Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée?
Salut, ça va ? (rires)
Alors que vous provenez de la plupart de Goulamas'k, qu'est-ce qui vous a poussé à créer Les Diables de la Garrigue?
Salut et merci à toi, je suis Flo le guitariste, lorsque j'ai intégré l'équipe en 2009, j'ai découvert que je faisais désormais parti de l'équipe
Goulamas'K mais aussi des
Diables de la Garrigue, à cette époque c'était un projet de rue sur un char le « GariGal » haut de 5m et long de 10m, entouré d'une équipe artistique et d'un artificier, le spectacle en jetait vraiment ! On a plusieurs vidéos sur notre chaîne Youtube
Goulamas'K si vous voulez aller jeter un œil. Malheureusement, manque de financement et de personnel ce n'était plus gérable et difficilement vendable. On a fait vivre ce projet trois années durant puis on a décidé d'arrêter. Mais on avait toujours en tête de reprendre ce spectacle et sa musique et de l'intégrer sur scène comme un groupe « normal ». Chose faite en 2016, on repense le spectacle des Diables sur scène. C'est évidemment un groupe à voir, on donne tout sur les planches, écran géant, projection vidéo en live, peintures et lumières UV font toute l'originalité de ce show. Sur l'album on ne peut pas retranscrire cette transe scénique. Donc il faut venir nous voir (rires)
Pourquoi vous êtes-vous attachés les services d'un DJ? N'est-ce pas un paradoxe?
Alors à ne pas s'y méprendre, Karden n'est pas un DJ mais un
liver, c'est à dire qu'il joue en live, en direct quoi et qu'il compose tous ses sons. Lorsqu'on travaille avec lui on réfléchit souvent comme si on était avec un batteur. C'est un super musicien, un vrai bonheur de l'avoir trouvé (rires) !
Comment travaillez-vous en studio ? Qui dirige qui?
On compose à la maison, soit chacun de son côté soit en groupe de 2, 3, 4. En fait on fait comme on veut, en général les idées viennent de semaine en semaine, on enregistre, et on garde au chaud. Une fois les idées enregistrées on va au local et on répète tous ensemble. On est un collectif, chacun y trouve son compte.
Est-ce que lors de l'arrivée en studio, tout était prêt ou l'album est 100% une création de studio?
En fait on est en auto prod, donc, en autogestion totale, la partie studio c'est Angel (batteur de
Goulamas'K) qui s'en occupe et la pré prod c'est chez moi. Les compos se font et s'intègrent au fur et à mesure. L'album était déjà prêt à 70% depuis deux ans...
Votre premier album éponyme est un voyage au long cours à travers les genres. La musique doit-elle faire voyager l'auditeur?
La musique, et pas seulement la nôtre, est un voyage. Avec les
Diables, pas de texte, pas de chemin tracé, tu te fais ta route, chacun voyage à son rythme selon ses expériences, son vécu et ses envies.
Votre album est un véritable passe-partout pour le laboratoire de l'apprenti sorcier, vous avez beaucoup d'ingrédients et vous êtes assez généreux sur les quantités. Est-ce que vous pensez avoir trouvé une balance? Que se passe-t-il quand ça dépasse?
Il n'y a pas vraiment de balance, on fait ce qui nous chante. « Tout » est possible dans les
Diables et on est déjà sur le second album qui va vraiment, selon moi, en surprendre plus d'un ! Le mélange est primordial dans une société ou l'on veut toujours nous ranger dans des cases. Nous conditionner.
Le mélange est primordial dans une société ou l'on veut toujours nous ranger dans des cases.
Il est presque impossible de vous coller une étiquette. Les disquaires vont vous détester. S'il fallait vous définir en quelques mots, quel terme serait le plus à même de répondre à cette question?
On définit notre style par : Amour et Destruction (rires). En gros, t'écoutes, t'aimes ou t'aimes pas, et si t'es curieux, viens nous voir en live car c'est vraiment sur scène que les
Diables prennent leurs plus belles formes (rires).
Comment avez-vous choisi les titres des morceaux?
Dans le bus le lendemain d'une date,
lo cap dins lo cioul (la tête dans le c..) Non, sans rire, on se prend pas trop la tête avec les titres.
Sur la sixième piste, Les Diables de la Garrigue ont choisi le titre 'Nenette'. Pourquoi? Réponse A : Pour faire coucou à leur amie Ginette qui habite à Saint-Chinian ? Réponse B : Parce que c'est ainsi qu'ils appellent toutes les filles ? Réponse C : En occitan, Nenette signifie sanctuaire ? Réponse D : Aucune des réponses, Jean-Pierre, mais ça aurait très bien pu être toutes (certes en cherchant dans la Dépêche du Midi, j'ai bien trouvé une personne surnommée ainsi qui serait partie rejoindre d'autres cieux) ?
Ce titre est parti du riff de gratte au début, composition de Néné (mon binôme à la gratte). Du coup Néné, Nénette...(on se prend pas la tête, je te l'avais dit). Aussi chez nous Nénette c'est un jeu à boire (cousin du Bizkit)... Du coup je répondrai, et c'est mon ultime bafouille, Marcel. D, la réponse D.
Le premier titre s'avance masqué, était-ce votre volonté de ne pas dévoiler toutes vos cartes d'un seul coup?
