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TITRE:

WHEN REASONS COLLAPSE (AVRIL 2018)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

METALCORE



A l'occasion de la sortie de "Omen of The Banshee" leur dernier album violent et touffu, When Reasons Collapse nous dévoile ses ambitions, ses espoirs... en un mot son âme musicale.
THIBAUTK - 29.05.2018 -
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Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?


Thierry : Je n’en ai pas une en tête en particulier, mais toutes celles qui tournent autour d’avoir une chanteuse.


Votre premier EP a été bien accueilli, alors que votre premier album a reçu un accueil mitigé : comment avez-vous vécu cela ? Est-ce que cela vous a découragé ou a remis en question votre travail ?

Thierry : Nos productions ont toujours été bien accueillies et cela de plus en plus favorablement au fur et à mesure des sorties. Nous avons eu quelques critiques négatives sur "Dark Passengers" mais cela représente une faible partie des critiques. Au début, c’était difficile de gérer, les retours négatifs, mais avec le temps nous avons appris à vivre avec. Cela n’a pas remis notre travail en question, mais nous a poussé à aller toujours plus loin.


Certaines critiques ont reproché un manque de prises de risque ou de personnalité, étiez-vous conscient de cela, comment avez-vous vécu ces critiques ?

Thierry : Certaines critiques ont mis l’accent sur un manque d’originalité, d’autres allaient dans le sens opposé. L’avis dépend essentiellement du background musical de chacun. A nous de voir lesquelles nous trouvons pertinentes et quel chemin nous avons envie de suivre. L’essentiel est que nous fassions la musique qui nous plaît.


Est-ce que vous avez composé ce nouvel album (“Omen of The Banshee”) dans l’idée de mettre en avant votre personnalité ou de prendre plus de risques et donc en d’autres mots faire taire les mauvaises langues ?

Thierry : Le but de cet album était d’être plus rentre-dedans que le précédent en ayant des musiques mieux construites. Un gros travail a été fait pour que chaque musique ait son identité propre. Je ne sais pas si on peut parler de prise de risques mais nous avons essayé de nouvelles choses en faisant des musiques plus lentes comme l’introduction de l’album 'Escape' et la "ballade" de fin d’album 'Lost'. Des influences nouvelles ont été ajoutés provenant de post-hardcore ou de hardcore beatdown.


Qu’est-ce que cela fait d’avoir une femme au chant saturé ? Est-ce que c’est cela votre identité à part, est-ce une force ?

Thierry : Vu le nombre de questions que l’on nous pose dessus, cela a l’air d’être important pour beaucoup de monde mais pour nous cela n’a aucune importance. A partir du moment où la personne fournit le travail qu’il faut, qu’elle soit une femme ou un homme n’apporte rien de plus musicalement.

Cela nous permet juste de nous incruster sur des plateaux spécifiquement féminins.


Est-ce que c’était un challenge pour Cristina d’égaler ou de surpasser certains vocalistes masculins de formations prestigieuses ?

Cristina : Non, ce n'était pas un challenge, mon but était que les gens puissent reconnaître mon timbre de voix quand je chante


Est-ce que Cristina a alors dû travailler plus pour prouver qu’elle est aussi douée que les hommes ?

Cristina : Le chant c'est beaucoup de travail, je n'ai jamais pu me mettre à la place d'un homme pour savoir à quel point ils doivent travailler pour atteindre leur niveau, j'essaye d'évoluer à mon rythme, en ayant pour seul but de me surpasser à chaque fois, c'est ce travail-là qui est le plus important


Est-ce que des chanteuses comme Alissa ou Angela de Arch Enemy, ont pour vous ouvert la voie à d’autres comme Cristina ? Quels sont ses influences pour le chant ?

Cristina : Les chanteuses de metal ont probablement ouvert la voie à d'autres groupes à chant féminin, notamment en créant une fanbase spécialiste de ce type de chant. Au-delà de cette base, le fait qu'il y ait une chanteuse ou un chanteur n'influe pas sur les goûts des auditeurs, la musique s'écoute avec les oreilles, pas les yeux. Mes influences ne sont pas du tout des chanteuses de metal, je n'écoute pas particulièrement de groupes à chanteuses. Sans elles j'aurais probablement fait le même type de musique.







