Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?
Matthieu : Salut ! Ca va ?
Les premiers témoignages du groupe datent de 2011 et vous voici de retour avec votre deuxième album "Rock'n'Roll Ist Krieg" : est-ce que l’objectif entre 2 albums et 2 EP en 5 ans est d’avoir une sortie annuelle afin de se rappeler au bon souvenir de vos fans ?
A vrai dire, on ne se pose pas trop la question ! On fait de la musique, on s'éclate et les albums/EPs se construisent naturellement au fur et à mesure. C'est une sorte de feeling, le processus est assez long malgré tout, on joue certaines chansons depuis 2 ans, mais elles ne trouvent de cohérence que maintenant dans le dernier full-length. Après, au-delà des sorties musicales, on essaye de faire vivre l'activité du groupe avec des actus - certaines à la con, je te l'accorde. Je me rappelle, notamment d'un concours photos avec notre premier album « Rednecks Blood » avec à la clef une bonne bouteille de poivrot à deux francs six sous acheté dans un bon caviste allemand nommé Aldi ! On avait paré cette belle bouteille avec le logo Winfield, home-made ma gueule ! Un autre truc bien funky, ça a été de faire gagner un concert privé à un de followers facebookien. On essaye de sortir des albums quand on sent qu'on a des choses à proposer, on n'est pas là pour faire de la musique au rabais ! Le but est de faire plaisir au public et de rester présent sur la scène et il y a plein de biais pour cela.
Vous préférez vous enfermer plusieurs semaines dans un studio/une salle de répétition pour composer, ou bien la plupart de vos idées viennent sur la route, entre deux concerts ?
La plupart des idées viennent de chez Fabien (chanteur/guitariste), après je t'épargne les détails. On aime bien les travailler longuement en répétition, trouver des arrangements. On s'astreint à un rythme régulier afin de pouvoir transcender des riffs et réussir à proposer des chansons conséquentes et construites.
Le processus de création est collégial, ou bien chaque membre est cantonné à un rôle plus précis ?
La tête pensante du groupe est Fabien, mais chacun peut amener sa pierre à l'édifice. C'est ça qui fait la force du groupe, chacun a son mot à dire. Chaque membre a sa patte, si demain le line-up change, notre musique sonnerait sans doute différemment.
Winfield n'a pas peur de s'attaquer à des structures longues (le final 'You Make Me Sick', par exemple). Quelle est la recette pour qu'un morceau puisse demeurer intéressant pendant sept minutes ?
Aucune idée, ça vient comme ça. On ne se pose pas de question, ça doit venir de nos influences diverses… On évolue dans un milieu assez peu calibré pour les grandes ondes radio, du coup on ne se fixe pas de limite, ça nous permet de développer un maximum nos chansons. Il me semble que l’important c’est que ça reste catchy. Pour "You Make me Sick", on avait envie de partager une partie de notre album avec des gens qu’on estime musicalement, du coup on a proposé à Yann de Loudzo d’apporter quelque chose à ce morceau avec son Hammond. On a laissé libre cours à son imagination, et tu peux d’ailleurs entendre des arrangements de guitare au e-bow également par ses soins. Tu peux jouer le même riff 3 minutes, pour peu que tu saches en faire quelque chose.
La plupart de vos titres sont toutefois porteurs d'une immédiateté qui doit prendre toute son ampleur en concert. C'est cette énergie du live que vous avez essayé de capter au maximum sur "Rock N Roll Ist Krieg" ?
Winfield a toujours été un groupe de live, c'est sur scène qu'on a conquis la plupart des gens qui nous suivent aujourd'hui. On pense tous que la musique est avant tout un plaisir qui se partage devant un public. C'est là que tu prends la mesure des choses. Le live c'est une ambiance, une énergie et je crois que c'est le meilleur moyen de découvrir des groupes. On a cette volonté d'essayer de retranscrire ça sur nos productions. Bien sûr le studio nous permet de faire énormément d'arrangements, mais on ne veut pas d'un produit aseptisé. Notre son reste brut et vrai et on invite tous ceux qui ne nous connaissent pas à venir nous découvrir sur scène.
Qui a réalisé le clip de 'Kingdom Of Gold'? Est-ce quelque chose qui vous tenait particulièrement à cœur?
Le clip a été réalisé et co-écrit par Gargouilles Production, notre boîte de prod. Ils nous suivent depuis quelque temps maintenant et ont réalisé tous nos clips. On leur fait confiance à 100%, on travaille vraiment bien ensemble. On s'est d'ailleurs trouvé par hasard pendant un concert ! Et c'est ce que je te disais, ça a tout de suite été le coup de foudre pour eux ! Blague à part, on leur reste fidèle, ils nous ont toujours soutenu dans nos projets jusqu'ici, qui plus est ce sont des professionnels de l'image et je vous conseille d'aller faire un tour sur leur page et leurs autres réalisations.
La scène hard-rock française semble retrouver des couleurs depuis quelques années. De quels groupes vous sentez-vous le plus proche stylistiquement ? On imagine que vous connaissez plutôt bien les gars d'Headcharger...
Je crois que la scène rock en général se porte plutôt bien dans l'Hexagone en effet, pour peu qu'on se donne la peine d'être un peu curieux. Ta question n'est vraiment pas évidente, Headcharger on les connaît plutôt bien et on a déjà eu le plaisir de partager la scène avec eux. C'est vraiment un sacré groupe et la proximité géographique de nos formations respectives amène forcément une comparaison. On s'est d'ailleurs souvent dit "on veut être comme ces gars-là", faut dire qu'ils ont un beau CV, tant discographique que scénique ! Après, notre style se marie aussi bien avec des groupes hard-rock, que stoner je crois.
