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TITRE:

D-PROJECT (27 octobre 2018)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK PROGRESSIF



A quelques instants de monter sur la scène du festival Prog en Beauce, Stéphane Desbiens, tête pensante du D Project, a répondu à nos questions, expressions et accent québécois compris !
TONYB - 21.11.2018 -
4 photo(s) - (0) commentaire(s)



Bonjour Stéphane, question rituelle pour commencer cette interview : quelle est la question que l'on t'a trop souvent posée ?
(rires) Depuis combien de temps tu joues de la guitare ? … depuis toujours ! Ça fait à peu près 35 ans … et on me l'a posée très souvent cette question. Mais c'est normal, je n'ai pas de souci avec cela.

Nous suivons tes aventures depuis maintenant pas mal de temps, et pour ce qui concerne D-Project, tu as déjà eu plusieurs formules, plusieurs line-up.
A la base c'est un projet qui a commencé quand je jouais avec des copains dans le groupe Sense. Mais dans ce groupe, je ne jouais pas mes propres affaires. Donc j'ai monté D-Project pour faire des affaires plus personnelles. Et j'ai emmené deux membres de Sense avec moi. Donc nous étions un trio à la base, et puis en cours de route on a changé les line-up.

Et donc tu es arrivé à une formule quatuor sur le dernier album, qui est stabilisée désormais ?
Oui ça c'est stabilisé. Jean, le batteur, est avec moi depuis 2008, depuis le 2è album, et s'est ajoutée en 2014 Isabelle, la violoniste, et puis dernièrement mon fils, Philippe, qui est rentré à la basse. J'espère que cette formation est stabilisée et je pense que tous les trois veulent continuer.

Quel est leur parcours ?
Philippe, c'est son deuxième show ce soir, son deuxième spectacle. On en est vraiment au début mais ça a bien été. Quand j'ai reçu l'invitation pour Prog en Beauce, je lui ai dit "je te donne 8 mois voir à pratiquer ensemble ; si au mois de juin tu n'es pas prêt, désolé je prendrai un autre bassiste". Et il a fait comme il faut les choses, je l'ai gardé, et vraiment, jouer avec mon fils c'est un plaisir, c'est vraiment sympa. Et on a une pièce que Philippe a composé, qui s'appelle 'Be Free', la dernière de l'album, et on va la faire ce soir, mais d'une façon spéciale (Ndi : le père et le fils l'ont interprété en grande partie en duo acoustique – beau moment d'émotion).

Et Isabelle ? Formation classique je suppose ?
Oui, formation en violon, et elle joue également du clavier, fait les chœurs.



Vous avez commencé à tourner avec cette formation ?
Oui, on a déjà fait un super-show qui a bien tourné, avec une autre formation de Québec, et on a d'autres choses en discussion dont je ne peux pas encore parler.
En Europe, nous venons juste pour cette date française de Prog en Beauce, mais je suis actuellement en discussion pour un autre festival français. On va voir si ça aboutit.

Comment se passe le travail de création des compositions au niveau du groupe ?
Je prépare la pièce de mon côté et je l'amène ensuite aux autres membres du groupe en leur demandant de mettre leurs ingrédients. Ils font des suggestions, mais c'est moi qui compose le cadre principal en studio – j'ai un studio chez moi.

Et le travail de répétition s'effectue physiquement au même endroit pour tout le monde ?
Oui, nous sommes tous à Québec, et on pratique en studio ce qui est très très bien …

En général, les groupes n'aiment pas trop mettre des étiquettes sur leur musique. Cependant, à l'écoute du dernier album qui est très varié, où l'on retrouve de la musique 70', du metal, de la flûte, du violon, personnellement j'appelle cela du prog. As-tu la même définition de votre musique ?
Absolument, absolument. J'aime emmener, comme il y a de la flûte, du basson … J'ai même été enregistrer une chorale de 20 personnes pour donner de la substance à l'album. Puis il y a du violon, du violoncelle.

Et on passe très vite d'une ambiance à l'autre au sein d'un même morceau !
Oui ! Il y en a qui n'aiment pas, qui aiment plus un album homogène et je peux les comprendre. Mais moi j'aime quand c'est varié. J'aime quand ça va d'une ambiance à l'autre.