Vous naviguez dans une veine violente et sombre, comment une femme peut-elle tirer son épingle du jeu, apporter de sa fragilité, de sa sensualité, de sa sensibilité et de sa féminité dans une musique très masculine, et face à toutes à ces compagnons musiciens ?


Cristina : Une femme qui fait de la musique est un musicien, comme les autres. Il ne s'agit pas de tirer son épingle du jeu mais de rester soi-même, de garder sa sensualité, ou sa féminité et de ne pas la camoufler pour se fondre parmi les gars du groupe. Je n'exacerbe pas ces traits sur scène, j'essaye juste de rester une femme, et "un chanteur" à la fois, il faut vivre sa musique sr scène et faire ressentir sa passion, quel que soit notre sexe.  


Certaines critiques avaient néanmoins souligné la qualité et la puissance de votre album, puissance que l’on retrouve aussi sur "Omen of The Banshee", est-ce que c’était un objectif essentiel et indispensable d’avoir un son puissant qui cloue l’auditeur aux murs ? En quelque sorte pour provoquer l’effet "wouah".

Thierry : Notre musique se veut directe et rentre-dedans, il fallait une production adéquate. Clouer l’auditeur aux murs est en effet un de nos objectifs. Je trouve que les critiques ont été généreuses par rapport à la production de "Dark Passengers". A posteriori nous trouvons le son de celui-ci trop propre. C’est pour cela que nous nous sommes orientés vers un son plus lourd et plus sombre qui, je trouve, sied beaucoup plus à nos compositions.


On sent cette épaisseur dès les premières secondes de 'Escape', est-ce que c’était également primordial d’embarquer immédiatement l’auditeur et de lui laisser aucune seconde pour entrer graduellement dans votre musique ?

Thierry : "Dark Passengers" commençait par une musique très rapide, à l’image de la suite à venir. Pour "Omen of the Banshee", nous avons pris le contre-pied en choisissant une musique plus lourde et lente. Cela laisse un court répit avant l’entrée dans le vif du sujet. C’est comme une rampe de lancement, au final.


Est-ce que cette entrée en matière directe ne va pas faire que soit les auditeurs aiment soit ils détestent, et que beaucoup vont abandonner l’album face à cette lourdeur ?

Thierry : Nous ne faisons pas perdre de temps à l’auditeur. Il sait directement à quoi il a affaire. Beaucoup trop de disques commencent par des introductions avec des samples ou des orchestres et dès la première musique l’atmosphère change complètement. Dans beaucoup de cas, je ne trouve pas cela très cohérent.


Les seules respirations sont sur 'The Raven' et 'Lost', avec des accords dépouillés et des instants presque planants, pour sont-ils placés ici ? Est-ce que après cette épaisseur parfois opaque, vous avez jugé indispensable de mettre quelques secondes de respiration ?

Thierry : Il était indispensable sur cet album d’avoir quelques "temps morts" pour ne pas le rendre indigeste. Le placement de 'The Raven' permet à l’auditeur de reprendre son souffle avant de terminer l’album. Finir par 'Lost' permet de faire redescendre la tension pour ne pas laisser l’auditeur dans le désarroi.


Comment s’est déroulé l’enregistrement pour atteindre ce niveau d’exigence (pour jeune un groupe que vous êtes), mais aussi cette épaisseur tout en restant intelligible et clair, presque à la manière de Pink Floyd finalement ?

Thierry : Nous avons tout enregistré chez moi pour ne pas avoir de stress au niveau du temps. Nous pouvions refaire toutes les prises jusqu'à ce qu’elles soient parfaites. L’enregistrement s’est déroulé sur six mois. Nous avons donc pu prendre le temps nécessaire à choisir les bons sons d’instruments pour arriver à ce résultat massif mais intelligible.








