La saison
continue à Courtrai avec le retour de
Lordi
à
De Kreun. Les monstres finlandais
reviennent dans la salle belge pour la troisième fois en 4 ans. En 2015 et 2016
elle affichait quasi complet. Cette année la deuxième date de la tournée "Sexorcism" ne
rencontre pas le même succès. Le balcon est fermé et les espaces existent. La
multiplication des événements, une date organisée en semaine et dans une
période économique ardue pouvant expliquer cette baisse de fréquentation.
Pour ce début de tournée, les Finlandais sont
accompagnés de deux premières parties. Premier en scène,
Egokills vient aussi de Finlande. Il a vu le jour en 2011 et se
revendique d’un nouveau style, le
Hippie Metal.
Du look des musiciens à un
merchandising mettant en avant les produits
de la culture hippie, cette idée a été bien développée. Musicalement le coté
hippie n’est pourtant pas la principale caractéristique du groupe. Il évolue
dans un métal alternatif
groovy proche du son des années 90 entre
Alice In Chains et
Ugly Kid Joe. Il dispose de 40 minutes et va
proposer un plongeon dans le passé. Avec ‘Mellowhead’ celui-ci est total,
le chant de Janne est bien dans cette idée
alternative et le résultat est sympathique. Il en impose avec son look et son
côté barré. La suite va rester dans cet univers, il n’y a rien de follement
original mais cela se laisse écouter sans déplaisir. ‘Polarize’ est plus barré
et porté par un chant bien aigu. ‘Hollow Promises’ est dans cette idée avec un
groove certain, une facette émo qui évoque
Coheed
& Cambria et un petit passage death surprenant. Les titres vont
s’enchainer et le public reste calme et attentif. Il n’y a pas de temps faible
mais une certaine redondance s’installe. Le groupe a sa recette et s’en éloigne
trop peu. Cela étant quelques passages ont su faire leur effet. Le côté plus
brutal de ‘Follow The Sun’ était intéressant tout comme le groove accrocheur
d’un ‘Evolve’.
Egokills a été une
mise en bouche sympathique mais n’a pas déchainé les passions. Le groupe
finlandais a du potentiel mais encore du travail devant lui pour convaincre
totalement sur la durée d’un concert.
Avec Silver Dust nous retrouvons la même
première partie de Lordi lors de sa
tournée 2016. Les Suisses avaient fait forte impression. Nous les retrouvons
avec un metal théâtral avec des aspects gothiques et martiaux. Un esprit steampunk règne aussi sur scène et c’est un véritable spectacle que le groupe
va nous proposer en soutien de son nouvel album, "House 21". Cette histoire
débute sur l’écran scène avec la présentation des personnages dans une idée
victorienne. Quand les musiciens débarquent ils ne font pas de quartier avec
une force martiale impressionnante portée par le chant grave et profond d’un
Lord Campbell maître de cérémonie. Il chante et hurle et va chercher le public
avec charisme. Les vidéos sont un parfait complément à cette musique un peu
folle. Il y a du Rammstein couplé à la folie d’un System Of A Down. L’ambiance
va monter tout le long du show, le public adhère à ce côté cinglé. ‘Forever’ calme
le jeu grâce à une mélodie accrocheuse et un refrain parfait. Le concert
redémarre de plus belle ensuite avec ‘House 21’. Il résume toutes les qualités
du groupe avec un chant teinté d’atmosphérique, un gros riff et un côté métal
gothique accrocheur. La fin du concert va être royale avec une facette visuel et
cinématographique. Au détour d’un titre, le public se met à genoux et mange dans
la main de Lord Campbell. Musicalement le travail est aussi fort, claviers et
guitares sont à l’unisson et tissent cet
univers schizophrénique. Ce côté plein de surprises rappelle l’univers un Devin
Townsend. Lord savoure l’accueil parfait et présente ses musiciens comme au
théâtre. Sur ce point le duo entre Lord et vidéo par téléphone interposé est ingénieux.
La reprise ‘Bette Davis Eyes’ est remarquable de feeling, pas dénaturée elle
est parfaitement interprétée avec un côté hard rock mélodique. Sur la toute fin
le groupe sort les percussions et se montre épatant. Ce concert a été un très
grand moment et l’ouverture parfaite pour Lordi.
Silver Dust est un groupe frais et
dingue qui mérite de rencontrer un succès à très large échelle.
