’il a également beaucoup appris de cette expérience, car ma manière d’écrire les lignes vocales est très différente de la sienne au sein d’Angellore, sans compter le fait que Mathieu et moi écrivons l’ensemble de nos textes dans notre langue maternelle. Sortir de sa « zone de confort » lui a ainsi montré qu’il pouvait élargir sa palette vocale, notamment en matière de chant clair hurlé. Je pense qu’il progresse d’année en année et suis impatient de le voir à l’œuvre sur le second album.
La production a été confiée à l'incontournable Déhà. Est-ce votre choix ? Qu'est-ce qui vous attire dans son travail ? Poursuivrez-vous la collaboration avec lui ?
Comme je le disais plus tôt, nous n’étions pas satisfaits du premier mixage obtenu. Nous étions secondés par un ami ingénieur du son très talentueux mais qui manquait malheureusement de matériel et d’expérience pour porter le résultat au niveau supérieur, et cela s’est avéré frustrant après tant d’années d’efforts. Un proche du groupe nous a alors suggéré le nom de Déhà, persuadé que ce dernier était capable de nous apporter ce que nous recherchions. En réalité, le problème ne venait pas du mix en lui-même, mais vraiment du rendu sonore des instruments, de l’ambiance générale. Déhà, par son expérience, a rapidement saisi où nous voulions aller et a même apporté de précieuses suggestions en matière de traitement du chant ou de la batterie. Il a ainsi apporté une atmosphère plus brumeuse et froide à l’ensemble, telle que nous l’espérions. Ses principales qualités sont sa facilité d’adaptation aux requêtes du groupe et sa rapidité d’exécution. Déhà est un passionné qui travaille H24 et ne compte pas ses efforts pour parvenir au meilleur résultat possible. Nous avons déjà décidé de lui confier à nouveau le mixage de notre second album, en cours de production.
L'album est publié via Finisterian Dead End. Qu'est-ce qui vous a convaincu de signer chez ce label ? Quelles qualités recherchiez-vous d'ailleurs en prospectant des labels ?
Nos attentes étaient somme toutes classiques, nous voulions presser notre album sous la forme d’un digipack et bénéficier d’une distribution de qualité. Notre ambition n’est pas de vivre de notre musique mais de la publier de la meilleure manière qui soit. Ainsi, sentir la passion et l’enthousiasme de Laurent, manager de Finisterian Dead End nous a confirmé tout le bien que nous pensions déjà de ce label, qui figurait en haut de notre liste « rêvée ». Il est également le seul à nous avoir proposé un entretien de visu, durant lequel nous avons pu échanger sincèrement sur nos attentes. Il a de plus accédé à notre seule requête un peu particulière, qui était que l’album soit publié à l’automne, saison qui colle selon nous à merveille à l’ambiance que développe notre musique. Son travail dépasse nos attentes puisque "Abduction" bénéficie d’une belle visibilité et que l’album rencontre un succès qui nous fait grand plaisir tant il est difficile de se dégager de la masse de sorties actuelles. De plus, nos suggestions sont toujours prises en compte et rien ne nous est imposé, le label travaillant main dans la main avec nous. Une situation franchement idéale. Enfin, nous sommes fiers de faire partie d’un catalogue aussi pertinent, Laurent fonctionnant au coup de cœur, ce qui est à coup sûr une manière très saine de travailler et offre une grande crédibilité au label.
Inspirée de Van Gogh et son "Église d'Auvers-Sur-Oise", la pochette est étrange mais très réussie. Que pouvez-vous nous dire son sujet ?
Merci ! Cette œuvre est sans aucun doute celle qui attise le plus ma fascination chez Van Gogh, même si je suis sensible à l’ensemble de son travail. Et je suis loin d’être le seul puisque je constate très souvent, lorsque je me rends dans la salle dans laquelle le tableau est exposé au Musée D’Orsay, que nombre de visiteurs s’y attardent, souvent bien plus longtemps que pour d’autres chefs-d’œuvres qui l’entourent. Celle-ci illustre de plusieurs manières le titre de l’album, la plus évidente étant l’idée de l’ombre de l’église du village, qui régit toutes les autres habitations, chacun se fixant sur son horloge pour organiser sa vie.