Les riffs sont très travaillés et il y a très peu de soli, est-ce que pour vous le plus important est l’énergie et la somme que chacune des parties ? Est-ce que vous avez dû vous restreindre car je suis persuadé que vous auriez pu caser des soli ? N’est-ce pas frustrant ?

Thierry : L’énergie est exactement ce que nous cherchons. Tous les arrangements sont faits pour que la somme de toutes les parties soit la plus puissante possible. Je ne trouve pas que mettre plus de soli soit pertinent dans notre musique. Notre but étant l’efficacité, ajouter trop de soli nuirait au résultat final. Je préfère laisser cela à d’autres groupes qui savent beaucoup mieux le faire que nous.


Quels sont les thèmes des chansons, j’ai l’impression qu’ils vont plus loin que de simples cris de révolte ou scènes gore de certaines formations ? Quelles sont les histoires ou les anecdotes personnelles derrières des chansons comme 'Sirens' ou 'Orpheus' ?

Cristina : Beaucoup de chansons traitent de sujets qui me tiennent vraiment à cœur. Les titres mentionnés dans la question ne sont pas forcément parlants pour toute notre discographie car ce sont les deux seuls morceaux qui traitent d'amour de cet album.

'Sirens' est une chanson de rupture, racontant l'histoire d'un homme abîmé par la femme qui vient de le quitter, qui s'est comporté envers lui comme une sirène en l’envoûtant et ensuite en lui dévorant l'âme et le cœur, cette chanson comporte beaucoup de références à Poe (comme d'autres morceaux de l'album), mais malgré tout il ne cesse d'être envoûté par son chant et la laisse le dévorer, il ne veut pas récupérer son âme.

'Orpheus' est une histoire d'amour passionnée, inspiré du mythe d'Orphée. Orphée aime tellement Eurydice qu'il va la chercher jusqu'au fond de l'enfer. Ici le mythe d'Orphée est une métaphore pour l'homme qui est allée par amour chercher sa bien-aimée jusqu'au fond de son trou, de sa dépression, qui la tire pour l'amener avec lui vers la lumière, pour qu'ils soient heureux, et qu'ils ne se retournent pas pour ne pas affronter de nouveau toutes les épreuves et la noirceur de cette dépression qui la dévore... Comme pour le mythe d'Orphée, s'il se retourne vers les souvenirs, elle retourne en enfer, et il la perdra à jamais. C'est une des chansons les plus personnelles de cet album. D'autres traitent de sujets qui touchent probablement plus de monde comme par exemple 'This life a Curse' qui raconte l'histoire d'un personnage qui est dévasté par son impuissance à pouvoir sauver le monde de tous ses maux, comme la guerre, la famine, la Terre rongée par la pollution et la folie des hommes.


Les morceaux vont à cent à l’heure et s'enchaînent à grande vitesse, alors peut-être que parfois on a l’impression que retrouver les mêmes ingrédients, est-ce que c’était votre impression lors de l’enregistrement ? Est-ce que ça n'était pas justement cela que notaient les critiques ?

Thierry : Justement, aller à cent à l’heure c’est notre personnalité. Nous utilisons donc les mêmes ingrédients à travers l’album. Les structures des morceaux étant plus variées que sur "Dark Passengers", les morceaux s’enchaînent sans se ressembler, ce qui devrait estomper ces anciennes critiques.


J’ai l’impression aussi que vous êtes plus à l’aise sur des tempos lents (avec ‘Lost’, qui fait parfois penser à une version plus oldschool) et que ce n’est justement pas cela votre personnalité : plus de lenteur et de pesanteur, pourquoi ne pas avoir appuyé sur cette facette ?

Thierry : Nous nous sentons en effet à l’aise sur des tempos plus lents, je pense que nous tenterons plus de musiques de ce genre à l’avenir. Mais notre cœur de métier restera la vitesse et les blast-beats.


Par ailleurs votre musique est technique, bien écrite et précise ; les tempos sont variés et la puissance constante, comment expliquez-vous qu’elle ne puisse pas plaire à certains ?

Thierry : Nous faisons du métal extrême, donc de fait notre musique ne plaira pas à tout le monde. Celle-ci étant très dense, cela représente beaucoup d’informations pour les auditeurs à traiter en peu de temps. Je comprends très bien que des gens cherchant des musiques plus simples et accessibles ne se tournent pas vers nous.


