Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?
Quelles sont vos influences !
Nous en avons une qui est peut-être celle qu’on vous pose le plus souvent mais nous aimerions savoir pourquoi avoir pris tant de temps entre vos deux albums ?
Essentiellement le changement de guitariste. Trouver Chris n’a pas été une mince affaire, ce qui a eu pour conséquence de freiner le déroulement de tout le processus de réalisation de l’album.
Plus généralement, vous êtes formés depuis 2009 et "Nothing Beside Remains" n’est que votre deuxième album. A quoi attribuez-vous ce rythme de parution ?
Malheureusement nous sommes très loin de pouvoir vivre de la musique. C’est une réalité. Nos jobs ne nous permettent pas de consacrer tout le temps que nous souhaiterions au groupe. Mais nous y arrivons et c’est l’essentiel, quel que soit le temps qui s’écoule entre la parution de deux albums.
Avez-vous conscience que ce temps est un handicap pour le développement de votre carrière à l’ère d’Internet où tout va vite ?
Ce long intervalle était cependant nécessaire pour produire un album de qualité ! Nous avons adopté une démarche traditionnelle et consciencieuse : sortir un CD au format physique avec un vrai livret, avoir des textes fouillés, proposer des compos variées avec des featurings (The Spank Horn Section aux cuivres sur le titre bonus ‘D.O.C. Horns’ disponible uniquement sur notre site web ou Soundcloud, CJ Sleez sur ‘Angry Destiny’ etc.), développer une identité visuelle et un fil rouge thématique pour l’album. Mais aussi apporter des oreilles et des expériences différentes en faisant faire le mix et le mastering par deux studios différents, réaliser des clips interviews des deadliners pour la sortie, un clip pour le morceau ‘Fly Trap’ (prochainement disponible).
Nous voulions que les fans aient un album abouti à tous les niveaux avec une démarche artistique complète. C’est bien plus chronophage que de faire 5-6 titres masterisés via un algorithme online et de les mettre en ligne sur des plateformes de streaming !
Comment s’est passé votre premier changement de line-up avec l’arrivée de Chris Gatter (ex. Maciste) à la guitare ?
En fait ce n’est pas le premier : Fabrice a remplacé notre ancien batteur pendant la préparation du premier album "Fire Inside" !
C’était un moment charnière pour Deadline car pendant la recherche du futur guitariste nous avions déjà commencé à écrire les compos. Chris a agi comme un boost en ressoudant les rangs et en apportant une oreille extérieure neuve indispensable à la création.
Depuis votre premier album, vous avez eu l’occasion de partager la scène avec de nombreuses pointures telles que Gotthard, les Quireboys, Shakra ou Sideburn. Que retenez-vous de ces expériences ?
Partager d’aussi belles scènes avec ce type de groupes constitue des opportunités à ne pas louper. Tu apprends également beaucoup en les côtoyant.
Comment un groupe français réussi-t-il à travailler avec des légendes telles que Beau Hill ou Brett Calda Lima ?
Beau Hill est un découvreur de talents. Il passe beaucoup de temps sur le net pour débusquer les nouveaux Ratt ou Winger (rires).
Blague à part, il nous a trouvé via notre page MySpace de l’époque. Il a flashé sur le titre ‘Dance With Style’, qui était au stade de maquette, et sur la voix atypique d’Arnaud. Il nous a contacté pour nous proposer une collaboration puis tout est allé très vite !
Sur votre biographie, vous citez parmi vos influences des formations telles que Led Zeppelin, Scorpions ou Whitesnake. Pourtant, sur la chronique de "Fire Inside", nous vous comparions plutôt aux Guns’N Roses. Que pensez-vous de cette comparaison ?
La comparaison avec les Guns est essentiellement liée, à mon avis, au timbre de voix d’Arnaud qui peut à première écoute évoquer celle d’Axl. Mais il n’y a pas que les Guns’ dans la vie (rires). Si tu écoutes plus attentivement les placements et les intentions de sa voix, elle est bien plus proche de celle des chanteurs aux racines blues comme Plant, Gillian et Coverdale…
Justement, dans votre biographie, vous parlez de la voix d’Arnaud comme empruntant à ces chanteurs ou à Ronnie James Dio. Cette comparaison n’est-elle pas risquée étant donné le statut de ces légendes ?
Les groupes de hard rock actuels ont tendance à faire du revival de groupes légendaires. Deadline n’a jamais eu cette prétention et ce type d’approche est stérile à notre sens.
Quand nous lisons les chroniques, c’est assez drôle de constater que chacun entend ce qu’il veut entendre. Un coup ça sera du Led Zep, un autre du Guns’, du Van Halen, du AC&DC ou encore du Helloween… Quelque part c’est normal. Il s’agit bien des références personnelles de chacun. Nous comprenons le besoin de faire des parallèles pour décrire un groupe mais il ne faut pas tomber dans la caricature ni être réducteur.