"Une ombre régit les ombres" : que signifie ce titre ?
L’idée peut être vue sous plusieurs angles, celui que j’évoquais à l’instant mais également d’une manière plus générale celle de l’ombre du cadran solaire, qui régit les âmes vivantes, soumises au pouvoir implacable qu’exerce le temps sur chaque être humain. L’idée du titre est d’ailleurs inspirée d’un énigmatique cadran solaire universel, présent au Mont Saint Odile, en Alsace, sur lequel est gravé en latin le texte : « Vois comme l’ombre fuyante indique nos heures, Une ombre régit les ombres, Nous ne sommes que poussière et ombres ». Il existe plusieurs autres niveaux de lecture qu’il est possible de décrypter à la lecture de nos textes, mais l’interprétation reste bien sûr ouverte.
Que répondez-vous à ceux qui trouvent vos compositions trop longues ?
Que nous ne calculons pas la durée de nos morceaux. Nous faisons les choses en nous reposant sur notre instinct et nos envies, sans nous poser la question de savoir si le résultat sera difficile d’accès ou non. Nous avons évidemment conscience du fait que ce type de musique n’est pas calibré pour plaire à tout le monde, et encore moins pour être apprivoisé en une seule écoute, mais c’est ce genre de morceaux qui nous plait et s’impose à nous naturellement. J’ajoute que le bon côté de nos divers retards est qu’ils nous ont permis de prendre du recul sur les compositions et de les faire mûrir au mieux, si bien que nous sommes aujourd’hui pleinement satisfaits de celles-ci et n’en changerions pas la moindre note.
Ceci étant, peut-on dire que l'identité d'Abduction est fortement liée à ce format étiré ?
Très probablement. Même si la durée des titres n’est dictée que par notre inspiration et qu’il peut nous arriver d’écrire des morceaux n’excédant pas les six minutes, nous aimons généralement raconter de longues histoires parsemées de nombreux rebondissements. En vérité, il n’y a aucune règle absolue concernant le format des morceaux, tout dépend de l’inspiration et de ce que nous avons à cœur de mettre en musique. Le fait que les titres de cet album soient assez longs s’est simplement imposé de lui-même. Pour résumer un peu naïvement, je dirais que nous privilégions la magie de l’instinct au calcul mathématique lorsque nous composons.

Votre musique évoque un art noir atmosphérique tout en clair-obscur. Que pensez-vous de cette description ?
C’est tout à fait juste. Jouer sur les contrastes en permanence est une chose qui nous importe beaucoup. Confronter les ambiances furieuses et nostalgiques, évoluer sans cesse de l’une à l’autre, dans une histoire remplie de rebondissements, pour atteindre une certaine forme épique. Nous ne sommes pas particulièrement attirés par les morceaux qui relateraient le même type d’atmosphère tout le long, même si nous ne nous interdisons évidemment rien à l’avenir. Mais actuellement, ce qui nous plait c’est la confrontation permanente entre rage et désespoir.
D'une longueur conséquente donc, "Une Ombre Régit les Ombres" réclame nombre d'écoutes pour en déceler tous les trésors...
C’est vrai. Comme je le disais tout à l’heure, nous sommes tout à fait conscients qu’il n’est pas facile d’apprivoiser "Une Ombre Régit Les Ombres" en une seule écoute. Il faut « faire l’effort » de rentrer dans notre univers, je pense, afin d’en saisir tous les détails. Mais c’est selon moi le propre du black metal. Cette musique n’est pas censée être facile d’accès, mais réclame de l’attention et un certain investissement. C’est une remarque qui peut paraître élitiste, surtout à une époque qui voit dix nouveaux albums sortir chaque jour et où nombre d’auditeurs consomment la musique comme de la bouffe de fast-food, mais c’est une chose nécessaire, selon moi. C’est le genre de musique qui me fascine le plus et j’aime l’idée que nous ayons dissimulé plusieurs niveaux de lecture au sein de notre musique, nos textes et même notre imagerie, et qu’il faille creuser un peu afin d’en saisir toutes les clés. C’est un travail long et éprouvant qui n’intéressera qu’une minorité de personnes, mais c’est une démarche primordiale selon nous, et nous prenons énormément de plaisir à le faire. Nous sommes d’ailleurs sincèrement ravis de l’accueil globalement enthousiaste qui a été réservé à l’album, car nous étions bien conscients que publier un tel disque en 2016 était une entreprise un peu risquée, du moins davantage qu’à l’époque où le metal n’était pas aussi saturé de sorties. Mais, fort heureusement, il y a encore beaucoup de passionnés de musique obscure en ce monde.
