Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?
Comment s’est formé votre groupe ?
Nous avons essayé de décrire l'album et les émotions qu'il nous a procuré mais de votre point de vue, comment décririez-vous votre musique ?
Lorsque nous composons, nous adoptons une démarche « progressive » : nous restons très libres dans la structure des morceaux que nous écrivons et également dans les styles de musique que nous exploitons. C’est pourquoi, dans « Vanishing Lines » tu trouveras aussi bien un morceau de 4:20 comme un morceau de 9:15 avec des éléments empruntés au Rock Alternatif, au Prog’, au Metal, au Stoner et même au Folk.
Dans tous les cas, notre but est de composer une musique immersive et évocatrice, une sorte d’invitation à un voyage.
Les références que vous citez régulièrement comme Opeth, Tool ou Steven Wilson ont-elles une réelle influence sur votre musique lors de l'écriture et la composition ?
Ces groupes que nous citons partagent tous une approche progressive de la musique (que nous essayons d’adopter également) dans un style bien différent, mais surtout, nous ressentons chez eux une véritable liberté de composition qui représente un vrai modèle pour nous.
En dehors de cet aspect, je ne crois pas que ces références aient une influence concrète sur notre musique, du moins pas de manière consciente.
Nous voulons réellement créer notre propre musique dans notre propre style, c’est pourquoi, lorsque nous écrivons, nous n’essayons pas de nous appuyer sur quelque chose d’existant, nous préférons partir vers l’inconnu.
Notre but est de composer une musique immersive et évocatrice
Comment se déroule ce process de création ?
Est-ce un travail collégial ou réparti ?
En général, l’un d’entre nous arrive avec une nouvelle idée, un début de matière, et le propose au reste du groupe. À partir de là, nous travaillons cette idée en groupe, souvent par le biais d’un jam, et nous façonnons le morceau petit à petit. Une fois que le morceau nous parait concret, nous commençons le travail d’arrangement, on ajuste les finitions. Et lorsqu’enfin le résultat nous convient, nous l’ajoutons à la
set-list du prochain concert !

Les paroles de 'Vultures' traitent d'un sujet sensible, les attentats d'octobre 2015 et particulièrement de l'attaque du Bataclan. C'est un événement traumatisant pour un groupe comme le vôtre ?
En dehors de l’impact marquant qu’ont pu avoir ces évènements sur l’ensemble de la population, en tant que musiciens, nous nous sommes sentis particulièrement concernés. Je ne crois pas que ce sentiment soit réservé à un groupe comme le nôtre, au contraire, je pense qu’il est partagé par toute personne ayant une affinité particulière à la musique (artiste ou public).
Nous avons donc décidé de dédier l’un de nos morceaux à ce sujet d’actualité, ce que nous ne faisons pas d’habitude.
Il y a tellement de choses à gérer avant de monter sur scène qu’il n’y a plus de place dans l’esprit pour penser à autre chose
Dans la chanson, vous vous adressez aux tireurs en les suppliant de ne pas appuyer sur la gâchette et en interrogeant sur le "pourquoi". Vous ne vouliez peut-être pas donner dans le larmoyant en abordant le sujet du côté des victimes ?
Effectivement, choisir le bon angle pour traiter de ce sujet n’était pas évident. Nous n’avions pas de proche sur Paris ce jour-là donc nous n’avons pas été touchés directement par ce drame. Aborder le sujet du côté des victimes aurait manqué de sincérité et nous aurions eu la sensation d’usurper cette tragédie à ceux qui l’on réellement vécu.
Nous avons donc choisi de laisser simplement s’exprimer ce que nous ressentions sur le moment : une interrogation, « Pourquoi en arriver à une telle cruauté ? ».