Je ne te cache pas que la première écoute de "Find your Sun" m'a un peu …
Déstabilisé ?

Non, pas exactement, mais il m'a fallu plusieurs écoutes avant de rentrer dedans. C'est un peu surprenant. Tu démarres par exemple avec un chorus de guitares qui arrache bien, puis derrière il y a de la flûte …
Mais c'est fait exprès ! J'essaie de déstabiliser un petit peu ! On peut passer d'une ambiance quasiment metal à du Camel avec la flûte, le basson, et après cela on retourne dans du King Crimson.

Alors justement, puisque tu as commencé à en citer, quelles sont tes influences, tes références ?
Il y a les grands groupes, mais je n'écoute pas que du progressif. J'écoute du rock, du jazz, du classique, et ça me permet de piocher un peu partout. Je ne m'en cache pas. Et on retrouve Genesis, Pink Floyd, King Crimson ; je suis un amateur de Robert Fripp. C'est un de mes maîtres à la guitare, avec Alan Holdsworth et compagnie. J'aime beaucoup ce genre de guitare.
Je prends chaque influence et j'essaie de les intégrer.

De mon côté, dans ce dernier album, j'ai entendu du Gilmour, du Steve Hackett, voire même du Gary Moore par moment. Ce sont tes maîtres à la guitare ?
Alan Holdsworth, David Gilmour bien sûr, grosse influence, Robert Fripp … j'en ai tellement. Mais je peux écouter du Magma comme je peux écouter du Lazuli.
Même au Québec, comme par exemple Mystery, il y a des groupes qui commencent à se démarquer.

Il y a une scène qui commence à monter là-bas ?
Oui, Mystery, Karcius, Hamadryad.

Tu as des contacts avec eux ?
Non, pas régulièrement, mais je connais bien les gars d'Hamadryad. Et avec Michel (St Père), c'est pareil. Ce sont des groupes québécois qui sont de plus en plus connus à l'extérieur et c'est vraiment fun.

Pour revenir au nouvel album, "Find the Sun". L'artwork est vraiment magnifique, qui en est l'auteur ?
C'est Eric Landry qui s'en est occupé. C'est lui qui fait nos artworks depuis le début de D-Project en 2009. Mais celui-ci est vraiment le plus beau, il est exceptionnel.

Et quelle est son inspiration ? Il a déjà la musique avant ?
Même pas, il a rien du tout. Il sait le truc que j'aime. Et les pochettes sont toujours importantes, ça fait partie du package. Un jour j'aimerais sortir un vinyle avec une vraie pochette, c'est tellement beau.
Là, je lui avais donné quelques paramètres, ce que je souhaitais mettre dans l'album. On voit la même femme qui est sur tous les albums, avec des espèces de déchets informatiques, la surconsommation. Ça fait cliché mais c'est vraiment cela. Et on voit le soleil qui brille un petit peu, qui essaie de sortir des nuages … y'a de l'espoir quand même !

Et ce bleu magnifique ! Couleur de l'espoir !
Oui oui, bien sûr.

Y a-t-il un thème général sur ce nouvel album ? Ou un concept ?
La mort, la vieillesse. Peut-être l'album le plus noir qu'on ait fait au niveau des paroles. Mais c'est voulu, assumé. C'est le concept de la vie, quand tu vois que l'on finit tous à l'hospice, que plus personne s'occupe de nous, on est laissés à nous-mêmes, on est vieux, on sert plus à rien dans notre société. C'est à ce niveau-là que l'album a été conçu.
C'est sûr qu'il y a des chansons qui sont un peu plus "happy" mais c'est très noir comme paroles.
C'est Francis Foy qui écrit les paroles depuis le début. Il est comme mon partenaire ; je lui donne les paramètres et il réalise avec moi en studio. Et au-delà de cela, il amène beaucoup d'autres idées.

J'ai trouvé les compos de "Find your Sun" assez resserrées, compactes (à part 'Tell Me').
Encore une fois, c'est voulu, c'est très compacté. Je voulais mettre dans un bloc ce que j'avais à dire, sans surplus.



