Soirée masquée ce jeudi 16 novembre pour le concert de The NoFace accompagné par une 1ère partie qui ne laissera pas indifférent.
La Pietà
Assurer une première partie n’est pas facile car elle suscite parfois uniquement des critiques voire presque pire, l’indifférence. Or tel n’est pas le cas avec ce qui sera notre premier contact avec le groupe
La Pietà composé de 3 membres : un programmeur et synthé (Beat...), un bassiste-guitariste et une chanteuse ultra charismatique, tous portant un masque de chat (noir pour les musiciens et blanc griffonné pour notre interprète). C’est sous des notes électro, hip hop et rock typiquement fusionnelles, inclassables et singulières que débute la prestation de ce soir et notamment le titre ‘J’aime Pas les Gens’, idéal, non ? comme introduction !
Le morceau, sorte d’inventaire à la Prévert, est rempli d’un certain fiel et d’un goût prononcé pour la provocation (pas celle qui se veut stérile mais celle qui vient vous chercher en attendant de vous une réaction). La voix est tantôt posée tantôt rageuse suivant l’attitude de la chanteuse totalement habitée n’hésitant pas à fixer certaines personnes droit dans les yeux, la promiscuité aidant. Troublant ! S’il fallait un repère, ce serait un mélange de
Léo Ferré pour les textes crus, de
Catherine Ringer pour cet esprit un peu fou et de
Courtney Love pour la synthèse. Elle n’hésite pas à râler sur les câbles qui la gêne parfois. Les deux autres musiciens ont un peu de mal à trouver leur place tant la chanteuse phagocyte l’espace mais assurent bien leurs rôles.
Le groupe enchaîne des chansons pleines de sens, dans lesquelles nous pourrions parfois percevoir un esprit de revanche lorsqu’il s’agit de répondre à une chanson de
Orelsan sortie en 2009 (‘Sale Pute’) dans une version féminine, 'Défoncer les Coeurs' (interdite aux moins de 18 ans), au vitriol. Les chansons se font parfois sociétales (‘La Moyenne’), féministes mais sans être donneuses de leçon. Les textes sont bien écrits et captent l’attention du public. La musique sert les paroles dures et réalistes, accentuant la rage par des
beats plus prononcés tout en alternant des moments plus calmes, mais rares, exprimant une relative douceur sous-jacente, même si parfois le niveau sonore un peu trop élevé a tendance à brouiller l’ensemble.
La prestation d’une demi-heure se termine dans un moment de pure folie lorsque la chanteuse finit les 5 dernières minutes au milieu du public, n’hésitant pas à prendre à partie certaines personnes pour les entraîner dans une transe totalement folle sur le titre bien trouvé ‘A la Folie’. L'assistance, dont une belle majorité connaissait déjà le groupe, est emballée.
La Pietà n’oublie pas de remercier leurs hôtes de les avoir choisis pour les accompagner sur leur tournée. L’objectif est lui rempli, celui de ne pas laisser indifférent, déranger parfois mais surtout intéresser.
The NoFace
C’est à peine remis d’une prestation peu commune et après avoir revêtu nos masque de
NoFace distribués à l'entrée de la salle que les lumières s’éteignent et que le logo en fond de scène illustrant la tête cagoulée des membres du groupe s’illumine. Les musiciens rentrent seuls en scène entamant leur set avec 'Orion' avant que Oma ne fasse son entrée tout en félinité sous les applaudissements nourris de l’assistance, ravie et frémissante.
Il faut dire que les
NoFace viennent de sortir l’un des plus beaux albums rock de cette année, tournant la page de
Skip The Use et dont les prestations scéniques précédentes circulant sur internet ont donné le ton. La salle est plutôt bien remplie et le devant de la fosse garni de gens qui dansent, sautent et communient avec le groupe.
Les titres de "Chapter One" seront quasiment tous interprétés, partageant une énergie qui va crescendo tant le groupe possède déjà une formidable osmose communicative. Non seulement les musiciens confirment leur talent de compositeurs et d'exécution : guitare saillante, basse ronflante, batterie percutante et claviers plus présents par rapport à leur ancienne vie, mais ils ont trouvé en Oma celle qui emporte tout sur son passage : elle captive et magnétise malgré l'étroitesse de la scène. Non seulement la voix est juste, puissante mais aussi fine, sans saturation, sans forcer. Elle possède un charisme de dingue, subjuguant le public en particulier l'auteur de ces lignes. Tout dreadlocks dehors, elle vit la musique, l'acquiert, la met en parole et la partage en bougeant de façon joyeuse à la fois rock et sensuelle.
Ainsi les hymnes que composent ce premier album hautement conseillé prennent tout leur sens sur scène en étant plus bruts, et ça marche : que ce soit le magnifique 'Change, Change, Change' dédié au filles présentes dans la salle (les mecs n'hésitant pas aussi à se manifester, s'attirant le courroux avec humour d'Oma), le superbe et entêtant 'Never Ever', le sexy et diablement félin 'A Me Rendre Folle', seul titre en français, en passant par l’entraînant 'I am Over You'.... Le public est littéralement transporté vers les plus belles heures du rock à la fois moderne, racé et surtout efficace. L'essence même de la musique est celle de faire plaisir, de transmettre des émotions et la joie de se retrouver. Pour ça,
NoFace a convaincu tant le public danse, saute,
pogote et sourit.
Le concert est passé extrêmement vite, agrémenté d'une reprise de Missy Elliot musclée ('Get Ur Freak On'). Cerise sur le gâteau, c'est démasqué et quelques minutes seulement après la fin du live que le public retrouve le groupe près de la console afin de délivrer un titre acoustique ('Change') bon enfant et en toute décontraction pour nous remercier. Bon sang, quelle performance ! Si le groupe passe près de chez vous, n'hésitez pas une seconde à vous procurer une place car
NoFace en live, c'est quelque chose.
Merci à HellWood, un des gagnants du concours
The NoFace, pour les photographies.