Tout artiste s'est imaginé dans la peau des Eagles Of Death Metal ce jour-là, vous aussi ?
Y pensez-vous encore aujourd’hui quand vous montez sur scène ?
Pour être honnête, il y a tellement de choses à gérer avant de monter sur scène qu’il n’y a plus de place dans l’esprit pour penser à autre chose. Par contre, on y pense en tant que spectateur quand on assiste à de gros concerts ou de gros festivals.
Notre musique dans son ensemble, pas seulement nos textes, est un vrai moyen d’expression
Il y a heureusement des textes plus légers mais toujours intéressants. Les voyez-vous comme un moyen d'expression, de faire passer un ou des messages ?
La musique, comme toute autre forme d’art, est une extension de nos émotions. Elle permet de faire passer un message concret mais aussi des choses de beaucoup plus abstraites comme un sentiment, un ressenti, une sensation. Donc, oui, notre musique dans son ensemble, pas seulement nos textes, est un vrai moyen d’expression.
Pour cet album, nous avons essayé d’écrire des textes qui ont un sens pour nous mais où chacun peut se l’approprier, l’interpréter à sa façon. À l’exception de « Vultures » et « Moonrakers » où les paroles sont plutôt univoques.

Quels autres sujets abordez-vous dans l'album, pour nos lecteurs qui ne parlent pas anglais ?
Notre album tourne autour de deux thèmes principaux. Le premier concerne la fascination pour l’univers et ses corps célestes (« Echoes Of Asymmetry »), et qui soulève la question du rôle et de la place de l’homme dans cet immensité (« Beyond The Stars », « Mayflies »). Le second est celui de la frustration, celle que peut ressentir un artiste de ne pas vivre concrètement de sa création (« Sparkling Cut », « Young Man »). Quelques morceaux ont leurs thèmes propres comme « Vultures » dont on vient de parler ou « Moonrakers » inspiré de la légende du même nom.
Avez-vous déjà pensé ou envisagé écrire et chanter en français ?
C’est quelque chose que nous n’excluons pas. Le français est une langue magnifique et riche dont nous sommes fiers. Malgré tout, pour cet album, le choix de l’anglais nous a paru plus naturel. C’est peut-être dû, de manière inconsciente, à nos influences.
Cette diversité fait simplement partie de la liberté que nous nous donnons
Craignez-vous qu'il ne vous ferme des portes à l'international ?
Il faut reconnaitre que les musiques francophones ont plus de mal à s’exporter. Pourtant, certains groupes comme Rammstein ont réussi à conquérir la scène internationale en chantant dans leur langue natale. Cela prouve que l’anglais n’est obligatoire.
Est-ce quelque chose que vous pourriez envisager dans le futur ?
Oui ! On pourrait commencer par incorporer juste quelques phrases (comme dans le dernier album de Gojira) pour y aller progressivement. En tout cas ça nous branche bien.

Votre musique est résolument prog mais de nombreux autres styles sont présents sur l'album. Cette variété semble importante pour vous ?
Comme on le disait plus haut, nous voulons garder une grande liberté de composition et cela passe aussi par la variété des styles que nous exploitons. Nous n’avons pas de cahier des charges quand nous composons, si une idée nous inspire et découle d’une certaine manière, nous voulons l’exploiter jusqu’au bout sans se donner la contrainte d’un style en particulier.
Malgré tout, il est important (pour nous) de garder une certaine cohérence dans un album et de ne pas proposer quelque chose de complétement hétéroclite. L’exercice consiste donc à rester libre tout en proposant un fil conducteur, une sorte de pâte qui nous caractérise. Ce n’est pas facile mais c’est l’objectif que nous nous fixons.
Donc pour conclure, cette diversité n’est pas un but en soi, elle fait simplement partie de la liberté que nous nous donnons.
Les titres bluesy comme 'Young Man' ou folk ('Mayflies') véhiculent des émotions différentes des compos plus typées metal. La façon de les aborder est-elle différente lors de l'écriture ?
Pas vraiment en fait. Ça peut paraitre étrange, mais on a souvent l’impression que c’est la composition qui décide à notre place, c’est elle nous emmène au résultat. Ces deux morceaux n’y ont pas dérogé.
« Beyond The Stars » est la chanson avec laquelle on s’éclate le plus en live
Quel est votre titre préféré (le nôtre est 'Moonrakers' avec son riff hard rock et ses mélodies entêtantes) ?
Ju P (Chant) : J'adore toutes nos chansons mais je choisis ‘Beyond The Stars’.
Ju V (Guitare) : Pour moi, c’est ‘Beyond The Stars’ car c’est celle qui nous a donné le plus de plaisir à composer, celle avec laquelle on s’éclate le plus en live. En termes de composition, elle propose une facette globale de toute la musique que nous proposons : du planant, de l’aérien au début, des riffs heavy pendant les couplets, des mélodies hypnotiques pendant les refrains et toute la seconde partie du morceau, un gros solo de guitare… Du progressif quoi ^^ !
Flo (Basse) : J’aime beaucoup ‘Sparkling Cut’ à jouer, mais à écouter, ma préférée est ‘Feel’ (peut-être par ce que c’est la dernière de nos compos).
Ju S (Batterie) : Idem ^^ (c’est ‘Moonrakers’).
Voyez-vous l'album comme un tout ou comme une suite hétéroclite de compositions sans lien entre elles ?
Comme on le disait un peu plus haut, il est important pour nous de proposer l’album comme un tout cohérent. Chacun de nos morceaux évoque des émotions, des couleurs différentes mais ils sont en même temps indissociables. Nous les avons travaillés de manière à créer un fil conducteur. C’était l’objectif en tout cas.

