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TITRE:

WARLUS (06 JUILLET 2018)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK



Rencontre hors du temps avec Warlus qui propose près de 40 ans après la seconde partie de "Songs".
CALGEPO - 12.07.2018 -
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Il en a mis du temps Warlus pour sortir son second album. Il nous fait l'honneur d'une interview en cette occasion, au cours de laquelle il porte un regard positif sur l'évolution de la musique.


Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?


Pourquoi tu ne chantes pas en français ?


Tu as déjà sévi en 1977 avec un premier album "Songs". 41 ans après sort ce "Songs 2". Quel a été le facteur déclencheur de cette sortie et pourquoi avoir attendu si longtemps sinon pour battre le record de la plus longue période entre deux albums ?

Yep ! On a battu le record et nous en sommes super fier ! Mais y’a deux questions là. Deux labels ont réédité "Songs" dont Guerssenrecords en 2008.
Nous étions des ados lorsque nous avons enregistré "Songs". Nous l’avions fait presser à 200 exemplaires. Nous le vendions à la sortie des concerts.  On n’y croyait pas le jour où nous avons appris que  "Songs" se vendait bien et principalement aux USA et au Japon tant d’années après.
On s’est dit yes ! on va en refaire un autre. Le projet a trainé car Pascal et moi étions branchés sur d’autres aventures…


Je me souviens avoir démarché naïvement les grands labels genre EMI avec ma bande magnétique et mes K7 sous le bras. Et l’on me demandait à chaque fois si je voulais faire une carrière à la Bob Dylan.


‘Songs’ baignait dans son époque avec son ambiance psyché qui rencontrait une belle résonance, entre Syd Barrett et John Lennon. Comment expliques-tu qu’il n’a pas eu plus de succès à sa sortie ?


En 1977 le punk et le reggae ont explosé. Warlus sonnait psyché pop rock anglais en plus, auto-produit et lowfi. Bref, c’était « deux garçons contre le vent » je rigole, mais c’était ça … Je me souviens avoir démarché naïvement les grands labels genre EMI avec ma bande magnétique et mes K7 sous le bras. Et l’on me demandait à chaque fois si je voulais faire une carrière à la Bob Dylan. Smile ! 





Sauf erreur, il y a quelques années de ça, ton premier album fait l’objet d’une relative remise en lumière notamment sur le net, comment l’expliques-tu ?


C’est le miracle du web. Des chaines YouTube comme « psychedelic garden » ont promotionné l’album en entier, c’est ce qui a créé un petit buzz.
Actuellement, les disques bizarres, sombres, de talentueux inconnus non formatés suscitent de l’intérêt ces dernières années.

Il y aura toujours quelque chose à créer. C’est ainsi dans le blues et le jazz ou le metal, on croit que le truc est mort et tout à coup arrive une nouvelle vague de groupes et d’artistes.


‘Songs 2‘ lui emboîte le pas. On y retrouve cette atmosphère si particulière des années 70, à une époque où la créativité était très grande. Toi qui baignes dans la musique depuis toujours, penses-tu qu’il y a encore quelque chose à créer dans le rock ?

Oui, il y aura toujours quelque chose à créer. C’est ainsi dans le blues et le jazz ou le metal, on croit que le truc est mort et tout à coup arrive une nouvelle vague de groupes et d’artistes. Et hop ! c’est reparti. La créativité est très grande actuellement. Je ne suis pas passéiste genre « c’était mieux avant » comme le chante si bien Jo Dahan.


Tu as pu être témoin de l’évolution de l’industrie du disque depuis près de 40 ans, comment l’as-tu appréhendée et penses-tu qu’il y a aujourd’hui la possibilité encore de réussir une carrière dans la musique et surtout de durer ? 
     
   
Il y a beaucoup plus de groupes et d’artistes qu’il y a quarante ans… Ça a toujours été très difficile de toutes les façons. En fait, je ne sais pas répondre à ce genre de question. Je suis juste un témoin. Ce qui est important c’est de faire les choses et d’exister avec.                                                                             
  

j’ai fait du mastering, c’était ça ou retourner jouer dans le métro ou des petits boulots pour rester dans le truc. 



