Nous sommes de retour à Raismes en ce début Septembre pour la 19ème édition du Raismes Fest. Contre vents et marées et dans un fort contexte concurrentiel le festival nordiste résiste encore et toujours pour nous proposer des concerts variés. Cette année le festival a évolué avec deux jours pleins, le samedi 9 et le dimanche 10 Septembre et une seule scène principale. Mais que l’on se rassure, les groupes "découverte" sont toujours là intégrés à la scène principale et venant du tremplin Ch’ti Rock Festival’ de Barlain que nous avions couvert. A côté nous retrouvons des grands noms de la scène hard rock, preuve qu’un festival à taille humaine peut attirer des formations reconnues. C’est donc dans le cadre toujours charmant du Château de la Princesse que les hostilités commencent dès 13h . Sans scène découverte le festival a été réaménagé avec un petit village regroupant le merchandising et les stands de nourriture et de dédicaces devant la scène pour un confort optimal. C’est un groupe découverte qui a l’honneur de lancer le festival. Et force est de constater que donner à ces groupes la possibilité de fouler une grande scène est excellente puisqu'elle les positionne sur le même plan que les groupes reconnus. Le fidèle Bertrand est au rendez-vous pour présenter les groupes avec humour et précision.
Ev’Sane nous vient de Lille et continue de promouvoir son premier album, "Autopsy Of My Soul". Devant la scène c’est encore clairsemé mais les fidèles sont au rendez-vous devant la barrière. Le groupe va nous plonger pendant 30 minutes dans un thrash moderne couillu qui va coller une claque à l’assistance. Entre Lamb Of God et Machine Head le groupe ne fait pas de quartier. Mais il sait aussi tendre vers un heavy typé 80’s pour le plus grand plaisir d’un public friand du genre. On a apprécié des riffs proches d’un Maiden, au chant Rip est excellent avec un ton puissant proche du ton métalcore avec une sacrée virulence. Ev’Sane aura été plus qu’une mise en bouche, son mix musical en aura séduit plus d’un. Le groupe a montré une belle envie de bien faire et de tout démonter, et avec cette solide prestation il ne fait nul doute qu’il se sera fait des nouveaux adeptes.
Headblaster ne pouvant se produire, les organisateurs sont allés chercher Night qui accompagne Dead Lord sur sa tournée européenne. Devant un public plus fourni, le groupe va faire un carton avec son heavy 80’s. Les Suédois ont un esprit vintage remarquable qui va chercher autant chez U.F.O. que chez Iron Maiden que ça soit pour le chant haut perché ou par les riffs. Pour ce premier concert en France ils vont convaincre : d’entrée avec ‘Into The Night’, le public est séduit puis avec ‘Surrender’, ‘Gunpowder Treason’, Stand Your Ground’ ou le heavy ‘Running In The Night’ le groupe confirme un talent énorme en matière de heavy classique. Les organisateurs ont eu le nez creux avec Night, le groupe a été une belle découverte pour beaucoup et cela confirme le côté découvreur de talents du Raismes Fest.
Après cette claque nous retrouvons Black River Sons, autre formation qui avait ébloui le public de Barlain. Juste un an d’existence, un seul EP et pourtant les Lillois se sont déjà fait un nom en portant la parole hard blues sudiste partout où ils passent. Raismes ne va pas faire exception, chaque membre du groupe porte en lui cet amour du genre qui nous renvoie à Thin Lizzy ou au Whitesnake des débuts. Emeric possède une voix rocailleuse comme on aime et le ton hard blues nous plonge droit dans les 70’s. Le public adhère à fond, ressentant dans cette musique l’héritage d’une époque dorée. Avec de plus un bel esprit sudiste, Black River Sons a fait planer sur Raismes une chaleur très forte portée par des musiciens talentueux. Plus d’une fois pas mal seront bluffés par cet esprit jam dans de longs passages instrumentaux très maitrisés, ‘Wheels Of Fortune’ notamment avec cet esprit sudiste. Les amateurs ressortent ravis de ce concert et on ne peut que souhaiter longue et bonne route à ce talentueux groupe.
