Rencontre avec Anne-Sophie Remy, l'âme et le cœur de Room Me pour la sortie d’un premier album rempli d'une grande mélancolie et de spleen à l'image des poèmes de Beaudelaire.
Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?
Comment en es-tu arrivée à collaborer avec Jean-Claude VanDoom ! Je suis sûr que tu vas me la poser d’ailleurs.. non ?
Pendant un an et demi j’ai sorti de ma tête tout ce que j’avais besoin de
sortir jusqu’à épuisement des ressources et ça a donné "Anaon"
Room Me sort son premier album après 2 EP, qu'est ce qui t'a fait franchir le pas de l'album complet ?
Pendant un an et demi j’ai sorti de ma tête tout ce que j’avais besoin de sortir jusqu’à épuisement des ressources et ça a donné "Anaon". Il n’y avait pas de pas à franchir. C’est venu naturellement.
Quelquefois c’est en disant le plus simplement les choses, qu’elles sont le mieux reçues
Ton univers est baigné par un rock vraiment authentique et sans artifice, un peu à l'ancienne, qu'est ce qui te plait justement dans ce choix très dépouillé ?
D’aller à l’essence même de la chanson, de la mélodie, des paroles. Je me mets au service de la chanson - ne pas la noyer, ne pas tourner autour du pot. Quelquefois c’est en disant le plus simplement les choses qu’elles sont le mieux reçues. Et dans la vie, je suis comme ça aussi, en tout cas j’essaye. Cependant, il y a des exceptions.
« Anaon » qui signifie en breton l'ensemble des âmes des défunts et le lieu où elles se retrouvent, sonne très sombre et très mélancolique, ici tu pousses la noirceur jusqu'à son paroxysme, a-t-il été écrit dans une période douloureuse ?
Oui effectivement. Pendant la période de composition, il y a eu beaucoup de fins dans ma vie.
Conçois-tu la composition de chansons comme une solution cathartique et exutoire ?
Oui, complètement ! J’ai du mal à écrire sur d’autres sujets que des sujets personnels ou des situations que je n’aurais pas vécues. C’est ma thérapie. Cependant, il ne faut pas prendre les paroles au pied de la lettre. Sur 'Death Smiles And Dances Are Gone' je ne raconte pas une situation que j’ai vécue dans les gestes mais plutôt dans l’idée…
Je suis quelqu’un de très nostalgique et de mélancolique. Donc je suis inspirée presque tout le temps
Ton travail est à rapprocher des poètes maudits qui écrivaient souvent leurs plus belles œuvres dans leurs moments les plus désespérés : la douleur est-elle une des meilleures sources d'inspiration ?
Je suis quelqu’un de très nostalgique et de mélancolique. Donc je suis inspirée presque tout le temps (AHAH )… Dès que je vois une photo, ou bien une odeur qui me vient aux narines…les souvenirs… Même une situation heureuse peut se transformer en une situation horrible. Par exemple la passion, l’amour, se donner à 100% à quelqu’un … Mais je ne parlerais pas de douleur ni de souffrance.
Après il est vrai que si tout va bien (donc pas de souvenirs, pas de problèmes …) je ne pourrai pas écrire.
Ne crois-tu pas que c'est un choix risqué de proposer un premier album qui est presque introspectif et qui semble très personnel ?
Non, pourquoi est-ce que ça serait plus un risque que de proposer un album pas du tout personnel ? Ça serait encore plus dur à défendre, je pense.
Je ne me suis pas dit « tu vas aller jusqu’à telle frontière et après tu t’arrêtes ». Les choses viennent naturellement.
Jusqu'où penses-tu que va la frontière dans l'exposition personnelle d'un artiste dans un album ?
Oulala…C’est une question de dissert’ de philo ça !
Franchement je ne sais pas. C’est propre à chacun. En tout cas pour ma part, je ne me suis pas dit « tu vas aller jusqu’à telle frontière et après tu t’arrêtes ». Les choses viennent naturellement. Après c’est du sujet du subconscient je pense…et là….
Dans ta manière d'écrire, est-ce que tu laisses une latitude à tes partenaires pour faire des propositions ?