Malgré sa noirceur parfois orageuse, on a quand même l'impression à son écoute que les ambiances priment sur l'agressivité. Êtes-vous d'accord ?
Je suis on ne peut plus d’accord. L’ambiance m’est beaucoup plus chère que l’agressivité pure. Mon but est de mêler la rage et le désespoir en permanence, de jouer sur les contrastes, mais tout est dirigé vers une recherche d’atmosphères, davantage que vers une envie de violence pure. Nous aimons parsemer nos histoires de coups de théâtre, qu’ils prennent la forme d’une ambiance désolée ou au contraire celle d’un orage menaçant. Notre violence n’est à mon sens jamais gratuite, mais toujours au service d’une ambiance recherchant la mélancolie ou le tragique.
Votre art se veut donc très sombre. Qu'est-ce qui nourrit cette mélancolie prégnante ?
J’imagine que c’est notre sensibilité générale, puisque nous ne cherchons pas la mélancolie pour la mélancolie, préférant laisser parler nos sensations lorsque vient le moment de composer, même si les mélodies désespérées ont toujours eu notre préférence. Mais il est vrai que bien qu’Abduction soit formé de quatre personnalités différentes, nous nous retrouvons tous autour d’une vision plutôt froide et pessimiste du monde qui nous entoure, un attrait pour le passé historique, le patrimoine artistique, et plus généralement une fascination pour l’idée du temps qui file irrémédiablement, semant oubli et nostalgie sur son passage. L’idée n’est évidemment pas de prétendre que « c’était mieux avant », mais il est certain que notre passé historique nous fascine et nous inspire davantage que la société actuelle, probablement parce que nous le fantasmons un peu, bien sûr. Ne serait-ce qu’en matière d’art graphique, d’architecture ou de littérature en tout cas, notre choix est vite fait… Le côté mystérieux que porte le passé ou la forte personnalité de certaines figures historiques représentent également un attrait pour nous, à une époque où plus rien ne semble vraiment avoir de sens pour personne…Cette sensation de « fin des temps » qui caractérise notre époque rejoint d’ailleurs bien l’impression de cycles voués à se répéter éternellement, même s’il est facile par les temps qui courent de se laisser aller à embrasser l’idée que nos civilisations sont au bord de l’agonie définitive.
Vous vous affichez avec des masques. Ne craignez-vous que cet artifice, qui ne surprend plus guère, n'apporte finalement pas grand-chose à votre identité ?
Je vois bien ce que tu veux dire. Il est vrai que je commence moi aussi à saturer face à la surenchère de costumes et autres mises en scène plus ou moins réussies que présentent de nombreuses formations récentes. Il commence également à être à la fois assez agaçant et usant de voir tant de formations nommer « rituels » ce qui ne sont pourtant ni plus ni moins que de simples concerts, rehaussés de deux trois bâtons d’encens et quelques capuches… Ce terme était à l’origine utilisé par The Devil’s Blood, à ceci près que le terme revêtait réellement son sens une fois le groupe sur scène. Ses prestations confinaient réellement au mystique, elles avaient une saveur proche du « religieux » incantatoire, ce qui n’est pas franchement le cas de nombreuses formations se réclamant du même exercice aujourd’hui, celles-ci semblant davantage vouloir surfer sur un buzz qu’autre chose, le rendu de leurs prestations apparaissant parfois plus ridicule qu’autre chose… La question de la manière dont les costumes allaient être perçus nous est bien sûr apparue au moment où nous avons eu cette idée et nous savons qu’en faisant ce choix nous nous exposons à des critiques et nous privons par la même occasion probablement d’un public potentiel. Mais le fait est que lorsque tu fais le choix de publier ta musique de manière professionnelle, tu ne coupes pas à l’exercice des photos promotionnelles. Cet exercice, et c’est peu de le dire, ne nous emballait pas du tout à l’origine. Et puis, nous avons pensé qu’il serait dommage, alors que nous avons l’ambition de proposer une musique, des textes et des visuels forts en symboliques et en mystère, de ne pas fondre ce concept dans un ensemble cohérent qui comprendrait également nos photos promotionnelles. L’idée est donc ici purement esthétique, nos costumes de médecins de la peste sont le fruit d’une longue réflexion et sont pensés afin de suggérer l’univers visuel que nous tentons de développer par notre musique, ni plus, ni moins. Il n’est pas question ici de dissimuler nos personnalités, nous utilisons nos vrais noms et prénoms. De même, il est peu probable que nous ayons recours aux costumes tout le long d’un concert, même si c’est une idée qui nous séduit tout de même assez, pour le rendu visuel puissant que cela pourrait apporter, si nous faisons les choses bien. La frontière entre l’évocation et le ridicule étant toujours ténue. Une chose est en tout cas certaine, nos concerts ne seront pas des rituels.
