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TITRE:

ATROCITY (29 JUIN 2018)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

DEATH METAL



Le groupe de death metal allemand poursuit sa trilogie "Okkult" avec un deuxième volet ambitieux que le chanteur Alexander Krull est venu présenter.
DARIALYS - 23.07.2018 -
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En 1985 naissait le groupe de death metal Atrocity. Pionnier du genre, le groupe est encore solide presque 35 ans après sa création. En 2018, la formation sortira le deuxième volet de la trilogie "Okkult" dont le premier disque était sorti en 2013. Alexander Krull, le chanteur et pianiste du quatuor est revenu sur le concept épique derrière cet opus et sur l'évolution musicale du groupe.





Nous aimons commencer nos interviews sur Music Waves par la question : quelle est la question que l’on t’a posée trop souvent et à laquelle tu en as peut-être marre de répondre ?

Alexander Krull : Oh ! (Rires) Je ne sais pas ! Je suis ici pour répondre à tes questions donc je n’en ai pas marre !

 

Beaucoup de gens catégorisent le metal. Je ne juge pas la musique à ce niveau. Pour moi, la musique est soit bonne, soit mauvaise.


Nous allons commencer par parler de la carrière d’Atrocity ! Le groupe a changé de style musical sans jamais perdre son identité. Atrocity est en quelque sorte un caméléon ! Es-tu d’accord ?

(Rires) C’est vrai d’une certaine façon ! On peut dire qu’on a gardé notre état d’esprit et notre enthousiasme quand il s’agit d’écrire de la musique. On est toujours créatifs en tant que groupe de musique extrême. Pour moi, le heavy metal n’a pas de limite. Mais beaucoup de gens catégorisent le metal. Je ne juge pas la musique à ce niveau. Pour moi, la musique est soit bonne, soit mauvaise.


Peu de groupes ont évolué comme vous. Vous avez jouez du death metal, du folk, du disco, et même de la musique industrielle. Vous êtes revenus récemment à vos racines extrêmes. Comment expliques-tu que seuls quelques groupes aient évolué comme vous ? Faire de la musique doit être plaisant avant toute chose, et il semblerait que beaucoup de groupes n’osent pas de jouer ce qu’ils veulent pour satisfaire leur fanbase. Ce n’est pas votre cas.

Peut-être que la réponse est justement là ! C’est vrai qu’on ose beaucoup. En tout cas, par le passé, on a joué beaucoup de chansons un peu folles que peu de groupes auraient osé jouer ! Tu as parlé de musique disco ? (Rires). C’est une musique classique des années 80 et si un groupe de death metal en incorpore dans sa musique, c’est quelque chose d’incroyable ! Personne ne s’y attend et c’est cool !


Tu dois te faire confiance et jouer ce que tu aimes avant tout



 

Avec le recul, est-ce que vous n’avez pas eu peur de perdre une partie de votre fanbase ?

Je pense que si tu penses à réfléchir à tout ça, tu perds ta créativité. Tu dois te faire confiance et jouer ce que tu aimes avant tout. Tu dois suivre ta vision de la musique. Je pense que c’est important dans le processus de création de musique d’être authentique, et de ne pas chercher à satisfaire quelqu'un du label, d’un promoteur, etc. Bien sûr, les fans sont ceux qui te soutiennent et qui achètent tes albums. Mais ils peuvent décider. Il ne faut pas se sentir obligé de se répéter encore et encore. Il faut avoir des challenges musicaux.


Atrocity semble être une sorte de laboratoire qui évolue en fonction de vos humeurs ou des étapes de votre vie. Le groupe semble jouer la musique qui vous correspond en tant qu’être humains.

Oui. C’est pour moi très important, c’est une façon de vivre. Mon rêve est devenu réalité quand je suis devenu un musicien de metal et un producteur. On a notre propre studio, Mastersound, on fait des tournées mondiales, on a 2 groupes, Leaves’ Eyes et Atrocity, une large gamme de musique. Et maintenant, avec le nouvel album d’Atrocity, on continue d’accomplir notre rêve dans le monde de la musique death metal et extrême grâce à un nouveau concept. On s’éclate là-dedans ! Ta personnalité en tant qu’artiste définit ton art. Il faut avoir envie d’aller de l’avant. Si quelqu’un te mettait dans une cage, ça ne te plairait pas. En tant qu’artiste, je n’ai pas envie d’être enfermé dans une cage non plus.


