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TITRE:

RUFUS BELLEFLEUR (16 OCTOBRE 2017)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK



Rufus Bellefleur, le fantôme du bayou, est venu hanter Music Waves pour la sortie de son troisième album "Electricity For The Coliseum".
NEWF - 02.11.2017 -
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A peine remis de la crise de 1929, Yuz (Youssef Dassouli, multi-instrumentiste et compositeur) et Ju (Julien Cassarino, chanteur) ont répondu à nos questions.


Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?


Yuz : « Comment définiriez-vous votre style indéfinissable ? »  Cette question est vraiment compliquée pour nous. Si on s’y essaye, non seulement on y passe des heures mais en plus on est vite frustrés en se relisant.


Rufus Bellefleur, le fantôme du Bayou, revient après trois ans d’absence et semble avoir quitté sa Louisiane natale pour un univers plus urbain pendant la crise de 1929. Quelle était l’idée de départ ? Etablir un parallèle avec notre époque actuelle ?


Yuz : En fait les albums de Rufus Bellefleur sont basés sur des dates. Dates qui sont censées poser l’état d’esprit et l’univers dans lesquels doivent évoluer nos albums. Et il se trouve que ça fait des années qu’on sait que Rufus se posera en 1889 (« Groovin Tales from the Gator Blaster » le Bayou, Tom Sawyer, etc), en 1901 (« Temples, Idols and broken bones » l’exposition universelle, le tour du monde en 80 jours…) et en 1929 (« Electricity for the Coliseum » Le crash boursier, la Taylorisation, les mégalopoles…). On n’établit donc aucun parallèle avec l’actualité. On fait juste appel à ces époques pour nous inspirer de nouveaux albums.


Avez-vous utilisé les mêmes recettes que sur les albums précédents pour les compositions, à savoir Yuz (Youssef Dassouli) principal compositeur et Julien Cassarino à l’écriture des textes ?

Yuz : C’est toujours strictement la même méthode. Le même lieu. Le même matos. Les mêmes rituels.  Ca frise la superstition, cette histoire.





L’univers du cinéma est inhérent à l’univers de Rufus. Pour l’album précédent « Temples, Idols And Broken Bones », Julien avait déclaré que le film de référence était « Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin » de John Carpenter. Quel est le film de référence pour « Electricity For The Coliseum » ?

Ju : Je citerais plusieurs films : "Metropolis", "Les temps modernes", et "Sunset Boulevard".


1929 est l’année de naissance de Sergio Leone. Le concept Rufus Bellefleur est-il le « Il était une fois en Amérique » de Yuz et Julien ?

Ju : C'est un excellent choix ! Puisse-t-on marquer l'histoire autant que Sergio et ses œuvres.


Le clip du titre ‘Iron Snake’ multiplie les clins d’œil à Chaplin avec « Les Temps Modernes », (vrai film sur la crise de 1929), à Buster Keaton, à Bonnie And Clyde mais aussi à la peinture, notamment au tableau « American Gothic » de Grant Wood. Cette œuvre est à l’opposé de Chaplin et peut même être jugée réactionnaire et austère. La mission de Rufus Bellefleur est-elle de renvoyer l’Amérique à ses contradictions ?

Yuz : Le rapport de Rufus (comme de tant de français) aux USA est particulier. On critique, voir se moque des travers de cette société, mais en même temps on ne va pas se mentir : le pays, son cinéma, sa musique et même sa politique nous fascinent. C’est d’ailleurs pour ça que Rufus Bellefleur se l’est toujours joué oncle Sam. On a toujours voulu jouer sur le terrain des Américains, entrer dans leurs baskets, quitte à ce que les gens découvrent souvent avec surprise que non, on n'est pas américains.





Les années 30 sont une période charnière pour le cinéma avec l’apparition de la couleur. Avez-vous pensé à cela en élaborant un artwork en noir et blanc ?


Yuz : A vrai dire 1929, ça reste la fin des années 20. Et c’est plutôt le cinéma muet de cette époque et son esthétique très impressionniste qui nous ont influencés, notamment pour ce qui est du visuel.


Votre musique a toujours utilisé des instruments vintage comme le Dobro et le Banjo. Dans ce nouvel album, le petit nouveau est la Cigar Box. Qui joue de cet instrument et sera-t-il utilisé sur scène ?

Yuz : C’est moi qui en joue. J’en ai deux différentes sur scène. Une réalisée par le vénérable François Artige de Guitar Docktor (Ndlr: célèbre luthier toulousain) et une autre faite par un pote, dans les règles de l’art, à savoir avec des boulons , un bout de bois et une boîte à cigare récupérée dans un bureau de tabac.


