C’est soirée de gala ce jeudi dan,s la capitale des Flandres. La ville accueille au Zénith une date de la tournée exceptionnelle de
Toto donnée à l’occasion de la compilation, "40 Trips Around The Sun" célébrant les 40 ans de la légende américaine en incluant 3 inédits. Toto a mis les petits plats dans les grands sans première partie pour proposer un concert longue durée. Pour pas mal de gens Toto c’est le groupe de quelques tubes radios, mais le cantonner à ces succès serait une grave erreur puisqu'il est surtout un brillant touche-à-tout, entre hard rock, pop, jazz, blues et progressif. On se souvient de la grande qualité de "XIV" sorti en 2015 et qui avait signé un retour formidable après un long sommeil.
Dans une configuration assise la salle va vite se remplir. On signalera l’intelligence de l’organisation qui a ouvert deux heures avant le début permettant d’éviter les queues habituelles. Les hostilités démarrent à 20h30, la scène est dépouillée, sans back mais avec des jeux de lumières remarquables. Nous retrouvons la formation relancée en 2010 avec Steve Lukather à la guitare et au chant, Jospeh Williams au chant principal, Steve Porcaro aux claviers et David Paich au piano, les deux chantant également. Ils sont accompagnés de Lenny Castro aux percussions, Warren Ham au saxophone et aux chœurs, Sharron Forrest à la batterie et Shem Von Schroeck à la basse. Cette formidable dream team va nous faire voyager dans l’histoire de Toto de manière exceptionnelle en revenant sur pas moins de 10 albums avec des reprises et une partie acoustique jazzy.

Le premier set se compose de 9 titres et commence avec un inédit, ‘Alone’. Le son est pur et puissant et met parfaitement en valeur les musiciens. La chanson fait son effet, classique du style Toto elle est dotée d’un excellent refrain, d’une mélodie imparable et déjà on admire la cohérence du groupe. Intelligemment Toto balance un premier classique avec ‘Hold The Line’; 40 ans après sa création ce titre reste un immense moment de hard teinté de pop avec un refrain repris en chœur. Il est l’occasion pour la fosse de se lever et donner au concert une véritable allure rock. "Toto IV" est à l’honneur ensuite avec un excellent ‘Lovers In The Night’ chanté par David Paich. Porté par le clavier et un bel air de saxophone ce titre est une petite merveille de pop et fait un carton. Lukather prend la parole et évoque ensuite l’anniversaire du groupe et la compilation pour présenter un deuxième inédit, ‘Spanish Sea’. Porté par un air acoustique et un chant gorgé de feeling, ce titre montre un Toto au meilleur de sa forme, mélodique et accrocheur, et déclenche les applaudissements.

‘I Will Remember’ est l’occasion de rendre hommage à Mike Porcaro. Ce titre est un superbe moment d’émotion porté par un chant parfait et par une musicalité remarquable qui donne le frisson. ‘English Eyes’ revient vers un "Turn Back" sorti en 1981 et un peu oublié. Plus rock il marque par une partie solo brulante avec un joli travail à la guitare et aux claviers. La magie est au rendez-vous, l’alchimie du line-up saute aux yeux et la fluidité qui s’en dégage est extraordinaire. Avec ‘Jack To The Bone’ Toto va le prouver encore plus. Cet instrumental typé jazz fusion est taillé pour la scène. En 7 minutes on en prend plein les oreilles avec notamment une basse bien mise en avant, le tout avec un feeling remarquable. Cette première partie de concert va s’achever en apothéose avec d’abord ‘Lea’, ballade forte en sensibilité qui fait un triomphe, divinement chantée par un Williams au top de son art et qui donne un nouveau frisson. On y apprécie une finesse rare avec un très bel accompagnent au saxophone. C’est ‘Rosanna’ qui termine cette partie. Ce tube intemporel au refrain parfait reste un immense moment en live et permet aux musiciens de s’éclater. D’un solo de clavier brulant en passant par le piano et la guitare en fusion de Lukather cette version aura été parfaite.