L'exercice de l'album concept vous tente-t-il ?
Carrément ! C’est un vrai challenge mais nous aimerions vraiment relever ce défi. On a déjà quelques idées dans ce sens donc c’est un objectif pour le deuxième album. En tout cas, si ça ne se fait pas pour celui-ci, ce sera pour le troisième album !
Qu'attendez-vous tu de la promo de l'album avec Dooweet ?
Maintenant que l’album est enregistré, nous ne voulons pas qu’il reste confidentiel. . Cette promo nous permet de la mettre en visibilité.
Les articles de presse qui s’intéressent à notre album nous permettent aussi de prendre du recul, d’avoir un avis extérieur, c’est très important.
Nous espérons que la réception de l’album auprès de la presse nous fera gagner en crédibilité et nous permettra de nous associer rapidement avec un label.

Quel est votre meilleur souvenir en tant qu'artistes ?
Ju P : D'avoir tourné 10 jours en Hollande avec un ancien groupe.
Ju V : L’enregistrement de « Vanishing Lines » et sans doute l’un de mes meilleurs souvenir en tant qu’artiste. Pendant plusieurs semaines, enfermé dans un studio à façonner l’album de manière à le rendre le plus abouti possible, c’était juste génial. Sinon, mon souvenir le plus fort en live est un concert devant 5000 personnes avec mon ancien groupe !
Flo : Le concert pour notre sortie d’album à l’Oméga Live et sinon un concert sur Marseille devant un public de 200/300 personnes qui nous ne connaissaient absolument pas. On a réussi à faire bonne impression et on a vendu pas mal d’EP ce soir-là !
Ju S : Notre concert à L’Oméga Live du Zénith de Toulon, notre première vraie grande salle de concert avec tout le matos et les ingé-son qui vont avec, de la tuerie ^^.
Il est temps d’exporter notre musique, de la faire découvrir
Et au contraire, le pire ?
Ju P : Récemment pour notre dernier concert 2017 : lors des balances tout déconnait, du multi-paire en passant par les retours… Le concert a finalement commencé à 22h au lieu de 20h30 prévu initialement.
Ju V : Je me souviens d’un concert où rien n’allait. L’acoustique de la salle était horrible, le matériel de sonorisation complétement bancal. Nous avons passé les balances à régler des problèmes techniques. Au final, durant le concert : sur scène on ne s’entendait pas et en façade le son était complétement déséquilibré et surtout beaucoup trop fort ! C’était dur de jouer tout en sachant que la représentation ne pouvait pas fonctionner…
Flo : Un Tremplin dans lequel on a réussi à aller jusqu’en finale puis nous avons perdu face à un groupe de reprises qui avait ramené plus de public que nous…
Ju S : Notre premier concert, perso, j'avais un trac fou à m'en couper l'envie de manger^^.
On a commencé par la question que l'on vous a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ?
Ju P : «Dans un monde alternatif, quel poste au sein de ton groupe choisirais-tu ? » La réponse est : Batteur :)
Ju V : « Pourriez-vous nous dévoiler votre plus grand secret ? » mais ce sera pour la prochaine fois ;).
Flo : «Qui est le plus musclé dans le groupe ? ».
Ju S : « Pourquoi êtes-vous si bon ^^ ? ».
Pour finir, un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?
Merci d’avoir lu notre interview, n’hésitez pas à nous découvrir sur vos plateformes d’écoute
streaming préférée ou carrément en live !
Et pour finir, merci à toi pour cette interview !