Ce titre est notre intro de concert, du coup il est devenu, naturellement, notre intro d'album. Le calme avant la tempête...
L'album est traversé par des avalanches de lave, des guitares saturés et hard et la fraîcheur d'instruments plus traditionnels. Encore une fois c'est une question de balance?
On aime l'idée que les jeunes découvrent une autre approche de la musique traditionnelle qu'ils apparentent souvent à de la musique de « vieux ». Avec les Diables ils découvrent les instruments de leur grands-parents avec une toute autre oreille. Si ça peut les conduire à s'intéresser à la culture de leur anciens, on gagne notre pari.
Vous dévoilez pour le plaisir de l'auditeur des sacs de gemecs et des grallas. Que signifie pour vous l'usage de ces instruments traditionnels à une époque ou tout se joue à l'ordinateur?
Il est très important à nos yeux de mélanger la musique traditionnelle à la musique actuelle, pour le principe mais surtout parce qu'on kiffe ça (rires) !
Pourquoi avoir prolongé la première piste sur 'Gatar'?
'Gatar' est un morceau court qui décrit bien notre univers. On l'a mis en second pour marquer notre signature, direct après 'Le Breton' qui lui est particulièrement différent de tous les autres.
On aime beaucoup 'Poesia' pourquoi ne pas avoir choisi d'apporter un peu plus de fraîcheur sur cet album? (certes l'introduction de 'Bastos' nous permet d'avoir les deux : une petite élévation et un retour dans les forges de Vulcain)
On a pas pu mettre tous nos titres sur l'album mais on en a d'autres que vous découvrirez à nos concerts...
A quelques exceptions près, l'album est quasi instrumental, pourquoi ne pas avoir opté pour un chant en occitan?
En ayant Goulamas'K à côté, on s'est donné comme ligne directrice de faire un projet uniquement instrumental. Où chacun peut se créer son univers. On va, pour le second album, essayer d'intégrer un peu plus des séquences de chœurs comme sur 'Le Breton'. Mais jamais de chant, jamais de texte.
Avec un groupe breton comme Rhapsoldya, vous vous lancez comme mission de faire du syncrétisme et de trouver la formule magique entre modernité et tradition. Est-ce que vous constatez comme un vrai retour aux sources et pourquoi est-ce une nécessité? D'ailleurs votre morceau 'Le Breton' semble unifier tous les sons régionaux (on pourrait croire entendre du biniou).
Je ne connais pas
Rhapsoldya je vais écouter je reviens... Bretagne against the machine (rires) ! Avec une touche de
No one is innocent c'est bon ça. Super cool ce groupe, en live ça doit bien donner ! Pour les nazes comme moi : Un syncrétisme est un mélange d'influences. Le terme de syncrétisme vient du mot grec ancien : συγκρητισμός (sunkrētismós) signifiant « union des Crétois ». Initialement appliqué à une coalition guerrière, il s'est étendu à toutes formes de rassemblement de doctrines disparates, et est surtout utilisé à propos de religion. Merci pour la découverte, je t'invite à ton tour a aller découvrir le syncrétisme de
Lou Quinse (Death Metal Occitan – Italie) Ça tabasse, et c'est en Occitan ! Pour répondre à ta question : Je crois qu'on réalise tous que, par exemple la TV, veulent aseptiser la musique, il faudrait que ce soit à tous les coups la même rengaine, les mêmes tubes de l'été de mes c...... Mais le peuple ouvre les yeux, petit à petit, et s'intéresse un peu plus à ce qui le définit vraiment. A force de nous donner de la merde à manger on s'aperçoit que la salade du voisin est en fait super bonne, eh bien avec la musique c'est pareil. A force de nous faire écouter de la m.…, nous on va voir si le pépé du village n'a pas un instrument oublié pour le faire revivre, si sa femme n'a pas une histoire à nous raconter qui pourrait nous inspirer. C'est ça la beauté, ce qui nous définit en tant qu'humains. Le tube de l'été pour devenir millionnaire est devenu un concept absolument terrifiant, pour la musique et pour les « artistes » eux-mêmes. Des « artistes » enfin.... des produits, qui se permettent de faire avaler de la daube aux jeunes... Et pas que dans la musique, il suffit de tomber sur W9 ou NRJ12 pour comprendre que la télé c'est bien quand c'est éteint.
Je crois qu'on réalise tous que, par exemple la TV, veulent aseptiser la musique, il faudrait que ce soit à tous les coups la même rengaine, les mêmes tubes de l'été de mes c......
Sur scène, vous laissez libre cours à vos fantasmes, est-ce un à-part ou le maquillage et les accessoires sont complémentaires à votre musique?
Les Diables de la Garrigue, c'est un spectacle à la base. Je dirais que la musique est complémentaire au show. Il faut vraiment venir voir ça, on met beaucoup d'énergie pour offrir un spectacle neuf et original !
On a commencé par la question qu'on vous a trop posé, mais qu'elle est celle que vous aimeriez que l'on vous pose?
Ça te branche de jouer au Hellfest?
Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?
Quelqu'un peut nous faire jouer au Hellfest ? (rires) Protégez vos enfants, + de concerts + de spectacles, + de musées, pour + de libertés. Merci à toi pour ton interview, et à bientôt j'espère.