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TITRE:

DORO (5 JUIN 2018)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

HEAVY METAL



Treizième album solo pour la reine du metal après une parenthèse de six ans ! A 54 ans, et malgré sa carrière bien remplie, l'icône allemande déborde toujours d'énergie positive et célèbre son retour tant attendu avec la sortie de son nouveau double-album
DARIALYS - 04.08.2018 -
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"Enfin !" se diront les fans de la quinquagénaire allemande infatigable ! Après une jachère discographique de 6 ans, Doro fête son grand retour avec un double-album ambitieux nommé "Forever Warriors, Forever United" qu'elle est venue présenter à Music Waves !




Première chose, ce n’est pas une question : bon anniversaire !

Doro : Oh merci, merci ! (Rires)


Nous aimons commencer nos interviews par la question suivante : quelle est la question que l’on t’a posée trop souvent ?

Doro : « Ça fait quoi d’être une femme dans le metal ? ».  C’est une question qui revient toujours.


Avec le temps, tu as gagné le surnom de « reine du metal » en devenant une icône de l’âge d’or du metal des années 80. Comment est-ce que tu vis un tel statut ? J’imagine que tu en es fière ! D’un autre côté, est-ce que cela ne te met pas un peu de pression, quand tu as commencé à écrire ce nouvel album par exemple ?

Doro : Oh non, il n’y a pas eu du tout de pression ! J’aime jouer de la musique, je ne me sens pas obligée de le faire. Ça sort tout seul, les idées viennent d’elles-mêmes. C’est de la magie quelque part ! Et cette magie se ressent physiquement ! Tu as le cœur qui bat, tu n’arrives pas à dormir, tu transpires. Tu sens qu’il y a quelque chose derrière tout ça, et c’est toujours bon signe. Tant que tu te sens excité à l’idée de jouer, il faut le faire. Quand tu laisses germer ça pendant trop longtemps et que tu te dis : « on verra dans 3 ou 4 mois », la magie du moment disparaît. C’est difficile de la retrouver plus tard, il faut jouer tout de suite pour l’exploiter. Pour moi, c’est une vraie joie. J’aime jouer de la musique.





Tu n’as pas l’impression de travailler en fait, tu joues de la musique ?

Doro : C’est ça. Ce n’est pas du travail. Des fois, c’est dur d’avoir à finir un morceau, et de bien le finir, quand tu y es presque, ou quand la chanson ne va pas dans la direction que tu veux. C’est difficile dans ces conditions. Mais quand c’est terminé, c’est super. Parfois, ça prend du temps pour y arriver, alors que des fois, ça vient tout de suite. Et c’est bon signe quand les idées te viennent très vite et s’enchaînent.


C’est du plaisir pour toi, et c’en est pour nous aussi. Le mot « famille » est souvent utilisé sans réelle signification sur la scène metal, mais pour toi c’est différent. Ce n’est pas du marketing. Tu as créé un lien fort et sincère avec tes fans. Comment expliques-tu que certains te considèrent comme leur sœur ? Tu dois en être très fière aussi.

Doro : Oui. Je suis fille unique, j’ai toujours voulu avoir des frères et sœurs, donc pour moi, c’est une vraie joie d’avoir un groupe, d’avoir toute une équipe, d’avoir des fans. Pour moi, ils ne sont pas anonymes. Ils sont comme mes meilleurs amis ! Ils sont plus près de moi que mes meilleurs amis, car nous avons une connexion de par la musique. Tout de suite, tu te sens bien plus profondément connecté. Et j’utilise ça sur scène. Même si on ne parle pas la même langue, ça n’a pas d’importance.

Tu es connectée à beaucoup de gens notamment car entre les années 2002 et 2012, tu as sorti « Fight » (2002), « Warrior Soul » (2006) et « Raise Your Fist » (2012). Cela t’a permis de te connecter à une nouvelle génération de fans de metal qui sont devenus des fans de Doro !

Doro : Je ne m’attendais pas à ce que je dure aussi longtemps !

Comment expliques-tu ça ?

Doro : Ça devait être mon destin ou quelque chose comme ça ? Au début, je pensais qu’au bout de deux ou trois ans, on m’aurait oubliée, mais pas du tout. Quelle est la raison ? Je ne sais pas comment l’appeler : l’univers, Dieu, une puissance extérieure… Même quand ça devient difficile et que les choses se compliquent, c’est comme s’il y avait quelqu’un qui me poussait vers la bonne direction et m’ouvrait les portes !

