Après un premier EP, "Neighbors", paru en 2016,
Normcore est de retour avec un nouvel EP, "Six Packs", et accentue par là-même sa volonté de proposer des titres courts et accrocheurs aux influences garage. Nous avons voulu en savoir plus sur ce groupe de rock indépendant...
Nous aimons commencer nos interviews par cette question : quelle est la question qu’on vous a trop posée ?
"Vous pouvez jouer moins fort ?"
Vous êtes un jeune groupe de rock indé. Sur Internet, on ne retrouve pas beaucoup d’informations vous concernant. Pouvez-vous nous dire comment l’idée de jouer cette musique ensemble vous est venue ?
Baptiste (batterie) et Xavier (guitare/voix) se connaissent depuis le collège et jouent ensemble depuis le lycée. Ensuite, Baptiste a rencontré FX (guitare/voix) en bossant sur un festival. Ils ont recruté le premier bassiste, Moisés, sur Internet. Au départ, les morceaux étaient déjà composés par Xavier, dans sa chambre sur sa guitare acoustique, sur des formats assez folk. C’est devenu la base des premiers morceaux de Normcore. Au tout début, on ne visait pas un style particulier, tout le monde est arrivé avec des styles de musiques différents. Ensuite on a affiné notre son sur des sonorités qui nous rassemblaient tous : un rock garage plein de fuzz et assez ralenti, mais avec des mélodies pop catchy, qui peut faire écho au son de groupes des scènes indés US des années 90. Au fur et à mesure, FX à commencé à écrire des chansons. Puis, il y a 2 ans, Moisés est devenu papa et après plusieurs bières, Lucas, ami batteur, a accepté de nous a rejoindre à la basse. Notre premier critère dans le choix des bassistes ce n’est pas qu’ils sachent jouer mais qu’ils soient espagnols.
Sur votre Facebook, vous citez plusieurs influences : Weezer, Dinosaur Jr, Pavement, Jeff The Brotherhood, et d’autres encore. Je trouve qu’il y a aussi un côté Arctic Monkeys sur les vieux albums, ou même The Pixies. Qu’en pensez-vous ?
On trouve des influences dans pleins de groupes des années 90, plutôt américains, donc oui pour les Pixies. On n’aime pas trop la virtuosité, qui peut vite devenir ostentatoire, et les clichés du rock testostéroné qui roule des mécaniques et pose des gros solos démonstratifs. Pour les Arctic Monkeys, c’est un sujet tabou dans le groupe…
En tout cas, vous jouez une musique très enthousiaste, très dynamique, et colorée, quels que soient les titres que l’on écoute. On se croirait en vacances en écoutant « Six Pack ». Est-ce que c’est un effet que vous recherchiez au moment de l’écriture ?
On est tous californiens dans l’âme et on aime être en vacances. Nous ce qu’on préfère c’est la musique qui va des Beach Boys à Blink 182 et on aime passer les mois d’août à faire des pique-niques et des apéros sur les quais de Seine à Paris Plages.
C’est cet état d’esprit que vous avez voulu mettre en avant sur la pochette avec cet homme en t-shirt, lunettes de soleil et ce beau ciel bleu ?
On a été payé par l’Office du tourisme de Quiberon pour montrer qu’il peut aussi y avoir un beau ciel bleu en Bretagne. Et qui n’aurait pas envie de passer une après-midi à la plage avec Bernard à siroter un bon vieux Picon ?
Quand on tape votre nom sur un moteur de recherche, on s’aperçoit que « normcore » est un néologisme qui est une contraction de « normal » et « hardcore » et qu’il s’agit d’un nouveau style vestimentaire dont le but est de se fondre dans la masse, en ressemblant au plus grand nombre. Vous qui annoncez sur votre page Facebook ne pas vouloir révolutionner le monde du rock’n’roll, est-ce que vous avez choisi ce nom de groupe par modestie, pour montrer une volonté d’aller dans la lignée de ce qui se fait dans ce genre-là ?
Au début, on ne savait pas vraiment où on allait musicalement, sans se mettre de barrière, et on avait zéro style. Le nom de Normcore qu’on a trouvé en lisant un article nous a fait rire car il y avait le côté "core" qui faisait penser à des musiques extrêmes alors que ce n’est pas trop notre truc. Le normcore renvoie rapidement à un style vestimentaire basique très 90s qui correspond à la musique qu’on joue. Qui n’a jamais voulu ressembler à Chandler Bing ?
