Vendredi 29 mars, 19h : En ce début de week-end, alors que la barge du Petit Bain ouvre ses portes, rien ne laisse encore présager de la folie festive qui va l'envahir et la faire tanguer d'ici deux heures... Pourtant ce soir l'affiche place de grands espoirs en une soirée mémorable qui débute sous les meilleurs auspices avec
Acyl pour finir avec une configuration assez folle de
Dirty Shirt - 8 membres déjà à eux seuls - accompagnés des musiciens du
Transylvanian Folkcore Orchestra qui les suit sur une partie de la première moitié de leur Letcho Drom Tour 2019.
ACYL
C'est toujours avec beaucoup de plaisir qu'on revoit Amine, Reda, Abder'Rahman, Sammi et Michael d'
Acyl se produire en live. Leur subtil mélange de genres nous touche toujours autant et apporte une belle chaleur dans un milieu trop dominé par les grands froids scandinaves...
Le
back vidéo déroulant toujours les images d'illustration des morceaux joués ayant pour seul défaut d'être un poil bas, striant donc les visages des musiciens - mais là, c'est le photographe qui parle, l'effet est très sympa pour les spectateurs en donnant une touche cinématographique à leur performance. L'ambiance n'a pas de mal à prendre, surtout lorsqu'ils s'arment des Qraqebs (instruments de percussion traditionnels, sorte de castagnettes métalliques montées sur un manche) et esquissent quelques pas de danse. Le public se rassemble davantage pour danser avec le groupe, et ensuite donner du
headbang dans les variations plus heavy.
La bonne ambiance se lit également sur les visages des musiciens qui, entre les chansons, se taquinent (avec Amine qui oublie le titre suivant à jouer par exemple), et rythme le concert par l'utilisation des tambourins, des pas de danse, d'une ronde qui provoquera un autre type de ronde dans le public, beaucoup plus violente! Seul Michael, isolé derrière ses fûts dans une sorte de cage de plexiglass, assure sa partie sans interaction possible avec le groupe ou le public, si ce n'est pour le traditionnel salut final...
S'il n'y a pas de nouveauté à jouer depuis l'
excellent 'Aftermath' sorti en 2016, on ne peut que constater que la formation algérienne continue de prendre autant de plaisir à dérouler sa
setlist et à transmettre sa joie musicale, dansante, pouvant passer avec toujours autant de facilité de la légèreté des sonorités nord-africaines aux sons les plus lourds et saturés d'un death puissant.
En bref, de quoi chauffer à point un public qui va en avoir besoin pour accueillir les 16 prochains musiciens, dans un esprit d'ouverture culturelle qui sera le fil rouge de la soirée.
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DIRTY SHIRT
Oui oui, vous avez bien lu juste au-dessus, ce sont bien 16 musiciens qui envahissent la petite scène de la barge qui a de quoi redouter la suite des événements. On comprend maintenant pourquoi la batterie est sécurisée derrière le plexi, et on ne peut que saluer l'organisation presque militaire du Transylvanian Folkcore Orchestra qui prend place tout autour de la scène, tentant de laisser un maximum d'espace à Rini et Robert Rusz, les deux chanteurs aux voix opposées et complémentaires. Et c'est sans plus tarder que ce joyeux orchestre se met en branle, au diapason, sur les rythmes effréné d'un 'Put it On' bien senti, permettant de poser les bases d'un show dantesque qui ne faiblira à aucun moment!
D'ailleurs, c'est par une petite moitié du nouvel album qu'ils ont décidé d'ouvrir ce bal qui rend fou, enchainant avec les 'Fake', 'Nem Loptam' jusqu'à 'Hora Lentă', offrant par la même occasion parmi les moments les plus puissants de cette science de la ratatouille - ou 'Letchology' - parfaitement mise en musique dans l'
excellent dernier opus. Les growls des chanteurs sont parfaitement équilibrés par les deux voix de Rini et Rusz, accompagnés par les 2 charmantes choristes et des musiciens... Ben voyons, à 16 sur scène, ils n'allaient pas se priver de ce potentiel ! L'enchainement des chansons ne permet pas de reprendre son souffle et on constate immédiatement la fidélité de la retransmission des titres sur scène, magnifiée par l'orchestre qui parait indispensable.
D'ailleurs on se laisse immédiatement attraper par des fans dans le public, simplement venus festoyer gentiment, en tout esprit bon enfant que cette musique garantit. Si l'entrain se fait trop violent, on s'excuse immédiatement pour mieux continuer bras dessus, bras dessous. Et c'est d'ailleurs ce qui se passe aussi sur scène entre les violonistes mobiles (Barastean Gabriel et Róbert Gergely), presque aussi omniprésents qu'indispensables à propager cette ambiance festive, et les guitaristes, qui ne peuvent s’empêcher de bouger avec le doyen Pal Novelli à la basse. Notre ami Mihai, électron libre entre claviers et guitare, assure également les chœurs et récolte les réactions du public pour qui il pose volontiers. Les choristes Miruna Puiu et Alexa Joicaliuc dansent tant qu'elles peuvent, en chorégraphie par moment alors que les flutistes Andrei Oltean et Catalina Popa semblent s'amuser autant qu'ils amusent.
Les précédents albums sont également mis à l'honneur, tant 'Dirtylicious' avec des titres comme 'Moneyocracy', 'Cobzar' ou 'Dirtylicious', que 'Freak Show' avec 'Bad Apples' et son groove entêtant ou l'électrique 'Rocks Off' ou le public peut accompagner les chanteurs des 'oh oh oh' des refrains, même après la chanson, encouragé par Rini. Mais c'est en partie sur 'Ciocarlia' que l'équilibre de la barge du Petit Bain sera mis à rude épreuve, ce titre instrumental aussi fédérateur que rapide et puissant sur lequel sera improvisée une farandole folle.
Alors que tout semble partir en vrille à tout moment, tout est pourtant calé musicalement, parfaitement en place, équilibré et très professionnel. L'assemblage des rythmiques lourdes et folk balkanique qui passe si bien en studio prend tout son sens sur scène, montrant la possible richesse quand c'est bien exécuté. Pas moins de 20 titres joués ce soir pour le faire admettre, Dirty Shirt a trouvé la recette magique de sa ratatouille qui devrait définitivement lui faire une place de choix dans toute bonne discothèque, comme un bon livre de recette dans toutes les cuisines. Les chanceux présents ce soir n'oublieront pas ces moments de fête avec les Roumains que nous attendons déjà pour leur tournée de festivals d'été.
Puternic si minunat! *
* puissant et merveilleux (pour reprendre la conclusion de la chronique de Dirtylicious)
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Setlist :
Intro - Put It On
Fake
Nem Loptam
Hora Lentă
Nice Song
Starea Nataiei
Ciocarlia
Moneyocracy
Cobzar
Ride
Freak show
Rocks off
Saraca inima me
Bad apples
Balkanique - My Art
Dirtylicious
Killing Spree
Maramu'
Palinca
Latcho Drom