A seulement 37 ans, le guitar hero Gus G a déjà un CV long comme le bras. Après des débuts avec Dream Evil, Mystic Prophecy, Nightrage, Arch Enemy ou encore Firewind, le guitariste a pris du galon en devenant guitariste pour Sir Ozzy Osbourne ! Plus récemment, Gus G a pris un nouveau tournant en se concentrant sur sa carrière solo et est venu nous présenter son nouvel album, "Fearless".
Nous aimons commencer nos interviews sur Music Waves par la question suivante : quelle est la question que l’on t’a posée trop souvent ?
La question la plus commune est : « quelle est la différence entre cet album et le précédent ? ».
Et je ne te la poserais pas !
L’autre que j’ai souvent, il y en a deux très populaires, est : « est-ce que tu n’es pas triste de ne plus faire partie du groupe d’Ozzy (Osbourne, ndlr) ? » (Rires).
Et nous n'en parlerons donc pas non plus ! Tu as fait ton retour avec le groupe Firewind (groupe de power metal grec, ndlr) il y a un an (avec l’album « Immortals », ndlr). Avec le recul, comment cela s’est-il passé ? Est-ce que ça a été difficile de relancer le groupe (après 5 années sans sortie d’album, le dernier, « Few Against Many », étant sorti en 2011, ndlr) ?
Oui et non ! On s’était préparés à tout. Cela faisait longtemps qu’on n’était plus dans le milieu, on avait fait une pause, et les gens passent à autre chose. On a été surpris par la bonne réception de l’album, et par l’enthousiasme au cours des concerts. On a aussi été surpris de recevoir autant de propositions pour faire des concerts ! On a commencé l’an dernier avec notre première tournée européenne. On s’est dit qu’on allait faire quelques festivals en plus, mais on a aussi été en Russie pour la première fois, en Amérique du Sud…
Et comment tu expliques ça ?
Mmmh… Le groupe commence à avoir une petite histoire maintenant, mais je pense que c’est aussi lié à la force du dernier album. Il est plus créatif.
C’est sûrement votre meilleur !
Merci ! Je pense aussi !
En jouant en solo, je ne m’attendais pas à ce que cela prenne une telle ampleur

Avec le succès rencontré avec ta carrière solo, est-ce que tu n’as pas hésité à revenir jouer en groupe ? Car dans une carrière solo, tout est clair, il n’y a qu’un seul « chef », ce qui n’est pas le cas dans un groupe où tout le monde cherche à s’exprimer.
En jouant en solo, je ne m’attendais pas à ce que cela prenne une telle ampleur. J’espérais secrètement pouvoir jouer quelques concerts, mais je ne m’attendais pas à ce que je sois autant occupé à faire des tournées. Mais pour être honnête, ça m’a manqué de ne plus jouer dans Firewind. En réalité, l’album « Immortals » était juste un test pour voir si on pouvait faire ça à nouveau. Je voulais voir comment je me sentirais, si j’avais envie d’être avec les gars, de sortir, si j’étais à l’aise en revenant dans un groupe. Ça manquait à tout le monde donc on a passé de super moments. Ça n’a pas été difficile du tout.
Est-ce que ton premier album solo « I Am The Fire » (sorti en 2014, ndlr) était en quelque sorte un cri de libération après avoir travaillé tant d’années dans des groupes pour les autres ?
Oui absolument, on peut dire ça ! Je pense que « I Am The Fire » a été une expérience cathartique. C’était un moyen de m’éloigner de tout ce que j’avais fait en groupe, car on était dans une période très sombre, et c’était un moyen pour moi d’expérimenter, de mener d’autres idées à bien.
« Immortals » (dernier album de Firewind sorti en 2017, ndlr) a été produit par Dennis Ward qui a joué de la basse sur ton album solo. Il semble être plus qu’un simple collaborateur, on sent une relation fraternelle entre vous.
En réalité, il aurait fallu appeler ça l’album solo de Dennis Ward featuring Gus G tellement il en a fait pour moi ! (Rires).
Ce qui compte dans une carrière solo, c’est d’être libre et de ne pas être rattaché au son d’un groupe ou à un certain line-up
Tu as réfléchi à faire cet album solo en duo et à en faire un album de Gus et Dennis ?
