Music Waves a été convoqué au F Be Eye pour voir le clip de Delta Indigo dont le message évoque la manière dont les réseaux sociaux et la technologie s'immiscent dans nos vies.
'F Be Eye' est ton premier clip, le sujet développé est celui des réseaux sociaux et des technologies qui s’insinuent (s’immiscent ?) dans nos vies, un sujet qui t’inquiète en quoi ?
J’aime bien l’idée de « sobriété heureuse », de se contenter de peu. Je pense que la surexposition de nos vies privées virtuellement est un danger pour notre bien-être, notre liberté mentale et visuelle.
Selon toi, pouvons-nous encore échapper à ces réseaux et à ces nouvelles technologies ?
Absolument, à condition de ne pas en avoir besoin pour travailler ou communiquer.
Je ne souhaite pas faire marche arrière mais plutôt aller de l’avant en aidant à proposer des améliorations.
Avec les affaires qu’a connues notamment Facebook récemment, les gens semblent de plus en plus méfiants à l’égard de ces réseaux, penses-tu que nous pouvons encore faire marche arrière ?
Je ne souhaite pas faire marche arrière mais plutôt aller de l’avant en aidant à proposer des améliorations. Comme tout outil, les réseaux sociaux évolueront avec des usages différents. On peut toujours les transformer et les sécuriser davantage. Regardons ce qui se passe ce mois-ci avec les mises à jour des règles de confidentialité imposée par le règlement européen sur la protection des données personnelles.
Souvent, on se demande « comment on faisait avant ?», ne crains-tu pas de paraître quelqu’un de réactionnaire et de passer pour celui qui dit : « c’était mieux avant » ?
Ce n’est pas vraiment le message, il s’agit plutôt de souligner un fait, l’apparition de comportements et réactions dangereuses à cause des réseaux sociaux.
Tout est-il à jeter dans les réseaux sociaux ou les nouvelles technologies ?
Non pas du tout, l’enjeu est de pousser vers la sécurisation de nos données et de limiter un étalement de la vie privée des utilisateurs.
En voyage à Varsovie, j’ai été frappé par la juxtaposition de l’ancien monde communiste avec le nouveau monde capitaliste.
Pour en revenir à la vidéo, celle-ci a été tournée en Pologne, à Warsaw, pourquoi si loin ?
En voyage à Varsovie, j’ai été frappé par la juxtaposition de l’ancien monde communiste avec le nouveau monde capitaliste. En plein centre-ville, on peut encore voir des ruines de bunkers soviétiques au milieu d‘un quartier d’affaires moderne. Alors que j’étais sur place, j’ai trouvé cette cassette et ce radio cassette par hasard là où je résidais. L’idée du clip est donc venue de cet enchaînement de péripéties. Je l’ai tourné avec mon téléphone quelques heures avant mon départ.
Initialement j’avais pensé introduire la vidéo par une séquence où
l’homme et la fille s’écrivent sur un « chat ». Finalement, j’ai préféré
rester sur du sous-entendu.
Elle met en scène deux personnes, un garçon avec une chaîne portable des années 80/90 et une fille avec une cassette, sans qu’ils se rencontrent et sans que nous ne voyions leur visage. La rencontre se fait par la technologie vintage en insérant la cassette dans le lecteur laissé sur un banc, une analogie avec ces réseaux ?
Exactement, initialement j’avais pensé introduire la vidéo par une séquence où l’homme et la fille s’écrivent sur un « chat ». Finalement, j’ai préféré rester sur du sous-entendu. Cette scène s’appuie sur l’idée que la technologie est désormais très (et trop) utilisée pour nouer des liens humains. L’utilisation de deux technologies désuètes souligne aussi à quel point une technologie est éphémère. Qui utilise un radio cassette aujourd’hui pour écouter de la musique alors que c’était un élément central il y a deux décennies ? Bien sûr, il y a le parfait contre-exemple de la platine vinyle !
Dans le clip il n’y a aucun regard échangé, aucune parole ni interaction entre les gens, est ce que c’est ce que tu ressens de la société actuelle ?
C’est surtout mon point de vue sur les relations humaines modernes avec les réseaux sociaux. On rate tellement de belles choses en étant scotché à son écran de smartphone.
La musique que tu développes est assez calme alors qu’elle pourrait être plus violente et sonner la révolte. Au contraire, elle est calme et posée, ambiant et atmosphérique, pourquoi ce choix ?
Je compose de manière très instinctive. Donc ce qui en ressort est à l’image de mon tempérament et de ma façon de gérer les émotions.
Selon toi, est-ce le rôle d’un artiste d’être un lanceur d’alerte ?
Ça dépend à quel point son message est objectif.
Je suis plutôt content de pouvoir être libre dans mon expression artistique sans devoir rentrer dans une case.
N’as-tu pas peur en intellectualisant ou conceptualisant ton projet de ne pas être assez entendu à l’heure de la musique easy listening ?
Non, je suis plutôt content de pouvoir être libre dans mon expression artistique sans devoir rentrer dans une case. De plus, je ne suis pas certain de proposer un message si intellectuel ou conceptuel. Par rapport à l’
easy listening, pour moi il n’empêche pas de livrer un message avec un vrai fond.
Un album est-il en préparation ? Si oui, quelle en sera l’orientation ?
J’ai 5 autres morceaux qui sortiront d’ici la fin de l’année sous format « single + vidéo ». Leur dynamique est proche de celle du titre 'F. Be Eye' mais chaque titre à sa particularité. J’ai un morceau construit autour d’un poème allemand, par exemple.
D’autres clips sont-ils prévus ?
Oui il y en aura au moins 3 autres. J’espère avoir le temps de les tourner et les monter (rire).
N’est-il pas paradoxal justement d’utiliser les réseaux sociaux pour se faire connaître alors que tu dénonces leurs dérives ?
Ça l’est, comme beaucoup de choses de la vie. Chaque outil possède ses bénéfices et ses risques.
Plus d'informations sur https://www.facebook.com/delta1dig0/