Avec un premier album qui témoigne d'une maturité étonnante, il est à fort à parier que My Secret Safe ne restera pas un secret caché très longtemps...
Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?
On nous demande souvent « pourquoi My Secret Safe ? », et nous répondons souvent par la même blague: « c’est un secret qu’on veut préserver ! »
Non plus sérieusement, l’idée d’un nom composé nous plaisait, on ne voulait pas quelque chose d’agressif mais assez ouvert sur les thèmes à aborder dans nos EP ou album à venir.
Pour nous, l’idée d’un coffret secret est plus une image que chacun peut avoir en soi, notre EP parle de tout ce qu’on peut y retrouver.
Votre actualité est la sortie de ce premier album « Storytelling », première question évidente pourquoi avoir attendu 5 ans avant de le sortir ?
Cet EP est le résultat d’une envie prenante de bouger pour faire des concerts, avec un support à défendre. S’il a été si long à sortir, c’est qu’on a vécu beaucoup de choses dans nos vies qui ne nous ont pas forcément laissé de temps pour composer quelque chose de plus gros.
On n'a pas mal tourné sur 8 premiers morceaux avant de sortir nos
singles « Lost Paradise » et « Revocation ». Une fois stabilisé et fait des tests, pour mieux se connaître mutuellement, on a voulu sortir un format court, d’où l’EP.
En bref, les évènements de la vie et l’envie de ne pas se précipiter pour faire un album ont contribué à cette attente.
Le CV de My Secret Safe était essentiellement un beau CV scénique en compagnie de The Arrs, Beyond the Styx, In Arkadia et autres Landmvarks, comment se fait-il que vous vous soyez frottés à des groupes dont la musique est plus violente que la vôtre ? Quelle était la réaction du public ?
Dans le groupe on écoute de tout, c’est vraiment vaste. Ça va de la folk de Ben Howard, à Fit for an Autopsy, en passant par BMTH, Architectes, Mastodon et Parkway Drive, on est des amoureux de la musique !
C’est vrai que nous avons partagé des affiches avec des groupes aux styles extrêmes, je ne saurai pas te dire pourquoi on s’est retrouvé à ouvrir pour « Martyr Defiled » mais on l’a fait !
On s'est déjà posé la question, c’est peut-être une question de région, il est assez difficile de
booker dans le sud de la France (bien que les choses changent) et aussi parce qu’on ne nous a pas souvent donné l’occasion même hors de notre région.
Il y avait beaucoup de groupes de hardcore et de death quand nous avons commencé à tourner donc nous avons saisi ces opportunités !
Ce sont des styles où il y a une très grosse énergie sur scène et une interaction forte avec le public. Nous avons beaucoup appris de ces groupes et nous nous en sommes inspirés, de ce fait le public n’était pas trop déstabilisé par notre musique et le show se déroule toujours dans la bonne humeur qu’on essaye d’installer à chaque fois ! Le public aime beaucoup ça, il peut se lâcher, danser, et
pogoter tout en chantant les mélodies.
Il semblerait que ce sont ces rencontres et notamment cette dernière avec Florent Salfati de Landmvarks qui vous ont incité à passer le cap de l’enregistrement d’un album longue durée ?
On a fait des très bonnes rencontres qui nous ont permis d’amorcer cette envie de sortir quelque chose, nos proches nous ont BEAUCOUP épaulé sur ce projet et on peut dire que c’est le groupe Landmarks qui nous a donné envie de passer à la vitesse supérieure.
Je ne te cache pas qu’on stressait un peu en arrivant en studio, même si on avait déjà eu des très bonnes expériences sur nos deux premiers singles. Là on venait pour quelque chose de très concret, et Flo à une façon de bosser qui nous a mis à l’aise et dans le bain direct !
La production de cet album est particulièrement soignée : est-ce que c’était une condition sine qua non pour sortir un album expliquant ainsi les 5 ans séparant votre création et la sortie de ce « Storytelling » ?
Oui, de manière générale nous sommes très exigeants et on voulait UN type de son. On a donc découvert le travail de Flo et ça a matché immédiatement: « c’est ça qu’on veut ! ». On a laissé carte blanche à Flo pour les choix du son et le résultat c’est qu’on n'a rien eu à redire !
D’ailleurs, quelle histoire nous racontez-vous dans cet album ?
Il y a un fils rouge au niveau de l’harmonie qui est récurrent. On a tout au long de l’album des mélodies qui changent, qui évoluent, et une rythmique qui est assez stable.
En fait les textes sont simples, chacun en a écrit quelques parties, et en fait ils sont très personnels. On parle beaucoup de l’émancipation, quittez des zones de confort pour affronter le monde extérieur, faire face aux addictions, à la corruption, les proches qu’on peut blesser, à quel point on n'est rien sans eux …
On peut se le représenter métaphoriquement : la mélodie va représenter ta vie, ton petit monde dans lequel il y a des hauts et des bas, des erreurs, des regrets, qui vont sûrement nous rendre plus forts, et d’un autre côté il y a la rythmique qui est toujours lourde et avec un tempo régulier, qui va représenter ce qui se trouve à l’extérieur de ton monde, quelque chose de plus gros, qui continue de vivre sans toi, le monde qui t’entoure.
Quel est le lien avec cette pochette énigmatique avec cette cage aux oiseaux vides ?
Ça c’est notre petit côté metalcore ! La cage représente l’emprisonnement, là en l’occurrence la cage est vide, donc l’emprisonnement qu’elle représente est quelque chose que tu peux combattre. On parle ici de ne pas s’enfermer dans une cage, de vivre sa vie comme on le souhaite. C’est un peu le thème de « The Cure »
La chronique de Music Waves indique que si cet album n’apporte rien de nouveau sous le soleil metalcore, en revanche, il retranscrit à merveille le manuel du petit illustré en faisant étalage d’un talent certain… Avez-vous conscience de cette qualité et ce défaut ?
