Nous sommes désolés, nous avons l’habitude de commencer nos interviews par la question "Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?" mais pour le coup, il s'agit très certainement de la question qu'on vous pose le plus : quelle est la signification de votre curieux nom et d'où vient-il ?
David : Vicious Grace vient de Sid Vicious (chanteur des Sex Pistols) et de l’album "Grace" de Jeff Buckley. Les deux se contrastant par un coté violent et mélancolique. C’est aussi le titre du troisième volet d’une série littéraire "The Black Sun’s Daughter" écrite par Daniel Abraham.
Comment s’est forgé le groupe, nous avons lu que David et Alain avaient une formation musicale ?
Nous jouons ensemble avec Alain depuis plus de 13 ans. Au départ je cherchais un guitariste qui veuille bien m’accompagner pour jouer mes compos, et finalement nous nous sommes mis à faire quelques covers et à jouer dans les bars. On a très vite eu l’envie de composer nos propres morceaux ensemble, chose que nous avons faite avec un premier projet sous le nom de Klyde, et un album avec une écriture en français il y a maintenant 10 ans. S’en sont suivi 2 EP, cette fois en anglais, mais avec un line up changeant régulièrement, le groupe s’arrêtera définitivement en 2012. Ce sera fin 2013 que nous déciderons de nous remettre à l’écriture, et que le nom de Vicious Grace verra le jour. De là paraissent deux EP, "The Doors Inside" et "Wake Up", qui nous permettront de vraiment nous trouver, tant sur le plan artistique qu’humain avec l’arrivée d’Allan à la basse et de Gilles à la batterie.
Après 2 EP sortis, comment avez-vous composé ce premier album ? Qui apporte les idées ? Est-ce que vous composez à quatre mains ?
Suite à ces deux EP, de nouvelles compositions commençaient à arriver. Alain et moi-même commencions à enregistrer quelques idées et très vite l’envie de commencer l’enregistrement d’un album se fit ressentir. Mais pour "All My Gods Are Monsters", ce premier album, on a voulu tester le "potentiel" du groupe en terme d’affect avec notre public, souvent des gens qui nous suivent pour la plupart depuis nos débuts, et balancer une campagne sur Ulule, un site de crowdfunding, où les personnes investissent dans un projet lorsqu’elles y croient, et reçoivent des contreparties. Le financement de cet album a été bouclé en 2 semaines, chose à laquelle nous ne nous attendions pas. L’écriture a donc pu commencer. J’ai souvent l’idée d’un titre "abouti" et me suis d’avantage penché sur l’écriture de la musique pour cet album. Comme à son habitude, Alain arrive souvent avec un riff, ou deux, d’un couplet ou d’un refrain, et de là les idées me viennent. J’écris donc les parties rythmiques de la batterie, de la basse, de ma guitare, la mélodie des voix, et les arrangements machines et claviers. Alain vient ensuite poser les leads et les mélodies guitares. Pour les textes, c’est une co-écriture qui s’est faite avec Allan, et qui m’a beaucoup aidé dans leur avancement.
Cet album n’est pas un mix des deux EP précédents, ni une
synthèse, mais plutôt une affirmation dans notre style qui allie énergie
et sensibilité.
Votre premier EP était teinté de Rock US, presque californien, le deuxième incorporait des éléments plus metal, peut-on affirmer que l’album synthétise ces deux périodes au cours desquelles vous vous cherchiez peut-être encore musicalement ?
Je pense y avoir déjà répondu un peu plus haut, alors disons que cet album n’est pas un mix des deux EP précédents, ni une synthèse, mais plutôt une affirmation dans notre style qui allie énergie et sensibilité.
Vous vous revendiquez d’influences Rock des années 80-90 avec justement une atmosphère metal, quels sont les groupes qui ont forgé les membres du groupe Vicious Grace ?
