Rencontre avec les Provençaux de Blobfish Killer afin d'échanger quelques mots sur la reconstruction des membres du groupe après le décès tragique de Mika Bleu. Une interview positive et sans pathos.
Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?
Jp : « vous allez faire quoi maintenant ? »
Antho : ouais ou alors la deuxième c’est «vous comptez le remplacer ? qui ?», on dit que personne n’est irremplaçable mais avec une voix de merde pareille c’est difficile de trouver quelqu’un avec une personnalité telle que la sienne…
Cet EP constitue dorénavant un hommage, même s’il était déjà prêt
avant son décès, nous devions d’ailleurs nous en servir comme
tremplin, il servira maintenant comme une révérence
Vous avez vécu un drame en juillet 2016 avec l'accident mortel de Mika Bleu qui a sonné quelque peu de glas du groupe, pourtant vous revenez en octobre dernier avec cet EP, pouvons-nous y voir un hommage à Mika ?
Jp : Oui bien sûr ! L’EP était déjà prêt avant le décès de Bleu mais ça a été très compliqué de se remettre et de s’en occuper. De plus, nous avons voulu enregistrer 3 autres titres qu’on a composé « à chaud » après sa mort.
Antho : Oui cet EP constitue dorénavant un hommage, même s’il était déjà prêt avant son décès, nous devions d’ailleurs nous en servir comme tremplin, il servira maintenant comme une révérence avec les 3 titres en plus présents sur Bandcamp.
Pourquoi avoir attendu plus d'un an avant de le sortir ?
jp : oups je crois que j’ai répondu dans la réponse précédente.
Antho : comme l’a dit JP, nous avons été vraiment secoués par cela… J’ai rejoint le groupe en fin d’année 2015 et vivre ça juste après alors que j’avais pas mal de projets avec Bleu pour faire avancer le groupe nous a donné un grand coup de massue et la sortie de cet EP n’était plus vraiment prioritaire puisque nous voulions faire des titres en hommage et sortir un tout directement.
Ce sont des titres que vous aviez enregistrés ensemble, les avez-vous retravaillés entre temps ?
Jp : Non, absolument pas, à part pour les voix pour pouvoir les jouer en live (2 fois). Donc non !
Antho : Voilà, simplement pour les rejouer en live en version trio.
Certains titres sonnent très travaillés avec de long développements comme sur 'Hoffman's Warrior' ou 'Night Riders' avec des sons groovy, des voix claires, est ce que c'était à l'époque une volonté du groupe et de Mika d'explorer d'autres styles et de fusionner le hardcore avec du rock plus classique voire de proposer du hardcore progressif ?
Jp : Nous n’avons jamais voulu nous fixer de barrière stylistique, du coup en apprenant à nous connaître nous avons développé un mélange bien à nous !
Antho : Pas vraiment de barrière, Floriant, l’ancien guitariste (et ami) avait des idées que je trouve juste folles ! J’aime beaucoup ses riffs et ce côté rock'n'roll qu’il avait. J’écoute beaucoup de styles et m’en inspire beaucoup, comme chaque membre, et du coup quand des idées se mélangent et que ça matche, on cherche pas plus loin à savoir si on est plus dans tel ou tel style, on s’en br**le en fait, avec une voix pareille c’était forcément le bordel haha !
Cet évènement reste trop marqué et présent pour s’en détacher. Nous n’avons pas la force et voulons faire autre chose.
Est-ce que cet EP peut constituer un nouveau départ pour le groupe et une renaissance à l'image de certains autres groupes se sont relevés de tragédie (AC/DC par exemple) ?
Antho : à l’heure actuelle je ne pense pas. Même si nous nous étions dit de continuer, cet évènement reste trop marqué et présent pour s’en détacher. Nous n’avons pas la force et voulons faire autre chose.
Est-ce que suite à ce décès vous avez eu envie de tout plaquer ou au contraire, a-t-il décuplé l'envie de continuer pour faire vivre à travers vos projets l'esprit de Mika ?
Jp : tout d’abord on s’était dit qu’on tiendrait le coup pour lui mais finalement, nous avons eu besoin de suivre des chemins différents pour avancer chacun de notre côté tout en pensant à lui énormément.
Antho : comme le dit JP, il a décuplé notre volonté de profiter et faire ce qu’on aime mais pas forcément au sein de
Blobfish Killer. Je suis aujourd’hui à la Music Academy International de Nancy et j’ai l’intime conviction que j’y suis grâce à lui aussi, beaucoup de choses au quotidien me font penser à lui et des amis que j’ai rencontré suite à cela…
Apprendre ça comme ça c’était juste pas possible, le sol qui se dérobe
sous tes pieds et des projets qui se brisent mais faut savoir en tirer
les bonnes leçons et se servir de ce qu’il nous a apporté.
Comment avez-vous réussi à gérer cette disparition tragique ?
Jp : Comme n’importe quelle disparition : difficilement. Nous avons plus subi que géré.
Antho : Hélas, nous n’avons rien à gérer, juste subir une nouvelle irréaliste quand on connait le personnage… Apprendre ça comme ça c’était juste pas possible, le sol qui se dérobe sous tes pieds et des projets qui se brisent, mais faut savoir en tirer les bonnes leçons et se servir de ce qu’il nous a apporté. Comme je le dis juste avant, il marque très souvent mon quotidien au travers de babioles, de phrases, d’un putain truc couleur bleue tout simplement..