Quand vous avez créé Leaves’ Eyes en 2003, pensiez-vous que cela entraînerait peut-être la fin d’Atrocity ? A l’époque, on a été surpris par la création de ce groupe, Leaves’ Eyes, avec un style musical très différent de ce que vous faisiez avec Atrocity. Est-ce qu’Atrocity avait besoin d’un break à ce moment-là quand vous avez lancé Leaves’ Eyes ?

Non, non ! C’est marrant si tu penses ça, car quand Leaves’ Eyes a vu le jour, « Atlantis » (leur 10ème album sorti en 2004, ndlr) est né en même temps, et c’est l’un des plus gros projets que l’on ait mené avec Atrocity. Donc non, en fait je pense que c’était pour équilibrer notre créativité que l’on a créé Leaves’ Eyes.


Tu parles d’équilibrer votre créativité, mais vous jouez tous les genres musicaux avec Atrocity, vous êtes déjà dans un équilibre au sein d’un même groupe !

Oui, c’est aussi vrai ! (Rires). C’était ambitieux de créer un deuxième groupe. Maintenant, on part en tournée avec Leaves’ Eyes aux quatre coins du monde dans tellement de pays ! C’est un groupe qui marche très bien ! Ça n’a jamais été un projet et ça n’a jamais été le but d’arrêter Atrocity ou quoi que ce soit. Le but était de montrer d’où on venait. On voit toujours ça comme un « double crayon ». Quand on écrit de la musique, c’est pour l’un des deux groupes, et on sait exactement pour lequel. Il n’y a jamais de discussion à ce niveau-là.


Le dernier album d’Atrocity avant la trilogie que vous êtes en train de réaliser était loin du metal extrême. « After The Storm » (paru en 2010, ndlr) était un album calme. Avez-vous eu besoin de sortir un album avec ta sœur Yasmin avant de retourner à un son plus musclé avec cette trilogie ?

Oui, d’une certaine manière, tu as raison. On a eu envie de faire quelque chose de plus calme et de jouer une musique beaucoup plus atmosphérique avec une voix féminine profonde comme celle de ma sœur. Ce n’est pas une chanteuse de pop ! Elle a une voix avec tellement de qualités ! Elle vit en Nouvelle-Zélande donc ça a été difficile de commencer tout ça, mais on a pensé que c’était le moment ou jamais. On a voulu tenter l’expérience et les gens n’ont pas trop compris que l’on veuille faire ça à l’époque. Ils disaient : « Vous passez tellement de temps et vous faites tellement d’efforts pour ça ! Pourquoi faites-vous ça ? ». Parce que nous sommes des artistes !

 

Chercher à dépasser les frontières du genre devrait faire partie des règles du metal, mais beaucoup ont une vision trop conservatrice.



Je comprends tout à fait, et nous devons respecter ce choix. Mais d’un autre côté, est-ce que vous auriez pu faire un tel album avec un autre groupe ?

Je vois ce que tu veux dire ! C’est marrant car aujourd’hui encore, quelqu’un m’a dit : « Pourquoi vous n’avez pas choisi un autre nom pour sortir votre trilogie ? ». Peut-être parce que les gens pensent encore à catégoriser le metal ! Et ils s’attendent toujours à ce que quand un bon album sort, le groupe devrait continuer à faire la même chose encore et encore. Et à la fin, ils se disent que finalement ce n’est plus aussi excitant qu’au début ! Je n’ai jamais pensé comme ça. On a un bon compositeur, et quand on fait des chansons, on a une vision claire de ce qu’on veut faire, on sait si on a envie d’avoir des chansons plus portées sur la guitare et sur des riffs percutants, etc. Après « After The Storm », on a encore eu une vision claire de ce qu’on voulait. Yasmin était là, on avait des idées au niveau des paroles, des idées au niveau musical que l’on n’aurait pas mises dans un album « classique » d’Atrocity, comme un mélange de batterie et de percussions, ou des instruments qu’on n’utiliserait pas dans une chanson de death metal… Je vois ça comme une opportunité en tant que musicien. C’est un peu triste car chercher à dépasser les frontières du genre devrait faire partie des règles du metal, mais beaucoup ont une vision trop conservatrice. Pas tout le monde, on a beaucoup de fans qui nous suivent, mais je pense que certains ne comprennent pas complètement ce qu’on fait.