Tu parles du live ? Si tu parles du live oui et non. J’écoute leurs propositions et on en parle.
Si tu parles de l’enregistrement, excepté pour 3 chansons où Fabien Pilard est venu m’aider pour l’arrangement, il n’y a pas eu de questions à se poser étant donné que j’ai été la seule personne à enregistrer sur ce disque.
De combien de titres disposais-tu au moment d'enregistrer l'album et comment se sont fait les choix ?
La composition, l’écriture et l’enregistrement, tout cela a été fait sur un an et demi grosso-modo et souvent dans mon appart, seule. Il n’y pas eu de choix de chansons. Il n’y pas eu de jour spécial enregistrement. Toutes les chansons écrites pendant cette période sont sur l’album. J’enregistrais dès que j’avais une idée en tête… il n’y avait pas de planning prévu pour tout ça. Ça a débuté et fini le plus naturellement possible. Dès qu’il n’y avait plus rien à dire j’ai su que j’étais arrivé à la fin de l’album.
Quand je compose j’ai souvent des images en tête ou bien des extraits de
films. Mais j’ai déjà assez à faire avec mes propres émotions et mes
expériences.
L'une des plus belles chansons de l'album est 'Death Smiles and Dances are Gone' qui ressemble à une valse presque macabre à la Tim Burton. Justement le cinéma, la littérature sont-ils une de tes sources d'inspiration ?
Merci ! Moi aussi je l’aime beaucoup cette chanson.
Oui et non… Pour les ambiances oui, clairement. Quand je compose j’ai souvent des images en tête ou bien des extraits de films. Mais j’ai déjà assez à faire avec mes propres émotions et mes expériences, si bien que je n’ai pas besoin d’autres sources d’inspiration.
Dans "The End" tu collabores avec Jean-Claude Vandoom du groupe Cult Of Occult, comment en es-tu arrivée avec lui ?
Aha ! la fameuse question ! Le plus naturellement du monde ! Jean-Claude est un ami et j’ai la chance de connaitre sa voix « chantée ». Elle est magnifique, elle ressemble beaucoup à la voix de Scott Kelly, le chanteur de Neurosis. Je voulais absolument faire une chanson où JC chanterait. Je luis ai demandé de venir sur "The End" chanté, il m’a dit oui.
Le titre est un peu à part dans l'album avec un aspect dark prégnant, est-ce une direction vers laquelle tu souhaiterais te diriger dans le futur ?
J’ai déjà quelques morceaux pour le prochain et effectivement l’album sera encore plus sombre…
Tu es souvent comparé à PJ Harvey, n'en as-tu pas marre que l'on colle des étiquettes aux artistes ou à l'inverse est-ce pour toi flatteur ou nécessaire pour que l'auditeur puisse se situer ?
Ça aussi c’est une question qui revient souvent… De coller des étiquettes, c’est humain. Moi-même je le fais quand quelqu’un me demande à quoi ressemble tel ou tel groupe je vais lui citer un groupe en référence, évidemment ! Comme pour un film d’ailleurs…ou un livre… En fait je n’ai pas vraiment d’avis sur cette question.
Ton album est sorti il y a quelques mois, quels ont été les retours ?
J’ai eu pas mal de retour des webzines européens et une superbe chronique dans New Noise du mois de Mars.
As-tu déjà des dates de concert à nous communiquer ?
Des concerts s’annoncent petit à petit ! Il y a trois dates de prévues :
21 avril à La Face Cachée à Metz pour le Disquaire Day
7 juillet à La Chapelle BLP de Breistroff-la-Petite
25 octobre au Royal Royal à Nancy avec Mira Cétii
Je suis en train de préparer aussi quelques concerts avec Atomic Trip, l’autre groupe de Jean-Claude, pour la fin d’année.
Qu'attends-tu de cet album et de l'accompagnement avec Dooweet ?
Qu’il voyage aussi longtemps que possible ! Avec Dooweet ? Aller plus loin allez plus haut ! Intégrer un label, j’aimerais beaucoup. C’est une équipe très sympa et à l’écoute. J’en profite d’ailleurs pour leur dire merci !