Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?
Mathieu (Guitariste) : “D’où venez-vous et quelles étaient vos anciennes formations?” sont des questions qui reviennent assez souvent.
Votre premier album, "This Fall Shall Cease", sort, notamment, chez Deadlight Entertainement. On peut imaginer que c'est un sacré honneur pour vous... Que représente ce label à vos yeux ?
Mathieu : On a eu beaucoup de chance que notre premier opus sorte chez Deadlight. On a rencontré Alex au Roadburn et le courant est bien passé entre nous. Le label représente une belle brochette de groupes intéressants dans leur domaine comme Cult of Occult, Coward, Nesseria, Wichtroat Serpent. C’est un honneur d’en faire partie.
En écoutant cet opus, on est frappé par la maturité qui s'en dégage et laisse à penser que Lethvm n'est pas votre première expérience. Dans quels groupes avez-vous roulé votre bosse avant cela ? Je crois que votre chanteur jouait dans Oldd Wvrms...
Mathieu : C’est exact pour Vincent (chanteur), il nous a rejoint le lendemain de sa séparation avec Oldd Wvrms. Le courant est vite passé entre nous et il a rapidement posé du chant sur les compositions que nous travaillions depuis une année. Pour le reste du groupe, nous avions un projet instrumental post-core ensemble (avec un guitariste supplémentaire). Quand nous avons commencé Lethvm, nous savions ce que nous voulions et surtout ce que nous ne voulions plus.
Vous venez de Belgique. Vu de France, on a l'impression que la scène doom y est actuellement très dynamique. Est-ce vrai ?
Mathieu : Oui il y a une grosse vague de Doom, Stoner, Post-Metal actuellement en Belgique. On peut notamment citer des groupes comme Absynth, Wyatt.E, Sons of a Wanted Man, Charnia,… Nous sommes fiers de pouvoir jouer dans cette scène, entourés de groupes de grande qualité.
Est-il plus simple de trouver des dates pour jouer en Belgique plutôt qu'en France ?
Mathieu : Par rapport au booking, la Belgique est divisée en deux : la Wallonie d’où nous venons et la Flandre. En Wallonie et à Bruxelles, nous avons tourné un peu partout sans trop de difficulté. Nous attaquons à présent la Flandre pour 2018. Pour la France nous avions acquis quelques contacts avec nos groupes précédents. Nous avons donc réussi à organiser quelques dates. Les relations avec les orga et groupes Français se sont toujours bien passé, du coup notre réseau s’est renforcé et développé au fur et à mesure. Nous sommes actuellement occupés à booker une tournée en France pour juin avec nos amis de Sunstare.
Vous avez participé à un concours appelé "Loud Program". De quoi s'agit-t-il ?
Mathieu : Le Loud program est un concours qui a lieu tous les deux ans, organisé par Court-circuit et dépendant de la communauté française (Belgique). Après l’inscription des groupes, les organisateurs créent une playlist avec tous les groupes. Un jury de 20 personnes note les titres à l’aveugle. Nous avons terminé dans les 4 premiers.
Nous avons donc été encadrés par le Loud Program. En plus de la visibilité que ça nous a apporté, nous avons bénéficié de deux prix : le premier était une résidence de deux jours à l’entrepôt d’Arlon, encadré par un coach (Grégoire du groupe Thot), un ingénieur light et notre ingénieur son. Après ces deux jours, nous avons mis en pratique nos acquis sur cette même scène, en première partie de Au-Dessus. Le second prix était de jouer lors du Loud Fest qui a eu lieu au Botanique (Bruxelles) avec les autres finalistes. Ça a été une journée de folie.

Vous avez débuté avec le EP "Affable érosion". Vous a-t-il servi de base de travail pour préparer "This Fall Shall Cease" ?
Vincent (Chanteur) : On peut voir ça comme ça. Le premier EP a été composé avant mon arrivée dans le groupe. Je n'ai fait que poser mon chant sur les titres. Les titres qu'on a sélectionnés pour notre premier EP,“Affable Erosion”, représentaient le style de musique que nous voulions faire. À partir de là, la musique a évolué, notamment parce que nous la composions à présent à quatre.