Concernant la trilogie « Okkult », pourquoi avez-vous choisi de faire une trilogie aussi sombre qui traite de la situation de la planète à travers des théories conspirationnistes ?

C’est un aspect de l’histoire. L’autre volet remonte à l’époque où je faisais des recherches pour l’album « Atlantis ». C’étaient des sacrées recherches, ça a demandé beaucoup d’efforts. On a rempli des dossiers énormes. Cela traitait de la science, cela parlait des civilisations qui ont précédé la nôtre, d’autres cultures présentes partout dans le monde sans que l’on sache vraiment d’où elles viennent. On a alors eu des théories dans un registre ésotérique. On a construit une histoire avec des vaisseaux spatiaux et avec une civilisation qui s’étend au monde entier comme Atlantis. On parlait de n’importe quelle théorie ! Il y avait tout ça, et en cherchant, on trouvait toujours plus de choses. Après « Atlantis », on n’avait plus envie de traiter qu’un seul sujet comme la grandeur et la décadence de l’empire d’Atlantis. On a eu envie d’écrire un concept sur les mystères du monde et sur les côtés sombres de l’humanité à la manière d’un voyage dans le temps raconté dans un vieux livre. Il y a des aspects qui sont intéressants, comme ce qui concerne les sociétés secrètes, les manières d’étendre son monde spirituel, et ainsi de suite. Et il y a beaucoup d’autres sujets encore qui sont liés au monde de l’occultisme. On ne traite pas des sujets que l’on peut voir tous les jours dans les journaux ! Mais le monde réel est beaucoup plus connecté au monde occulte que les gens ne le croient ! C’est ce qui est intéressant. On ne parle pas que de satanisme et de religion, ou de fantômes et de choses surnaturelles. Tous les sujets traités font partie d’un tout et c’est ça qui est intéressant. Quand tu rentres dans une telle aventure de découverte, c’est un peu comme dans un film d’Indiana Jones ! Si tu relies tous les indices, c’est très intéressant. J’ai eu envie de tout savoir à ce sujet.


Tu as l’air très impliqué et passionné par tout ça !

Oui, absolument !


Êtes-vous frustrés de n’écrire que de la musique et de ne pas écrire de livre ou de réaliser un film par exemple ?

C’est-à-dire qu’il faut du temps pour ça ! (Rires). Alors peut-être quand je prendrai ma retraite ! Je pense surtout que c’est un mode de vie. J’ai choisi d’être un musicien de metal. On a la liberté d’écrire tout ça et de faire. Je ne pense pas que des musiciens de pop écriraient sur ce sujet-là. Ça colle aussi à notre musique. C’est une sorte d’opéra à la Wagner avec des paroles sombres.


On a voulu garder notre esprit de l’époque de la fin des années 80/début des années 90




Sur le plan musical, votre nouvel album est extrême comme nous l’avons dit, mais aussi varié. Il y a un ensemble de styles. Peut-on dire que cet album est un hommage à la scène extrême ?

Oui c’est un hommage d’une certaine manière. On a voulu garder notre esprit de l’époque de la fin des années 80 / début des années 90 qui est importante pour nous. C’était le début de l’âge d’or du death metal. C’est là que son nés les premiers groupes de death metal en Allemagne. On jouait dans des festivals où personne ne nous connaissait.


Vous êtes fiers d’avoir fait partie des pionniers de ce genre ?

Oui, oui ! On était des jeunes hommes, et tout d’un coup on a fait quelque chose de fondamental pour la liste.


Avec le recul, est-ce que le jeune homme que tu étais au début des années 90 aurait pu imaginer que tu aurais été ici aujourd’hui à Paris ?