Ça aurait pu s’appeler comme ça, mais j’avais pour optique de partir sur un album solo donc j’avais besoin d’un collaborateur. Ce qui compte dans une carrière solo, c’est d’être libre et de ne pas être rattaché au son d’un groupe ou à un certain line-up. Au final, si tu veux établir quelque chose, tu as besoin de fondations stables. Les deux premiers albums étaient très cools et expérimentaux, mais cette fois-ci, j’avais besoin de savoir comment mon son allait être.
C’est ton son, mais aussi celui de Dennis. C’est assez surprenant de voir Dennis chanter. Pourquoi tu as pris cette décision alors qu’il assurait les chœurs pour Pink Cream 69 (groupe de hard rock/heavy metal allemand, ndlr) ?
Eh bien je lui ai envoyé la musique, il m’a renvoyé les lignes de chant. A la fin de la session, quand on a eu quelques chansons, j’ai réalisé qu’il me serait difficile de trouver un chanteur qui pourrait dépasser ces performances qui étaient très bonnes. Et c’était aussi difficile de trouver quelqu’un qui pourrait s’engager sur une tournée mondiale d’un an ou deux. J’avais prévu de faire jouer Dennis à la basse sur l’album. J’ai discuté avec lui, je lui ai dit que je ne voulais pas avoir d’invité supplémentaire. Il m’a dit : « écoute, j’ai toujours voulu faire partie d’un groupe, ce serait un rêve pour moi. Si tu veux, on peut utiliser mes lignes de chant ».
Avec un seul chanteur, je pense que l’album est effectivement plus cohérent que les deux premiers où il y avait beaucoup d’invités (Dennis Ward est le seul chanteur sur le troisième et dernier album de Gus G, « Fearless », sorti en 2018, alors qu’il y avait plusieurs chanteurs sur les albums précédents de Gus G, ndlr). Avec le recul, es-tu d’accord ? Et est-ce que tu as pris Dennis en tant qu’unique chanteur pour sonner comme un vrai groupe ? Est-ce que tu penses avoir trouvé le line-up parfait avec lui ?
Oui, je pense que Dennis et moi sommes une bonne équipe. Au niveau de l’écriture par exemple, c’est très facile pour nous d’écrire des chansons. Je ne sais pas si c’est un line-up parfait car on ne sait jamais combien de temps les choses durent, mais j’espère qu’on va continuer à travailler ensemble pendant de nombreuses années.
Quel pourrait être le futur de Firewind, car il semblerait que tu aies trouvé ton équilibre avec ta carrière solo ?
On est très ouverts par rapport à ça. Je peux continuer à écrire à la fois pour Firewind et pour ma carrière solo. On aime écrire de la musique, donc peu importe si c’est pour un album de Firewind ou un album solo. A un moment, on a même parlé d’écrire des chansons pour Unisonic (supergroupe de hard rock/power metal dans lequel joue également Dennis Ward, ndlr). Donc qui sait ? Peut-être qu’on écrira des chansons pour Unisonic à l’avenir !
Le résultat de la voix de Dennis est très bon et rappelle parfois celle d’Ozzy Osbourne !
A certains moments, oui c’est vrai ! C’est un très bon chanteur, il a quelques références d’Ozzy effectivement, mais il pourrait même presque être dans un groupe de rock progressif des anneés 70 ! Et en même temps, il a une voix taillée pour des chansons commerciales destinées à la radio, donc il correspond parfaitement au projet dans son ensemble !
On veut toujours avoir des accroches et des bons refrains [...] Les chansons doivent rester en tête tout de suite

Ton nouvel album « Fearless » est très accrocheur et mélodique. Tu as beaucoup travaillé les refrains comme ceux de ‘Mr. Manson’, ‘Last Of My Kind’ ou de ‘Don’t Tread On Me’. Était-ce l’idée initiale de travailler sur l’aspect accrocheur des chansons ?
Toujours. On veut toujours avoir des accroches et des bons refrains. Pour moi c’est très important. Les chansons doivent rester en tête tout de suite. Si ça n’attire pas l’attention dès le début, on essaye un autre refrain. Ceci dit c’est très rare avec Dennis. En général, on trouve le bon refrain dès le premier coup.
Sur la chanson ‘Mr. Manson’, la voix de Dennis rappelle particulièrement celle d’Ozzy. Tu peux nous parler un peu plus de cette chanson ? Est-ce qu’il y a un rapport avec la mort de Charles Manson (criminel américain décédé fin 2017, ndlr) ?