Nos influences restent rock mais très variées. Elles oscillent entre des groupes comme The Cure, Nirvana, Smashing Pumpkins, les Red Hot Chili Peppers, Korn, Rage Against The Machine, Iron Maiden, Slipknot, Bring Me The Horizon, Three Days Grace…
"All My Gods Are Monsters" signifie littéralement que "Tous mes Dieux sont des Monstres", l’album aborde-t-il la religion ou les croyances comme étant quelque chose de mal ou néfaste ?
L’album n’aborde pas la religion, ou pas explicitement. L’idée était d’envoyer que tout ce en quoi nous croyons, au sens large du terme, n’est pas forcément bien, ni bon pour nous. Après tout reste subjectif, et nous préférons que chacun puisse interpréter un texte à sa façon.
La pochette est d’ailleurs très intrigante avec ce Dieu soleil qui ricane et cette femme transpercée par une flamme avec ses yeux pleins de larmes de sang et ce troisième œil ? Qui a eu l’idée et y-a-t-il une symbolique ?
La pochette a été dessinée par Eugénie Kasher, une artiste tatoueuse de Toulon dans le Var. Je suis tombé un jour par hasard sur des dessins qu’elle postait sur son Instagram, et celui-ci encore inachevé m’a captivé. J’ai trouvé qu’il reflétait merveilleusement bien les thèmes et l’ambiance de notre album.

Plus largement, quels sont les thèmes que vous abordez ?
Les thèmes abordés sont la violence, la maltraitance, le sexe, la mort, l’amour…
L’actualité est extrêmement dense notamment mondiale et plus proche de chez nous avec les attentats, est-ce un sujet auquel vous êtes sensibles dans vos chansons ?
Notre titre "Wake Up" (deuxième EP) traite de ce sujet, et nous y sommes d’autant plus sensibles que nous l’avons vécu en live le 14 juillet dernier à Nice, alors que nous donnions un concert à l’occasion de la Prom’ Party sur la promenade des Anglais.
'What We Do Is No Sin' pourrait parfaitement être un hit avec un refrain très efficace notamment, sentez-vous ce potentiel lorsque vous écrivez ?
On ne ressent pas forcement sur l’instant le potentiel "hit" d’un titre. En tous cas nous n’écrivons pas dans ce sens-là. D’ailleurs les titres qui nous paraissent les plus "accessibles" au départ ne le sont pas toujours à l’arrivée.
Nous aimons le rock pour son énergie, le metal pour ses sonorités, et la pop pour ses mélodies.
Votre musique semble à la fois très technique et en même temps très simple et limpide à son écoute, comment arrivez-vous à ce résultat ? Y-a-t-il une méthode particulière ?
Il n’y a aucune méthode pour cela, on ne calcule pas l’aspect technique ou non d’un titre. Je pense que nous faisons aujourd’hui la musique que nous sommes, et que nous savons faire. Nous aimons le rock pour son énergie, le metal pour ses sonorités, et la pop pour ses mélodies. Je pense qu’on se retrouve tous les 4 dans ce que nous proposons, et c’est ce qui fait la musique de Vicious Grace.
La façon dont on écoute la musique a évolué par rapport à une quinzaine d’années, elle semble être devenue plus un produit de consommation que quelque chose qu’on écoutait passionnément à une époque, paradoxalement, des fans semblent être bien plus présents, fidèles et plus en contact avec les artistes grâce aux réseaux sociaux et au crowdfunding, quel est votre sentiment par rapport à cette évolution ?
Je ne sais pas si l’on peut dire que les fans soient vraiment plus "présents" qu’avant. À l’époque j’aurais vendu mon âme pour pouvoir approcher mon idole. Aujourd’hui justement avec les réseaux sociaux et cet effet de voyeurisme (contrôlé) permanent, les gens ont le sentiment d’être continuellement en contact avec les artistes qu’ils aiment. Il y a donc un double effet à ce système qui fait que d’un côté cette proximité crée le lien, et paradoxalement, la distance aussi.