 

Je monte toujours sur scène comme si c’était la dernière fois


 

Tu es toujours surprise par le succès que tu as aujourd’hui ?

Doro : Eh bien, chaque jour est sacré, chaque jour est nouveau, chaque concert est un nouveau challenge. Je monte toujours sur scène comme si c’était la dernière fois. Tout est toujours nouveau pour moi et je me suis habituée à ça ! Même si c’est beaucoup de travail.

 

Quand le grunge a pris beaucoup d’importance, […] il a vraiment fallu se battre pour survivre

 

Avec le recul, il semblerait que tu sois le symbole du retour du heavy metal après des années plutôt compliquées. Est-ce que tu te considères comme une survivante en voyant que d’autres groupes disparaissent et finissent par devenir anonymes ?

Doro : C’était très dur quand le grunge a pris beaucoup d’importance (dans les années 90, ndlr). Les groupes de rock et de metal ont été mis de côté. C’était très difficile ne serait-ce que de conserver ton contrat avec ton label. C’était un peu un effet domino : certains albums ne sortaient pas, donc il n’y avait pas toujours de tournée ou de festival, c’était compliqué. Il a vraiment fallu se battre pour survivre, alors que les fans devenaient de moins en moins nombreux. Peut-être qu’ils n’étaient pas de moins en moins nombreux, mais ils n’avaient plus de metal à se mettre sous la dent. Plus de magazine, plus de radio, plus de télévision, plus rien de tout ça, il n’y avait plus que le grunge. Il n’y avait plus de promotion non plus. Il fallait vraiment se battre, mais comme on dit : « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ». En tout cas j’aime faire ça, j’aime faire quelque chose de bien pour les fans, pour les gens. J’aime leur donner des choses positives.


C’est la raison pour laquelle tu as sorti un double album ? C’est ton 13ème album et en faire un double album, c’était osé ! Car dans l’histoire du metal et du rock, sortir un double album n’a pas toujours été très bien reçu, à l’image de « Load » et « Reload » de Metallica. Est-ce que tu n’as pas eu peur de tomber dans ce piège en sortant toutes ces chansons et peut-être perdre en efficacité ou en cohérence ?

Doro : Toutes les chansons étaient tellement significatives et puissantes pour moi ! Je pense que toutes les chansons méritent de figurer sur cet album. Et il y a même trois chansons bonus sur chaque CD. Ce sont des chansons spéciales.


Ce sont les meilleures ? (Rires)

Doro : En tout cas elles sont uniques ! L’une s’appelle ‘Metal Is My Alcohol’, c’est une chanson de punk marrante. Bien sûr que le metal est mon alcool et ma drogue. Il y a aussi des chansons qui pourraient passer dans des films. Il y en a une qui s’appelle ‘Bring My Hero Back Home Again’ qui est très sympa, avec des passages a cappella et de la guitare acoustique. Il y a aussi une reprise de Lucio Dalla qui s’appelle ‘Caruso’. C’est une chanson italienne. C’est ma première chanson en Italien ! J’ai fait beaucoup de chansons en Espagnol, en Français, en Portugais, mais jamais en Italien ! J’adore cette chanson. Donc ce sont vraiment des chansons spéciales ! Sortir un double album m’a donné plus de liberté pour y mettre certaines chansons. Si ç’avait été un album de 12 chansons, je ne les aurais pas mises.

 

Les gens très terre à terre m’ont dit pendant des années que j’avais échoué, mais aujourd’hui, je pense que les temps ont changé !


 

Le titre de cet album est « Forever Warriors, Forever United ». Est-ce que tu veux dire par là que tu n’es pas seulement la reine mais que tu veux aussi devenir l’ambassadrice du metal qui unifie le monde autour d’elle ?