Alors au vu des changements de rythmes, des variations, de l’élaboration des compositions et de la maîtrise instrumentale, êtes-vous un groupe de metal progressif ?

Thierry : Je ne pense pas que nous soyons progressifs, du moins nous n’en avons pas la prétention. Nous ne cherchons pas à défricher de nouvelles contrées, juste à faire une musique intense et technique.


Est-ce que c’est pour atteindre plus de public que vous avez publié des vidéos avec du playthrough ? Est-ce pour désacraliser votre musique, la rendre accessible, pour démontrer qu’il n’y a aucun mystère derrière, que vous être comme tout le monde ?

Thierry : En tant que guitaristes, Julien et moi apprécions regarder des vidéos d’autres guitaristes. Il était important de montrer à nos fans guitaristes comment se jouent les morceaux. Dans les clips les plans sont trop rapides pour qu’on puisse comprendre quoi que soit. Le playthrough est un bon moyen pour mettre l’accent sur les doigtés de guitare. A l’avenir nous en ferons aussi de batterie.


Comment s’est passée l’étape de composition, est-ce que vous avez dû laisser des idées ou des compositions de côté, faute de place sur l’album ?

Thierry : Le travail de composition s’est étalé sur six mois suivis de six mois d’arrangements. Étant le seul compositeur du groupe, je compose tout chez moi et ensuite nous faisons tourner les morceaux en répétition pour voir les arrangements à faire. Aucune composition ou idée n’a été laissée de côté.


Quels ont été les choix les plus difficiles sur cet album ? Est-ce que de ne pas mettre de soli a été un choix difficile, est-ce qu’il y a eu des compromis ?

Thierry : Le plus dur quand on produit un album seul est de savoir quand s’arrêter de travailler dessus. "Omen of the Banshee" a nécessité deux années de travail. Les six derniers mois ont été compliqués. J’étais constamment dans le doute sur toutes les décisions à prendre sur la production. Avec le recul je pense que nous avons fait de meilleurs choix que pour l’album précédent.


Comment réagissez face au peu de soutien des groupes de metal français ? Est-ce pour cela que Dooweet est un choix logique ? Qu’est-ce qu’ils vous ont apporté ?

Thierry : C’est toujours compliqué. Malgré le fait que cela fait 10 ans que nous écumons les scènes en France, il semble qu’il faille toujours se battre pour montrer que l’on existe et pour faire avancer les choses. Nous espérons que notre nouvel album nous permettra d’avoir plus de soutien. En attendant, nous continuons à travailler dur.

Dooweet sont des gens avec qui nous avions déjà travaillé et nous nous étions bien entendus. Ils nous apportent une aide précieuse car nous n’avons pas de temps à consacrer à contacter la presse pour une sortie d’album. Ils nous ouvrent des portes avec des médias auxquels nous n’aurions pas eu accès.


On a commencé par la question qu'on vous a trop posé, mais qu'elle est celle que vous aimeriez que l'on vous pose ?

Julien : "Bonjour, on voudrait vous faire jouer sur tel concert/festival, êtes-vous disponibles ?".

Cela nous arrive de plus en plus, mais concrètement, la partie booking reste un travail long et frustrant. Que ce soit pour les groupes qui galèrent à se faire remarquer (ne serait-ce que l’obtention d’un mail de refus) en contactant des centaines de bookers, asso, salles, festivals … ou l’autre côté qui reçoit des centaines de candidatures et doit trier tout ça. La sortie d’un album est généralement un moment ou les projecteurs sont un peu plus braqués sur le groupe, on espère arriver à profiter de ces mois particuliers pour mieux remplir notre calendrier de concert.


Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?

Julien : On prépare de nouvelles choses pour notre show live, alors on vous donne rendez-vous en concert. Ça reste le but principal de notre projet, venir se déchaîner et partager cette énergie en vrai !



Plus d'informations sur http://whenreasonscollapse.bigcartel.com/
 
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