En cette fin d’hiver nous avons rendez-vous au Metaphone à Oignies pour une soirée célébrant les 20 ans de Children Of Bodom. Car même si Alexi Laiho le hurleur en chef du groupe fait toujours aussi jeune, le groupe a déjà de la bouteille. Les plus anciens se souviennent qu’en février 1997 Children Of Bodom avait fait sensation avec "Something Wild" : mélange virtuose de death metal, de black et de heavy porté par des riffs ébouriffants et un clavier faisant ressortir des influences néo classiques, ce disque avait fait l’effet d’une bombe. "Hatebreeder" son successeur avait confirmé que l’on tenait avec Finlandais la nouvelle sensation métallique. 20 ans plus tard le groupe a tracé sa route, il a pas mal évolué et laissé le son de ses débuts derrière lui tout en proposant de bonnes galettes. L’annonce de cette tournée anniversaire est une nouvelle qui fait plaisir aux anciens mais aussi à la nouvelle génération bercée par le son du groupe. Certes Children Of Bodom suit une mode nostalgique très prisée et déjà un peu usée, mais on ne boudera pas son plaisir à l’idée de retrouver tant d’excellents titres de ses débuts. Le public ne s’y trompe d’ailleurs pas et la salle affiche quasi comble, la file d’attente se fait très longue bien avant l’ouverture des portes. Le Metaphone est une salle chaleureuse, parfaitement agencée pour le public et offre des conditions techniques parfaites. Le son puissant et clair de chaque groupe le prouvera avec éclat ce soir.
Pour cette tournée, Children Of Bodom a choisi deux formations pour ouvrir les hostilités dans deux styles bien différents avec 30 minutes pour convaincre. Ce sont les Danois de Forever Still qui lancent la soirée devant un public déjà nombreux. Le groupe emmené par Maja Schonning a sorti récemment son premier album, "Tied Down". Il œuvre dans un metal moderne teinté d’alternatif comme une rencontre entre Lacuna Coil et Evanescence avec une pointe de hard rock à la Doro. Et cela va nous donner un concert convaincant qui va plaire à une large partie du public. Il faut dire que Forever Still alterne adroitement entre heavy couillu et passages plus accrocheurs. Tout cela est certes assez commercial et taillé pour les radios, mais en concert il faut reconnaitre que ces chansons passent bien. Un titre comme ‘Fight’ se taille même un joli succès grâce à un riff costaud et surtout grâce à une Maja débordante d’énergie. La chanteuse a un charisme certain, elle va chercher le public et communique pas mal. Au final elle aura beaucoup contribué à la réussite de ce concert. Vocalement elle en aura bluffé plus d’un par sa capacité à alterner entre chant mélodique accrocheur et chant plus rock. Et l’impression d’écouter un Lacuna Coil qui mixerait sa musique avec celle d’un Motörhead s’est fait ressentir. Dans la set list on retiendra encore un ‘Scars’ final très efficace et une jolie ballade en milieu de concert, moment bien choisi pour souffler et se rendre compte de la facilité du groupe dans ce registre. Forever Still aura donné une prestation sympathique, il possède un potentiel pour grimper les échelons et chatouiller les leaders de la scène et aura fait office de découverte pour plus d’un spectateur.
Le style va radicalement changer avec l’arrivée d’Oni. Le groupe nous vient du Canada et œuvre dans un death technique de haute volée teinté de djent et de metalcore avec en lieu et place d’un clavier habituel un Xylosynthé. Tout est donc réuni pour ravir les amateurs de technique. Et ils ne vont pas être déçus face au déluge de notes, de changements de rythmes et de breaks qui vont déferler. D’ailleurs dans le public plus d’un spectateur va rester pantois devant le groupe puis au fur et à mesure la mayonnaise va prendre et les pogos vont s’enchainer avec férocité dans les premiers rangs. Car même s’il faut aimer ce style très barré et laissant peu de place au fun ou à l’improvisation, force est de reconnaitre que le groupe maitrise son sujet à merveille. D’entrée de jeu on ne peut qu’être scotché par le niveau des musiciens. Au xylo Johnny ne fait pas semblant et nous prouve l’importance qu’il a au sein du groupe. Aux guitares il en va de même et les riffs s’enchainent avec une rapidité qui a de quoi dégoûter plus d’un musicien amateur. Enfin au chant Chase hurle avec véhémence dans un pur esprit death teinté de core et alterne avec un chant clair maitrisé. En fait on retrouve dans Oni l’esprit d’un Meshuggah mixé à la folie d’un Cephalic Carnage. Ces 30 minutes de concert vont en user plus d’un par une intensité qui ne baissera que très rarement. D’ailleurs un temps de jeu plus long aurait peut-être conduit à une certaine indigestion, chaque titre joué donnant l’impression d’aller encore plus loin dans la surenchère là où l’on pensait cela impossible. Et dans cette déferlante un titre comme ‘The Only Cure’ aura bien marqué les esprits. Oni a fait sensation ce soir, à la fois par sa puissance et sa technique incroyable.