Oui ! Au départ, ça a commencé avec le riff qui rappelle beaucoup Black Sabbath. J’avais ce riff depuis des années, et je voulais le proposer à Ozzy, mais on ne l’a mis sur aucun album. J’avais beaucoup de riffs comme ça sur mon ordinateur. Je lui ai envoyé celui-ci en lui disant de l’écouter et que ça ressemblait à Black Sabbath. Quelques jours après il m’a envoyé une démo qui s’appelait « Mr. Manson ». Je lui ai demandé ce que ça signifiait et il m’a répondu : « Mr. Crowley était déjà pris donc on devrait faire Mr. Manson ! » (‘Mr. Crowley’ étant un titre d’Ozzy Osbourne, ndlr). J’ai beaucoup aimé le refrain et l’accroche, j’aurais très bien vu cette chanson dans un album d’Ozzy. Les paroles sont à propos de Charles Manson et du massacre qu’il a fait. On ne l’encense pas, je le dis car les gens pourraient mal interpréter les choses. On ne l’encense pas du tout. On reprend les faits et on essaye de décrire sa folie et le culte derrière cet homme. Ce qui est troublant c’est qu’on a enregistré cette chanson, et il est mort l’an dernier. Je me rappelle que Dan m’avait appelé pour me dire : « Tu as vu les nouvelles ? Charles Manson est mort ! » (Rires).
Du coup vous ne vous êtes pas dit que vous auriez pu enregistrer la chanson bien avant pour qu’il meure plus tôt ? (Rires)
Exactement ! On aurait pu l’enregistrer il y a 30 ans ! (Rires).
Il y a donc des mélodies puissantes et accrocheuses, cela rappelle un peu la scène hard rock FM. Tu te sens proche de cette scène-là ?
Oui ! J’aime ça, j’ai toujours aimé les chansons de radio. J’aime même les chansons de pop. Je recherche toujours un côté accrocheur dans une chanson. Je recherche toujours ça et je suis un grand fan des chansons de radio.
La chanson ‘Chances’ est très surprenante, car c’est presque du nu metal. Le solo rappelle Iron Maiden. Est-ce qu’on peut dire que cette chanson est le point de départ d’un album de crossover metal de Gus G ?
Crossover metal ? Mmmh, c’est intéressant. Je pense que cette chanson aurait pu être un gros hit si elle avait été réalisée dans les années 90. Je ne sais pas. Quand j’ai commencé à écrire cette chanson, j’avais un format de radio en tête, à la manière d’une chanson des années 90. Il y a effectivement un côté Iron Maiden au niveau des harmonies. J’aime cette chanson, je pense qu’elle correspond à un moment spécial dans l’album. Il y a donc des vibes des années 90 mais aussi un travail guitaristique très sympa.
J’aime avoir un bon équilibre entre la technique et la mélodie

La chanson instrumentale ‘Fearless’ est très bonne. On voulait le signaler car ce genre de chansons est souvent trop démonstratif et on n’a rien à en dire. Mais là, tu as réussi à éviter de tomber dans ces facilités-là en offrant un son frais et mélodique sans trop en faire. Était-ce difficile pour toi de trouver le bon équilibre sur une chanson instrumentale ?
Les chansons instrumentales sont difficiles à écrire pour moi. Quand j’ai eu les idées pour cette chanson, elles se sont bien enchaînées. J’ai commencé par avoir le riff de départ, la batterie et tout ça. C’était censé être une chanson avec du chant, mais j’ai finalement réalisé qu’il y avait un gros travail de guitare à faire. Donc je me suis dit que ce serait peut-être mieux d’en faire une chanson instrumentale et c’est à partir de cette idée que j’ai commencé à la développer. C’est une approche différente quand tu veux écrire une chanson instrumentale car la guitare doit prendre le rôle de la voix. Même si j’aime avoir des parties techniques, j’allais évidemment en mettre, mais je voulais aussi qu’il y ait une signification musicale pour que la chanson aille quelque part. J’aime avoir un bon équilibre entre la technique et la mélodie.
Tous les solos que tu joues sont brillants. Qui sont les guitaristes qui t’inspirent ?
Il n’y en a pas qu’un seul, il y en a beaucoup. La liste est longue. Bien sûr, je suis influencé par des guitaristes comme Yngwie Malmsteen.
Son influence se ressent dans la mélodie de la chanson ‘Fearless’ et son esprit néo-classique. Avec le recul, quand on écoute cette chanson, on reconnaît son influence.
