MW / Accueil / Articles / INTERVIEWS - NO ONE IS INNOCENT (07 FEVRIER 2018)
TITRE:

NO ONE IS INNOCENT (07 FEVRIER 2018)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

HARD ROCK



Nous avons rencontré Kemar à l’occasion de la sortie de “Frankenstein”, le nouvel album coup de poing de No One Is Innocent.
NEWF - 16.03.2018 -
9 photo(s) - (0) commentaire(s)

C’est un Kemar en pleine forme qui nous a accueillis pour cette nouvelle interview. Détendu et particulièrement fier de ce nouvel album, le frontman de No One Is Innocent nous a parlés avec passion de « Frankenstein ».


Nous nous étions rencontrés en 2016 pour la sortie du DVD "Barricades" et tu nous avais dit que le prochain album serait très proche de "Propaganda". C’est effectivement le cas et "Frankenstein" est même encore meilleur et sonne encore plus heavy avec une production plus metal. Es-tu d’accord ?

Je ne dirais pas metal mais plus organique où tu sens encore plus le groupe. En fait souvent on dit aux groupes qu’on ne retrouve pas sur disque l’énergie qu’ils déploient sur scène. C’est compliqué.





Oui, mais il n’y  a pas énormément de groupes qui sont d’abord des groupes de scène. No One en est un. C’était donc une volonté de retranscrire cette énergie ?

En fait lorsque Fred (Ndlr : Fred Duquesne, producteur) a écouté les démos, il s’est dit qu’il y avait vraiment moyen d’emmener le groupe vers quelque chose de vraiment organique.


C’est-à-dire concrètement ?

Trouver une formule qui fait que le groupe est vraiment palpable sans que l’auditeur sente que les musiciens enregistrent chacun de leur côté.


"Frankenstein" est l’album de Shanka.


Dans notre précédent entretien pour la sortie de "Barricades", tu regrettais justement que No One soit trop souvent résumé à toi. Est-ce que cet album te rassure sur le fait que No One soit vraiment un groupe ?

Un album de No One n’a jamais été Kemar. Sans les gars, je ne suis pas grand-chose. Par contre je pense que cet album "Frankenstein" est l’album de Shanka (Ndlr : guitariste de NOII). Je trouve qu’il a une grâce dans les thèmes, dans les solos, dans les riffs. Même si bien sûr Popy (Ndlr : deuxième guitariste de NOII) a composé aussi des titres. Mais je n’ai jamais entendu Shanka aussi sublime que sur "Frankenstein".


Comment l’expliques-tu ?

Je pense que Shanka est en totale confiance. Je considère qu’il fait partie des trois meilleurs guitaristes français. Et ce n’est pas parce que c’est le guitariste de No One. Je le pense vraiment. Il est capable de sublimer des morceaux comme personne.


Justement, les riffs de guitare sont particulièrement efficaces et les morceaux assez courts. Etait-ce une volonté de balancer des uppercuts à l’auditeur pour lui dire "réveille-toi, le monde t’a endormi" ?

Tu sais, on n’est pas adepte des morceaux de six ou sept minutes comme Metallica ou autres.





Malgré tout, tu nous as dit que tu avais grandi avec Iron Maiden.


Oui, mais sur les premiers Maiden, la majorité des morceaux font 3min30. Comme tu dis, on aime ce côté "coup de poing", les morceaux qui te prennent à la gorge et que tu as envie de réécouter tout de suite.


Ça contribue au fait que le message passe mieux ?


Oui. Peut-être est-on plus audible et compréhensible quand le texte et la musique sont complètement liés. Mais le processus de composition est particulier dans No One. Nous ne sommes pas un groupe où le guitariste arrive avec ses accords et dit « pose ton texte ». Ça ne se passe pas comme ça. J’écoute les riffs pendant des semaines jusqu’à ce que l’écoute fasse jaillir le texte. On a toujours fonctionné comme ça. Et c’est encore plus fort dans "Frankenstein". Par exemple pour le morceau ‘Ali’, il était évident qu’il fallait que j’en parle à l’écoute du riff. De même pour le morceau ‘Frankenstein’ et la transe qu’il développe, j’ai eu envie de parler de la création du monstre, des alliés et des russes qui se partagent le Moyen Orient et qui y ont mis le bazar.





Depuis le début, nous utilisons la musique pour dire des choses.



‘Ali King Of The Ring’ est donc un exemple à suivre ou un hommage ?

C’est les deux. C’est une façon de mettre un petit arc-en-ciel au milieu du côté sombre des textes. ‘Ali King Of The Ring’ est un peu la lumière au milieu de titres comme ‘Desperado’, ‘Frankenstein’, ‘Les Revenants’. Comme nous l’avions fait avec ‘Massoud’ sur l’album "Propaganda". Ces gens-là, à travers leurs parcours, nous donnent envie de continuer à dire des choses.


Dire des choses, d’accord. Mais quand tu vois l’évolution de notre monde, est-ce que parfois tu ne dis pas que c’est un peu vain ? Car malgré tout on va vers ce Frankenstein qui évolue de plus en plus mal.