Non, bien sûr que c’était quelque chose à laquelle je ne pouvais pas m’attendre. On a dû jouer dans 50 ou 60 pays aujourd’hui et on a parcouru 5 continents. Avec le premier volet de la trilogie « Okkult » (paru en 2013, ndlr), on a joué dans le monde entier, en Amérique du Nord, en Amérique latine, et dans encore dix autres pays que l’on n’aurait jamais visités autrement.  On a été en Asie, à Taïwan, on a été en Chine, en Thaïlande, on a été partout en Europe, c’est fou ! Quand on rencontre les gens, même quand certains ne nous ont parfois jamais vus car c’est la première fois que l’on joue dans leur pays, certains pleurent ! Notre musique résonne en eux. J’ai rencontré des musiciens dans le monde entier, et certains nous ont remerciés pour l’inspiration qu’on leur avait apportée. C’est super ! Des groupes comme Slipknot et Cannibal Corpse nous ont dit ça !


Sur ce nouvel album, les chansons ‘Master Of Darkness’ et ‘Bloodshed And Triumph’ rappellent un peu Dimmu Borgir de par leur côté symphonique. Est-ce un groupe qui vous influence ?

Peut-être qu’ils utilisent un peu les mêmes techniques que nous. En tout cas, ce sont des amis à nous. Silenoz (l’un des deux guitaristes du groupe, ndlr) notamment. Par le passé, on a utilisé des éléments de classique symphonique dans notre deuxième album (« Todessehnsucht », ndlr) sorti en 1992, avec des chanteurs d’opéra, des paroles en allemand, et ce n’était ni du Rammstein, ni du Dimmu Borgir. On a une histoire que l’on s’est créée.


Sur ‘Gates To Oblivion’, dans le côté death de votre musique, il y a un côté old school à la Therion. Est-ce que ce groupe qui n’a pas de frontière musicale vous a influencés ?

C’est marrant que tu dises ça car j’ai déjà entendu la même question par quelqu’un d’autre. Je répondrais de la même manière que pour Dimmu Borgir. C’est simplement que nous utilisons le même esprit, donc on peut faire des rapprochements entre nos éléments musicaux. Je me rappelle que le chanteur a aussi joué dans le groupe de death suisse Messiah, et quand ils ont joué leur dernier concert, nous avons également joué. Ils avaient ouvert pour nous en Suède. Mais des groupes comme Possessed ont beaucoup influencé la scène extrême en général, pas seulement Slayer.


Toujours sur la chanson ‘Gates To Oblivion’, Marc Grewe, ex-chanteur de Morgoth, une légende dans le genre, chante. Lars Göran Petrov (du groupe Entombed, ndlr) joue sur ‘Devil’s Covenant’. Vous êtes fiers d’avoir des tels invités ?

Bien sûr ! Ce sont des vieux amis. On a connu Morgoth et Entombed au début des années 90.


Et j’imagine qu’à leur tour, ils sont fiers de figurer sur votre album !

Ça marche dans les deux sens ! On est heureux de les avoir, et ils sont contents de jouer sur l’album ! C’est super qu’après toutes ces années, on fasse de la musique ensemble. Ils ont aussi tous les deux fait partie du documentaire sur Atrocity. Donc l’idée que l’on travaille ensemble sur cet album était très bonne.


Qu’attends-tu de cet album ?

Je ne sais pas. On a de super retours en tout cas. Les gens l’aiment car il est à la fois old school et frais, il est organique et puissant au niveau de la production, comme on le voulait. Il a une bonne atmosphère. Tout va si vite aujourd’hui, il y a de la nouvelle musique tout le temps qui sort, donc j’espère que les gens sauront que l’on a sorti cet album. Beaucoup étaient surpris que l’on sorte un nouvel album et espéraient que l’on sorte un bon album avec notre esprit des années 90.





Nous avons commencé cette interview en te demandant quelle était la question que l’on t’avait posée trop souvent. Au contraire, quelle serait celle que tu voudrais que je te pose, ou celle à laquelle tu aurais aimé répondre ?

Comme on est en France aujourd’hui, tout le monde revient du Hellfest, alors il faudrait que tu demandes au responsable de là-bas qu’on y joue l’an prochain ! (Rires). On aimerait y jouer !


Merci beaucoup !

Le plaisir était vraiment pour moi.Tes questions étaient différentes des autres rendant cette interview très intéressante, probablement la meilleure que j'ai pu mener... Merci !


Merci à Noise pour sa contribution...


Plus d'informations sur http://www.atrocity.de/
 
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