Vous avez d’ailleurs constitué une bonne fan base, vous êtes suivis sur Facebook par plus de 16.000 personnes, c’est très encourageant pour la suite… comment expliquez-vous ce succès ?
On ne l’explique pas. La fan base s’est très vite construite. Ce sont des gens sur qui nous pouvons compter et qui sont là à chaque fois que nous avons besoin d’eux. Nous en sommes fiers, et c’est aussi grâce à eux que notre album a pu voir le jour. Nous aimons cette « proximité » et essayons d’être présents pour eux, de répondre à chacun, et cela se fait d’ailleurs naturellement. Nous avons aussi le clip vidéo de 'All My Gods Are Monsters' qui comptabilise plus de 128.000 vues en un mois, chose à laquelle on ne s’attendait pas.
Vous chantez en anglais, est ce plus aisé pour vous de faire passer des messages dans cette langue et songez-vous dans un prochain album à incorporer des titres en français ?
Le chant est en anglais car dans notre style nous ne le voyons pas autrement. Sans renier notre langue natale, notre culture musicale s’est construite avec des groupes anglo-saxons et l’écriture se fait donc naturellement ainsi.
Le mixage de l’album est quasi parfait, où a-t-il été enregistré et mixé ?
L’album a été enregistré au studio Pop-Tone sur Cavaillon (84) et mixé au studio Warm Audio à Lyon (69) par Fabrice Boy qui avait déjà bossé avec nous sur notre EP "Wake Up". Le mastering a été confié à Nick Zampiello, et s’est fait lui à Boston (USA) au studio New Alliance Mastering
Les retours sur ce premier album semblent être très positifs (y compris sur Music Waves), qu’attendez-vous de ce premier essai ?
Je pense que l’on attend ce que tout artiste attend de son album. À savoir que ce soit un "succès" et de pouvoir le défendre sur de belles scènes en attendant le prochain.
Est-ce facile aujourd’hui pour un groupe de Rock de se faire une place au soleil (même si vous venez du sud) ? Certains groupes disent que l’essor d’internet le permet ?
Effectivement nous avons déjà la chance d’être du sud (Rires) ! Plus sérieusement, l’essor d’internet permet effectivement de se faire connaître, de pouvoir mesurer notre impact, de communiquer avec des gens que l’on n’aurait certainement jamais rencontrés autrement… De là à parler de place au soleil, on en est loin, mais le rêve nous permet d’avancer…
Des concerts ou des festivals sont-ils prévus prochainement et hors de votre belle région ?
Oui quelques dates sont prévues hors région PACA… Nous serons par exemple sur Balma (31) le 29 avril, Bourgoin-Jallieu le 27 mai, à Paris le 28 mai… mais je vous invite à consulter régulièrement nos dates sur notre page Facebook

A quoi devons-nous nous attendre pour la suite ?
Il paraît que le mieux est de ne s’attendre à rien (Rires) Pour l’instant une tournée va démarrer, on va s’y consacrer pleinement et partager au mieux ces instants avec notre public. Un deuxième clip vidéo se fera sûrement dans les mois à venir.
Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’artiste ?
Il y a autant de bons souvenirs que de mauvais et il est difficile de n’en sortir qu’un seul, mais s’il fallait choisir j’ai vraiment kiffé le jour où nous avons gagné la finale du tremplin Hard Rock Rising à Nice en juin 2016.
Au contraire le pire ?
Le pire… surement l’attentat du 14 juillet à Nice devant nos yeux alors que nous venions de descendre de scène…
Quelle est la question que vous aimeriez que l’on vous pose ?
Dans 20 ans, lors d’une interview où l’on me demanderait de choisir mon album préféré parmi les 15 albums studio de Vicious Grace (Rires) !
Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?
Keep on rocking in a free world !
Merci à Calgepo pour sa contribution...