Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?
Pour l’heure, il n’y en a aucune car nous n’en sommes seulement qu’au premier chapitre de LUX et tout est encore beau et neuf !
LUX est le fruit de votre rencontre. Comment celle-ci est-elle née ?
Nous nous sommes rencontrés grâce à des amis en commun lors d’un pique-nique. (Angela : Il se trouve que j’avais déjà entendu Sylvain jouer de la guitare dans un magasin de musique à Pigalle l’année avant et ça m’avait marqué – vraiment – mais nous ne nous sommes parlé que plus d’un an après – au pique-nique en question !). Après discussion, nous nous sommes rendus compte que d’un côté il y avait quelqu’un avec beaucoup de textes qui cherchaient de la musique et de l’autre, beaucoup de chansons qui attendaient leurs textes.
Angela est américaine, Sylvain, français. N'est-ce pas délicat de mener un projet des deux côtés de l'Atlantique ?
Pour l’heure, nous sommes à Paris et travaillons avec Dooweet en premier lieu. Sylvain a déjà une carrière de musicien professionnel ici, en ce qui me concerne (Angela) LUX est mon premier groupe.

On parle à votre sujet de velvet rock, référence au Velvet Underground. Que partagez-vous avec ce groupe ?
Angela : En fait, l’expression « velvet rock » n’existe pas en termes de genre de musique. Ça nous est venu non pas en pensant au groupe du Velvet Underground, mais en cherchant à décrire notre style de rock afin de répondre à ce qui est généralement la première question : « quel type de musique faites-vous ? ». Dan "Velvet Rock" le "Velvet" fait un clin d'œil à la fois à New York ma ville natale, mes paroles en anglais, le toucher "velours" et l’élégance urbaine de New York et de Paris. Et puis il y a le "Rock" qui est résolument garanti par le jeu de la guitare. Nous avons trouvé qu’ensemble le "Velvet Rock" qui en résulte décrit le style, le look et même le son organique de LUX.
Peut-on voir Angela comme une héritière de Nico ?
Non (Rires) . (Angela) Autant on ne peut pas être de New York sans connaître Lou Reed, autant le Velvet Underground n’est pas une source d’inspiration directe musicale et encore moins Nico avec qui je ne partage que la frange (Rires) ! Par contre, l’écriture, l’attitude et l’importance de l’art plastique (Andy Warhol ou d’autres) est quelque part dans mon ADN de New Yorkaise et c’est peut-être ça qui a déteint sur LUX.
Le charme qui se dégage de votre musique tient déjà à cette double nationalité, additionnant à la fois une sorte de lyrisme urbain newyorkais et une poésie amère à la française. Etes-vous d'accord ?
Nous sommes très flattés par cette belle phrase. Pour les paroles, plein de choses peuvent m’inspirer. Je regarde et je trouve des idées partout et souvent dans les choses que je rencontre par hasard. Ça peut m’arriver de lire (mais pas tous les jours !) de la poésie – quelques lignes trouvées chez Sylvia Plath ou Wallace Stevenson ou Paul Eluard ou d’autres. Piquer une phrase ici et là de « vrais » écrivains peut me servir comme point de départ. Mais les images aussi peuvent être une source d’inspiration, ou bien juste un mot qui me plait.
Quant à Sylvain qui fait toute la musique, c’est un ovni qui fait des chansons 100% anglo-saxonnes.
"Super 8" possède une dimension cinématographique. Le cinéma vous a-t-il inspiré pour le composer ?
Pas directement, ou en tous cas, pas consciemment. Nous aimons la texture, la lumière et la sensibilité qu’on retrouve dans les films tournés en Super 8. Il se trouve que la chanson titre défile comme une sorte de home movie et c’est ça que nous voyons dans le clip. Parfois quand j’écris il y a des images qui viennent à moi – parfois pas.
On pense à la bande-son d'un road movie des années 70 comme L'épouvantail de Jerry Schatzberg. Quels sont les films de ce genre que "Super 8" aurait pu accompagner ?
Wow – ça c’est vraiment cool. Il y a souvent, dans les bons films, un « voyage » - géographique ou sentimental ou intellectuel. Dans nos chansons nous aimerions l’idée que ça peut faire voyager celui qui écoute – un voyage émotionnel ou réel. Mais quand nous composons ça évolue naturellement, ça coule de source et ce n’est pas vraiment prémédité. Nous ne connaissions pas Jerry Schatzberg mais ce serait génial d’écrire le bande son pour un film - et pourquoi pas un sorte de « Almost Famous » qui se passerait aujourd’hui.
En même temps, par son désenchantement tranquille, l'album reste très moderne, ancré dans son temps était-ce une volonté ?
Sylvain aime les chansons mélancolique mais pourtant, sur les 10 titres de "Super 8" Peter (Deimel notre directeur artistique) n’a pas choisi trop de titres « down » et les paroles ne sont pas « down » non-plus sauf sur 'Hijack', 'Damaged' et 'Liquid and Fire'. Sylvain te dirait que ses premières influences musicales se trouvent dans le rock des années ’60 et ‘70 mais pas uniquement. En ce qui me concerne, je ne pense pas à ces choses-là quand j’écris. Ou on me donne de la musique et j’essaie de me laisser guider, ou j’ai une idée de texte et, une fois écrit, je le donne à Sylvain et il voit ce qu’il peut faire avec. « It’s very open ». Nous et notre musique vivons maintenant – pas dans le passé.
Sylvain, tu as joué avec Catherine Ringer. N'est pas difficile (sinon impossible) de succéder au regretté Fred Chichin ?
Personne ne pourra jamais remplacer Fred – et dans un duo, évidemment si tu changes l’un ou l’autre ce n’est plus le même projet. Catherine ne cherche pas, je pense, à remplacer aucunement Fred, elle va de l’avant avec sa propre musique et avec de nouvelles collaborations.