Doro : Oui, je pense que les métalleux ont vraiment un cœur et une âme. Ils savent ce qui est bon et mauvais. Les gens bien doivent se rassembler et tenir bon à une époque où tout le monde est désorienté et où le monde devient pourri. Le monde est en très mauvais état. Je suis contente et très fière de faire partie de la scène metal et de la communauté metal parmi des gens passionnés. Aujourd’hui, beaucoup de gens se réfugient derrière leur smartphone et leur ordinateur. Des fois, on se moque des métalleux. Quand j’ai commencé à faire du metal, les gens très terre à terre m’ont dit pendant des années que j’avais échoué, mais aujourd’hui, je pense que les temps ont changé. Les gens sont même parfois assez jaloux de ceux qui font du metal car ils font ce qu’ils veulent, ce qu’ils aiment vraiment, ce pourquoi ils sont passionnés, et c’est très bien. Je suis content que cela évoque du respect chez les gens. Mais dans certains pays, c’est toujours interdit de jouer du metal. On met même les gens en prison pour ça ! Quand on joue dans certains festivals, on a des gens qui viennent d’Irak, d’Iran… C’est beau de voir ces gens aussi heureux d’être là. Ils mettent leur vie en jeu en venant dans ces festivals. Dans certains pays, tu peux te faire tuer pour ça. Donc je pense que tout ça est un gros combat, il faut se battre tous ensemble, rester tous ensemble, se serrer les coudes. Je suis très heureuse de faire partie de cette famille.
 

Cet album suit la recette habituelle de Doro. Dès les premières notes, on peut dire que c’est un album de Doro. Es-tu fière d’avoir créé une sorte de marque de fabrique ?

Doro : Tu sais, je ne pense pas vraiment à ça. Je fais les choses comme elles me viennent. Si je peux rendre les gens contents quand ils écouteront ces chansons, ça me va. Il n’y a pas de stratégie derrière ça. J’essaie de donner tout ce que je peux de la meilleure manière. Je suis très old school à de nombreux niveaux ! Au niveau de l’amitié, de la loyauté... C’est important pour moi.
 

En parlant d’amitié, la fraternité est très importante dans cet album. Lemmy (Kilmister, ancien chanteur et bassiste de Motörhead, décédé en décembre 2015, ndlr) était comme ton frère. Et il semblerait que 'Living Life To The Fullest' lui soit dédié.

Doro : Tout l’album d’une manière générale !


Et la chanson ‘Bastardos’ rappelle carrément Motörhead avec son rythme hard rock. Est-ce que cet album est cathartique pour toi dans le but d’exprimer toute la douleur que tu ressens ?

Doro : Oui, oui. Tous les aspects de la nature humaine sont sur le disque, de la tristesse immense, du cœur brisé à l’amour, l’amitié. Il y a une chanson de Motörhead qui s’appelle ‘Lost In The Ozone’ et pour laquelle Lemmy a écrit les paroles. Si tu les lis, il a l’air si seul ! On est tous pareils, même Lemmy se sentait seul parfois.


Toujours à propos de la fraternité, il y a sur cet album la suite de la chanson ‘Für Immer’ (« pour toujours » en français ; cette chanson est présente sur l’album « Triumph And Agony » de Warlock, sorti en 1987, groupe dont avait fait partie Doro de 1982 à 1989, ndlr). Elle s’appelle ‘Freunde Fürs Leben’.

Doro : Oui, cela veut dire « amis pour la vie » !


Exactement ! Faire une suite à cette chanson sur l’amitié, était-ce une évidence pour toi ?

Doro : Oui ! Au début, je voulais l’appeler ‘Freunde Für Immer’ (« amis pour toujours »). Mais ce n’est pas une chanson d’amour, c’est vraiment une chanson sur l’amitié. Donc je la jouerai probablement à la fin des concerts quand les gens sont déjà un peu saouls, bras dessus bras dessous avec leur meilleur ami ! (Rires).
 

Il y a aussi des ballades dans cet album, avec par exemple ‘Lift Me Up’, ‘It Cuts So Deep’, ‘100 Years’ qui sont presque des chansons pop. Est-ce possible d’avoir un album de Doro sans ballade ?

Doro : Je ne pense pas !


Pour moi, le metal est synonyme de liberté




D’un autre côté, est-ce que tu as déjà pensé à faire un album de pop entier. Ta voix chaude irait bien sur des chansons de Shania Twain !