J'ai trouvé cela très efficace, et surtout cela n'empêche pas les développements instrumentaux.
Oui, complètement, merci. Cela fait quatre ans que l'on n'avait rien sorti depuis "Making Sense" …

Sur ce nouvel album, il y a comme d'habitude des invités ? Dont Romain Thorel (Lazuli) que l'on connait bien.
J'ai jamais rencontré ces gars-là (Lazuli) – j'ai déjà travaillé avec Claude (Léonetti) sur "Making Sense". Et il est tellement sympathique, tellement content de le faire. Du coup j'ai approché d'autres membres du groupe.

Et tu les as contactés comment ? Par internet ? Via Facebook ?
Pour Lazuli, c'est par l'intermédiaire de Jean-Michel Thomas (Note : un des organisateurs de Prog en Beauce). "Qui est-ce que tu me conseillerais ?".
Pour Fred Schenkel (Note : Glasshammer), c'est un autre contact. Pour lui, c'est déjà le troisième album qu'il est avec moi. Il est super-sympathique et Glass Hammer, j'adore. Et à force, on développe beaucoup de contacts. 

Et tu en as qui refusent ?
Certains. Quand c'est des Français aucun problème. Sinon, Tony Levin m'a chargé quelque chose, mais c'est tellement ridicule par rapport à sa valeur. C'est incroyable. En plus, c'est un gars super sympathique. Je l'ai rencontré une fois ou deux … c'est un ange ce gars-là. Comme Lazuli, il est là pour la musique.
Tandis que d'autres, c'est "combien" ? Moi ça me décourage. Ça ne me dérange pas de payer, donnez-moi un montant, mais quand c'est juste pour l'argent, ça marche pas.
Mais c'est plus rare. D'habitude les gens sont plutôt enthousiastes.

Et quand tu prends des contacts comme cela, c'est pour apporter une couleur différente ? Des choses que vous ne pouvez pas amener ?
Oui, par exemple on n'a pas de claviériste, ou encore pour le cor français. Pour les claviers, on a eu Derek Sherinian (Dream Theater) ou encore Thomas Bodin (Flower Kings). J'ai également eu Martin Orford (IQ), super-sympathique.
Par contre tu vois, il y en a c'est "NO THANKS". Mais avec les Français, je n'ai jamais eu de problème. Par exemple, Guillaume Fontaine (Nemo) ; ça été parfait avec lui !

Et Andy Jackson (note : producteur de Pink Floyd notamment), peux-tu nous expliquer son apport à la production ? C'est quand même une sacrée pointure !
C'est déjà le troisième album avec lui. Le mastering c'est la touche finale de l'album, et j'ai travaillé avec lui pour avoir un son final plus adapté. Et je suis vraiment content du résultat.

Et ça s'entend, d'autant qu'il y a des passages floydiens. Donc tu es en plein dans son créneau.
Exactement.

Si on revient sur tes anciens groupes, et notamment Sense, as-tu encore des projets avec eux ?
Non. A l'époque, je travaillais deux groupes à la fois. J'étais un composant principal dans Sense. Et à un moment donné, on n'était plus dans la même idée, et je voulais jouer des trucs plus personnels. Et je peux pas rouler deux affaires en même temps, c'est trop de travail.
J'avais commencé Sense avec des amis, et puis je faisais un album de Sense, un album de D-Project 

Pas tout à fait dans les mêmes styles, Sense se rapprochait de Yes ?
Oui, Yes était une grosse influence, j'aime assez aussi. Et donc là, j'ai dit non, je me suis concentré sur D-Project.

Dernière question rituelle pour terminer : quelle est la question que tu aurais aimé que je te pose ?
Où vois-tu le groupe dans 10 ans ?

Et ?
J'espère qu'on va continuer à faire de la musique, que le noyau va être un peu plus stable, que ça va durer. Et continuer à faire de la musique avec mon fils, ça me comble énormément. Et espérer jouer un peu partout surtout en Europe, parce qu'on adore venir ici, le public est vraiment extraordinaire. Chez nous aussi d'ailleurs, c'est pas qu'on est mal, mais ici c'est différent.




Merci Stéphane, bonne continuation, bon concert.


Plus d'informations sur http://www.thedproject.com/
 
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