Vous vous inscrivez dans un genre hardcore plutôt peu médiatisé dans nos contrées, pensez-vous qu'en France ce genre peut rencontrer (a déjà rencontré) son public ?
Jp : En effet notre style n’est pas le plus abordable, mais le public est présent et l’a toujours été, même s’il ne se déplace pas forcement à tout les coups. Mais c’est vrai que si ce style était plus médiatisé et moins dénigré, comme il l’est dans les pays anglo-saxons par exemple, ce serait vraiment cool.
Antho : si nous avions rajouté de l’auto-tune peut-être qu’on aurait eu un succès fou… (rires).
La Provence dispose d'un vivier rock assez incroyable (Vicious Grace par exemple...), pensez-vous avoir suffisamment de moyens dans la Région en termes de salles de répet, concerts ou studio, pour pouvoir développer vos projets ?
Antho : Dans le sud c’est compliqué mais c’est peut être niveau mentalité car on a pas mal d’infrastructures pour répéter, beaucoup de musiciens et pas mal de concerts, je pense notamment à «Trendkill Entertainment» devenu «Be Quiet And Lives Production» qui se bouge toujours autant le cul pour nous livrer des affiches de malade ! (Et un restau’ concept store de ouf et vraiment excellent dans le vieux village de Vitrolles : Le collectionneur !). Des gars comme Fred et son fanzine Metal II Mars qui tache de mettre en avant les nouveautés et groupes locaux. Des artisans super compétents, SP Custom et SBGO Effect pour les micros et effets, L’atelier Lutherie Deneuville et Thibaut Imbard à Aix pour fabrications d’instruments (Avec qui nous fabriquons une guitare qui va sans doute être exceptionnelle, je l’attends avec impatience !) Et j’en passe des tonnes tout aussi talentueux, pour nous permettre de jouer et sortir de la musique, reste juste à se sortir les doigts et en vouloir.
Vous faites quelques clins d'œil dans cet EP à Led Zep notamment, pourquoi ? Vous a-t-on comparé à eux et vous en aviez marre ?
Jp : Alors non, nous n’avons jamais été comparé à eux (on est trèèèèès loin de ce style quand même), et à vrai dire, c’était plutôt, « on l’appelle comment ce morceau ?? ouais ça sonne bien ça, c’est bien con » et hop c’était bon.
Antho: Je me souviens quand Flo a sortit ce riff en répète (avant d’être membre du groupe j’étais le type qui squatte à la répète pour être sur le canapé au chaud avec une binouse à la main tu vois le délire ?) et c’était «putain ça ferait une super intro de concert !» et ça n’a pas raté puis le titre ça a dû être une idée à la con de l’un d’eux, comme d’habitude (Rires) !
[Avec cet EP et le soutien de Dooweet] nous souhaitons que les gens écoutent et voient à quel point [Mika] était unique autant dans
sa personne que dans sa voix aussi détestée par ses amis qu’appréciée.
Qu'attendez-vous de la promo de l'album avec Dooweet ?
Antho : On attend rien du tout, c’est super de leur part de nous permettre de promouvoir ce disque pour Mika, c’est tout ce qu’on l’on veut. Que les gens écoutent et voient à quel point il était unique autant dans sa personne que dans sa voix aussi détestée par ses amis qu’appréciée! Après les évènements nous avons été longs à la détente et pas super réactifs. Nous sommes aujourd’hui tous occupés aux 3 coins de la France mais tâchons de rester à l’affut d’éventuelles news ou demandes sur le groupe.
Est-ce que vous allez défendre cet EP en live et comment remplacer Mika au chant ?
Antho : Il n’y a rien à défendre pour le coup, nous avons joué 2 fois accompagnés de plusieurs invités (notamment Tristan de
Weaksaw et Julien de
Benighted pour les lives) pour lui rendre hommage mais ça s’arrête là.
A défaut de reprendre le groupe, quels sont vos futurs projets ?
Jp : pour ma part j’ai déménagé à Paris pour évoluer dans ma situation professionnelle mais je compte bien toujours faire de la musique avec Antho, notamment.
Antho : Je suis à Nancy pour l’instant pour mon école donc pas mal de petits projets internes mais je compte bien mettre à profit les connaissances nouvelles que j’ai chaque jour pour sortir des trucs perso et comme JP l’a dit, on a quelques idées en commun…
Continuerez-vous dans cette voie ou bien envisagerez-vous un changement radical de genre ou de style ?
Antho : No Limit… On verra instruments en mains !
On a commencé par la question que l’on vous a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ?
Jp : euh…..
Antho : Compliqué comme question, j’en ai aucune idée (Rires).
Pour finir, un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?
Jp : continuez à soutenir la scène metal en général, faites de la musique, si vous avez le sens du rythme, ou pas !! (Rires) et profitez de la vie (waouuuuu trop beau !!!). Merci
Antho: Merci à vous pour ces quelques questions, merci à ceux qui nous lisent et nous écoutent et ceux qui vont nous écouter, puis vivez vos rêves à fond, prenez soin des gens qui vous sont importants. FAN-TA-STIQUE.