Les Français avancent doucement mais sûrement sur la scène metal hexagonale et se lance avec "Fallen" dans l'exercice périlleux du premier album. Un exercice toutefois maîtrisé comme en atteste cette interview au regard de la réflexion du groupe concernant sa musique, sa carrière... qui s'annonce sous les meilleurs auspices si on en croit les dernières dates prestigieuses qui leur permet d'envisager un futur international !
Votre précédent EP (“Haunted Humanity”) sorti en 2016 avait été très bien accueilli notamment chez Music Waves, deux ans plus tard, le groupe a encore grandi et sort son premier album soutenu avec la promo de Replica. On sent un vrai plan de carrière réfléchi : est-ce le cas ?
Estelle : Je n’irai pas jusqu’à dire plan de carrière réfléchi en revanche, nous avons énormément appris avec la sortie de "Haunted Humanity" et notamment les choses qu’on a faites et pas faites dans les temps… Du coup, on a essayé de faire quelque chose de plus réfléchi sur "Haunted Humanity"…
Naty : On a également essayé de pousser la communication plus loin pour mettre en place une stratégie de communication plus solide.
Malgré tout, la qualité de cet album, nous pensions que vous auriez pu faire beaucoup mieux, notamment au niveau du son qui était un peu trop brut, étiez-vous conscients de cela, comment avez-vous rectifié le tir ?
Naty : Bien sûr. On a essayé de pousser la production encore plus loin et la moderniser.
Junior : Je pense qu’il y a une maturité en tant que musicien… Et nous avons également changé de
line-up entre "Haunted Humanity" et "Fallen c’est-à-dire que nous avons renouvelé toute la section rythmique : de nouvelles personnes, de nouvelles envies, un nouveau dynamisme… et c’est vrai que c’est venu nourrir ce qu’est "Fallen" aujourd’hui.
La base que nous avions sur "Haunted Humanity" à savoir la volonté d’un produit de qualité, quelque chose de fini, semi-pro… nous voulions le transformer et c’est vrai que le changement de
line-up a aidé en cela.
Ce changement de line-up justement. Votre actualité est aussi l’arrivée d’un nouveau guitariste, qu’est-ce qu’il a apporté au nouvel album ? Est-ce que cela était déjà écrit avant son arrivée ?
Naty : En fait, l’album était déjà fini et produit quand il est arrivé sachant qu’il est arrivé il y a trois mois.
Dans ces conditions, qu’est-ce les changements de line-up que vous indiquiez tout à l’heure ont changé sachant que le dernier arrivé n’a pas participé à "Fallen" finalement ?
Naty : En fait, il y a deux changements de
line-up à savoir la section rythmique qui a eu lieu juste après la sortie de "Haunted Humanity" : Jérôme, le bassiste et moi sommes arrivés à cette période et nous avons concrètement aidé à la création de l’album. Et effectivement Tim, le nouveau guitariste, est arrivé une fois que "Fallen" était terminé.
Estelle : D’un point de vue musical, son arrivée se ressentira sur le prochain album…
… à ce propos, quelle sera l’orientation de ce futur album vu que vous semblez dire que ça se ressentira sur le prochain ?
Estelle : Honnêtement, ce ne sont pas des questions que nous ne nous posons pas.
Except One est et restera très organique…
Mais nous sommes là pour ça…
Estelle : (Rires) Nous n’écoutons pas tous les mêmes choses et sur le style musical, nous ne nous sommes jamais mis de barrière en disant par exemple que nous voulions faire du metalcore, du deathcore, du death… Nous n’écoutons pas le même metal et nous aimons mélanger tout cela pour en faire la musique qui nous plait !
Junior : Notre technique musicale va être beaucoup plus exprimée, notre potentiel en tant que musicien va être beaucoup plus fort que ce qu’il est aujourd’hui et tout cela va se ressentir dans les compositions. Mais pour rejoindre ce que disait Estelle, Except One est et restera très organique…
Justement, à l’écoute de "Haunted Humanity", nous avions du mal à vous situer, entre metalcore, death metal, parfois djent, nous nous demandions si c’était une vraie volonté ?