Merci beaucoup pour cette chronique d’ailleurs !
On en est parfaitement conscients et on nous a déjà posé cette question. Comme on l’a dit plus haut, on était assez pressés de sortir quelque chose et il fallait qu’on sorte quelque chose pour le groupe. On a pris la décision de sortir un EP brut et efficace, pas de dentelles, faire ça pour nous tout en faisant honneur à nos influences, on n'avait pas le temps d’innover, on voulait aller jouer ! Avec cet EP on ne voulait pas rentrer directement dans la grosse « compétition » en sautant plein d’étapes, on voulait apprendre à nager et c’est exactement ce qu’on a fait.
Comment comptez-vous gommer ce défaut et développer ces qualités à l’avenir ?
Pour la suite l’idée c’est de prendre le temps pour préparer quelque chose de plus solide pour un album. Sortir un album ce n'est pas « juste composer », c’est aussi bosser avec les bonnes personnes pour le promouvoir et on a beaucoup de travail à faire là-dessus. Heureusement on a déjà commencé à se faire un entourage compétent, ce qui est bon pour la suite. Musicalement on ne sait pas trop sur quoi on va partir, on a des idées mais il faut encore approfondir pour qu’on soit fiers de ce qu’on va présenter mais aussi pour le public qui va s’attendre à quelque chose de moins standard.
L’intro de ‘Reborn’ pourrait laisser penser à un album djent. Est-ce une orientation possible du groupe ?
Le djent fait partie de nos influences, on adore les différents cadres harmoniques que le style permet de poser mais aussi le groove. On voulait s’en inspirer un petit peu pour cette intro sans rentrer dans la complexité du style. Reborn est directement tirée de « Disruptive » qui arrive après et c’est une chanson très « cash ». Honnêtement je ne pense pas que My Secret Safe fasse un jour du djent parce que ce n'est pas le genre d’énergie qu’on veut exprimer sur scène. Quand on compose on se projette toujours sur scène pour essayer de rester cohérent et efficace mais bon … il faut jamais dire "jamais" !
Quelles sont vos influences notamment vocales ?
Benjamin (chant) est fan d'As i lay dying, Asking Alexandrie, Memphis May Fire, Crow the Empire et j’en passe ! La scène hardcore nous a beaucoup inspirés pour quelques passages qu’on ne savait pas trop comment approcher, là tout de suite je pense à Being as en Ocean ou aux copains de DOJ.
Justement il est indiqué que cet album fait preuve d’une étonnante maturité dans les compositions et la production. Comment expliquez-vous cela ?
On a eu énormément de chance de tomber tous d’accord sur ce qu’on voulait pour cet EP, et surtout de se projeter le même résultat final. On avait déjà sorti une petite démo qui nous a permis de recadrer beaucoup de choses, on joue ensemble depuis 2013 et nous avons fait pas mal de concerts, passé beaucoup de temps ensemble et mine de rien on se connaît même plus que ce qu’on ne pense ! Connaitre avec qui tu partages ta musique c’est la clef et c’est ça aussi le rock !
La colonne vertébrale de My Secret Safe sont les deux frères Dusserre-Telmont, est-ce que cette maturité que nous évoquions plus haut est liée à ces années passées ensemble à imaginer votre premier album ?
J’ai toujours fait de la musique avec mon petit frère Benjamin (Chant), je pense que c’était un peu notre kif de gamins quand on jouait (très mal) à l’époque dans notre garage. On est tellement en accord sur plein de choses que notre façon d’appréhender la musique ensemble est évidente. Quand j’ai rencontré David et notre premier bassiste Roch en 2013, je me suis dit « Faut que mon frère soit là ! », cette répète était mémorable.
Qu’attendez-vous de cet album?
Que les gens le passent dans leur voiture en allant au boulot, en soirée ou quand ça va pas. On aime voir les réactions qu’il procure. L’objectif n'est pas trop mal atteint, les gens en parlent un petit peu, malheureusement on a fait quelques erreurs sur le lancement mais on est tombé sur des gens qui nous aident à le faire vivre et il y a encore du contenu sympa qui arrive très bientôt ! « Storytelling » nous a permis de nous équiper correctement pour la suite et c’est ce qu’on voulait.
Maintenant qu’il est sorti, planchez-vous sur le successeur de « Storytelling » sachant qu’il y a une place à se faire dans la scène metalcore française avec l’arrêt de The Arrs - même si vous œuvrez dans les canons plus soft du genre ?
On bosse dessus, on ne sait pas du tout quand ça sortira mais en tout cas il y a de la place pour tous les groupes en France, il faut s’en donner les moyens ! Il y a tellement de groupes en France avec du talent qui méritent de faire des belles choses ! En tout cas on compte bien se faire voir un peu plus (Sourire)
On a commencé par la question qu'on vous a trop posé, mais qu'elle est celle que vous aimeriez que l'on vous pose ?
Wao, pas simple ! Peut-être … « Quel serait ton conseil ultime quand tu pars sur la route ? » et je répondrais : prévois toujours un « plan B »
Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?
Merci si vous êtes arrivés jusqu’ici, ça veut dire que les réponses étaient un peu intéressantes (Rires)! Sérieusement, merci aux lecteurs parce que c’est vous tous qui faites vivre les groupes, sans vous pour partager notre musique tout ça aurait moins de sens !