Oui, mais alors on aurait dû arrêter depuis un moment. Nous ne sommes pas des Bob Marley. Parfois il y a des gars comme lui qui arrivent dans la musique et qui peuvent changer certaines choses. Mais aujourd’hui c’est plus compliqué. Cela dit, on sait qui on est. Depuis le début, nous utilisons la musique pour dire des choses. Après les gens nous écoutent pour notre musique, pour notre message ou pour les deux. On n’a pas la prétention de faire des sondages à la fin des concerts pour demander aux gens s’ils ont compris le message. En fait c’est une espèce de thérapie. Au lieu de le crier avec vulgarité ou avec violence, on a la chance d’avoir la musique pour dire des choses.





En termes de production, de compos, de textes, je pense qu’on touche le graal


"Frankenstein" est la synthèse de ce que NOII sait faire de mieux. Un brûlot heavy et rentre-dedans qui ne pourra que combler les amateurs de rock pêchu. Penses-tu avoir atteint le point culminant de l’identité musicale du groupe ?

En termes de production, de compos, de textes, je pense qu’on touche le Graal. Ce n’est pas pour nous envoyer des fleurs mais cet album est un réel plaisir à écouter. Généralement, quand je passe autant de temps en studio, à enregistrer, à mixer, à la fin, je n’ai plus envie d’écouter l’album. Alors que "Frankenstein", je le réécoute encore. Et franchement ça me réjouit.


Dans notre précédente interview, tu nous avais dit que No One ne voulait pas reproduire les mêmes choses. Atteindre un sommet avec cet album ne vous met-il pas la pression pour le suivant et ne vous incite-t-il pas à changer de démarche pour le prochain album ?

Je pense que ce qui restera toujours chez No One, c’est notre côté instinctif et animal. Mais déjà sur "Frankenstein", nous avons essayé d’amener l’auditeur un peu ailleurs avec des mid tempos comme ‘Nous sommes la nuit’ ou ‘Mad King’ où les rythmiques et la voix sont différentes. On aime surprendre avec ce genre de titres.


L’identité de NOII est bien sûr basée sur tes textes engagés. On peut dire qu’avec le monde comme il va, la source n’est pas prête de se tarir et tu ne te prives pas de dire ce que tu penses sur Trump avec ‘What The Fuck’ ou sur la politique de l’Occident vis-à-vis du Moyen Orient avec ‘Frankenstein’. Comment trouves-tu l’équilibre entre l’engagement politique et le cynisme un peu désabusé qui font la force de tes textes ?

Notre métier est de faire de la musique et de l’utiliser pour dire des choses. Par exemple certains morceaux des MC5, de Rage Against The Machine ou même de Bob Marley ont eu plus de répercussions que de grands discours. C’est la force de la musique.





Le titre ‘Les Revenants’ est particulièrement intéressant et réussi. Penses-tu qu’il est impossible d’arrêter "ces jeunes loups solitaires, la foi entre les dents" dans la mesure où "leur paradis est notre enfer" ?

C’est la question que nous posons. Avec mon co-auteur Manu De Arriba qui est mon petit frère de lycée, nous aimons les challenges, même si ce n’est pas facile de traiter de ce genre de sujets. Comment faire pour parler de cette jeunesse-là sans être narratif ou simpliste. C’est un vrai challenge.


Et quelle est votre recette ?


C’est l’ambiance du titre, sa matière musicale qui influence le texte.


Penses-tu que comme le docteur Frankenstein, nous n’avons que ce que nous méritons et que le monstre que tu dis que nous avons enfanté se retourne contre nous ?


Oui évidemment. On a le boomerang qu’on mérite.


Alors rien ne change ?

Non on ne peut pas dire ça. Je pense simplement que la politique étrangère de Hollande, qui a voulu jouer au chef de guerre, a été catastrophique. Les mecs qui  déboulent dans pays avec des kalachnikov n’arrivent pas par hasard. On peut parler de théorie du complot ou de tout ce que tu veux, mais ils n’arrivent pas par hasard.





Avec Charlie Hebdo, Le Bataclan … Je pense qu’on a vraiment touché le fond.


Est-ce que ça ne découle pas plutôt de la misère ambiante qu’on a laissé s’installer depuis des décennies ?

Bien sûr, mais ça vient aussi de politiques axées sur le pétrole, des relations houleuses avec l’Arabie Saoudite qui ont des relations économiques avec nous tout en finançant le terrorisme. C’est ce que nous disons dans ‘Frankenstein’. Ce n’est pas une légende. Pas besoin d’invoquer je ne sais quelle théorie du complot pour dire ce genre de vérités.


Et tu es plus optimiste aujourd’hui qu’il y a cinq ans ?

Oui parce que je pense qu’on a touché le fond. Charlie Hebdo, Le Bataclan, certains flics qui se sont fait lyncher, les prises d’otage dans l’église, on a vraiment touché le fond. Donc je me dis qu’à moins d’une énorme bêtise en politique étrangère, ça ne peut qu’aller mieux.