Naty : Comme on l’a dit, on écoute des styles de metal différents et on essaie de ne pas se mettre dans une case et faire ce qu’on aime en piochant dans nos différentes influences.
Estelle : Et je pense que ça ne fonctionnerait pas si nous nous limitions à un style parce que certains membres seraient frustrés. Si tous les membres se mettaient d’accord pour ne faire que du metalcore, je pleurerais dans un coin parce que je préfère le black metal !
Tous nos CDs s’appellent "O.M.N.I." et cela représente très bien Except One si bien que nous comptons garder cette continuité des Objets Musicaux Non Identifiés et un numéro derrière parce que si un jour, nous voulons mettre des influences exotiques dans une chanson, on se gênera pas pour le faire si nous en avons l’envie…
On dit souvent jamais deux sans trois et alors que nous attendions un troisième EP, voici que vous sortez votre premier album : pourquoi ?
Estelle : Parce qu’à un moment, il fallait franchir le cap de faire un album…
Junior : Je pense qu’on se sentait bien pour assumer un album. Sur un EP, tu te dis que le projet peut être temporaire et qu’il peut disparaître du jour au lendemain…
Estelle : Et on peut tâtonner un peu plus sur un EP alors qu’il faut penser à la globalité sur un album, il faut que chaque chanson ait une âme… C’est un travail qui est assez différent mais c’est vrai que nous sentions prêts…
Naty : Il y a aussi le fait que nous voulions faire plus que sur "Haunted Humanity" qui contentait déjà 7 titres, la suite logique était donc un album…
Junior : Et en plus, tout notre entourage - que ce soit les amis, la famille, les fans très proches…- tous nous demandaient : "A quand l’album ?". Et c’est vrai qu’aujourd’hui, on se sent bien dans notre relation musicale au sein du groupe si bien que composer, sortir et assumer un album était assez naturel finalement, même si c’est quelque chose de nouveau pour nous.
Quels aspects avez-vous voulu améliorer sur ce premier album, on a le sentiment qu'il y a un énorme travail au niveau de la prod pour avoir un son lourd et clair à la fois ?
Naty : On a beaucoup travaillé le son avant d’arriver à la version finale. Encore une fois, nous voulions aller plus loin que "Haunted Humanity" pas seulement sur l’aspect prod mais également au niveau technique, lourdeur… On a pas mal tourné avec "Haunted Humanity" et on voyait les chansons, quels riffs… qui ressortaient mieux en live. On s’est un peu inspirés de ça pour faire cet album et mieux le défendre sur scène par la suite.
Nous voulions un produit léché mais pas avec les contours totalement
définis en laissant l’opportunité à l’interprétation et surtout de
pouvoir préparer la suite
L’expérience de la scène a influencé cet album ?
Naty : Un peu oui…
Junior : Mais aussi se connaître ! Estelle et moi, nous nous connaissons depuis 10 ans, donc musicalement on sait ce qui marche entre nous mais il fallait développer cette relation avec les nouveaux membres. Nous avons organisé nos vies autour de ça c’est-à-dire que le secret de la prod (Rires) est que nous sommes partis nous isoler à la campagne pour jouer ensemble, apprendre à se connaître musicalement mais également amicalement.
On a un peut tout essayé parce qu’on n’a pas tout enregistré au même endroit. On a eu beaucoup d’allers-retours de maquettes, on a fait beaucoup de tests jusqu’à trouver ce qui nous plaisait… Nous voulions un produit léché mais pas avec les contours totalement définis en laissant l’opportunité à l’interprétation et surtout de pouvoir préparer la suite : l’objectif de cet album n’est pas de s’enfermer dans quelque chose qui nous définirait aujourd’hui…
Nous avons voulu tout améliorer rapport à "Haunted Humanity" en allant
toujours plus loin et je pense que nous allons continuer à faire comme
ça
A la manière de ces OMNI, il semble que le maître-mot du groupe est de ne pas rester cantonné à un style musical ?
Naty : Exactement !