L’utilisation que vous faites de la Cigar Box est particulièrement originale. En couplant l’instrument à des effets de saturation, certains riffs (‘Iron Snake’, ‘Great Is My Depression’) sonnent très indus. On pourrait même parler de blues industriel. Seriez-vous d’accord avec ce terme ?

Yuz : Je trouve le terme excellent. D’autant plus qu’on peut autant penser à la musique indus, qu’à l’industrialisation galopante de ces années-là.


Le métissage des genres musicaux est la base de votre musique. C’est encore le cas sur cet album qui mélange blues, stoner, hip hop, funk. Certains titres sont même des clins d’œil à Michael Jackson (‘Ghost Criminal’) et à Prince (‘The Night’). C’était déjà le cas sur l’album précédent « Temples, Idols And Broken Bones » avec ‘Party Of The Dead’ et ‘Let The Monster Out’. Finalement ces deux artistes ne sont-ils pas les principales influences de Rufus Bellefleur ?

Yuz : On a toujours revendiqué chez Rufus d’aimer LA musique. Ecouter Meshuggah ou Frank Ocean ne fait aucune différence pour nous, et il est vrai qu’on a toujours cultivé une fascination pour Michael Jackson et Prince mais également pour leurs rejetons R’n’B que sont Justin Timberlake, Bruno Mars, Beyonce. Avec ce nouvel album de Rufus qui s’avère plus électrique, on n’hésite même pas à parler de Stoner’n’B.


De quoi parle le titre ‘The Exorcism Of Danny DeVito’ ?

Ju : C'est une chanson sur les "extras", les figurants du cinéma. DeVito est plus un second rôle, mais il fait partie de ceux qui se sont fait doucement une place en cumulant les petits rôles et les interventions. C'était un outsider, comme Rufus. Le morceau parle de ce miroir aux alouettes qu'était et qu'est toujours Hollywood, et de l'envie de réussir à tout prix, quitte à y perdre son âme.


« Electricity For The Coliseum » porte bien son nom. L’album sonne plus rock. ‘In Between two wars’ qui clôt l’album est d’ailleurs un titre rock alternatif. Le fantôme du Bayou hantera-t-il à l’avenir les années 50 et la naissance du rock ?

Yuz : Pour être honnête, on à tellement bossé depuis des années, sur ce qu’on considère être une trilogie, qu’il est difficile de s’imaginer se remettre directement en selle. Mais tu es très perspicace, puisque effectivement, s’il devait y avoir une suite, elle ne pourrait se dérouler que dans les années 50.


Yuz a co-réalisé le clip de ‘Iron Snake’, Julien a coréalisé le clip de Psykup ‘Cooler Than God’. A quand un long métrage en duo ?

Yuz : Bien que j’aie une formation dans le domaine, je ne réalise des clips que par nécessité. Ça oblige à solliciter beaucoup de monde alors que j’aime plutôt travailler en vase clos, et sans agenda trop précis. Par contre Ju à une telle gourmandise de cinoche que je l’imagine très bien s’atteler à un long métrage.


Comment Julien arrivera-t-il à gérer son planning de tournée entre Rufus Bellefleur et Psykup voire Manimal si David se décide ?

Ju : C'est une simple question d'agenda, j'ai besoin de diversifier les plaisirs musicaux depuis toujours. Tant que l'énergie et l'envie sont là, je ne me refuse rien. 





Qu’attendez-vous de la sortie de cet album avec le soutien de Dooweet ?

Yuz : Comme n’importe quel groupe : que l’on parle de la sortie du disque jusqu’à l’autre bout de la galaxie. Après…Un attaché de presse c’est comme un avocat. Tu ne peux pas exiger de lui une garantie de résultats. Tu espères juste qu’il va bien te défendre, le faire avec enthousiasme et ne pas t’obliger à vendre un rein pour lui payer ses honoraires. Le contrat est donc déjà rempli avec Dooweet.  Ils sont très impliqués.


Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’artiste ?

Je dirai que c’est le festival du Poulpaphone. Un régal de A à Z.


Au contraire le pire ?

Je ne citerai pas de nom mais c’est également un festival. Du genre qui te cale un jour mais t’annonce un autre jour, qui fait deux fautes d’orthographe au nom du groupe. Quand tu arrives, toute l’orga est déjà défractée, on te sert un repas aux proportions dignes d’un lilliputien anorexique et pour conclure le tout, tu fais un mauvais concert. C’est à l’unanimité notre pire souvenir. Mais ils sont très rares.


Quelle est la question que vous aimeriez que l’on vous pose ?

Seriez-vous ok pour remplacer La Femme en première partie de la tournée européenne des Red Hot Chili Peppers ?


Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?

Chers lecteurs de Music Waves, vous avez raison de venir ici, les gars qui font les interviews connaissent leur sujet sur le bout des doigts.



Plus d'informations sur http://rufusweb.free.fr/
 
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