Dans le même ordre d’idée, peut-on penser que la démarche couronnée de succès d’un Ghost vous a inspiré ?
La démarche ne nous a pas inspirés et je pense que nous aurions probablement eu cette idée même sans connaitre l’existence de Ghost, bien que nous ayons forcément pensé à ce groupe au moment d’arrêter notre choix. Il faut dire que le travail sur l’apparence visuelle n’est pas une chose nouvelle dans le monde du black metal. En revanche, il est clair que la réussite visuelle qu’a obtenue Ghost a pu nous conforter dans notre idée. Néanmoins, j’ai tout de même la sensation que Papa Emeritus semble aujourd’hui un peu emprisonné dans ce concept et qu’il aimerait probablement s’en détacher un peu. Mais la puissance visuelle que dégage Ghost depuis ses débuts rejoint mon idée de départ : arborer des costumes est une excellente idée tant que cela sert réellement la vision que tu souhaites développer à travers ta musique. Si tu ne considères tout cela que comme un gimmick destiné à faire du buzz, ce peut par contre être très gênant… Mais j’estime que si tu y crois vraiment, que la démarche est sincère et qu’elle sert une idée sous-jacente suffisamment profonde, il est intéressant d’aller au bout et d’assumer ce choix, même si cela doit t’exposer à des jugements extrêmes, comme c’est inévitablement le cas de toute démarche jusqu’au-boutiste.

Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’artiste ?
Je pense qu’il s’agit du jour où nous avons reçu nos exemplaires de l’album et réalisé que les années de galère et de frustrations étaient bel et bien derrière nous. La signature avec Finisterian Dead End reste également un grand souvenir.
Au contraire le pire ?
Probablement le jour où nous avons appris que les dernières sessions de chant de l’album étaient à nouveau repoussées de deux mois, après déjà plusieurs successions de soucis techniques et d’emploi du temps fort usants… Même si avec le recul, cela me rend d’autant plus fier d’être parvenu au bout de notre travail malgré tout…
Quelle est la question que vous aimeriez que l’on vous pose ?
Il y a beaucoup de petits détails que nous n’avons pas encore pu aborder, car nous avons vraiment voulu ne rien laisser au hasard, de la musique aux visuels, que l’ensemble forme un tout réellement cohérent. Mais il est néanmoins plaisant de laisser les auditeurs qui ont envie de creuser le faire eux-mêmes, sans avoir à révéler les moindres secrets de fabrication, ce qui reviendrait à tuer le mystère et la subtilité, deux choses dont notre monde manque cruellement. Non, en règle générale nous sommes très satisfaits de la manière dont nous pouvons parler d’Abduction. A titre personnel, j’imagine que j’adorerais qu’on me lance sur le cinéma français classique, qui est une autre de mes passions.
Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?
Merci sincèrement de votre intérêt pour Abduction. Nous avons mis énormément de passion dans notre travail et nous sommes véritablement ravis de constater que celui-ci a pu susciter l’attention, car c’était la grande inconnue pour nous, qui vivons notre musique de manière très égoïste.
Et merci à Childeric Thor pour sa contribution...