La voix d’Arnaud est particulière, on la reconnaît immédiatement et le fait qu’elle ne soit pas banale peut perturber ! Mais cette voix fait partie de notre identité. C’est justement grâce à ce type de signature qu’on identifie un groupe dès la première note. Tout comme la voix des Guns’ (rire). Après le fait d’aimer ou pas est tout à fait légitime mais c’est une autre histoire.
"Nothing Beside Remains", votre nouvel album, est d’une ambiance générale très sombre. A quoi attribuez-vous cet état d’esprit ?
Pour les textes et le visuel c’est vrai ! L’album mêle pourtant la noirceur à une certaine forme de décalage. Il faut se plonger dans les lyrics pour bien s’en rendre compte. Mais à l’écoute les indices sont là : l’intro sauvage du morceau ‘Natural Born Pimp’, le groove de titres comme ‘D.O.C.’ ou ‘Fly Trap’ ! Et bien sûr l’univers du Polar Noir nous plaisait beaucoup et l’album rend hommage à ce genre d’une certaine manière.
Sur ‘Angry Destiny’, vous invitez CJ, chanteur du groupe punk-rock canadien CJ Sleez. Pourtant, le punk ne ressort pas comme l’une de vos principales influences. Comment s’est passée cette rencontre ?
Effectivement, c’est davantage une rencontre humaine que musicale. Sébastien, notre bassiste, connaissait CJ et lui a proposé d’improviser une intro en rapport avec le texte et l’esprit du morceau ‘Natural Born Pimp’. CJ a joué le jeu et nous a envoyé une piste totalement déjantée depuis le Canada.
‘Silent Tears’ traite de l’attentat du 13 novembre 2015 au Bataclan. Comment et pour quelle raison avez-vous décidé d’écrire ce titre ?
Le monde entier a été atteint par cet attentat. Et c’est d’autant plus vrai pour les Parisiens et le monde de la musique qui ont été touchés par une profonde tristesse, de la colère aussi, et de l’incompréhension. L’émotion est un vecteur incroyable de créativité, et cela nous a semblé important d’enregistrer un morceau hommage afin de l’exprimer. Afin de ne pas oublier. Le morceau a connu un long processus d’écriture : il a subi une refonte instrumentale totale après le départ du précédent guitariste. Il a été retravaillé avec l’apport d’un autre guitariste avec qui nous avions commencé à jouer, puis a été achevé avec l’arrivé de Chris. Nous avons également intégré les claviers d’un ami compositeur, Philippe Lécuyer, sur des arrangements ce qui donne une touche moderne à l’ensemble.
D’une manière générale, sur ce titre, quel sentiment l’emporte : le recueillement ou la colère ?
Les deux sont présents ! L’évolution du morceau parle d’elle-même.
Etes-vous d’accord pour dire que ce titre semble évoluer du premier (recueillement) vers le second (colère) ?
Au début tu peux percevoir la tristesse et le recueillement. Puis progressivement, la seconde émotion - la colère - une colère sourde et douloureuse finit par sortir, comme un cri retenu pendant toute la première partie.
Sur ‘Man On A Mission’, vous faites référence au personnage du titre ‘The Hunter’ présent sur votre précédent album. Comment vous est venue cette idée et pensez-vous la perpétuer sur vos prochains opus ?
Arnaud a eu l’idée de faire resurgir ce personnage inquiétant et de poursuivre ses aventures sur cet album. C’est possible que nous n’en servions à nouveau pour écrire un nouvel épisode. Ce type de fil conducteur permet d’enrichir notre travail d’écriture des lyrics, lyrics qui sont indissociables de la musique de Deadline. En fait pour bien faire, il faudrait que nos fans lisent les paroles tout en écoutant les morceaux (rires).
Globalement, vous semblez avoir plus mis en avant vos influences en provenance des années 70 sur cet album. Est-ce une évolution naturelle ou un souhait particulier ?
Naturelle ! Nous avons abordé la composition d’une façon bien plus instinctive et collégiale, c’est étrangement ce qui en est ressorti ! Pour les riffs de guitares j’ai vraiment mis des intentions qui me plaisaient sans chercher à me dire qu’il fallait que ça sonne résolument hard rock.
Qu’attendez-vous de cet album avec l’aide de la promo d’Ellie Promotion ?
Qu’il nous permette d’élargir notre public. Nous souhaitons rendre notre musique accessible à un public plus large que celui du hard rock, relativement fermé. C’est fondamental.
On a commencé par la question qu'on vous a trop posé, mais qu'elle est celle que vous aimeriez que l'on vous pose ?
‘Last Shot’ juste après ‘Silent Tears’ est-ce intentionnel ?
Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?
Que tu sois un fan pur et dur de hard ou que tu aimes sortir des sentiers battus : cet album est fait pour toi !
Plus d'informations sur http://www.deadlinehardrock.com/