Dernier groupe issu du tremplin de Barlain : Jester Smokebreak. D’entrée avec son hard glam teinté de rock’n’roll les Rennais envoient la sauce avec conviction et se mettent le public dans la poche. Après les 70’s on navigue dans les années 80 avec l’impression de retrouver Guns And Roses ou Skid Row. Le groupe va mettre le feu avec cette demi-heure maitrisée. Au chant Hugo a une gouaille typique et surtout avec un charisme certain il communique avec le public en allant se frotter à lui de près. Avec des brulots comme ‘We Are The Jesters’, ‘Lion Noir’ ou encore ‘Valuable Animals’ il a mis le feu dans un esprit qui fait remuer la tête et taper du pied. On ne peut qu’admirer le talent des musiciens avec des riffs marquants et une rythmique imparable. Jester Smokebreak est une formation prometteuse pleine de feeling qui monte en puissance et qui nous a délivré un superbe concert.
Avec Aymeric Silvert on retrouve l’ex Century Scream qui a joué au festival en 1998 et qui depuis mène sa barque en solo et en accompagnant de grands noms comme Steve Lukather. Et comme ce modèle glorieux il va nous proposer un set riche et varié, tapant aussi bien dans le metal que le rock, le blues ou le prog. Aymeric est un guitar hero comme on aime, brillant, passionnant à écouter et jamais pompeux ou démonstratif. Sa voix rocailleuse fait merveille et l’ensemble s’apprécie grandement, la technique tout comme les très belles mélodies. Avec ‘Eternal Bliss’, Aymeric signe même une superbe chanson, accrocheuse et puissante avec un excellent refrain dans un ton proche d’Alter Bridge. Pendant le concert Aymeric fait participer le public dans un esprit frais et sympathique et sort un joli solo clin d’œil à Pink Floyd avec feeling. Avec ce concert on a apprécié la force d’Aymeric pour mixer les styles. Cet excellent moment continue une journée sans fausse note.
Malheureusement pour Band Of Gypsies le ciel choisit le début de son concert pour nous balancer une pluie battante. Malgré ces conditions et devant un public clairsemé en attendant une accalmie, le groupe ne se démonte pas et se lance dans un show hommage à Jimmy Hendrix qui va en épater pas mal. On retrouve dans le groupe des virtuoses avec Hassan Hadji à la guitare et Benoit Cazzulini à la batterie, tous deux membres d’Ange avec Jean-Christophe Bauer à la basse. L’énergie est au rendez-vous, l’envie également et le groupe brave le temps avec fougue et gagne les faveurs d’un public qui petit à petit revient vers le devant de la scène. Tout l’esprit d’Hendrix est là, dans un pur esprit 70’s mais avec une touche personnelle. En 11 titres Band Of Gypsies va faire un tour de la carrière du maître, ‘Foxy Lady’ est là bien sûr mais aussi ‘Spanish Castle Magic’, ‘Stone Free’ ou ‘Voodoo Child’ et ‘Freedom’. En fin de concert le groupe va achever tout le monde avec un énorme ‘Purple Haze’. Programmer aussi haut un groupe de reprises était un pari mais il est gagnant : la formation nous a fait voyager dans le temps avec talent.
Avec Dead Lord nous repartons dans le hard rock vintage, en 5 ans à peine et déjà 3 albums les Suédois ont pris le train du renouveau du genre dans un pur esprit Thin Lizzy. Dès l'entame avec ‘Too Late’ on plonge dans le passé, le public est bien présent devant la scène et adhère à fond à ce hard rock remuant qui fait taper du pied avec classe. Ce concert va être un sacré moment, ce quatuor a un feeling fou et chaque solo dans un esprit hard rock à l’ancienne est très apprécié. Ainsi de de ‘Kill Them All’ à ‘No Regrets’ en passant par ‘Hank’ et ‘Returns’ Dead Lord ravit un public amateur du genre et qui prend son pied à l’écoute de ces superbes chansons. Enfin ‘Hammer To The Heart’ achève une prestation chaleureuse et haute en couleur et qui voit Hakim aller au contact des premiers rangs du public. Dead Lord a frappé un joli coup en ce début de soirée, cette prestation restera dans les mémoires de pas mal de gens et est à placer dans le top de la journée. Clairement le groupe possède un gros potentiel pour aller haut rapidement.