Doro : Je n’y ai jamais pensé. Pour moi, le metal est synonyme de liberté, donc si j’écris une chanson dans une veine pop par exemple, ça va, mais de là à en faire tout un album… Je n’aime pas tant la pop que ça. Je trouve ça dénué de sens la plupart du temps. Bien sûr, il y a certains artistes de pop qui sont excellents et fantastiques, mais en général, c’est trop commercial, ou trop ringard. Je n’aime pas ça du tout. Si j’écris une ballade, avec de belles mélodies très expressives et profondes, c’est bien. Mais si c’est kitsch et insignifiant… Et parfois tu réalises que certaines chansons n’ont été écrites que pour être des hits à la radio. Je n’aime pas ça. Les chansons doivent être vraies et honnêtes.


Sur cet album, il y a aussi Tommy Bolan avec qui tu as joué dans le groupe Warlock. Est-ce de la nostalgie ou une sorte d’hommage à ton premier groupe dont le dernier album, « Triumph and Agony », est sorti il y a 30 ans (en 1987, ndlr) ?

Doro : C’était le 30ème anniversaire de l’album ! J'ai appelé Tommy il y a 2 ans en lui disant : « Tommy, c’était il y a presque 30 ans que l’on a enregistré cet album ! ». Tommy a grandement collaboré à l’écriture de cet album, on est toujours resté amis, et on s’est déjà retrouvé sur scène à Los Angeles et à New York. Je lui ai proposé de fêter ça et de jouer un concert où l’on n’aurait joué que cet album. Il m’a dit qu’il attendait cet appel ! Donc on a fait quelques concerts où l’on n’a joué que l’album « Triumph And Agony ». Il y en a eu un au festival « Sweden Rock », c’est un gros festival et ça a très bien marché, et le second était « Norway Rock » et à 5 heures du matin, on a été jammer un petit peu, et c’est là qu’est née la chanson « If I Can´t Have You - No One Will » (qui figure sur le nouvel album de Doro, ndlr). C’est un super duo. J’ai appelé Johan Hegg (le chanteur de Amon Amarth, ndlr), car sur leur dernier album, « Jomsviking », (sorti en 2016, ndlr), on avait chanté une chanson ensemble : A Dream That Cannot Be’. On s’est super bien entendu, Johan est une très belle personne et un excellent chanteur. J’aime son énergie, il est toujours positif et souriant. Quand on a trouvé cette chanson avec Tommy, j’ai appelé Johan car je voulais que cette chanson soit une sorte de suite à celle que l’on avait écrite ensemble avec Johan. Il a écrit les paroles des couplets et il chante avec moi. Et ‘All For Metal’ est le premier clip où figurent les invités, les musiciens et tous mes amis.


Il n’y a pas les musiciens sur scène et les fans dans la fosse, c’est une famille


L’artwork de Geoffrey Gillespie colle parfaitement à la musique. Sur cette pochette, on peut voir Nikki Sixx (bassiste fondateur du groupe de hard rock Mötley Crüe, ndlr) et Matthias Jabs (guitariste de Scorpions, ndlr). Ils apparaissent aussi dans le clip de ‘All For Metal’ aux côtés de plusieurs invités. C’est un véritable aboutissement d’arriver à réunir ces musiciens de metal !

Doro : Oui ! En réalité, ce n’est pas Nikki Six que l’on voit mais Nick Douglas, notre bassiste ! Mais ils se ressemblent beaucoup ! J’ai dit à Geoffrey que je voulais qu’il dessine la pochette, et je lui ai envoyé la chanson ‘Soldier Of Metal’ qui était le nom que je voulais prendre au départ pour l’album. Je lui ai dit que j’avais envie que la pochette représente une grosse armée de musiciens et de fans, alors il a peint quelque chose. On y voit les musiciens du groupe. C’est une communauté de musiciens et de fans. Pour moi, il faut les mettre au même niveau. Il n’y a pas les musiciens sur scène et les fans dans la fosse, c’est une famille.





Nous avons commencé cette interview en te demandant quelle était la question que l’on t’avait posée trop souvent. Au contraire, quelle serait celle que tu aimerais que je te pose, ou celle à laquelle tu aurais aimé répondre ?

Doro : Je voudrais juste remercier les fans et les lecteurs, leur dire que je les aime plus que tout dans ce monde. Ça a toujours été le cas et ça le sera toujours. Il y a une connexion profonde et une vraie amitié entre nous, « für immer, forever ». Comment dit-on « forever » en Français ?

« Pour toujours » !

« Pour toujours » !





Merci beaucoup !

Ok merci beaucoup !


Merci à Noise pour sa contribution...



Plus d'informations sur http://www.doropesch.com/
 
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