Estelle : Ça a toujours été la base de la création musicale au sein de Except One depuis les tous débuts : ne jamais se limiter ! Pour pouvoir partager cette musique, il faut que nous l’aimions, que nous la ressentions, en un mot qu’elle nous plaise pour la faire vivre… et puis, nous évoluons et notre musique évolue avec nous… Mais pour rejoindre ce que disait Junior, nous avons voulu tout améliorer rapport à "Haunted Humanity" en allant toujours plus loin et je pense que nous allons continuer à faire comme ça parce que de toute façon, on ne peut jamais achever son art. Et comme disait Junior, nous voulions quelque chose de plus léché tout en gardant le côté organique et ne pas tomber dans une prod trop clinique comme ça peut se faire aujourd’hui -nous voulions trouver un juste milieu entre le côté trop garage et celui trop clinique- mais le plus important était de garder l’âme que nous essayons d’insuffler dans nos morceaux.
Une âme, une authenticité qu’il faut pouvoir reproduire sur scène…
Naty : Exactement ! Une des choses que nous avons en tête quand nous composons est de savoir ce que ça va donner sur scène.
Estelle : A cet égard, nous faisons en sorte de ne pas mettre trop d’effets pour que quand nous montons sur scène, ce soit toujours vrai et qu’il n’y ait pas de déception par rapport à ce que les gens ont entendu, ce qui peut arriver quand il y a trop de samples…
Junior : C’est la raison pour laquelle nous n’avons par exemple que trois sons de guitares : clean, saturé, reverb. Le kit de batterie qu’on entend sur l’album est le même que celui avec lequel nous jouons sur scène. On a fait un travail sur les micros… En fait, ce qu’on entend sur l’album sont nos matériels musicaux… Pour le micro, nous utilisons un Shure modèle SM7B
qui reste le micro par excellence pour le chant saturé mais il n’y a pas de sur-effet. Et nous avons la chance d’avoir deux chants, ça nous donne une possibilité de tessiture et d’appui musical assez large mais très naturel.
Estelle : Sur le chant, je ne voulais pas d’effet spécial parce que je veux que ma voix soit la même en concert et qu’il n’y ait pas de déception.
Justement, ce chant, on sent que tu as faits d’énormes progrès dans le chant en proposant une variété impressionnante, entre ultra grave et très aigu, est-ce que tu es consciente de cet aboutissement ? Comment as-tu travaillé pour atteindre ce niveau, niveau digne des plus grandes ?
Estelle : Avant tout, merci beaucoup (Sourire) ! Mais effectivement, j’en suis consciente car j’ai travaillé dur. J’ai retenu quelques retours de "Haunted Humanity" qui étaient que mon chant n’était pas assez varié et qu’il était parfois monotone… J’ai voulu travaillé sur ce point.
Après comment ? En fait, je travaille toute seule. Je suis autodidacte totale sur le chant saturé, je n’ai jamais pris de cours… Ce sont donc tout simplement des essais et de l’entraînement…
Il n’y a pas non plus beaucoup de chanteuses avec la notoriété d’Angela donc forcément les comparaisons paraissent légitimes…
On parle des plus grandes : comment vis-tu les éternelles comparaisons à Angela Gossow quand on évoque tes prestations : fierté ou lassitude car cliché ?
Estelle : Peut-être un peu des deux. Disons que ça me va d’être comparé à Angela parce que c’est une excellente chanteuse même si quand j’ai commencé à m’orienter vers le chant saturé, je ne connaissais même pas Arch Enemy donc ce n’est pas forcément une de mes influences mais quand j’ai découvert, ça m’a impressionné et rassuré aussi car je ne connaissais pas forcément de chanteuse qui faisait ça.
Donc, non ce n’est pas du tout une comparaison qui me dérange parce que j’apprécie cette chanteuse mais c’est vrai que c’est la solution de facilité de me comparer à elle. En revanche, il n’y a pas non plus beaucoup de chanteuses avec la notoriété d’Angela donc forcément les comparaisons paraissent légitimes…
L'album, c’est "Fallen" : qui a chuté, qu’est-ce qui chute dans cet album ?
Junior : Je pense que nous pourrions tous répondre des choses différentes à cette question…
Estelle : C’est clair (Rires) !
Junior : On a commencé à composer cet album fin 2016, ça a duré jusqu’à fin 2017. Nous avons tous eu des changements dans nos vies personnelles et cela nous a beaucoup influencés sur la composition des lignes. Le contexte géopolitique, la peur… la pochette de "Fallen" représente une vie détruite, l’esprit de destruction un peu paisible règne c’est-à-dire on vit un gros coup dans un premier temps et on cherche mieux par la suite.