Est-ce que tu n’es pas blasé par le système des labels et as-tu connu des moments de découragement au cours de ta carrière ?                                                                                                                                   

Non, pas blasé. je suis enchanté par le système des labels qui fait que maintenant, on ne cherche même plus de label, on crée des labels, on crée son propre marketing, sa structure. Il y a les plates-formes de téléchargement légal et la vente de disques après les concerts. Pas besoin d’un label. C’est lorsque ça fonctionne qu’il est important d’avoir un label. Sûr que j’ai été découragé après Warlus songs et d’autres groupes que j’ai formé comme Reflex, Les complices, Cath Complice et d’autres… Je me suis branché sur le son après avoir enregistré un disque pour BMG qui n’est jamais sorti. J’ai fait autre chose. Pendant 10 ans j’ai travaillé dans un studio d’enregistrement et c’était passionnant. Puis j’ai fait du mastering, c’était ça ou retourner jouer dans le métro ou des petits boulots pour rester dans le truc.





"Songs 2" semble hors du temps, as-tu néanmoins changé ta façon de composer ?   


Je suis hors du temps, comme « Songs 2 ». Je n’ai pas de recette ni de façon particulière. j’ai ma « shoe box » intemporellement fidèle avec une réserve impressionnante de notes. Ma façon n’a pas changé. Je travaille vite pour d’autres mais pour moi c’est lent et souvent dans la douleur.
    

Est-ce qu’il t’a fallu beaucoup de temps pour écrire ces titres ? Datent-ils d’il y a longtemps ?   
  
   
' Teapot woman', 'My Song is Naive' et' Evening has gone' datent de 1977.  Les quatre autres sont presque récentes. ‘In The Haze’ m’a pris 10 minutes et ‘Like a rainbow’ 2 ans. J’ai d’ailleurs décidé de choisir que des chansons qui me viennent rapido car je veux sortir un nouveau disque en octobre novembre.


Ce sont mes histoires perso, mes états d’âme, mon humeur changeante dans la même chanson. Il y a de la mélancolie et tout à coup une humeur différente

 
On retrouve l’ensemble de tes influences, Floyd, Beatles. Qu’est-ce qu’elles t’apportent justement pour ta musique et quelle est ta patte personnelle ?                                                                                                                                                                 -

C’est le son de ces groupes dont j’aime me rapprocher, j’ai baigné dedans et je ne vois pas pourquoi je me dépouillerais de cet héritage british un chouya lunaire. C'est le son de mon adolescence. Quant à ma patte, je suis humain et un peu martien tu sais… Ce sont mes histoires perso, mes états d’âme, mon humeur changeante dans la même chanson. Il y a de la mélancolie et tout à coup une humeur différente arrive parce que… on ne sait pas, c’est juste naturel. Dès que c’est réfléchi, ce n’est plus moi.





Est-ce que des artistes actuels t’influencent ? On pense à Jonathan Wilson qui est très proche de ta musique...


J'aime beaucoup sa musique. Je l’ai découvert depuis peu et c’est pas la première fois que l’on me dit ça. J’ai découvert son dernier disque avec ‘Trafalgar Square’, c’est off shore… étonnant, Il semble hors du temps quelque part, mais je sais pas où. Il y a des références mais son mélange d’influence c’est lui, il est unique. Il a fait de beaux clips aussi.  Mes influences sont très diversifiées. Fauve pour leur parole et leur musique minimaliste. Ca ne sonne pas rock mais c’est rock. J’écoute Django Django, Cats on Trees, certaines paroles des chansons de Lompal m’inspirent même si sa musique n’a rien à voir avec mon univers. Tout ce que fait Saez me plaît.


Ce sont de belles rencontres avec de très bonnes vibrations, ça m’a enrichi.


Tu as réalisé de nombreux albums de plusieurs artistes très diversifiés, est-ce que tu en tires quelque chose pour tes projets ?                                              

Ce sont de belles rencontres avec de très bonnes vibrations, ça m’a enrichi. Principalement avec Fred de Fred et Cath Complice. Pour les autres, c’était de la co-réalisation et de la prise de son comme avec Manu Chao ou Chet. La production et le son m’ont toujours passionné.