Avec Vanden Plas la première tête d’affiche s’avance. Les Allemands sont de retour après le rendez-vous manqué de 2011 et leur passage en 1998. Parfois oublié après des années florissantes le groupe reste une valeur sûre du métal progressif avec un force mélodique très prenante. Ce soir il réussit un joli tour de force, il a joué à Atlanta deux jours avant et il brave le décalage horaire pour nous ravir. Ceci explique une petite fatigue chez les musiciens mais qui ne gênera pas un public sous le charme d’une parfaite interprétation. Et Vanden Plas va faire fort d’entrée avec deux extraits de son référentiel "Far Off Grace", ‘Into The Sun’ et ‘I Can See’. En conteur d’émotions Andy Kuntz est parfait et ses acolytes sont brillants, on ne peut qu’apprécier la finesse du travail à la guitare et aux claviers. Vanden Plas n’a rien perdu de son charme avec un concentré de metal progressif costaud et mélodique.
La suite du concert va confirmer cette belle santé, extrait de "Chronicles Of The Immortals" sorti en 2014 ‘Godmaker’ est la preuve que Vanden Plas garde une sacrée santé artistique. Andy est au top et derrière la mélodie de clavier fait merveille. Avec ‘Holes In The Sky’, ‘Scarlet Flower Fields’ et ‘Frequency’ le groupe balance d’excellents extraits de sa riche carrière. Sur ‘Frequency’ le break aux claviers aura été très fort émotionnellement. Avec ‘Stone Roses Edge’ on retrouve un extrait du nouvel opus, la deuxième partie de "Chronicles Of The Immortals", tout aussi splendide. Enfin ‘The Final Murder’ et ‘Postcard To God’ achèvent un excellent concert avec une sensibilité à fleur de peau. Vanden Plas a marqué les esprits avec cette prestation et montre qu’il reste un grand de métal progressif classieux.
Après ce grand moment, place à la tête d’affiche. En 2014 D.A.D. avait fait très forte impression. Les Danois avaient mis le feu avec un leur hard rock complètement fou, d’une énergie folle et servi par des musiciens hors normes. Le groupe va faire honneur à son statut avec une prestation très maitrisée proposant un joli patchwork de sa carrière. Le public est bien présent malgré l’heure tardive et un froid piquant, et d’entrée commence en fanfare avec ‘Riskin’it All’. Derrière sa basse et habillé en biker steampunk, Stig Pedersen attire tous les regards. Ce soir il n’utilisera que deux modèles de basse de son invention mais son dynamise a encore fait merveille. Tout le début du concert est une réussite, D.A.D. est en forme et les morceaux de bravoure s’enchainent. Ainsi ‘Evil Twin’, ‘Girl Nation’ ou encore ‘Monster Philosophy’ et son énorme refrain remportent un franc succès.
Avec ‘Soulbender’ et ‘A New Age Morning In’ le groupe nous montre sa face alternative et le résultat est tout aussi excellent. Moins fous, les musiciens sont concentrés et montrent la variété de leur répertoire. La deuxième partie du concert est tout aussi prenante : avec ‘Riding Sue’, ‘Everything Glows’ ou encore ‘Jihad’ le groupe revisite sa carrière pour notre plus grand bonheur. Avec ‘Scare Yourself’ il fait un joli carton, le titre est largement allongé et permet à Jesper d’aller au plus près du public. Enfin ‘I Want What She’s Got’ achève le tout en beauté. Mais tête d’affiche oblige, le groupe revient rapidement pour un rappel brulant. Dans celui-ci ‘Sleeping My Dad Away’ et ‘It’s After Dark’ auront cartonné, prouvant toute la force mélodique du hard rock du groupe. Avec ce show brillant D.A.D. a fait un carton, avec une inventivité hors normes et un grand sens de la mélodie. On ne peut que remercier le Raismes Fest de nous avoir permis de savourer un concert complet de ce groupe rare et précieux.
La journée a été riche et il est déjà fort tard quand l’heure de s’en aller arrive mais personne n’est rassasié et le riche programme du dimanche donne l’envie de vite revenir dans l’enceinte du château.