Estelle : "Fallen" a plusieurs sens. La chute bien entendu mais si on se penche sur le côté biblique, cela représente les Anges Déchus, si on prend le côté militaire, ce sont les soldats tombés au champ d’honneur… Il y a plusieurs significations qui englobent plutôt bien les thèmes de l’album.
Il arrive à un moment où on ne comprend pas pourquoi le monde passe plus
de temps à se détruire que s’aimer : ça explique en partie la violence
de notre musique !
Et ces thèmes sont ?
Estelle : Il y a une partie des chansons qui sont notre point de vue sur la société, sur le monde, sur l’humanité… parce que ça ne va pas très bien : on ne va pas se mentir ! Nous donnons notre avis, disons ce que nous voudrions voir changer… A titre personnel, j’écris parfois des chansons sur des choses qui me sont arrivées dans ma vie : c’est ma petite thérapie, mon besoin d’extérioriser certains évènements et enfin, j’aime aussi juste raconter des histoires (Sourire)…
Junior : C’est vraiment une prise de conscience. Il arrive à un moment où on ne comprend pas pourquoi le monde passe plus de temps à se détruire que s’aimer : ça explique en partie la violence de notre musique !
J’arrêterai la musique le jour où le monde s’aimera entièrement !
Tu es en train de me dire que si le monde passait plus de temps à s’aimer justement, la musique d’Except One serait chiante ?
Naty : Non, mais les paroles seraient différentes.
Estelle : Il y aurait peut-être plus de cœurs dans nos clips (Rires) mais on ne le saura jamais…
Junior : … j’espère le savoir un jour. D’ailleurs, j’arrêterai la musique le jour où le monde s’aimera entièrement !
S'il est beaucoup plus rapide rythmiquement, cet album prend plus le
temps de faire monter des ressentis, d’être digéré… ce n’est pas
uniquement du metal basique
Cet album semble toutefois plus varié que l’EP avec de passages acoustiques, des breaks, des ambiances, de la violence, de la douceur, est-ce que c’était votre souhait ?
Junior : On voulait faire passer des émotions sur les guitares et quand on a écrit ces guitares -qui le sont avant les voix- nous avons proposé des couleurs de tessitures de lancement. S'il est beaucoup plus rapide rythmiquement, cet album prend plus le temps de faire monter des ressentis, d’être digéré… ce n’est pas uniquement du metal basique. Et dans la création, plus que d’une prise de niveau musical, c’est juste assumer la vision du metal qu’on conçoit dans Except One.
Estelle : Ça rejoint ce que nous disions tout à l’heure, comme nous ne cherchons pas à nous limiter, l’album est varié tout en gardant une cohérence pour pas que ça ne sonne pas comme une compilation. Mais dans le même temps, nous cherchons à proposer des morceaux qui ne se ressemblent pas rien que pour nous, parce que si nous jouons 10 morceaux et que les 10 se ressemblent, ça n’est intéressant pour personne !
Junior : Mais tous les titres d’Except One marchent par deux. On a toujours un morceau qui va ressembler à un autre mais quand un sera plus violent, l’autre sera plus posé, plus travaillé. Au lieu de faire un titre de 7 ou 8 minutes, on fait deux morceaux qu’on fait passer par tous les états…
Cette approche peut s’apparenter à celle d’Hypno5e dans "Shores of the Abstract Line" dans lequel chaque titre, chaque rive (‘Shore’) est découpé en deux à savoir une rentre-dedans et l’autre super extrême…
Junior : Je pense comme disait Estelle que l’art n’est jamais fini. Quand nous avons terminé l’enregistrement d’un morceau, nous sommes contents mais nous savons qu’il n’est pas parfait et qu’il est toujours perfectible. Quand on prend plaisir à composer quelque chose, on a envie de le continuer…
L’avantage de ne pas avoir de sample nous permet de faire vivre la musique selon les réactions du public.
