La première journée du Tyrant
Fest a été une jolie réussite. Entre les concerts, les expositions et les
conférences le public a pu se délecter d’un programme parfait. Et en ce dimanche habituellement réservé au repos, le programme s’annonce tout aussi
intéressant avec la même configuration au cœur du site du 9-9 bis de Oignies. Watain
prend du temps pour installer son matériel et de ce fait le début des hostilités
est décalé de 30 minutes, mais cela ne va pas nuire à la réussite de la
journée.
C’est sur le coup de 16h30 que
les Français d’Azziard prennent la
scène du Métaphone d’assaut. Depuis sa formation en 2001 le groupe a pas mal
changé et seul A.S.A. reste fidèle
au poste. Après une petite pause il a fait son retour avec "Metempsychose",
premier volet d’une trilogie basé sur les écrits de Carl Jung et signé chez Malpermesita. Profondément nihiliste il a frappé fort avec
une œuvre intense, taillée dans un black metal brutal nous entraînant dans les
abysses de l’âme humaine. Ce concert va se baser sur ce dernier album et
présente des musiciens cagoulés et maquillés, le tout dans un superbe décor. La
haine et la rage, c’est bien ce que l’on va ressentir à chaque instant d’une
prestation féroce qui s’abat sans pitié sur le public. Le début sur ‘Psyché’ est
d’une puissance redoutable, A.S.A. hurle sa colère avec une rare intensité et nous
prend à la gorge dans une atmosphère de fin du monde. ‘Unus Mundus’ enfonce le
clou avec une sacrée puissance et on ne peut que se laisser prendre par la
force de l’ensemble. Cette force martiale est impressionnante et cela ne fait
que débuter. Pour ‘Le Meurtre du Héros’ le groupe accueille Psycho d’Antilife au
micro. Le duo est parfait, la haine est encore plus présente et l’atmosphère
teintée d’une certaine schizophrénie est étouffante. Il n’y a aucune pitié au programme et après
l’interlude ‘Le Second Jour’, glaciale avec ces bruitages sortis des enfers, c’est la curée avec ‘L’Enfer’. Véritable
océan de violence la chanson dégage une atmosphère hors du temps très prenante.
En fin de concert ‘L’anachorète, Dies’ est d’une grande force malsaine taillé
dans le meilleur d’un black haineux. Le final avec ‘Le Sacrifice’ est
remarquable, A.S.A. chante à genoux dos au public pour un long titre
incantatoire et d’une brutalité parfaite. Azziard
a lancé la journée de la meilleure des manières, il a marqué les esprits avec
une bestialité à l’image de notre société actuelle.

Après cette bourrasque ce sont les Islandais
d’Audn qui prennent la scène
d’assaut. En peu de temps ils ont su conquérir un public certain avec un black
atmosphérique dédié à la nature et empreint d’une profonde mélancolie. Loin des
standards, les musiciens arrivent sur scène en costume avec une classe certaine.
Mais rapidement ils font comprendre que ce côté posé est une façade qui cache
une redoutable force de frappe. Le début sur ‘Veröld Hulin’ est une formidable
claque. Le groupe envoie la sauce avec puissance puis par petites touches amène des ambiances atmosphériques hors du temps avec une finesse rare. Ce mélange
avec la violence - au chant Hjalti semble enragé et possédé - se fait en parfaite
symbiose. Le voyage va continuer de plus belle avec ‘Lífvana jörð’. Le
titre alterne lui aussi les ambiances, la puissance brute se mariant avec un
superbe riff atmosphérique. Après un speech sympathique, la route sur les terres
d’Islande continue avec ‘Haldreipi Hugans’. Le titre est d’une grosse force
émotionnelle avec une montée en puissance parfaite. La pureté se mixe à la
violence brute avec grâce et cela entraine un public attentif très loin. Ce
moment majestueux va se poursuivre avec ‘Prisund’ et ‘Feigð’. Ces titres nous
font pénétrer plus avant dans l’univers de la formation avec une intensité à
fleur de peau. ‘Þjáning Heillar Þjóðar’ achève cette odyssée avec la même grâce
et la même force de frappe. Audn a
donné un concert mémorable taillé dans le meilleur d’un black atmosphérique
aérien et brutal. Émotions, grâce et violence se sont mixées avec élégance,
tout cela a séduit et il est à penser que la formation est au début d’une très
belle carrière.