Les grains de voix de Fabien Blier et de Sébastien Pierre présentent de véritables similitudes. En avez-vous conscience ?
Non ! Et pour être franc, je crois que tu es le premier à nous le dire !
Justement est-ce à dire qu’il existe un village d’irréductibles Normands qui sont tombés dans la marmite du hard rock ?
On a eu l'occasion de rencontrer énormément de bon groupes à travers nos concerts ici et là en France (Dog'n'Style, Seeds of Mary...). Mais c'est vrai que notre belle région se porte plutôt bien, on se rend compte qu'il y a plein de formations depuis quelques années. Je citerais Missingmile, Loudzo, DAAD avec qui on a partagé pas mal d'affiches et j'ai l'impression qu'il y en a de plus en plus. En plus de cette profusion, la qualité est franchement au rendez-vous, Caen est loin d'être une ville morte et je crois que tu peux te taper des bons concerts toutes les semaines !
Si nous devions souligner un seul principal défaut qui vient cependant d'une production assez étouffante, la section rythmique prenant parfois un peu trop les devants au détriment du reste. En avez-vous conscience, est-ce volontaire et si non, comptez-vous modifier cela à l’avenir ?
Pour le coup, je vois ce que tu veux dire. Avec BBQ SAUSAGE PARTY, notre précédent EP, on a bossé avec Yannick Dilly, de Nevermind Record, qui a réussi à retranscrire cette énergie live dans notre son. Et vu que pour nous "Rock’n’Roll Ist Krieg" est la suite logique de BBQ, il allait de pair qu’il fallait qu’on reste avec ce type de son. Un son brut, épais, et loin d’être lisse. Ça peut surprendre quand tu as l’habitude d’entendre des prods américaines comme pour Black Stone Cherry et Alter Bridge (qu’on adore), mais pour nous l’album devait sonner « raw », comme ils disent dans le black mEtal. Après, on va surement changer de son sur les prochaines productions voire peut-être aller essayer d’autres studios, mais pour cet album il fallait ce son. Ça nous correspond. C’est Winfield. C’est gras, c’est sale, mais c’est ça qu’on aime.

Qu’attendez-vous de cet album avec le soutien de Dooweet ?
On espère avant tout que l'album plaira, on a vraiment mis du cœur à l'ouvrage. On s'est entouré de Dooweet pour essayer de toucher un toujours plus large public, en France et ailleurs. Qui plus est, il n'est pas toujours facile de sortir de son coin sans le soutien de professionnels. Cette collaboration nous permet de toucher plus de médias et par conséquent plus de fans de rock. On a envie de pouvoir défendre cette album dans le plus de salles possibles. On essaye de mettre toutes les chances de notre côté pour que les personnes susceptibles d'aimer notre musique puissent découvrir notre univers.
Quels sont vos objectifs en termes de tournées pour cette année 2017 ? A quoi devons-nous nous attendre pour la suite ?
Sur les prochaines semaines, on va terminer la première partie de notre tournée 2017. Faire notre release party chez nous, avec notre public, qu’on a délaissé depuis trop longtemps, puis aller jusqu’au Luxembourg, en passant par Rouen, et quelques rassemblements de notre région. Ensuite on va prendre quelques semaines pour le tournage d’une nouvelle vidéo et reprendre la route en fin d’année. On est actuellement en train de monter notre tournée d’octobre, sur laquelle on cherche à partir vers l’Est (Allemagne, Belgique, …) pour aller faire la teuf dans des coins où on est rarement allé. Et parallèlement, on commence à composer pour la suite. "No sleep ’til the End", comme disait Lemmy! T’as pas fini d’entendre parler de nous !
Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’artiste ?
Il y en a beaucoup de très bons. Déjà le temps qu'on passe tous les quatre sur la route, je crois que ça marque notre identité en tant que groupe. Ensuite la plaisir de partager la scène avec des groupes comme Nashville Pussy, Mass Hysteria... Mais s'il ne devait y en avoir qu'un, je crois que c'est un concert au Big Band Café en 2015 avec Missingmile et Loudzo. Cette soirée a marqué un tournant pour nous, on a pu faire ce concert grâce à des gens qui ont toujours cru en nous et qu'on ne remerciera jamais assez. C'était clairement de la folie, un public en feu et Fabien qui finit en slam sur un matelas gonflable en arrosant le public de Jack Daniels.
Au contraire le pire ?
Ce n'est pas que je ne veux pas te répondre, mais j'ai du mal à trouver. Même quand on fait 500 bornes pour jouer devant 7 personnes on arrive à bien se marrer. Bon c'est vrai que de temps en temps tu te retrouves à dormir dans des endroits bien glauques, avec des afters assez étonnants, mais avec du recul ça en fait des bons souvenirs.
Quelle est la question que vous aimeriez que l’on vous pose ?
Un gang bang Winfield, ça vous branche?
Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?
Merci d’avoir pris le temps de nous lire. On espère que ça vous aura donné envie, et à quand vous voulez à un concert ou autour d’une bière. Et n’oubliez pas de rentrer couvert, même si maman n’aime pas le latex !
Merci à Axel_D pour sa contribution...