Même si la
salle n’est pas pleine, l’ambiance est là pour accueillir Lordi. Chaque tournée des Finlandais est l’occasion d’une nouvelle
mise en scène et de changements de titres. Le décor est superbe avec au
centre une porte d’entrée semblant mener aux enfers. Le côté horrifique
est mis en avant et cela donne l’eau à la bouche. L’introduction se fait
sur le ‘God Of Thunder’ de Kiss toujours
idéale pour faire grimper l’ambiance. La porte s’allume, le personnage de
pochette de "Sexorcism" apparait puis Mr Lordi déboule avec ses musiciens.
‘Sexorcism’ est un excellent début, ce titre de pur hard rock mélodique fait
son effet avec un bon solo bien rock et un refrain typique du genre. La suite confirme avec un premier tube : ‘Would You Love A
Monsterman ?’ reste un classique, le chant éraillé de Mr Lordi est
toujours aussi bon et le travail aux claviers est plaisant. Le chanteur est en forme
et bavarde avec le public, il se le met dans la poche en évoquant le lendemain à
oublier pour profiter du concert. Puis le groupe ressort ‘Missing Miss
Charlene’ pas joué depuis 10 ans. Il a fort bien fait tant il est
entrainant avec un refrain parfait dans un esprit hard rock mélodique. Issu du
nouvel album, ‘Your Tongue’s Got The Cat’ voit un fantôme apparaitre dans la
porte. Ce titre fait son effet comme une histoire contée dans le noir,
l’apparition d’un exorciste ajoutant un joli côté théâtral. Mr Lordi
reprend la parole et enflamme le public puis présente un extrait jamais joué issu
de "Monstereophonic": ‘Heaven Sent Hell On Earth’ est un excellent moment, il
oscille entre passages bien hard sur lesquels Mr Lordi s’arrache la voix et
passages plus calmes. Proposer ce titre aura été une excellente idée. Le solo
de batterie habituel enchaine, il n’y a rien de neuf dedans mais ça permet de
souffler un peu.
La deuxième
partie du concert s’engage sur les chapeaux de roue avec un tonitruant ‘Rock
The Hell Outta You’ puis avec ‘Blood Red Sandman’. Mélodique et accrocheur, le
titre est entrainant et fait un carton avec un nouveau joli travail au clavier.
Ce dernier est à l’honneur avec un bon solo, digne d’une d’un film de la
Hammer. Il joue sur l’horreur avec des vocalises semblant sorties d’un asile et
une tête de cerf en décor. Cela amène vers un autre titre jamais joué : ‘She’s A
Demon’ est issu de ‘Scare Force One’ et on ne peut que saluer l’excellente idée
de Lordi de le proposer - c'est
une pépite de hard rock mélodique. Il est aussi l’occasion d’un petit spectacle
avec un solo de feu avec scie égoïne. Une nouveauté enchaîne, présenté par un
Mr Lordi bavard ‘Naked In Me Cellar’ est un excellent moment. Il dispose d’un
joli refrain et d’une mélodie parfaite avec clavier et basse mise en avant.
Le spectacle sera d’ailleurs au rendez-vous avec le solo de basse, très funky
il est l’occasion d’un combat avec une nonne. ‘Hug You Hardcore’ fait son effet
ensuite avec un gros riff et un côté heavy bien en évidence.
Après l’interlude
‘SCG9 : The Documented Phenomenon’ qui voit le personnage de la pochette
de "Sexorcism" faire son retour le groupe balance un excellent ‘Evilyn’ très
émotionnel. Mr Lordi plaisante ensuite sur L‘Eurovision qui colle à la peau du
groupe et lance ‘The Riff’ dans un ton hard mélodique typique. Le solo de
guitare enchaine, l’exercice est classique mais reste efficace. La dernière ligne
droite est engagée et finir avec ‘Who’s Your Daddy ?’ est une excellente
idée. Le titre reste un classique, délicieusement éructé.
Le groupe se retire mais pour mieux revenir dans le même esprit théâtral et horrifique.
Ce petit show nous amène vers ‘Devil Is A Loser’ qui est toujours enthousiasmant.
Puis en final royal le groupe propose ‘Hard Rock Hallelujah’. La chanson
gagnante de l’Eurovision 2006 est un incontournable et son refrain fédérateur
fait son effet auprès du public. Lordi a
balancé un sacré bon concert, à la fois professionnel et rock’n’roll sans prise
de tête. Il demeure une valeur sûre en live et il fait passer une superbe
soirée de fête rock.
Il nous
reste à remercier Filip et l’Alcatraz pour leur accueil et leur travail au
service de la musique.
Plus d'informations sur http://www.lordi.fi/