Avec The Great Old Ones l’horrifique et le
fantastique vont être à l’honneur. Comme le nom le laisse supposer, la formation
française met à l’honneur depuis 2009 l’œuvre de Lovecraft au travers d’un post
black metal sombre et profond. Ce concert va être une formidable célébration de
l’art de l’auteur américain. Le voyage va être total et absorber tout le monde
pour l’entrainer aux confins de la folie. L’introduction ‘Searching For R.
Olmstead’ avec des bruitages effrayants et des voix lointaines plantent le
décor. Puis l’enchainement avec ‘The Shadow Over Innsmouth’ colle tout le monde
au mur. Benjamin en impose vocalement en hurlant comme un damné et vivant ses
paroles avec conviction. Musicalement l’ensemble est d’une belle brutalité mais
avec des moments écrasants et plus calmes bien dans un esprit post black. Ce
premier très long titre pose les bases avec une belle force émotionnelle et
nous plonge dans les ténèbres avec un coté glacial. La suite avec ‘When The
Stars Align’ est de la même qualité avec une puissance brute de décoffrage, un côté émotion à fleur de peau et un chant d’outre-tombe impressionnant. ‘Je
ne suis pas Fou’ porte bien son nom tant elle nous plonge dans un
univers horrifique à donner le frisson avec ces voix venues d’ailleurs. Dans la suite du concert ce côté malsain et
effrayant restera fort. ‘Antartica’ est un autre grand moment avec une
puissance et une lourdeur abyssale. Le travail sur les ambiances est parfait en
oscillant entre force et mélancolie. Le chant très grave est d’une rare
intensité et contribue au plongeon dans l’univers du romancier. Chaque titre
nous aura donné l’impression d’entamer la lecture d’une de ses nouvelles avec
ces bruitages, des bruits de bateaux notamment nous faisant vivre un concert
conceptuel. ‘Mare Infinitum’ est une dernière incursion d’une rare beauté avec
ces ambiances si fortes, le post black se fait envoûtant et majestueux et
personne n’a envie de ressortir de cet univers. The Great Old Ones a lui aussi frappé un joli coup avec un concert
d’une rare puissance émotionnelle avec une musique en symbiose
avec l’univers de Lovecraft.

Après ce
voyage nous retrouvons les Américains de Profanatica.
Le groupe a une histoire tourmentée depuis ses débuts au début des années 90, puisqu’il a connu une séparation en 1992 avant de revenir en 2001 pour enfin
lancer sa carrière avec pas mal de sorties, albums ou EP depuis 2007. Il
tourne actuellement avec Watain, et va faire planer sur la salle un vent
maléfique aux allures de messe noire avec une musique profondément anti
chrétienne et empreinte de satanisme. Le trio a soigné la mise en scène avec un
décor classieux et des costumes d’inspirations vénitiennes avec un maquillage typique
du style. Le tout est flippant et avant même le début on ressent une aura
sombre. Puis le groupe frappe durement, derrière ses fûts et au micro Paul
Ledney s’impose en véritable maitre de cérémonie avec un ton grave impressionnant.
L’homme n’est plus tout jeune et possède un vécu certain mais il envoie comme
un jeune homme avec une énorme puissance. Le ton musical est assez old school
dans un esprit death black digne d’un Vital Remains ou de Deicide. Le public accueille
de belle manière la claque reçue. Toute la suite du concert va envoyer la sauce
de la même manière, le bruit et la fureur sont au rendez-vous et tout cela ne
fait pas de quartier. Le groupe n’est pas là pour plaisanter et envoie son
message blasphématoire avec une hargne certaine. Cette messe noire aura mis le
feu de sacrée belle manière au public, Profanatica
a donné un show d’une intensité considérable en faisant de sacrés dégâts.