… et notamment sur scène…
Estelle : Le live nous ouvre encore plus le champ des possibles d’autant plus que comme nous n’avons pas de sample, nous pouvons nous permettre de tripler un break en fonction de la réaction du public. L’avantage de ne pas avoir de sample nous permet de faire vivre la musique selon les réactions du public.
C’est super ambitieux…
Estelle : Oui mais on se connaît assez bien, on n’a pas besoin nécessairement de se regarder, de se réunir… mais on a travaillé sur ce point…
Junior : On a travaillé et appris à se connaître. Except One, c’est 45 concerts aujourd’hui et avec Naty, on a dû en faire une bonne vingtaine. On a eu la chance depuis plusieurs de ne plus jouer uniquement dans des "bars" à Paris. On a appris à se connaître et à doser l’intention : il y a Except One mais nous sommes avant tout des amis ! Et tout ça se ressent sur scène : il y a un confort de scène qui s’est installé entre nous !
Pourquoi avoir placé ‘Black Water’ à la fin, qui est une piste instrumentale mélancolique qui finit en douceur et rompt avec la violence de tout le reste de l'album ? Est-ce une note positive ou simplement une noyade dans des eaux sombres ?
Estelle : Je dirais plutôt la seconde…
Naty : Mais ce titre ne se termine pas tout à fait en douceur, il y a quand même une montée sur la fin pour indiquer que ce n’est pas tout à fait terminé.
Estelle : Nous avions la volonté de proposer un titre instrumental avec une forte ambiance qui permet de rester dans l’ambiance de l’album tout en digérant ce qu’on a entendu auparavant parce qu’on écoute le CD, mine de rien…
Junior : … tu t’en prends plein la gueule (Rires) !
Estelle : Voilà, on mange un peu et donc, du coup, l’instrumental permet de ne pas sortir tout suite de l’écoute mais pouvoir un peu se poser et assimiler tout ça.
Junior : J’ai posé les guitares de ‘Black Water’ avant de leur présenter car je connaissais le thème de l’album et les envies de chacun. Pour moi, "Fallen", c’est l’histoire d’un enfant qui traverse le chaos et se retrouve face aux eaux troubles : il a le choix soit d’être paisible soit repartir sur le chaos. C’est la raison pour laquelle on peut ressentir le fait qu’il y ait deux parties dans ‘Black Water’, mais ce n’est que mon opinion.
On a l’impression que cet album est centré sur la mélodie, et que cet aspect mélodique a été une volonté tout au long de sa composition ?
Junior : Les
leads sont arrivés après les mélodies.
Naty : La mélodie fait partie intégrante du groupe comme la violence qui contraste avec cette mélodie justement. D’un point de vue musical, cela permet de faire ressortir les passages plus lourds qui ont un impact plus important lorsqu’ils arrivent. Il y a donc le feeling et l’intelligence de composition.
Estelle : La mélodie aide aussi à poser une ambiance, à faire plus ressortir des sentiments que si on ne faisait que du gros lourd…
On cherche à garder une continuité même avec les changements de line-up en gardant la petite touche qui rappelle Except One.
On l’a déjà dit par ailleurs, cet album est sous-titré OMNI #3, est-ce à dire que tous les albums sont liés par un fil rouge unique et forment un tout cohérent ? Est-ce que les adjectifs qui qualifieraient le mieux ce nouvel album son immédiateté, puissance et efficacité ?
Naty : Je pense que ça le résume plutôt bien…
Estelle : Je suis assez d’accord. Concernant le fil rouge, c’est quelque chose que nous voulions avoir entre ces trois CDs et nous allons continuer avec le nom pour commencer mais également avec les pochettes qui si elles ne se ressemblent pas sont toujours des décors : le premier, c’était une photo d’une usine désaffectée, le deuxième, des photos d’archive de guerre mondiale, pour cet album, c’est une peinture d’architecture issue d’une série de peintures qui s’appelle "Chaos Architecture" d’un peintre YaYa K (NdStruck : Yannick Kerguelen) sur laquelle on a complétement craqué parce que ça représentait vraiment bien ce que nous sommes.