La configuration scénique change pour permettre à Toto de passer en mode acoustique le temps de 7 titres. C’est aussi l’occasion d’un petit speech et d’une présentation sympathique pleine de bonne humeur et de fun, chaque musicien étant acclamé à la hauteur de son talent. La partie commence avec ‘Miss Sun’ : groovy et rempli de feeling, ce titre est idéal pour débuter avec un ton jazzy dansant irrésistible. Les titres vont vite s’enchainer, tous très courts ils vont donner à cette partie un bel aspect club. Dans cet optique ‘’Georgy Porgy’ est idéale avec son côté piano bar teinté de jazz et R&B et est l’occasion d’une pensée pour leurs amis de Steely Dan. ‘Human Nature’ de Mickaël Jackson est ensuite un grand moment avec un chant parfait en forme de bel hommage au Roi de la pop.

‘Holyanna’ et ‘No Love’ sont aussi passionnantes, la première avec Paich au chant est belle et prenante, la seconde avec Ham à l’harmonica et Porcaro au chant fait son effet avec un esprit country chaleureux. Cette partie va s’achever avec des moments de classe et d’émotion. ‘Mushanga’ est introduite par un hommage à Jeff Porcaro et est un immense moment de pop avec un très beau refrain et des aspects world dans l’esprit de Johnny Clegg. ‘Stop Loving You’ elle aussi extraite de "The Seventh One" va être un grand moment. De la guitare acoustique de Lukather au chant et clavier de Paich en passant par l’air de saxophone elle charme le public. Ce dernier chante en chœur avec le groupe notamment sur ce refrain si fort. Les applaudissement sont nourris et achèvent cette partie en beauté.

La partie suivante voit la scène retrouver sa configuration classique et ce deuxième set va être aussi riche que le premier. Il démarre sur les chapeaux de roue avec ‘Girl Goodbye’ ; bien rock, ce titre du premier album fait fureur et lance la dernière ligne droite de manière idéale. Les musiciens additionnels de la tournée sont présentés comme dans tout show à l’américaine qui se respecte. Puis ‘Angela’ du même album fait son effet avec le chant parfait de Lukather. Entre ton de ballade chargé en émotion et gros rock elle alterne les ambiances à merveille. ‘Lion’ extrait de "Isolation" est très marquée années 80 et ce plongeon est délicieux et montre toute la force de Toto pour un rock puissant mais mélodique et accrocheur. Avec la reprise du thème principal de la bande son du film Dune, les musiciens vont encore nous ravir. Servis par des lumières en adéquation avec la musique ils nous proposent une prestation de haut vol avec en particulier un gros travail au clavier.

Toto ressort ensuite la reprise de ‘While My Guitar Gently Weeps’ des Beatles qu’il avait déjà interprétée sur la tournée Through The Looking Glass en 2003. Il est l’occasion d’une pensée pour George Harisson et 50 ans après sa création ce titre reste une pépite forte en feeling avec un groove énorme et un solo formidable. En matière de pop entrainante et pêchue ‘Stranger In Town’ a ensuite été un excellent moment. Avant le grand final on retrouve un ‘Make Believe’ dont on a apprécié une superbe mélodie. Ce final c’est bien sur ‘Africa’, ce classique absolu de la scène pop rock est très attendu et reste le titre phare du groupe - et sans doute celui que l’on entend le plus en radios. Le triomphe est total dès les premières notes. Toto nous gratifie de la version longue de ce titre avec une partie instrumentale ébouriffante, entre les percussions, le piano et avec son refrain si fort il demeure une merveille intemporelle. Le public est à fond dedans, chantant avec le groupe. Ce titre conclut le concert mais personne n’a envie d’en rester là et dans une ambiance superbe Toto revient pour un rappel unique mais parfait. C’est ‘The Road Goes On’, extrait du très bon "Tambu" qui va finir la soirée. Ce titre chanté par Steve derrière sa guitare acoustique est une merveille mélodique avec une belle montée en puissance. Il est l’occasion aussi pour le public de dégainer les téléphones à l’image des briquets d’antan pour illuminer la salle.

Ce joli moment d’émotion finit la soirée de manière idéale et un show de plus de 2h30. Toto a donné ce soir un concert de haute volée, d’une précision technique remarquable et d’un professionnalisme impressionnant. Il a aussi confirmé une force mélodique et émotionnelle et a parfaitement su nous faire voyager le long de son incroyable carrière. Il ne fait pas de doute que le public lillois se souviendra longtemps de cette superbe prestation, les sourires sur les visages et l’affluence au merchandising en étant de jolis témoins.
Il me reste à remercier les organisateurs pour leur accueil parfait et UbikwiT photos de concerts pour nous avoir fourni les photos