Après cette bourrasque l’ambiance monte d’un cran et tout le monde attend Children Of Bodom avec impatience. Et dès l’extinction des lumières et le lancement de l’introduction on sent la fosse prête à exploser. Le groupe déboule dans une ambiance de feu et dès les premières mesures de ‘Deadnight Warrior’ c’est l’explosion. Les pogos s’enchainent dans tout les sens, le son est énorme et ce titre extrait du premier album permet de lancer le concert à merveille avec ses parties de guitares et de clavier ébouriffantes. Le groupe ne relâche pas la pression et enchaîne sans crier gare avec ‘In The Shadows’ du même album et avec un excellent ‘Needled 24/7’ tiré du très bon "Hate Crew Deathroll". Ce parfait concentré de death et de heavy emporte une forte adhésion et les premiers rangs ressemblent à un océan avec des vagues de fans en folie. Au chant Alexi est en pleine forme et il est dur de croire que ces chansons affichent 20 ans au compteur. De plus notre homme est très bavard et entre deux phrases enchaine les "fuck" comme il aime à le faire. Le concert est ainsi parfaitement lancé et l’ambiance ne va jamais retomber.
Il faut dire que les moments de bravoure vont s’enchainer sans faiblir et la chaleur va encore grimper dans une salle qui a rarement connu de tels moments de folie. Avec ‘Black Widow’, ‘Lake Bodom’ ou encore ‘Warheart’ et ‘Red In Light In My Eyes, Part 2’ Children Of Bodom fait très mal avec ces extraits référentiels de ses deux premiers disques. Les spectateurs savourent un autre extrait de "Hate Crew Deathroll" avec ‘Angel’s Don’t Kill’ qui aura fait tout aussi mal à plus d’un. Le groupe est en grande forme, la tournée commence à peine et musicalement tout le monde est exemplaire et on ne peut que s’extasier devant le niveau d’un Warman derrière son clavier. La deuxième partie du concert se lance avec un premier extrait de l’excellent troisième album, "Follow The Ripper", qui au début des années 2000 avait conforté le groupe dans le succès. ‘Hate Me’ reste un grand moment en concert, parfait classique du groupe qui fait l’unanimité dans le public.
La dernière ligne droite est ainsi lancée avec la même fureur. Et "bouquet final" est l’expression adéquate pour les 5 titres qui vont s’enchainer sans répit. Ainsi avec ‘Downfall’ et ‘Bed Of Razors’ extraits de "Hatebreeder" et l’énorme ‘Hate Crew Deathroll’ Children Of Bodom ne fait pas de quartier et ravit un public qui ne semble jamais devoir se fatiguer. Deux autres extraits de "Follow The Reaper" achèvent le tout en beauté. Retrouver ‘Everytime I Die’ et ‘Children Of Decadence’ en titre final est un bonheur pour les fans. Mais personne n’a envie de s’en aller après ce dernier titre et après un court moment le groupe revient pour deux rappels attendus. ‘The Nail’ revient vers "Something Wild" pour le plus grand plaisir de tous puis ‘Towards Dead End’ achève les hostilités de belle manière, ce titre emblématique du groupe restant un classique absolu du groupe. Les lumières se rallument tandis que la musique de fin retentit et tout le monde reprend doucement ses esprits dans la sueur et la chaleur après une belle grosse claque.
Children Of Bodom est venu et a vaincu, son idée de retour aux sources était excellente et redécouvrir toutes ces chansons en concert fut un vrai plaisir. Cette soirée restera sans nul doute dans les mémoires de plus d’un, l’affluence au merchandising le prouvant avec force. Il nous reste à remercier le Métaphone pour son accueil chaleureux et pour son excellente organisation.
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