On cherche à garder une continuité même avec les changements de
line-up en gardant la petite touche qui rappelle Except One. C’est très important et nous continuerons à le faire : cela signifie qu’on ne rejette rien de ce qui a été fait avant, on garde tout, on évolue…
Votre actualité est chargée entre cet album mais vos concerts en fin d’année dernière en première partie de groupes prestigieux mais nous allons revenir avant cela sur le Heart Sound Festival dont vous avez ouvert l’édition 2017, comment avez-vous vécu cette expérience ? N’était-ce pas trop difficile d’ouvrir, sachant que certaines personnes étaient venus pour d’autres groupes et d’un style plus orientés metal moderne/ djent ?
Estelle : Non ! Ça s’est très bien passé et nous ne nous sommes pas posé la question du style général des autres groupes. Je suis là pour jouer ! Après forcément, c’était un samedi à 15 heures, c’est normal qu’il n’y ait grand monde mais personnellement, j’étais assez contente car le public présent avait bien réagi, on a eu de bons retours…
Naty : C’était une bonne expérience, une jolie journée et une belle salle, une grande scène, probablement la plus grande sur laquelle on a joué en termes de superficie. Mais c’est formateur parce qu’il faut savoir remplir l’espace et vu que les groupes de notre niveau n’ont pas forcément l’occasion de jouer sur des scènes aussi grandes, c’était l’opportunité de se rendre compte qu’il faut justement combler des espaces… Non, c’était une super expérience !
Estelle : Et quand j’ai vu les vidéos, je me suis dit qu’il y avait encore du travail…
Et concernant la scène, Estelle, pourquoi portes-tu ce masque peint désormais noir -mieux que le rouge à notre avis- sur scène ?
Estelle : J’avais tenté le rouge mais je n’ai pas réitéré parce qu’on m’a fait remarquer que sur scène, il y a souvent des lumières rouges et donc, ça ne ressort pas du tout !
Et ce masque : est-ce pour te cacher, rentrer dans un personnage ?
Estelle : Pas du tout ! Et personnellement, dès que je suis sur scène, je rentre dans un personnage même si je ne suis pas créé un personnage pour autant…
Alors dans ces conditions, pourquoi es-tu la seule à être maquillée et pas les autres ?
Estelle : Parce que même maintenant, les autres aussi… Ça a juste été une progression qui a pris un petit peu de temps à être mise en place.
Naty : On n’a pas de masque, de maquillage au niveau des yeux, on laisse le bandeau à Estelle mais nous avons tous du maquillage. Moi par exemple, j’ai les mains peintes jusqu’aux avant-bras et peu sur les joues… Ça donne une cohérence !
Estelle : On était en phase de tâtonnement ! On essayait d’avoir un visuel un peu plus fort que le jean-basket…
Et donc la fin d’année dernière était marquée par plein de concerts avec une scène avec Lovebites et surtout en première partie de Lacuna Coil, est-ce la consécration pour vous d’ouvrir pour un groupe majeur ? Comme le festival Heart Sound, on a le sentiment que vous aimez le challenge de vous frotter à des publics fans de groupes aux styles assez opposés ?
Estelle : Personnellement, j’aime le challenge mais ce sont des opportunités qui s’ouvrent à nous et même si ce n’est pas le même style, il est hors de question de refuser ce genre d’opportunités. Nous sommes ce que nous sommes, nous jouons notre musique en espérant que ça va plaire…
… et finalement, est-ce que les fans de Lacuna Coil ont adhéré à votre musique ?
Estelle : Eh bien, finalement oui ! Que ce soient les fans de Lacuna Coil ou surtout ceux de Lovebites vu que le grand écart est encore plus conséquent, ça a très bien fonctionné même si le public était venu pour du heavy japonais.
Et pour revenir et finir sur cet album, vos attentes pour ce premier album faire en sorte que de première partie, vous passiez en tête d’affiche ?