                                                                
‘My song is Naïve’ est la chanson la plus alambiquée, elle tutoie les grandes heures du rock psyché. Selon toi a-t-il encore de belles heures devant lui alors que la musique apparaît aujourd’hui comme un produit de grande consommation ?                                                                                                    

Cette chanson est la plus spéciale du disque, c’est sûr. Oui, le rock psyché a même quelques belles années parce que la roue tourne et avec le web, elle tourne bien plus vite qu’hier. Le rock psyché a toujours eu un large public autant que je me souvienne.    


'My Songs is Naive' est une histoire intime entre mon frère et moi


Le rock est par essence subversif tant dans la forme que dans le fond. Quels sont les thèmes que tu développes dans ces sept chansons ? Les filles (‘Teapot Woman’), les addictions ?                                                                                     

'Teapot Woman' c’est typiquement british. La chanson décrit une charmante empoisonneuse qui met son thé au service du diable avec fun et mystère. Nous allons tourner un clip pour cette chanson. ‘Like a Rainbow’  est un état d’âme sur une histoire d’amour qui se finit avec espoir c’est pop en fait et pas subversif j’espère…  ‘Evening has Gone’ raconte la vision d’un gamin halluciné qui ne peut et ne veut pas grandir.  'My Songs is Naive' est une histoire intime entre mon frère et moi. Il s’est suicidé. Nous avions un rêve… « He blew a fuse ». Ici, il est victime de la pression, de ‘big brother’. ‘I love you’, c’est un constat, un état d’âme et un état d’espri sur une femme que je regrette infiniment et je suis addict dans la chanson, je suis méchant aussi. Alors je sublime pour me rassurer.
                                                                                                       

‘I believe In My Guitar’ est une déclaration d’amour à l’instrument, qu’est-ce que tu lui dois ?                                                                                                       

Je lui dois le meilleur, elle m’a sauvé de la délinquance peut-être.  Hum... Le meilleur et le pire tu sais bien si tu écoutes les paroles. C’est l’histoire d’un homme qui a tout perdu, son amour, ses amis et son pouvoir d’aimer tout ce qui l’entoure. Il n’a confiance qu’en sa guitare et le rock‘n’roll dont il attend un miracle pour qu’elle revienne. Il a tout sacrifié pour le rock. C’est comme une vengeance, un chemin vers l’exutoire qui le fera renaître aux yeux de son amoureuse.  
    

Il semble qu’il y ait un noyau dur autour de toi, en as-tu besoin pour te rassurer ?


Ce noyau est celui du fruit mûr de l’amitié de cette petite équipe autour de Pascal Ducourtioux et moi-même.  


Selon toi, à qui s’adresse cet album ? Aux nostalgiques et/ou à la nouvelle génération ?   


Aux deux.


Le rock en studio c’est bien, en live c’est mieux. Est-ce que tu pourras le faire vivre sur scène ?       

Absolument. Nous préparons cela. Le studio n’est pas une finalité en soi pour moi. La scène oui, c’est cash. Nous sommes un collectif à géométrie variable, à deux avec machines ou en groupe à quatre et peut-être qu’un jour nous aurons une section de violoncelles électriques… Mon rêve.


Dans l’artwork, le rouge est extrêmement présent, est-ce que ça a une signification particulière ?    

Non, aucune. Avec Amélie nous étions partis sur de l’orange au début et c’est devenu rouge peu à peu parce que c’est la couleur de l’amour.

    
Qu’attends-tu de cet album?                                                                               

Qu’il m’ouvre des portes vers les chemins des scènes du monde entier. Peu importe la taille, du colibri au stade, je prends tout… smile. Que nous puissions partir en tournée.




    
On a commencé par la question qu'on t’a trop posé, mais quelle est celle que tu aimerais que l'on te pose ?     

                                                          
Pourquoi tu ne chantes pas en français ? Et là, j’ai beaucoup à dire.  Tu aurais pu me demander à quel âge j’ai commencé à jouer même si en général tout le monde s’en fout. Tu aurais pu me questionner sur  ma période métro lorsque je jouais dans les rames ou bien ma rencontre avec Jean-Max Rivière ou Gainsbourg. Ce sera pour la prochaine fois j’espère.


Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?       
                

La musique, ce sont des vagues sonores rock mais pas que. La musique c’est apprendre à jouer dans le creux d’une vague en sachant qu’elle peut te soulever et te faire redescendre très vite et c’est là qu’il faut savoir surfer… sur la music wave.

Merci beaucoup.


Plus d'informations sur https://warlus.eu/
 
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