Et tu n’as jamais eu envie de faire des featurings avec certains groupes de rap qui disent la même chose ?

Quand on a commencé No One Is Innocent, on s’est acoquiné avec des rappeurs. Ça me plairait mais il faut que les gars aiment le rock. Ce genre de projet de toute façon est toujours basé sur des rencontres, des tolérances musicales. D’abord la musique. Après on écrit. Mais c’est très compliqué de collaborer avec le Hip Hop. Ou alors il faut collaborer avec les patrons comme NTM qui sont énormes dans les textes comme dans la musique et l’attitude. Encore faut-il qu’ils aient envie de se confronter avec notre musique.





Lorsqu’on s’appelle NOII et qu’on est un groupe engagé depuis 25 ans, comment évite-t-on de transformer un concert en meeting politique ?


Jamais ! Un concert est un concert. Ce n’est pas un chanteur avec un pupitre et quatre mecs derrière assis sur une chaise.


A ce sujet, que penses-tu de Prophets Of Rage et de leurs banderoles "Fuck Trump" brandies à tous leurs concerts ?


Mets-toi à leur place. C’est comme si nous avions Marine Le Pen au pouvoir. Regarde qui ils ont à la tête de l’Etat. Pour eux c’est une catastrophe. Evidemment qu’ils ont envie de repartir sur la route avec un projet et de défendre quelque chose.


Et si ça arrive en France, qu’est-ce que tu fais ?

Je peux te dire qu’on continuerait à écrire. On a fait dix concerts avec Tagada Jones pendant les élections présidentielles pour faire du bruit dans l’hexagone. On fait avec ce qu’on a. Sans les radios, sans la grande presse mais on s’en moque complètement. Nous avons nos propres armes.


Dans notre interview de 2016, tu disais que ta culture musicale s’était forgée avec Iron Maiden et Black Sabbath d’un côté et les disques des Stooges et des Clash de ta sœur de l’autre. La reprise de ‘Paranoïd’ et le titre punk ‘What The Fuck’ sont-ils des hommages à ces deux cultures ?

Complètement. C’est exactement ça. Black Sabbath est le groupe d’où tout est parti. Pas de Metallica, pas de Slayer, pas de RATM sans Black Sabbath. Nous sommes des enfants de cette culture-là.


Et qu’est-ce que pense ta sœur de ta carrière ?


Ma sœur, qui m’a fait découvrir tous ces groupes, a basculé dans des trucs à la c.. (rires). Mais effectivement le côté punk de ‘What The Fuck’ fait aussi partie de No One parce que pour nous, le punk est une affaire d’attitude. C’est l’inattendu, l’imprévu, le out of control.





Qu’attends-tu de cet album ?


On a envie que les gens comprennent cette idée de création du monstre, la genèse de ces morceaux. Puis de les retrouver en concert et savoir ce que ça leur fait. On attend des commentaires de nos fans, savoir ce qu’ils pensent de cet album. Et d’avoir des discussions intéressantes sur ce que disent nos morceaux. On attend de partager notre musique.


Et c’est prévu pour quand ?

Pour Paris, le 21 novembre à la Cigale. Et avant, le 28 mars au Bus Palladium, deux jours avant la sortie de l’album.


Merci beaucoup

Merci les gars



Plus d'informations sur http://nooneisinnocent.net/
 
(0) COMMENTAIRE(S)  
 
 
Haut de page
 
Main Image
Item 1 of 0
 
  • 12918
  • 12919
  • 12920
  • 12921
  • 12922
  • 12923
  • 12924
  • 12925
  • 12926
Haut de page
EN RELATION AVEC NO ONE IS INNOCENT
DERNIERE CHRONIQUE
NO ONE IS INNOCENT: Colères (2024)
4/5

Avec "Colères", No One Is Innocent boucle la boucle de 30 ans de révolte musicale, dressant le portrait d’une société en crise perpétuelle et tirant sa révérence sans concession.
DERNIERE ACTUALITE
NO ONE IS INNOCENT : 3 membres quittent le groupe
 
AUTRES ARTICLES
SUPREME NTM - ACCORHOTELS ARENA - 10 MARS 2018
30 ans, ça se fête !
VANDENBERG'S MOONKINGS + BUZZKILL BABY! - COURTRAI - DE KREUN - 10 MARS 2018.
Nous avons rendez vous à Courtrai avec Moonkings et Adrian Vandenberg pour une soirée placée sous le signe d'un hard rock chaleureux et plein de feeling.
 

F.A.Q. / Vous avez trouvé un bug / Conditions d'utilisation
Music Waves (Media) - Media sur le Rock (progressif, alternatif,...), Hard Rock (AOR, mélodique,...) & le Metal (heavy, progressif, mélodique, extrême,...)
Chroniques, actualités, interviews, conseils, promotion, calendrier des sorties
© Music Waves | 2003 - 2025