Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?
Est-ce que le fait qu’il y ait plusieurs Drakkar ne vous embête pas ? Cette question revient en effet souvent, mais cela ne nous gêne absolument pas (Rires)
Et on ne vous la posera pas. La sortie de cet album est comme une sorte de petit miracle, la disparition de Thierry après un concert en Avril 2016 aurait pu mettre fin à votre aventure, avez-vous pensé jeter l’éponge après un tel drame ?
Oui bien sûr, cela nous est longuement passé à l’esprit de ne pas continuer, mais suite à la demande de son épouse qui nous demandé de continuer en mémoire de Thierry “qui lui n’aurait pas voulu que l’on s’arrête ", nous nous sommes arrêtés de nous la poser.
Choisir de continuer est un défi et se relever est encore plus difficile, sortir cet album c’est le meilleur moyen de faire votre deuil et d’avancer ? Avez-vous pensé à recruter un guitariste ou l’évidence de continuer à deux s’est-elle imposée naturellement ?
En effet cela a été très complexe de continuer, mais nous ne voulions pas remplacer Thierry qui reste dans nos cœurs, nous sommes donc restés à deux moi et Pat, et le nouvel album a été composé pour deux
gratteux.
Vous avez sorti un live, ‘Once Upon A Time Hellive’, peu de temps avant la disparition de Thierry, il est devenu un très bel hommage au final, le plus bel hommage peut-être pour garder un souvenir de son talent : vous devez avoir une certaine boule au ventre en l’écoutant à présent, y arrivez-vous d’ailleurs ou cela est encore trop proche dans le temps ?
Nous y arrivons maintenant (très compliqué après son décès), mais c’est vrai que nous avons eu une excellente idée (surtout Pat qui a travaillé sur la production) de sortir ce CD et DVD avec Thierry qui était encore présent avec nous. Pour rappel Thierry est ami d’enfance , nous nous connaissions depuis plus de 35 ans… .et donc un grand vide lors de son départ au ciel…….
A présent Drakkar c’est surtout le trio Leni, Pat et Richy, cette épreuve a dû vous rapprocher encore plus, le groupe pourrait-il survivre au départ d’un de vous trois ?
Drakkar est avant tout une famille, si un des membres devait quitter le groupe cela serait difficile de continuer, sachant aussi que le batteur Adrien est le fils de Tim le batteur d’origine (je le connais depuis qu’il est bébé, hahaha) et Jésus qui nous a rejoint est aussi un pote d’enfance….
Votre section rythmique a évolué depuis "Once Upon A Time In Hell", c’est dû à l’usure de la route ? Pensez-vous tenir un line-up destiné à durer ?
Notre
line up a très peu changé (Tytus à la basse est parti pour travailler avec PRO PAIN, mais il est resté chez nous aussi en tant qu’ingénieur du son). Et vraiment notre
line up est stable à ce jour et pas près de changer.
La vie sur la route n’est pas toujours simple quand on est un groupe d’envergure moyenne, il n’y a jamais de lassitude dans cette vie de musicien amateur et parfois mal récompensée pour tous les efforts fournis ?
On ne peut pas parler de lassitude, mais plutôt d’organisation (joindre notre vie professionnelle à notre passion). Nous prenons toujours un grand plaisir à jouer que ce soit sur des petites ou de plus grandes scènes.
Pour votre nouvel album vous avez mis le paquet, un CD promo deux titres distribué dans un magazine metal belge gratuit, un clip et une distribution par le label Dooweet : doit-on voir tout cela comme la volonté d’un nouveau départ, d’une renaissance en quelque sorte ?
Je ne parlerais pas de renaissance, mais plus d’évolution. Nous sommes un groupe des années 80, mais nous ne voulons plus sonner années 80, d’où un travail sur les morceaux et la production pour sonner année 2017. Le clip est un élément incontournable à ce jour pour se faire connaître ou reconnaître. Par contre le fait de travailler avec une agence comme Dooweet Agency permet au groupe de pouvoir travailler avec des magazines importants : Metallians, Rock Hard, Legacy etc…et de pouvoir promotionner le groupe, l’album, le clip de façon très pro. (La distribution se fait par Season Of Mist )
Le disque est sorti il y a un plus d’un mois et les retours sont bons, le clip carbure bien et les chroniques sortent un peu partout et sont bonnes, vous devez être satisfaits, avez-vous le sentiment d’avoir franchi un cap, d’être passé du groupe local sympa à celui de groupe national capable de percer au-delà de ses frontières ?
Disons que nous sommes très satisfaits du travail que nous avons effectués pour "Diabolical Empathy", en fait nous essayons toujours d’aller plus loin en tant que musiciens et donc de sortir plus loin que notre pays, mais oui les retours sont très bons pour nous et nous en sommes heureux….
Quelles sont vos ambitions à présent, visez-vous des festivals comme l’Alcatraz en Belgique ou comme le Raismes ou Chaulnes en France pour continuer à avancer ?
Oui bien sûr, mais pas que ceux-là, nous essayons d’être le plus souvent possible présents sur ces types de festival.
Vous avez joué avec Tank et Raven et allez bientôt rejouer avec ces derniers, il doit y avoir un certain accomplissement dans ce genre de dates, un rêve de gosse qui se réalise enfin ?
Oui bien sûr (Rires)… ce sont des groupes que j’allais voir en concert lors de mon plus jeune âge, donc faire des concerts avec eux c’est un grand plaisir et aussi des rêves qui se réalisent….