Après cette
décharge le ton ne va pas de calmer avec la venue de Arkhon Infaustus qui est attendu comme le messie par une belle
horde de fans. Le groupe est de retour aux affaires après un hiatus de sept ans
et avec toujours à sa tête Dk Deviant accompagnés de nouveaux compagnons de
lutte. Cela a donné un EP très convaincant, "Passing The Nekromanteion" il y a
peu plus d’un an, dans un esprit black teinté de death rempli à la fois de
satanisme et d’un esprit rebelle et assez trash, le tout pas loin d’un Impaled Nazarene. Cela va donner un concert ahurissant de
puissance et parcouru d’une haine non feinte. L’entame avec ‘Dead Cunt Maniac’
puis ‘When They Have Called’ est furieuse et met le feu. Dk hurle comme un
forcené à la manière d’un Glen Benton et la force musicale de l’ensemble
déboite de belle manière. Cette violence est jouissive et donne envie d’en
découdre férocement. Par la suite ‘Ravaging The Nine Pillars’ puis ‘The Omnious
Circle’ sont de fabuleux appels à en découdre, Dk demande au public de se
remuer et celui-ci le fait avec énergie. Ce pur concentré de férocité ne va
cesser de monter en puissance, le groupe est en forme, cette nouvelle
configuration étant très convaincante. Le côté malsain et pervers du groupe
ressort fortement et un missile comme ‘The Silent Voice Of Perversion’ fait un
effet bœuf. Chacun en prend plein la gueule et en redemande avec gourmandise. Avec
‘M33 Constellation’ le groupe sert tout le monde avec une intensité encore plus
forte. En fin de concert ‘Trigammaton’ et ‘Whirlwind Journey’ achèvent leur
monde avec une puissance et une rare férocité. Dk aura été chercher le public avec rage tout le long d’une prestation remarquable de brutalité qui
en laissé quelques-uns éreintés. Arkhon
Infaustus a fort bien fait de revenir et a été la parfaite préparation à la
venue de Watain.


Watain a mis du temps pour préparer sa
scène mais cela en valait la peine. Le groupe a bien fait les choses avec une
batterie énorme dans le fond, les tridents qui sont prêts à s’enflammer et un
décor très soigné à ses couleurs. Watain
c’est 20 ans de carrière au service d’un black metal pur et dur dans l’esprit
de Marduk, Dissection ou Mayhem
avec de la férocité et un côté obscur et spirituel. Le nouvel album, "Trident
Wolf Eclipse" en a secoué pas mal par sa violence et chacun attend avec fébrilité de se prendre
une nouvelle leçon. Le cérémonial de début est soigné, Erik Danielsson arrive
doucement et allume bougies et tridents un par un avec un sens certain de la
mise en scène, allant même jusqu’à tendre sa torche au public. La mise en
condition est parfaite et avec ‘Storm Of The Antichrist’ le concert est lancé
de la meilleure des manières. La brutalité est au rendez-vous et le carnage est
total, ce black haineux en impose et fait son effet auprès d’un public bien
compacté dans les premiers rangs. Le groupe tabasse sans pitié avec une
précision chirurgicale et servi par un excellent son. La suite va s’avérer tout
aussi féroce, ‘Nuclear Alchemy’ est une charge impitoyable servie par un Erik
possédé qui va jusqu’à se caresser le bras dans une flamme tout en chantant.
‘The Child Must Die’ est ensuite tout aussi délicieux de force avec des riffs
en fusion et ce chant profond parfait. ‘Agony Fires’ revient sur le premier
album et fait son effet avec intensité et sans faire de quartier. Il n’y a
aucun temps mort au programme, ‘Furor Diabolicus’ est d’une rare méchanceté
taillée dans le meilleur d’un black hargneux. Dans la suite ‘Sacred Damnation’
puis ‘The Golden Horns Of Darash’ font le même effet auprès d’un public fasciné
et sous le charme vénéneux de la formation. Les vasques sont enflammées à leur
tour et la scène prend encore plus les allures d’une cérémonie occulte. En fin
de concert l’enchaînement des titres se fait sans pitié. ‘Malfeitor’, ‘Towards
The Sanctuary’ et ‘Sworn To The Dark’ envoient du lourd avec une puissance
remarquable. La fin de concert se fait sur le terrible ‘The Serpent’s Chalice’
qui achève son monde. Le spectacle se termine sur une note parfaite, le groupe
se retire, les flammes se taisent et chacun reprend son souffle. Watain est venu et a vaincu avec force
et férocité. Le groupe s’impose de plus en plus comme le maître de l’art noir
avec une classe énorme. Il conclut de la meilleure des manières une édition qui
fut une réussite parfaite et qui a parfaitement su entraîner les spectateurs
dans une autre dimension.


Il nous
reste à remercier Alex et l’équipe de Nao Noïse pour leur accueil et
l’organisation parfaite ainsi que Justine et tous les autres pour leur travail
au service de la cause métallique.
Plus d'informations sur https://www.facebook.com/watainofficial