Estelle : Disons que sur cet album, je ne suis pas sûr. Sur les prochains, on ne va pas se mentir, ce serait sympa. Mais nos attentes ne sont pas forcément sur cet album en particulier, c’est sur notre carrière en général et donc de continuer à évoluer… De faire des premières parties, c’est normal, il faut bien commencer par quelque chose…
Nous avons plus de chance d’être un groupe solide en ne brûlant pas les étapes
J’en reviens au début de l’interview où je parlais de plan de carrière à savoir que vous ne voulez pas brûler les étapes…
Naty : On se donne les moyens pour arriver et pour cela, il faut monter étape par étape…
Estelle : Nous avons plus de chance d’être un groupe solide en ne brûlant pas les étapes puisque c’est ce genre d’expérience qui apporte de la maturité, qui permet de ne pas reproduire certaines erreurs… alors que si imaginons que nous sommes tout de suite lâchés dans le grand bain, il y a moyen de se rater… Pour notre part, nous apprenons en faisant des premières parties comme celles de Lacuna Coil, on les a observés… C’est très intéressant ! On apprend beaucoup et on a la chance que ça évolue dans le bon sens !
Naty : C’est d’ailleurs l’objectif de cette année : faire des scènes, continuer d’avoir des premières parties intéressantes et pourquoi pas des tournées, des festivals…
Junior : Nous aimerions proposer le metal français au plus grand nombre !
Nous aimerions proposer le metal français au plus grand nombre !
Donc ambitieux quand même en visant l’international…
Junior : On vise l’international !
Malgré tout, en termes de timing, n’est-ce pas dommage de sortir l’album aujourd’hui que tous les festivals sont bouclés ou alors vous allez nous sortir un exclu ?
Junior : Il paraît que jeudi soir, Slipknot joue avant le Hellfest… et on sera dans le public (Rires) ! Non pas d’exclu…
Mais n’est-ce pas dommage ?
Junior : Non parce qu’on sait ce qu’on veut faire par la suite ; c’est programmé !
Donc tout cela est prévu pour 2020…
Estelle : On verra bien, on ne veut pas tirer de plan sur la comète…
Junior : Nous sommes indépendants, cet album a été créé de manière indépendante : on n’a pas de label, on n’avait pas de manager à l’époque… on a tout fait à la maison mais si la musique prend, si Except One prend c’est notamment grâce à vous Music Waves ! C’est important de le dire c’est-à-dire que le groupe peut vouloir jouer des festivals prestigieux mais on sait qu’on arrivera à y jouer uniquement si le public le veut. Et je parle de risque mesuré en disant qu’il y a une étape à franchir avant d’y arriver…
Et on revient au plan de carrière réfléchi qui consiste à évoluer petit à petit et jouer en première partie de groupes aux styles différents…
Estelle : De toute façon, on ne se limitera jamais à jouer uniquement avec des groupes qui sont proches de notre style parce que ce n’est pas comme ça qu’on va ouvrir notre public.
Naty : On en revient à notre musique qui est faite de styles différents : chaque chanson a un style différent même si on garde une homogénéité dans l’album.
Junior : Il n’y qu’à voir nos potes de Jinjer avec qui on a joué plusieurs fois, on les connaît plutôt bien… et je pense que c’est l’exemple même de l’indépendance jusqu’à une maturité atteinte et aujourd’hui, ils ont tourné fin 2018 avec DevilDriver aux Etats-Unis et enchaînent sur une autre avec Amorphis et Soilwork…
Estelle : C’est rigolo parce que c’est un groupe qu’on a rencontré il y a 4 ou 5 ans lors d’un concert organisé par une association qu’on avait à l’époque. On avait organisé leur premier concert à Paris, ils étaient quasi-inconnus et on les a vus beaucoup évoluer.
Junior : Et leur évolution fait largement partie de notre réflexion sur le management du projet.
Estelle : Et c’est un groupe qui continue à jouer ce qu’ils veulent jouer ! Je me souviens de discussion avec leur bassiste Eugene (NdStruck : Eugene Kostyuk), c’est leur leitmotiv de ne pas forcément entrer dans un carcan.
Junior : A un moment, ils ont réussi à sortir du lot grâce au public et c’est exactement ce qu’on recherche… et ça commence à prendre : aujourd’hui, certaines personnes font deux heures pour venir nous voir jouer ! On commence à se vendre à l’international ! Mais pour continuer, il faut plus jouer !
Estelle : Il faut capitaliser là-dessus (Sourire) !
Et ce nouvel album est un excellent support pour capitaliser justement… Merci !
Except One : Merci à vous !
Merci à ThibautK pour sa contribution...