Parlons à présent de "Diabolica Empathy", il s’agit d’un concept album sur le destin d’œuvres ou de personnages historiques, qu’est-ce qui vous amené à aborder ce thème général ? Comment avez-vous choisi vos thèmes, il y a des histoires assez pointues, qui a amené ces thèmes ? C’est commun ou Leni a écrit ses paroles seul ?
Pour info toutes les paroles sont entièrement écrites par Leni qui a une culture assez poussée (il lit énormément et voyage beaucoup). Leni retranscrit ce qu’il ressent par rapport à une musique (riff de guitare), ce qui a donné "Diabolical Empathy".
Déjà sur l’album précédent l’histoire et la destinée humaine avait une belle place dans vos chansons, qu’est-ce qui vous fascine tant que ça dans l’histoire ?
Pour Leni, l’histoire de l’humanité est basée sur les côtés sombres de l’homme (guerres, pollution de la planète, l’art, l’homme en tant que tel… meurtrier, le mal,….). Il n’est pas toujours clair dans sa tête (Rires)… mais les fils de ses paroles sont toujours basés sur l’homme.
Le metal aime souvent parler d’histoire, je pense à ADX en France ou Iced Earth aux USA, comment expliquez-vous cela ? Cela tranche pas mal avec une certaine image de notre musique, finalement le metal peut aussi éduquer la jeunesse ?
Cela dépend. Les textes de certains groupes ne sont pas toujours très cohérents, mais oui éventuellement peuvent aussi apporter une sorte d’éducation.
Musicalement vous avez corsé le ton avec une facette thrash bien appuyé. Le single ‘Hitchhicking Of Pain’ en est une sacrée preuve de même que ‘The Endless Way’, ces deux titres coups de poings sont marquants, l’idée de sortir la première avec un clip à l’appui c’était pour montrer votre face la plus costaud et frapper les esprits alors qu’habituellement on sort un titre plus mélodique en single ou tout du moins plus représentatif du ton général de l’album ?
Je pense que ce morceau pouvait toucher tout type de mélomane « métalleux », les riffs tranchants et la mélodie du chant, l’histoire du tueur en série apporte la cerise sur le gâteau. Nous voulions un clip simple, mais efficace (avec la tête de Leni en tant que tueur en série… (Rires))
A côté de ces deux titres on entend du power thrash comme on en entendait dans les années 90 avec Iced Earth, je pense à 'Burnts Offerings' notamment, vous vous reconnaissez dans cette influence ?
Personnellement j’adore Iced Earth (et compare notre musique avec eux), mais nos compos sont propres à Drakkar.
Un quatuor nous a particulièrement marqué, il est composé de ‘Rose Hall’s Great House’, ‘Stigmata’ ‘Plage Or Cholera’ et ‘The Nine Circles Of Hell’. On ressent à la fois une puissance énorme, un côté épique et sombre et surtout un gros travail sur le chant, mixer tout cela c’était l’idée de base quand vous avez écrit ?
Nous composons suivant notre humeur, nos idées, nous les proposons, nous les travaillons... et nous arrivons à ces compos que tu nommes quatuor… et avant tout nous nous assurons d’aimer celles-ci.
On a l’impression de vivre l’histoire par le chant de Leni comme on lit un bouquin, dans l’idée aussi d’un Maiden ou d’un Priest pour ce côté à tiroirs, ce côté un peu old school avec de vraies chansons et de vrais refrains se perd un peu, vous perpétuez une tradition en quelque sorte ?
C’est un grand mot, de nombreux groupes apportent leur édifice en tant que compositeurs de grands textes, nous nous avons toujours fonctionné dans ce sens.,. même à l’époque de X-Rted 1988
D’ailleurs en parlant de tradition le duo formé par Pat et Richy évoque bien sûr les grands duos heavy des années 80, c’est une influence ancienne et aussi une marque de fabrique voulue ? Comment avez-vous envisagé ce travail des guitares en duo et non plus en trio ?
Merci pour le compliment, cela fait plaisir. Disons que le fait de travailler (je vais dire s’amuser) avec Pat est un grand plaisir, c’est quelqu’un avec qui on peut discuter, analyser, travailler dans des conditions géniales (les prises de sons se font dans son
home studio), et qui a une patience énorme. Donc on peut prendre le temps de bien réaliser les compositions. Certains morceaux avaient été composés pour 3 guitaristes et donc nous avons dû revoir notre copie au départ de Thierry.
Les années de vos débuts sont loin, quel regard portez-vous sur cette époque, sur cette insouciance et ce côté fou qui caractérisait le début des années 80 ? Y a-t-il des regrets face au temps qui file ou évitez-vous la nostalgie pour aller de l’avant ? Enfin auriez-vous cru en 2012 à votre retour, à marcher d’aussi belle manière ?
Chaque période a son charme, je ne regrette rien par rapport à cette époque qui était bien sûr différente de maintenant. A ce jour nous allons de l’avant et qu’il advienne ce qui doit advenir….
Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’artiste ?
Les nombreuses rencontres avec les fans, d’autres artistes…
Au contraire le pire ?
Le décès de Thierry… malheureusement..
Quelle est la question que vous aimeriez que l’on vous pose ?
Voulez-vous faire la première partie de… Iron Maiden (Rires)…..
Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?
Un grand merci pour votre support pour les groupes de Metal.. Stay Metal !!
Merci à Noise pour sa contribution...