Arrimés au doom dont vous adoptez l' esthétique goudronneuse, vous mélangez en réalité bien d'autres styles, du black au post metal en passant par le sludge. Est-ce une volonté ou bien ce mélange s'est-il fait naturellement ?
Vincent : Nous avons voulu que l’auditeur ne s’ennuie pas en écoutant et que nous ne nous ennuyions pas en jouant. Je pense que cette impression de toucher à tous ces styles nait de là. Cependant nous n’avons jamais eu la volonté de mélanger différents styles lors de la composition. Notre ligne directrice est claire : doom. Ensuite nous en avons livré notre vision.
Bien qu'il soit écrit à l'encre noire du désespoir, une certaine fraîcheur se dégage de cet album dans le sens où il parait être l'œuvre non pas de doomeux chevronnés, mais de musiciens aux influences diverses. Qu'en pensez-vous ?
Vincent : Nous avons des influences très diverses, ça, c’est quelque chose de clair. Mais je pense surtout que chacun de nous fait de la musique et aime la musique pour des raisons différentes. C’est plutôt de ce côté-là qu’il faut chercher cette pluralité qui se dégage de l’album.
La phase de composition a duré plusieurs mois. Nos idées ont été dans un mouvement constant. Nous avons composé l'album en hiver au milieu des bois, je pense réellement que ce contexte a eu une influence sur le résultat final.
Procession pétrifiée, "This Fall Shall Cease" semble s'enfoncer inexorablement dans une noirceur tentaculaire jusqu'à l'apothéose mortifère 'Ejla'. Comment avez-vous appréhendé la construction et la progression de cet album ?
Vincent : Assez tôt dans le processus de création est venu le besoin de faire un album qui devrait être pris dans son ensemble et former une boucle, comme le serpent se mordant la queue. Nous avons alors concentrés nos efforts sur l’enchaînement entre les morceaux ainsi qu’entre le dernier le premier titre de l’album. Par là, nous désirions insuffler une certaine ambiance et identité à l’album.
'Ejla' tient cependant une place particulière. Elle a été pensée comme étant une sorte de postface à l’album. Cette chanson contient une histoire et une émotion différente des autres. Elle a grandi avec le filigrane d’une histoire. Les paroles et la musique sont nées en même temps. Elle raconte également la fin d'une histoire pour un des membres.

Quels sont projets pour 2018 ? Une nouvelle offrande peut-être ?
Mathieu : Nous continuons de composer de nouveaux morceaux. Le but est de sortir un split pour la seconde partie de l’année. En parallèle, nous cherchons à faire de la scène. Nous préparons une tournée européenne (Allemagne, Pays-Bas, Pologne) pour mai ainsi qu’une tournée française pour juin.
Qu'attendez-vous de la promo de l'album avec Dooweet ?
Mathieu : La collaboration avec Dooweet nous offre une visibilité (surtout web) en Europe. Elle nous a déjà permis d’avoir pas mal de retours sur l’album. Nous sommes vraiment contents d'eux. Leur travail est vraiment de qualité. Nous espérons que cela nous permettra de créer des contacts et nous ouvrira des possibilités de concerts et de faire entendre notre musique de la manière la plus large possible.
On a commencé par la question que l’on vous a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je te pose ?
Vincent : “Que ressens-tu lorsque tu es sur scène?” C’est une question que l’on nous demande rarement. Cependant de notre point de vue, c’est ce qui compte le plus. L’album est une sorte de photographie du travail de composition. Maintenant nous vivons ces chansons et les faisons vivre et évoluer avec nous. Quel sentiment ai-je ressenti ce jour-là qui a fait que j’ai joué la chanson de telle ou telle façon? Pourquoi ma façon de jouer cette note est-elle différente? C'est ce genre de questionnement qui donne tout l’intérêt de faire de la musique.
Pour finir, un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?
Vincent : Merci d’avoir pris le temps de nous lire et de nous écouter. Nous espérons bientôt vous croiser au détour d’un concert.
Plus d'informations sur https://fr-fr.facebook.com/lethvmband