Tu peux reconnaître Yngwie Malmsteen dans mon jeu en général, pas seulement dans cette chanson, mais dans tout l’album. J’utilise beaucoup de ses astuces ! (Rires). Il est une grande influence pour moi tout comme Gary Moore, Michael Schenker, Ritchie Blackmore, Jimi Hendrix, tous ces gars.
Peut-être que le prochain album sera instrumental, on ne sait jamais !

‘Fearless’ et « Thrill Of The Chase’ sont deux très bonnes chansons instrumentales. Tu m’as dit que c’était différent d’écrire des chansons instrumentales, mais est-ce que tu pourrais songer à écrire un album instrumental ? En écoutant ces deux chansons, on se dit que tu peux le faire !
J’espère, un jour, ce serait un challenge pour moi de faire 10 ou 12 chansons sans chant. Je commence à y penser de plus en plus maintenant. Qui sait, peut-être que le prochain album sera instrumental, on ne sait jamais !
Tu as l’air très libre de pouvoir travailler avec Firewind, pour ta carrière solo, avec Ozzy Osbourne ou avec Nightrage à tes débuts. Tu sembles faire ce que tu veux. Est-ce que le fait de reprendre Mark Knopfler (Gus G a repris ‘Money For Nothing’ de Dire Straits) est une autre preuve que tu veux exprimer ta liberté ?
L’idée est bonne, je suis content que tu le voies comme ça ! (Rires). C’est un choix particulier. Ce n’est pas le genre de chansons que je reprends habituellement mais j’aime la guitare sur cette chanson, j’aime la chanson, c’est un riff emblématique. J’ai grandi en écoutant cette chanson, elle passait à la radio, à la TV, le clip passait sur MTV, c’était révolutionnaire ! Et j’ai réalisé que personne n’avait vraiment fait de bonne reprise de cette chanson récemment, alors je me suis dit qu’il fallait peut-être que je fasse une version heavy de cette chanson !
Mark Knopfler est un modèle, peut-être qu’il t’a même influencé. Comme toi, il a quitté un immense groupe pour commencer une carrière solo, qui a eu moins de succès, certes, mais il a fait ce qu’il avait envie de faire. Est-ce la raison pour laquelle tu as repris une de ses chansons inconsciemment ?
Je n’y avais même pas pensé mais tu as raison ! Il y a une comparaison à faire ! Il a quitté Dire Straits pour partir en solo. Je comprends ce que tu veux dire, mais je n’y avais jamais pensé, donc je ne sais pas si c’est inconscient ou pas !
Est-ce que tu as ressenti de la pression en reprenant une chanson aussi légendaire ?
Non car pour moi le but était de s’éclater en studio ! Je sais que certaines personnes se diront : « Comment oses-tu faire ça ? C’est un sacrilège ! ». Il y a toujours des personnes qui pensent comme ça, mais moi, je ne cherchais qu’à m’amuser ! Ça me rappelle qu’il y a 10 ans, Firewind avait fait une reprise de ‘Maniac’ de Michael Sembello, et on l’a faite pour s’amuser ! Il n’y avait aucune pression par rapport à ce que les gens penseraient. On voulait juste s’amuser en studio. C’est une situation similaire avec ‘Money For Nothing’.
Est-ce que Mark Knopfler a écouté cette chanson ?
Non je ne l’ai envoyée à personne, elle n’est pas encore sortie. Mais peut-être qu’il l’écoutera et ce sera sympa de savoir ce qu’il en pensera !
Quelles sont tes attentes par rapport à cet album ?
Que Mark Knopfler écoute cet album ! (Rires). C’est pour ça que j’ai fait cet album, pour l’envoyer à Mark Knopfler ! (Rires). Tout ce que l’on peut espérer est que les gens l’aiment, c’est tout ce que l’on peut faire. De mon côté, j’ai fait tout ce que j’ai pu. Je vais aller en tournée et jouer au maximum. J’espère que les gens écouteront ! Il y a beaucoup de musique, beaucoup de bons groupes, donc on va faire au mieux !
Nous avons commencé cette interview en te demandant quelle était la question que l’on t’avait posée trop souvent. Au contraire, quelle serait la question que tu aimerais que je te pose ou celle à laquelle tu aurais aimé répondre ?
« Est-ce que tu aimes les croissants ? ».
Et comment tu y réponds ?
C’est super, c’est fantastique ! (Rires)
La prochaine fois que tu feras ta promo, il faudra qu’on amène des croissants ! Merci beaucoup !
"Merci" (en français)
Merci à Newf et Noise pour leur contribution...