A l'instar des Rita Mitsouko, LUX est bâti autour d'un couple. Qu'est- ce qui vous a attiré dans cette forme dépouillée et intime ?
La facilité de travailler à deux. Et surtout de pouvoir maitriser à 100% l’aspect créatif.
De quels duos vous sentez-vous proche ?
Sylvain : Jagger/Richards
Quels sont les thèmes abordés par ces chansons ? Sont-ils personnels ?
Ça va être long de faire chanson par chanson (Rires) ! 'Horse' parle des…horses ! Des chevaux – ce qu’ils représentent, leur nature et de la connexion entre un cheval et un enfant qui parle qu’aux chevaux. L’Île dans 'Island' est île d’Yeu avec ses secrets bien gardés. 'Hijack' est la chanson la plus « politique » la plus dans l’air du temps – « they put up walls and treat you like dogs ». 'While Waiting' est sur Sylvain et moi, notre vie, notre musique. Chaque chanson a son histoire. Mais tout sujet est bon à prendre pour une chanson. J’essaie (sans pour autant toujours y arriver, mais les échecs je les garde pour ma poubelle…) de faire en sorte que les paroles tiennent à la fois toutes seuls et aient un sens avec la musique. Un sujet (idée, sentiment, histoire) personnel doit devenir accessible pour les autres ou, au contraire, une idée générale doit être traitée d’une façon à la rendre mienne. Dans "Super 8", il y a ces deux facettes.
Le chant d'Angela est riche de nombreuses nuances bucoliques (sur "Rough Translation') ou suaves (sur 'Damaged'). Comment as-tu abordé ces lignes de chant ? Quelles émotions voulaient-tu exprimer ?
Il faut avoir la bonne intention certes. 'Damaged' est une chanson qui demande une certaine intensité par exemple, c’est aussi intense vocalement et donc Peter (Deimel) a décidé de l’enregistrer en dernier. Le sujet est l’abus – l’innocence perdue à jamais et c’est mon texte le plus noir.
Si la chanson dit « up » il faut pouvoir l’être, si la chanson dit « down » il faut avoir ça quelque part mais c’est tout de même hyper important juste d’être « dedans » au moment de la chanter. Selon la chanson il y a joie, détresse, solitude, tristesse, bonheur, impatience, rêverie ou juste une histoire à raconter, un avis à donner.
Et l’aspect technique (chanter juste et en rythme !) et l’aspect physique – échauffements par exemple – sont aussi importants, en tous cas pour moi – que le sentiment.
Qu’attendez-vous pour cet album avec le soutien de Dooweet ?
Chris est là pour nous aider à toucher un plus grand public. LUX est un projet récent et indépendant avec un tout premier album donc il y a tout à faire. Nous espérons que le soutien que nous avons de Dooweet et ensuite celui des médias qui parlent de « Super 8 » nous permettront de tourner d’avantage et de faire grandir le projet car nous avons déjà hâte de retourner en studio pour l’album numéro 2.
Qu’est-ce que nous pouvons attendre après ce nouvel album?
Nous faisons confiance à Chris de Dooweet mais cette question est lié à la précédente : diffuser notre musique afin de trouver notre public et de continuer à faire de la musique en rencontrant les personnes susceptibles de nous aider sur ce chemin. De nos jours, les artistes indépendants sont obligés de tout gérer (marketing, gig booking, publicity etc. etc.) or nous aimerions pouvoir focaliser sur la création. Certains artistes (et là on parle des artistes plasticiens aussi) sont très forts dans les domaines annexes mais quoi faire quand ce n’est pas le cas. Chris et son travail sont absolument essentiels.
Quelle est la question que vous aimeriez que l’on vous pose ?
On nous demande souvent quelles sont nos influences mais on nous demande plus rarement ce qu’on écoute en ce moment. Nous allons profiter pour répondre donc : Hier par exemple, nous avons écouté Phoenix parce qu’Angela m’en a parlé et puis ensuite The Magpie Salute. Julien Baker, Neil Finn (juste une chanson), Neil Young et puis on a mis Oui FM un peu pour cuisiner mais ça nous a déprimés… donc on a remis Ryan Adams.
Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’artiste ?
Sylvain : malgré les nombreux super moments en concert, la partie qui me plait le plus est la composition et l’enregistrement des chansons.
Angela : J’aime beaucoup être sur scène, vraiment (en tous cas quand nous avons du bon son) et pour cela je garde un très bon souvenir d’avoir joué en Angleterre au Festival de Cornbury. Mais le ou les moments les plus magiques sont quand nous créons une chanson ensemble et on sent que ça va le faire et puis, au Studio Black Box, la nuit, quand Peter a fini le pré-mix d’un titre et c’est juste nous à écouter pour la toute première fois ce que va devenir la chanson pour du vrai. Là, c’est vraiment fort.

Au contraire le pire ?
Sylvain : de devoir accompagner les gens sur scène quand tu n’aimes pas leur musique juste pour pouvoir payer le loyer.
Angela : ne pas s’entendre sur scène est flippant pour moi car tu peux être certain que je serai fausse !!!
Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves?
Pour nous, le plus important (et nous en sommes très reconnaissants quand ça arrive, croyez-nous) est que vos lecteurs prennent le temps d’écouter notre musique pour se faire leur propre avis. Ce partage est essentiel et ça nous définis en étant que « performance art ». Le partage et le soutien sur les réseaux, la participation aux concerts font vivre la musique. Comme dit Patti « the people have the power »…Donc les avant-derniers mots seront « à très bientôt ! » et le dernier mot sera « merci » !!
Merci à Childeric Thor pour sa contribution...