Derrière votre musique, il y a tout un univers loufoque, bourré d’autodérision. Vous avez sorti le clip de votre premier single, ‘Buddy Bud’, où l’on voit des gens en train de faire de la gym et de boire de la bière dans des tenues improbables de catcheurs et autres. Pourquoi avez-vous choisi de donner ce côté-là à votre musique ?
Notre musique peut faire penser à la musique qu’on écoutait ados comme Blink 182 et donc on aime bien ce côté régressif, qui ne se prend pas au sérieux. On est aussi des grands fans de comédie US, les teenage movies avec leurs ambiances fun qui mettent en avant des losers sympas. Ces films ont souvent des B.O. cool dans lesquelles on se retrouve. Pour le clip, le choc visuel de 'Call On Me', en 2004, sur MTV, nous a tous marqués…
N’est-ce pas aussi un atout pour vous démarquer des autres groupes, en mettant l’humour en avant ?
Notre musique ne se veut pas forcément potache et festive. On n'est ni dans un délire ska festif ni les Fatal Picards.
En plus de ce clip qui montre de la bière coulant à flot, vous dites "I got snot in my beer" ("j’ai de la morve dans ma bière") sur le morceau ‘Snot’. Qu’avez-vous donc de si particulier avec la bière ?
Je ne vois pas de quoi vous parlez !
Votre son depuis le premier EP, « Neighbors », a déjà beaucoup évolué. On pourrait croire qu’il s’agit de deux groupes différents. On y retrouvait par exemple le morceau ‘The Plane’, plus long que la moyenne, avec des changements d’ambiances et un son moins rock ou en tout cas moins « garage » que sur ce deuxième EP. Il y avait aussi le morceau ‘Caroline’ avec du chant à deux voix, plus en retenu et porté sur la mélodie. Le but de « Six Pack » était-il d’aller à l’essentiel avec des titres plus courts, plus concis et plus percutants ?
Clairement oui. On a voulu affiner notre style et recentrer nos morceaux. On n’a pas choisi de les faire durer moins longtemps et de mettre moins d’artifices. On veut des morceaux directs et on pense qu’une bonne chanson peut durer 2min30. Mais nos divagations musicales peuvent toujours s’entendre à la fin de certains morceaux et surtout en concert.
Il semblerait que la guitare soit plus mise en avant sur ce nouvel EP. On trouve même un petit solo de guitare sur ‘Daddy’. Pourquoi avez-vous fait le choix de donner plus d’importance à cet instrument ?
Il y des solos un peu partout mais il faut qu’ils soient utiles. On a toujours fait des solos et la guitare a toujours été importante. Pour cet EP, on a beaucoup travaillé en amont, avant l’enregistrement, pendant de longs mois pour mieux réfléchir et travailler notre son. Ensuite, en enregistrant l’EP avec Lord Henri d’Armancourt (guitariste et leader du groupe Shoefiti), qui nous a mis à disposition son matos et son expertise du larsen, on a eu l’opportunité d’enregistrer avec des super pédales et effets.
Savez-vous déjà dans quelle direction vous vous projetez pour le prochain disque ? Y a-t-il des styles ou des techniques que vous prévoyez d’expérimenter ?
Direction le bar, pour un album de trap-death metal core.
La tendance dans l’industrie de la musique est à la dématérialisation. Certains groupes ne sortent même plus leurs albums au format physique quand d’autres se contentent de ne sortir plus que des EP pour pouvoir proposer de la musique plus souvent. De votre côté, vous en êtes à votre deuxième EP, mais toujours pas d’album. Pourquoi ce choix-là ? Question de moyens peut-être ou question stratégique ?
Les premiers EP étaient très DIY. Là on a mis plus de moyens pour que ça sonne comme on le voulait. Maintenant, si un mécène lit cet article et veut nous permettre d’enregistrer un album de 12 chansons, on arrive avec notre 12 pack direct !
Qu’attendez-vous de cet EP ?
Des tickets boissons.
On a commencé par la question qu’on vous a trop posée, au contraire quelle est la question à laquelle vous auriez aimé ou rêvé de répondre ?
"Est-ce que vous pouvez jouer plus fort ?"